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Extrait de L’ŒIL DU PATRIOTE Magazine / Avril 2016 www.apareco-rdc.com
L’ŒIL DU PATRIOTE Magazine
A l’occasion du mois de la femme, la rédaction de L’œil du Patriote a sollicité,
pour la toute première fois, une interview du président de l’APARECO et leader de la
résistance congolaise contre l’occupation de la RDC pour lui demander de nous livrer
sa profonde vision de la femme congolaise dans le cadre de son combat pour la
libération du Congo d’abord, et de sa refondation ensuite. Monsieur Honoré Ngbanda
n’a pas fait la langue de bois, il nous a livré sa vision d’homme politique concernant
la place de la femme congolaise en tant que cible dans le plan machiavélique des
envahisseurs et occupants du Congo. Il nous a décrit ensuite ce qu’il croit être la
place de la femme congolaise dans le combat de libération et dans le processus de la
refondation du Congo, de demain. Suivons.
Bonjour Monsieur le président, nous hommes honorés par
cette première interview que vous accordez à L’œil du Patriote
pour son numéro spécial concernant la femme congolaise.
«La femme congolaise en
tant que principale cible et
victime de loccupation doit
être aussi la principale
actrice de la résistance pour
la libération et la refondation
du Congo»
Honoré Ngbanda-Nzambo ko
Atumba livre sa vision de la femme
congolaise sous loccupation et son
rôle dans la résistance
L’ŒIL DU PATRIOTE Magazine
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Pouvez-vous nous donner votre vision de la femme, en tant que philosophe, chrétien
et homme politique ? Qu’est-ce qu’une femme pour vous ? Quelle vision avez-vous
de la femme?
Honoré Ngbanda-Nzambo: Bonjour Madame et merci pour cette
opportunité. Je vous répondrai plutôt en tant que le fils d’une
femme ! Parce que c’est la première vision que nous avons
tous de la femme. Pour moi, la vraie vision que j’ai d’une
femme ne peut-être que celle de la première femme de ma
vie : c’est ma mère ! J’ai été fortement attaché à ma mère
toute ma vie. J’ai eu du mal à être sevré comme on dit.
Jusqu’à l’Université, durant mes vacances, je m’asseyais
encore à ses côtés dans la cuisine, et malgré ses
protestations, je l’aidais à éplucher et à préparer le mpondu
et autres mets ! Cette femme m’a transmis, non seulement
la vie, mais elle m’a communiquée une âme. Contrairement
à mon père qui avait fait des études gréco-latines à l’époque
coloniale, ma mère était analphabète et pourtant, je peux vous
dire sans peur de me tromper, que c’est elle qui m’a le plus
communiqué des valeurs fondamentales de la vie. Elle m’a donné
une âme ! C’est pourquoi je considère que la femme en général, est non
seulement la source et le canal de vie pour une nation, mais elle est aussi et surtout l’âme
même de la nation.
Aujourd’hui, le progrès de la science médicale apporte des preuves de cette assertion. La
médecine montre aujourd’hui que dès le ventre de sa mère, l’enfant est déjà conditionné par
le goût de la nourriture et de la boisson que consomme sa mère, il est impacté par le son,
la mélodie et le rythme de la musique qu’écoute sa mère…etc. Bref, dès le ventre de nos
mamans, nous nous acculturons déjà et nous prédisposons à notre environnement.
Autrement dit, nous nous formons une âme à partir de nos mamans. Voilà pourquoi je dis
que l’impact des mamans sur les enfants, donc sur les peuples d’une même nation, est plus
grand que celui des pères et des structures de l’Etat. Parce que si nous ajoutons en plus le
rôle éducatif des mamans, nous pourrons conclure que l’enfant est «façonné» jusque dans
son âme par sa mère.
Et personnellement, j’aime beaucoup interroger l’histoire pour y puiser mon inspiration. Et
quand je regarde l’histoire biblique, je constate qu’elle est articulée autour des deux grandes
libérations menées par deux grands libérateurs : Moïse (Ancien testament) et Jésus
(Nouveau testament). Et si vous examinez l’histoire des deux libérateurs dès le secret de
leur naissance jusqu’au sommet de leur combat de libération, vous réaliserez que les
femmes ont joué un rôle d’avant-garde. Souvenez-vous en : au bas de la croix de Jésus, les
braves apôtres avaient tous fui, à l’exception de Jean, mais les femmes qui suivaient Jésus,
elles, étaient toutes-là, bravant les soldats romains et la foule hostile à Jésus ! Rappelez-
vous qu’après la résurrection, les premières personnes à qui Jésus est apparu étaient les
braves femmes qui s’étaient rendues au tombeau tôt le matin, alors que les hommes
dormaient encore !
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Et plus près de nous, des femmes héroïnes peuvent servir
d’exemple à nos mamans et sœurs congolaises. Je pense ici
à la reine Anne Zingha de l’Angola qui résista vaillamment
aux tentatives d’occupation de son pays au 17e siècle par le
roi Alphonse VI du Portugal. Je pense aussi à la combattante
du renouveau, la vaillante Donna Béatrice, née Kimpa Vita,
qui marqua l’histoire du Royaume Kongo au 17e siècle par le
courage de sa résistance.
Nos sœurs congolaises peuvent encore s’inspirer du bel
exemple de courage et d’engagement dans la résistance des
femmes noires d’Haïti et de Guadeloupe. J’épingle parmi
elles, la très brave «Mulâtresse Solitude» qui, capturée par
ses ennemis et enceinte, a mis au monde son enfant le 18
novembre 1802 et le lendemain, le 19 novembre, monta sur le
gibet elle fut exécutée ! Dans des grands moments de
l’histoire des peuples, les femmes ont toujours joué un grand
rôle.
C’est pourquoi je saisie l’opportunité de ce mois de la femme pour inviter les femmes
congolaises à bien réfléchir sur le rôle et la place qui sont les leurs dans ce combat de
libération de notre pays, la République Démocratique du Congo, du joug de l’occupation et
de la prédation. J’estime en mon âme et conscience que la femme congolaise qui est prise
à dessein par les agresseurs et les occupants du Congo comme leur principale cible, devrait
en revanche être la principale actrice du combat de la résistance pour la libération et la
refondation du Congo. C’est une logique qui coule de source !
A la lumière de ce que vous dîtes, les conséquences des
sévices que subissent les femmes congolaises sous
l’occupation doivent aussi avoir un impact considérable sur la nation congolaise,
n’est-ce pas?
H.N.N. : Vous ne croyez pas si bien dire! J’estime que quand on viole une femme, on souille
la source de vie de toute une nation ; et quand on tue une femme, on détruit la source de
vie d’une nation. Et nous touchons-là le fond du drame qui se déroule en RDC,
particulièrement à l’Est, depuis le processus d’occupation en 1996. Le fait que la femme
congolaise ait été choisie comme la cible principale des envahisseurs tutsi-rwandais n’est
pas un fait du hasard.
Le combat des stratèges tutsis qui ont planifié l’occupation de la RDC a un caractère
essentiellement démographique. Ces stratèges tutsis visent à moyen terme et long terme
d’occuper totalement les provinces du Nord et sud Kivu ainsi qu’une partie du Maniema et
du Nord Katanga. Leur premier objectif est d’éliminer progressivement le peuple congolais
tout en empêchant sa croissance démographique. Pour y parvenir, la logique veut qu’ils
s’attaquent à la source qui donne la vie : la femme congolaise!
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D’où les actes barbares de destruction des organes génitales qui
accompagnent souvent les viols perpétrés par des militaires
rwandais séropositifs. Et comble des malheurs, les femmes
congolaises enceintes suite à ces viols sont rejetées par leurs
maris congolais qui n’ont pas su les défendre ! Dernièrement, le
Dr Mukwege signale la recrudescence de viols des bébés de
moins de douze mois! Comprenez-vous l’objectif final de ce geste
ignoble ? Ils veulent détruire, dès sa naissance, toute capacité de
la femme congolaise de donner la vie ! Comme vous pouvez le
constatez, tout est fait pour arrêter la croissance démographique
des peuples congolais de la région pour les remplacer
progressivement par des vagues des populations tutsi-
rwandaises que Kigali déverse chez nous, avec la complicité des
Tutsis rwandais au pouvoir à Kinshasa.
Mais il y a encore un poids supplémentaire que la femme porte
sous l’occupation et dont on ne parle jamais assez. Il s’agit de la
charge sociale de l’occupation. On voit à travers les images qu’en
plus des supplices signalées ci-dessus, la femme congolaise
porte presque seule la charge sociale de nourrir toute la famille
(le mari compris) durant toute la dure période d’occupation les
familles congolaises sont chassées de leurs terres. Les femmes
sont obligées d’aller seules dans des champs, sans leurs maris restés sans rien faire sous
des tentes, subissant ainsi chaque jour, des viols collectifs des occupants qui les attendent
sur leur chemin des champs ou des sources d’eau potable ! Une situation qui vient aggraver
le sort déjà infernal de la femme congolaise sous l’occupation .
Dans votre combat de résistance pour la libération du Congo,
quelle place réservez-vous à la femme congolaise. On a comme
l’impression que malgré tout ce que vous venez de dire, la femme congolaise
n’occupe pas une place de choix dans la résistance, même au sein de l’APARECO.
Pourquoi cette dichotomie entre vos propos et les faits?
H.N.N. : Vous touchez-là un des fondamentaux de ma vision politique. La femme, comme
la jeunesse congolaise, constitue l’une de mes principales préoccupations pour la libération
du Congo d’aujourd’hui, et la refondation du Congo de demain. Mais j’ai constaté qu’en
dehors d’une poignée des mamans congolaises qui s’est engagée corps et âme dans la
résistance pour la libération du Congo, la grande majorité des mamans se comporte encore
en spectatrice lointaine de ces drames. Et j’ai fait même un constat malheureux à ce sujet :
quand j’ai examiné les dossiers des membres qui ont quitté la résistance, j’ai découvert que
pour nombreux parmi eux, leurs épouses étaient déjà opposées dès le départ à leur
engagement dans le combat de libération ! Ceci confirme l’adage qui dit que derrière chaque
grand homme se cache une grande dame. Le contraire est aussi vrai. Mais ceci n’affecte
pas ma vision personnelle du rôle que devrait jouer la femme congolaise dans la résistance
aujourd’hui et demain dans la refondation du Congo. Je me réjouis de l’engagement des
mamans congolaises qui sont à mes côtés.
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Vous avez déune femme à la tête de mon Cabinet. Vous avez une autre femme au sein
du Collège exécutif des Secrétaire nationaux, et vous avez plusieurs mamans au sein des
médias patriotiques qui font un travail excellent. Je saisis cette occasion pour les remercier
toutes. Je vous informe aussi qu’il y a un nombre de plus en plus grandissant des femmes
qui s’engagent partout à travers la RDC. Il y a un éveil profond parmi les femmes
congolaises : les épouses des militaires et des policiers, des mamans maraichères…, il y a
une vague qui boue dans le volcan qui va exploser bientôt ! Je suis optimiste.
Comment comptez-vous faire pour que les
femmes congolaises s’engagent encore
plus nombreuses ?
H.N.N. : Les antivaleurs caractérielles à l’homme congolais sont
partagées et assumées à parts égales par la femme congolaise.
Les hommes au pouvoir volent et détournent souvent pour
entretenir plusieurs femmes conscientes d’être complices
de ces crimes. Aujourd’hui, les collabos congolais trahissent
leur pays pour avoir accès à la mangeoire pour entretenir
plusieurs maîtresses qui ferment les yeux sur les crimes
de leurs amants. Le travail de la refondation devra ainsi
concerner particulièrement la femme congolaise
pourvoyeuse de vie et conceptrice de l’âme du peuple
congolais. C’est un gros chantier pour demain! La
femme congolaise doit retrouver sa place dans notre
société en tant que celle qui donne la vie et façonne
l’homme congolais dans son âme. Nous serons ce
que seront nos mamans demain.
Pour terminer, une question d’actualité concernant toujours
les femmes en RDC. Ces derniers jours, on a entendu Dr
Mukwege, «le réparateur des femmes», faire plusieurs déclarations : il a entre autres
réclamé plus de justice internationale pour punir les auteurs des viols commis en
RDC, et il a aussi réclamé les élections présidentielles en RDC au courant de cette
année 2016, car selon lui, il estime que la solution pour mettre fin aux viols viendra
de l’alternance politique. Pensez-vous qu’il est sur la bonne voie ?
H.NGB :Permettez-moi avant tout un petit commentaire : je n’apprécie guère cette étiquette
de « réparateur des femmes » qu’on colle au Dr Mukegwe, quand bien même je comprends
l’image de la barbarie qui accompagne souvent ces viols. Mais j’estime que le terme
« réparateur » enlève le peu de respect et de dignité dont nos mamans ont encore besoin.
Le terme « réparateur » ravale psychologiquement nos femmes au rang des objets
mécaniques comme des vélos, de voitures voir des jouets… !
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