
Rev. Col. Odonto-Stomatol. Afr. Chir. Maxillo-fac., vol. 13, n° 3, 2006, pp. 8-12 -10-
HARDING-KABA M.B., OUATTARA B., AKA G.K., KOFFI M., KOUAKOU K.R.,
ANGOH Y.J-J., CREZOIT G.E., GADEGBEKU S.
Certains filets nerveux englobés dans la tumeur
ont été emportés lors de l'ablation de celle-ci.
L'exérèse du lobe profond de la parotide a été éga-
lement ardue, en raison des adhérences du nerf
facial et d'une dilatation importante du réseau
veineux fragilisé dans son ensemble, responsa-
ble de saignements fréquents. Le tissu tumoral
a été enlevé jusqu'au niveau du rideau pharyn-
gien. La masse tumorale était accolée à la glande
sous-maxillaire droite qui était anormalement
augmentée de volume. Une sous-maxillectomie
droite a donc été réalisée.
En raison de son extension importante,
l'ablation du tissu tumoral n'a pu être effectuée
en totalité. La durée de l'intervention a été de 7
heures. L'examen anatomopathologique de la pièce
opératoire a mis en évidence une prolifération
tumorale nodulaire faite d'éléments cellulaires
allongés aux noyaux sinueux contenus dans une
trame conjonctive oedémateuse, sans atypie
cellulaire, évoquant un neurofibrome diffus.
Devant ce résultat, l'examen clinique a été re-
pris. L'examen ophtalmologique a retrouvé des
nodules pathognomoniques de sakuraï-Lisch sur
les deux iris du patient.
Avec ces nodules de Lisch et la présence des
tâches café-au-lait, le neurofibrome diffus de
notre patient entrait donc dans le cadre d'une
neurofibromatose de Recklinghausen.
L'évolution postopératoire immédiate a été mar-
quée par une thrombophlébite cérébrale
(hypodensités frontales, pariétales et du centre ovale,
droites, cortico-sous-corticales au scanner), avec
une anémie normochrome normocytaire (Hb : 6, 8
g/dl) et une hyperleucocytose à 27 000 par ml.
Au plan local, la plaie opératoire a cicatrisé
normalement. L'ablation des fils a été effectuée
7 jours après l'intervention. On notait cependant
une paralysie partielle de l'hémiface droite et
une otorrhée séreuse droite ayant évolué favo-
rablement après instillations auriculaires
d'ofloxacine.
Le patient est sorti de l'hôpital après 46 jours
d'hospitalisation avec un état général bon malgré
sa paralysie faciale droite et une hémiparésie
gauche.
II - COMMENTAIRES
2-1- 1ÈRE ÉTAPE : DIAGNOSTIC
Un processus expansif de la région
parotidienne pose toujours le problème de sa
localisation intraglandulaire, de sa nature et de
ses rapports avec le nerf facial. MARSOT-DUPUCH
et coll9 rappellent que, siège parotidien ne signifie
pas origine parotidienne et le diagnostic positif
peut être difficile malgré l'apport de l'imagerie.
Cliniquement, le patient ne présentait aucun
signe tel qu'une paralysie ou une parésie faciale
qui aurait pu faire soupçonner une atteinte du
nerf facial. BARIL et coll.1 ont noté dans leur
étude que, dans leur forme extra-pétreuse, les
tumeurs du VII se manifestent comme des
masses isolées de la région parotidienne. La
paralysie faciale qui est inconstante et parfois
révélatrice, est surtout le fait des atteintes de la
portion intra-pétreuse du VII.
L'imagerie intervient dans l'appréciation de
la localisation et l'extension du processus
tumoral. La tomodensitométrie effectuée chez
notre patient a permis un bon bilan d'extension
anatomique de la lésion, mais n'a pu être
contributive quant à la nature nerveuse de cette
masse. Sa relecture par un autre radiologue, après
le diagnostic anatomopathologique de la tumeur a
permis de faire les remarques suivantes : "Cette
masse se présentait sous un aspect
hétérogène avec des plages hypodenses qui
vraisemblablement ressemblaient à des plages
de nécrose coexistant avec des bourgeons
tumoraux charnus prenant fortement le
contraste. Cette prise de contraste importante
qui caractérise la majorité des tumeurs des
gaines nerveuses aurait pu amener le radiologue
à évoquer une tumeur d'origine nerveuse."
L'attitude du radiologue à la lecture des exa-
mens est donc un paramètre à prendre en
compte, comme l'a souligné MARSOT-DUPUCH.9
S'il est vrai que l'IRM est l’examen recommandé
pour explorer la parotide, elle connaît toutefois
des limites car, malgré des critères évocateurs,
il peut être en pratique difficile d'appréhender
la nature nerveuse de la tumeur et de la distin-
guer d'autres tumeurs parotidiennes dont les as-
pects IRM ne sont pas univoques1,4,5.
La Côte d'Ivoire ne disposant pas d'IRM, le
scanner reste l'examen le plus précis au plan
anatomique. Cependant, il demeure encore oné-
reux pour la majorité des patients. Il ne fait donc
pas partie du bilan systématique d'une tumeur
de la région parotidienne, l'échographie et la
sialographie continuant d'être les examens prin-
cipaux dans le bilan des tuméfactions de la ré-
gion parotidienne8.
Les examens complémentaires ne permettent
donc pas toujours d'évoquer formellement le dia-
gnostic en préopératoire1.
Les neurofibromes peuvent être associés à une
neurofibromatose de Recklinghausen comme ici
dans ce cas clinique où le diagnostic de maladie
de Recklinghausen a été fait à posteriori, après