INTRODUCTION
Les maladies parodontales sont des maladies
infectieuses multifactorielles, initiées et
entretenues par la plaque bactérienne dentaire
organisée en biofilm.
Elles sont caractérisées par des symptômes
et signes cliniques qui peuvent inclure une
inflammation visible ou non, des saignements
gingivaux spontanés ou provoqués, des poches
parodontales en rapport avec des pertes
d’attaches et des lyses osseuses alvéolaires, des
mobilités dentaires qui, en l’absence de tout
traitement, peuvent conduire à la perte des
organes dentaires (ANAES, 2002 ; MATTOUT et
coll., 2003)1,11.
Les résultats de nombreuses études
épidémiologiques indiquent clairement que la
prévalence des maladies parodontales est très
élevée; elles affectent à des degrés divers 80 à
90 % d’individus à travers le monde, les formes
sévères ne concernant cependant que 10 à 15%
de la population. Les besoins en traitements
parodontaux, simples ou complexes, sont donc
énormes (HUGOSON et coll., 2000 ; SIXOU,
2003)8,17. La Côte d’Ivoire n’échappe pas à cette
situation (GUINAN, 1996 ; COULIBALY et coll.,
2001)6,4 qui est aggravée, comme dans la plupart
des pays en développement, par l’influence
négative du niveau socio-économique faible des
populations ainsi que le manque de praticiens
et d’infrastructures (KAMAGATE et coll., 2001)10.
Malheureusement, à la différence de beaucoup
de pathologies buccales, les parodontopathies
sont la plupart du temps indolores ; par conséquent
la découverte de la maladie est le plus souvent le
fait du praticien et un bon nombre de parodontites
sont interceptées trop tardivement. En terme de
morbidité, elles représentent la deuxième cause
de perte des organes dentaires après la pathologie
carieuse. De plus, aujourd’hui, les maladies
parodontales sont considérées, au même titre que
d’autres infections chroniques, comme des
facteurs de risque pour la santé générale (GROSSI
et coll.,1998 ; OFFENBACHER et coll., 1999 ;
MICHEAU et coll., 2001)5,16,14.
De ce fait, et du fait de la prévalence des
maladies parodontales et de leur potentielle
gravité, il est recommandé de rechercher
systématiquement les signes d’une pathologie
parodontale à l’occasion de toute consultation
bucco-dentaire, car plus tôt ces pathologies sont
diagnostiquées et prises en charge, meilleur est
le pronostic (ANAES, 2002)1. La recherche de ces
signes passe par un examen clinique parodontal
minutieux incluant la mesure de la profondeur
de poche et du niveau d’attache clinique au
sondage, associé à un examen radiographique
qui permet de préciser et confirmer le diagnostic
(A.A.P., 2003)2. Selon HUGOSON et LAURELL
(2000)8, d’un point de vue éthique, tout être
humain devrait avoir le droit d’être en bonne
santé, ou du moins, de recevoir l’information
nécessaire à cela ; ce qui signifie qu’un
programme de prévention, un diagnostic et un
traitement corrects et adaptés devraient être
proposés à l’ensemble de la population ou à
chaque patient qui consulte. Les stratégies de
prise en charge des maladies parodontales, aussi
bien préventives que curatives, devraient donc
être abordées par la promotion de la sensi-
bilisation, du dépistage et de la prise en charge
précoce et efficace de ces pathologies, incluant
les professionnels de la santé et les populations
elles-mêmes (BARMES, 1999 ; HESCOT et
BOURGEOIS, 1999)3,7. De telles stratégies doivent
être fondées sur des études épidémiologiques
évaluant l’adéquation, aussi bien quantitative
que qualitative, entre la demande de soins et
l’offre de soins parodontaux.
En Côte d’Ivoire nous ne disposons pas de
telles études épidémiologiques. Il nous a donc
paru intéressant de faire un sondage au sein de
la profession pour connaître la nature de la
demande en soins parodontaux dans les cabinets
dentaires, et décrire «l’activité parodontale» des
praticiens en Côte d’Ivoire ; afin de faire des
propositions pour une meilleure santé parodontale
des populations.
I – MATERIEL ET METHODE
I-1 – MATERIEL
a – La population d’étude
La population d’étude est constituée de
chirurgiens dentistes exerçant dans la ville
d’Abidjan et sa banlieue proche. Ces localités ont
été choisies parce qu’elles connaissent une forte
concentration de praticiens, représentatifs de
l’ensemble des chirurgiens-dentistes exerçant
sur toute l’étendue du territoire ivoirien.
Ont été inclus dans cette étude tous les
chirurgiens-dentistes, tant du secteur privé que
du secteur public, en exercice dans ces localités
au moment de l’enquête et ayant accepté de
participer à l’enquête en répondant au
questionnaire.
b – La fiche d’enquête
Une fiche d’enquête, inspirée d’une enquête
similaire réalisée en France par ITIC et OUHAYOUN
(1994)9, a été conçue pour les besoins de l’étude.
© EDUCI 2006 -29-
L’activité parodontale dans la pratique quotidienne : quelles réalités en Côte d’Ivoire?