J. TUN ORL - N°20 JUIN 2008 3
L’OTITE SEROMUQUEUSE DE L’ENFANT
⇒⇒Allergie
Si elle joue un rôle dans l’OSM, c’est probablement dans
les formes de rhinite allergique retardant la résolution de
l’épanchement en affectant la fonction tubaire. En plus
une réaction allergique pourrait léser la muqueuse rhino-
pharyngée et prédisposer à une infection bactérienne
secondaire (1, 3, 6, 7, 17, 18, 19).
⇒⇒ Facteurs environnementaux
Les mauvaises conditions socioéconomiques sont asso-
ciées à une plus grande susceptibilité à l’infection et favo-
riseraient donc l’OSM (6, 7, 17). Le séjour en collectivité
est aussi associé au risque d’OSM. Il existe aussi une
recrudescence saisonnière hivernale (1, 3, 4, 6, 7, 17).
Une plus grande fréquence a été retrouvée chez les
enfants exposés à la fumée de cigarettes ce qui serait dû
aux infections des voies aériennes plus fréquentes chez
les fumeurs associées à de moins bons moyens de
défense de première ligne (4, 6, 7, 17, 20).
DIAGNOSTIC
L’anamnèse doit d’abord distinguer l’OSM de l’OMA où on
retrouve une histoire de symptômes aigus d’inflammation
qui est le seul critère à prendre en compte. Au cours de
l’OSM, le tympan est opaque avec une mobilité altérée.
Un niveau hydro-aérique ou des bulles peuvent être
visibles dans l’oreille moyenne (1, 2, 7).
Le meilleur moyen diagnostique actuel de l’OSM est l’oto-
scopie pneumatique qui a une sensibilité à 94% et une
spécificité à 80% (1,21). Il devrait être l’examen de pre-
mière intention et est suffisant au diagnostic positif. En
cas d’incertitude, une tympanométrie ou une réflectomé-
trie acoustique peuvent être associées. La tympanométrie
sert surtout à documenter l’OSM et à suivre l’évolution (1,
2, 7). Elle permet aussi de définir la guérison. La rémis-
sion correspond au passage de la courbe du type B aux
types A ou C. L’amélioration correspond au passage de la
courbe du type B à n’importe quel autre type de courbe.
Le tympanogramme type B est une mesure imparfaite de
l’OSM (Sensibilité à 81%, Spécificité à 74%) mais c’est la
méthode la plus communément utilisée pour objectiver le
taux de résolution (1, 7, 17, 22).
Les symptômes associés doivent aussi être recherchés
ainsi que les signes de sévérité. Dans 40% des cas,
l’OSM est asymptomatique (1). Ailleurs une discrète otal-
gie, une plénitude ou un prurit auriculaire, une irritabilité
ou des troubles du sommeil peuvent être retrouvés.
Certains enfants ont des difficultés à réagir aux stimula-
tions extérieures ou présentent une hypoacousie nette
avec des problèmes scolaires et un éventuel trouble ou
retard du langage (1, 3, 4, 5, 7, 17, 22).
Les enfants à risque de difficulté de développement psy-
chomoteurs doivent être distingués. Il s’agit d’enfants por-
teurs d’une surdité indépendante de l’OSM, d’enfants
ayant un retard de langage ou de croissance, des
autistes, des trisomiques 21 ou d’enfants porteurs de mal-
formations crânio-faciales, de porteurs de fente vélo pala-
tine ou d’enfants malvoyants (1, 2) .
La perte auditive doit être évaluée par des techniques
objectives (PEA, Otoémissions) ou par audiométrie com-
portementale avant 5 ans et classique après cet âge. La
surdité est de type transmission avec un seuil qui varie de
20 à 40 dB (1, 2, 23).
TRAITEMENT
Le traitement de l’OSM ne peut être envisagé que si un
bénéfice persistant et cliniquement significatif est assuré
par rapport à l’évolution spontanée. La présence d’une
effusion ne semble pas en elle-même être toxique pour
l’oreille moyenne ou interne. Toutefois, l’inflammation
chronique semble pouvoir, à long terme, retentir sur les
structures tympano-ossiculaires et sur le labyrinthe. De
plus, la surdité qui résulte de la présence du liquide peut
avoir des effets importants sur le développement de l’en-
fant notamment à risque. La prise en charge de l’OSM
doit donc être réfléchie et les nombreux procédés propo-
sés doivent être discutés.
La surveillance sans traitement est indiquée chez les
enfants n’ayant pas de facteurs de risque de développe-
ment durant 3 mois (1, 7, 20). 75 à 90% des OSM rési-
duelles à une OMA régressent spontanément en 3 mois
(1, 4, 7). Durant ces 3 mois d’observation, l’enfant doit
être régulièrement examiné à l’otoscope pneumatique et
doit bénéficier d’une impédancemètrie (1). L’intervalle
optimal entre les visites est déterminé selon le jugement
clinique, le confort des parents, les caractéristiques de
l’enfant et de son environnement, la facilité d’accès aux
structures sanitaires et le niveau de la perte auditive (1).
On distingue deux grands volets thérapeutiques dans la
prise en charge de l’OSM :
⇒⇒Traitement medical
Aucun traitement médical n’a fait la preuve de son effica-
cité. Le traitement décongestionnant nasal et les antihis-
taminiques n’ont montré aucune supériorité par rapport
au placébo (1, 2, 6, 7).
L’efficacité à long terme des antibiotiques seuls n’est pas
prouvée malgré un bénéfice modéré à court terme (2 à 8
semaines) dans des études randomisées (1, 5). Les effets
indésirables sont par contre significatifs et incluent les
rashs cutanés, les vomissements, la diarrhée, les réac-
tions allergiques, l’altération de la flore rhinopharyngée, le