Influence de l’âge du donneur
Une revue générale concernant l’in-
fluence de l’âge du donneur sur les résul-
tats de la TH a été présentée.
L’âge de 55 ans apparaît comme un âge
seuil. Tous les autres facteurs étant égaux,
les receveurs d’un greffon âgé de plus de
55 ans présentent un pic de bilirubine et
un pic de transaminases postopératoire
(reflet de l’ischémie/reperfusion) supé-
rieurs. En revanche, l’incidence des
rejets, celle des complications artérielles
et biliaires, ainsi que la durée de séjour
en soins intensifs ou la durée globale
d’hospitalisation sont identiques. Le
point faible de cette analyse est qu’elle
n’a pas déterminé l’influence de l’âge en
fonction des indications de la greffe. Par
exemple, il semble bien que l’âge du don-
neur soit un facteur particulièrement
important de récidive de l’hépatite C.
Progression des maladies
inflammatoires du côlon après TH
pour cholangite sclérosante primitive
Une communication importante de
l’équipe de Pittsburgh a démontré, contre
toute attente, que la TH aggrave la pro-
gression des maladies inflammatoires
coliques associées. Cela est en contre-
indication avec l’étiologie auto-immune
de ces maladies inflammatoires. N’a-t-on
pas stoppé les stéroïdes trop précocement
chez ces patients ? L’immunosuppression
n’a-t-elle pas réveillé un facteur infec-
tieux endogène ? Aucune explication
satisfaisante n’est disponible à ce jour.
Mais d’autres équipes ont confirmé ces
observations.
TH pour carcinome
La TH pour carcinome hépatocellulaire
a été l’objet d’une revue générale pré-
sentée par l’équipe de Berlin. Les critères
actuellement acceptés sont ceux de Maz-
zafero (une tumeur de moins de 5 cm,
3tumeurs de moins de 3 cm). Il existe
cependant des critères différents, tels
ceux de l’université de San Francisco
(tumeur de moins de 6,5 cm), qui per-
mettent des taux de survie à 5 ans accep-
tables (70 %). Les critères de Pittsburgh,
plus souples encore (absence d’envahis-
sement ganglionnaire, d’invasion vascu-
laire macroscopique et d’invasion tumo-
rale extrahépatique), permettent des taux
de survie à 5 ans de l’ordre de 50 %. Il
semblerait donc que les critères de Maz-
zafero soient trop restrictifs, ce qui n’est
pas étonnant si l’on considère que ces cri-
tères ont été établis il y a maintenant plus
de dix ans et que les résultats de la TH se
sont nettement améliorés depuis lors.
Neuhaus a présenté lui-même les résul-
tats de sa propre série : 70 patients répon-
dant aux critères de Mazzafero bénéfi-
ciaient d’une survie à long terme de
70 %, alors que 50 patients qui ne répon-
daient plus à ces critères avaient néan-
moins une survie à long terme de 50 %.
Si les critères d’inclusion pour TH pour
carcinome hépatocellulaire sont à revoir,
il faut reconnaître que les résultats de la
TH pour cholangiocarcinome restent
médiocres, avec des survies à deux ans
d’environ 20 % seulement.
Enfin, un développement intéressant est
l’effet antitumoral (prouvé in vitro) du
sirolimus. Les résultats cliniques sont
attendus.
TH pour hépatite C
Il apparaît clairement que la TH pour
hépatite C permet des survies à 5 ans
similaires à celles obtenues après greffe
pour une autre indication. En revanche, à
dix ans, une incidence accrue de cirrhose
et de défaillance du greffon apparaît. Aux
facteurs de risque classiques (stéroïdes,
rejet, charge virale préopératoire, géno-
type, etc.) semblent s’en ajouter de nou-
veaux, principalement l’âge du donneur
et la période de la transplantation. Ces
deux facteurs sont sans doute en partie
liés, car, en effet, ces dernières années,
on a utilisé davantage de greffons margi-
naux, et, entre autres, des greffons de
donneurs plus âgés. Autre observation
intéressante, le fait que la TH à partir de
donneur vivant s’associe à une récidive
plus rapide de l’hépatite C. La raison n’en
est pas claire. Il s’agit peut-être d’un
mécanisme de self-restriction lorsque
donneur et receveur partagent au moins
un haplotype. Quand le segment hépa-
tique transplanté est de petite taille
(small-for-size), la régénération de ce
segment pourrait produire un environne-
ment propice à la réplication virale C.
TOLÉRANCE ET MINIMALISATION
DE L’IMMUNOSUPPRESSION
L’établissement d’un état de tolérance
total (arrêt de l’immunosuppression) ou
partiel (minimalisation de l’immunosup-
pression – tolérance dite opérationnelle)
est en passe de devenir une réalité cli-
nique. Pour la première fois lors de ce
congrès international de transplantation,
une session a été entièrement consacrée
à l’application en clinique de protocoles
d’induction de tolérance (testés jusque-
là chez l’animal). À côté de ces proto-
coles d’induction de tolérance, nombre
de présentations ont fait état de proto-
coles visant à la minimalisation de l’im-
munosuppression.
Tolérance
Un premier protocole, utilisé par l’équipe
de Stanford, consiste en l’administration
de cellules souches spécifiques du donneur
et cela associé à un traitement du receveur
non myéloablatif (pas d’irradiation
majeure, pas de déplétion lymphocytaire
totale) et donc grevé d’une morbidité
acceptable. Deux patients ont ainsi été
sevrés complètement de leur immunosup-
pression après transplantation rénale. Un
autre protocole, mis en œuvre par une
équipe indienne, consiste en l’administra-
tion de mégadoses de cellules hémato-
poïétiques du donneur dans le thymus et
dans la circulation périphérique et/ou por-
tale, avec apparemment induction d’un état
de tolérance chez un certain nombre de
receveurs. Un protocole employé par
l’équipe de Pittsburgh consiste en l’admi-
nistration, après greffe rénale ou intesti-
nale et avant la reperfusion du greffon,
d’une seule dose élevée d’anti-thymocytes
globulines (ATG), suivie d’une monothé-
rapie à l’aide de tacrolimus. Le tacrolimus
est alors progressivement réduit à partir
de trois mois. Un certain nombre de
patients, s’ils n’étaient pas sevrés, ont ainsi
pu recevoir une dose de tacrolimus nette-
ment réduite, et certains d’entre eux ne
recevaient, par exemple, qu’une seule dose
Le Courrier de la Transplantation - Volume II - n o4 - oct.-nov.-déc. 2002
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