Fertilité –données humaines
Les antidépresseurs peuvent altérer la fertilité
masculine
Antidepressants may harm male fertility
Extraction, Internet « newScientist life » septembre 2009
Les antidépresseurs pris par des millions d’hommes pour-
raient affecter leur fertilité en causant des dommages à
l’ADN spermatique. En 2006, Peter Schlegel et Cigdem
Tankirut du centre médical Cornell à New York ont rapporté
que deux hommes ont vu leurs numérations de spermatozoï-
des s’effondrer, alors qu’ils étaient sous traitement avec deux
inhibiteurs de recapture de la sérotonine (IRCS), un médica-
ment antidépresseur couramment prescrit dans le monde.
Plus récemment, l’équipe de Schlegel a donné à 35 hommes
en bonne santé pendant cinq semaines des doses d’un troi-
sième IRCS dénommé paroxétine (commercialement vendu,
entre autres, sous le nom de Deroxat
®
) et a évalué leurs sper-
mes avant et après quatre semaines de traitement. Les sper-
matozoïdes et les liquides séminaux de ces hommes traités
semblent normaux en termes de nombre/volume, de mobilité
et de morphologie. Cependant, en regardant de plus près le
noyau spermatique via la méthode de TUNEL, qui permet
d’évaluer le niveau de fragmentation de l’ADN, cette équipe
a fait une observation troublante. En moyenne, la proportion
de spermatozoïdes présentant un ADN fragmenté passe de
14 % avant traitement à 30 % après quatre semaines de trai-
tement à la paroxétine. Dans la littérature, des niveaux simi-
laires de fragmentation de l’ADN spermatique ont été liés à
des problèmes de viabilité embryonnaire, lorsque de tels
spermatozoïdes fécondent des ovules et dépassent les
capacités de réparation de ces derniers.
Intégrité de la chromatine spermatique et marqueurs
du stress oxydant
Markers of oxidative stress and sperm chromatin integrity
Agarwal A, Varghese AC, Sharma RK (2009) Methods
Mol Biol 590: 377–402
Le stress oxydant correspond à un déséquilibre entre la quan-
tité d’espèces activées de l’oxygène (EAO) produites et la
capacité des cellules à recycler ces EAO. Le stress oxydant
a été montré comme étant une cause majeure dans l’étiologie
de l’infertilité masculine. Des niveaux élevés d’EAO sont
dangereux et causent des dommages à l’ADN des spermato-
zoïdes. L’évaluation des dommages, dus à l’oxydation du
noyau spermatique, est donc très pertinente dans le cadre
des techniques d’assistance médicale à la procréation
(AMP) telles que l’ICSI. L’ICSI est une technique efficace
pour pallier les infertilités masculines en ce sens qu’elle
court-circuite la majorité des déficiences potentielles du trac-
tus génital mâle. En dépit de résultats contradictoires dans la
littérature, il existe actuellement assez d’arguments pour
montrer que les dommages oxydatifs de l’ADN spermatique
sont délétères pour le succès reproductif. En plus de l’effet
sur la fertilité masculine, les dommages oxydatifs de l’ADN
spermatique augmentent le risque de transmission à la des-
cendance de désordres génétiques. La standardisation des
protocoles pour l’évaluation des EAO, du statut antioxydant
et des dommages à l’ADN, est très importante et devrait
permettre leur introduction en pratique clinique. Les évalua-
tions des EAO dans le liquide séminal et de l’étendue des
atteintes de l’intégrité de l’ADN spermatique, particulière-
ment chez les hommes infertiles, doivent aider au dévelop-
pement de nouvelles stratégies thérapeutiques et améliorer le
succès de l’AMP.
Un polymorphisme génétique touchant les glutathions-
s-transférases M1 et T1 est retrouvé chez les hommes
présentant une infertilité idiopathique
Glutathione-s-transferase M1 and T1 polymorphism
in men with idiopathic infertility
Finotti AC, Costa E, Silva RC, et al. (2009) Genet Mol Res
8: 1093–8
L’infertilité masculine est un désordre qui a des causes multi-
ples impliquant des facteurs génétiques et environnementaux
qui contribuent à perturber la spermatogenèse et/ou la matu-
ration fonctionnelle des gamètes mâles. Les causes génétiques
sont responsables d’environ 60 % des infertilités idiopathi-
ques. Le polymorphisme génétique affectant les gènes de
détoxication peut modifier leur expression ou la fonction
des protéines correspondantes, perturbant en conséquence la
biotransformation de composés toxiques pour la spermatoge-
nèse. Les gènes GSTM1 et GSTT1 codent pour des enzymes
(glutathions-s-transférases) qui sont essentielles dans les pro-
cessus de détoxication de xénobiotiques endogènes ou exogè-
nes facilitant ainsi leur excrétion. Dans cet article, les auteurs
ont examiné le polymorphisme génétique rencontré sur ces
deux gènes dans une cohorte de 233 hommes présentant une
infertilité idiopathique. Les résultats montrent que des poly-
morphismes individuels des gènes GSTM1 et GSTT1 sont
susceptibles d’être liés à une réduction de la qualité des gamè-
tes et au développement d’une infertilité.
Androl. (2009) 19:231-234 233