Protocole de surveillance et d’alerte de la maladie de Chagas
Rappel à l’usage des cliniciens et des biologistes
pour le signalement des cas suspects de maladie de Chagas
OBJECTIFS
1) Documenter la situation épidémiologique de la maladie de Chagas en Guyane et son
évolution ainsi que détecter les situations d’alerte (cas groupés…)
2) Permettre la détection précoce des cas de maladie de Chagas dans la population guyanaise
afin que les patients puissent bénéficier d’une prise en charge clinique aussi précoce que
possible.
PRINCIPE DU SYSTEME DE SURVEILLANCE ET DALERTE
Le système est basé sur le signalement par les cliniciens, au moment de la demande de diagnostic, des
cas suspects de maladie de Chagas répondant aux définitions de cas ci-après. Les cliniciens doivent
également signaler tout autre cas pour lesquels ils ont jugé utile de demander une recherche d’infection
àT. cruzi. Il peut s’agir de parent(s) d’un patient ayant un Chagas confir, d’un cas suspect de
Chagas congénital, de personnes particulrement exposées (profession, polytransfusé…), de patient
présentant une autre symptomatologie compatible avec la maladie de Chagas et sans étiologie
retrouvée… Lorsque l’infection à T. cruzi est découverte fortuitement lors d’un examen de laboratoire
(lecture de frottis/goutte épaisse, biopsie), le biologiste signalera directement le cas à la Cellule de
Veille.Sanitaire de la Direction de la Santé et du Développement Social de Guyane (DSDS).
DEFINITIONS DE CAS SUSPECT
Suivant la phase de la maladie, les signes et symptômes rencontrés diffèrent. Les définitions
de cas suspects suivantes correspondent à ces phases de l’infection à T. cruzi. Les critères ont
été définis en fonction des tableaux cliniques et paracliniques les plus spécifiques de la
maladie de Chagas.
MALADIE DE CHAGAS, CAS AIGU
Définition de cas suspect de Maladie de Chagas en phase précoce invasive ou aiguë
n Signes précoces locaux (rarement présents)
Ø Œdème palpébral bilatéral persistant (>48 h sous traitement) indolore, résistant
et violacé
OU
Ø Aspect bouffi du visage (front, joue, oreille) persistant (>48h sous traitement),
sans protéinurie avec ou sans antécédent d’œdème bipalbébral
OU
Ø Tuméfaction unique ou multiple sur une partie découverte du corps
ü Avec ou sans fièvre intermittente, exacerbée le soir
ü Avec ou sans adénopathies
n En l’absence de signes locaux, tableaux associant les signes précoces généraux
suivants :
Ø Fièvre
ET
Ø Hépatosplénomégalie
ET
Ø Adénopathies
ET
Ø Rash cutané
Ø Fièvre
ET
Ø Asthénie prolongée
ET
Ø Arthromyalgies prolongées
N.B. : devant un tableau fébrile aigu et prolongé et sans étiologie retrouvée, le diagnostic de
maladie de Chagas devra être évoqué
finition de cas suspect de maladie de Chagas en phase aiguë avec atteinte cardiaque
n Cardiopathie aiguë
Ø Atteinte myocardite aiguë fébrile OU
Ø Péricardite fébrile
OU
Ø Tableau fébrile < 50 ans*
ET
Ø L’un des signes d’atteinte cardiaque suivants
ü douleurs précordiales, angor
ü dyspnée d’effort, orthopnée
ü tachycardie
ü palpitation, arythmie
ü hypotension
ü hépatalgie
ü œdèmes membres inférieurs
ü reflux hépato-jugulaire
*si > 50 ans, après élimination des étiologies courantes
L’encéphalite aiguë Chagasique n’est pas retenue dans les critères de définition pour un cas
suspect de maladie de Chagas en phase aiguë, car d’une part celle-ci est rare (à l’exception
OU
des patients au stade SIDA) et d’autre part il existe en Guyane de nombreuses autres
étiologies possibles pour les encéphalites. Si cette pathologie est présente, le clinicien
l’inscrira sur la fiche de signalement dans « autres signes cliniques » si le cas répond par
ailleurs aux critères de définition de maladie de Chagas en phase aiguë définis ci-dessus, OU
sous la rubrique B « Autres situations », si le cas ne répond pas aux critères.
MALADIE DE CHAGAS PHASE CHRONIQUE AVEC COMPLICATIONS TARDIVES
Définition de cas suspect de maladie de Chagas, phase chronique : signes précoces
n Signes précoces cardiaques: en particulier chez le patient de moins de 50 ans*
Ø Palpitations persistantes chez le sujet jeune associées à des douleurs
précordiales et une dyspnée d’effort (exploration par ECG, échographie
cardiaque et holter)
OU
Ø Anomalies à l’ECG :
ü Bloc auriculo-ventriculaire OU
ü Hémi-bloc antérieur gauche OU
ü Bloc intra ventriculaire OU
ü Bloc de branche droit OU
ü Troubles de la repolarisation OU
ü Extra systoles ventriculaires OU
ü Bradycardie sinusale
OU
Ø Insuffisance cardiaque
OU
Ø Mort subite d’un sujet sans antécédent âgé de moins de 50 ans
n Signes précoces digestifs : troubles de la déglutition, en particulier chez un patient de
moins de 50 ans*
*Chez un patient de plus de 50 ans, après élimination des étiologies courantes
n Cardiopathie Chagasique (quelque soit l’âge)
Ø Cardiomyopathie ± dilatée
Ø Cardiomégalie
n Forme digestive chronique (quelque soit l’âge)
Ø Méga-œsophage
OU
Ø Méga-colon
± dilatation gastrique ou méga-duodénum ou cholécystomégalie…
Concernant les cas congénitaux de maladie de Chagas, il n’est pas proposé de définition de
cas dans un premier temps. Un cas suspect connital chez un nouveau-né ou un jeune enfant
d’une mère infectée par T. cruzi sera donc signalé sous la rubrique B « Autres situations » de
la fiche de signalement.
Le Chagas congénital est rare dans une population où la prévalence de l’infection à T. cruzi
est relativement faible. La psentation clinique et les formes sont variables (aiguë, latente ou
avec complications tardives) et peut se manifester à la naissance ou quelques mois après.
atteintes fœtales avec méningo-encéphalopathie sont gravissimes et conduisent soit au décès,
in utero ou dans les premières semaines de vie, soit à des séquelles neurologiques très sévères.
COMMENT SIGNALER UN CAS SUSPECT ?
Ces patients doivent d’une part bénéficier d’un diagnostic pour l’infection à Trypanosoma
cruzi le plus rapidement possible, surtout si le cas est en phase aiguë, et dautre part être
signalés à la Cellule de Veille Sanitaire (CVS) de la DSDS de Guyane.
Pour signaler le cas à la CVS, il suffit de remplir une fiche de signalement et de la
transmettre selon les modalités suivantes :
Ø Si le patient est hospitalisé, il suffit de joindre la fiche de signalement à la demande
d’examen qui accompagne les prélèvements.
Ø Si le patient n’est pas hospitalisé, il est demandé de joindre la fiche de signalement à la
demande d’examen et de la faxer également à la CVS (cela permet à la CVS de suivre
le cas et de s’assurer que celui-ci s’est présenté au laboratoire pour le prélèvement.)
Le laboratoire référent pour le diagnostic de l’infection à T. cruzi est le Laboratoire
hospitalier et universitaire de parasitologie mycologie du Centre Hospitalier Andrée
Rosemon à Cayenne (LHUPM-CHAR). Le laboratoire va mettre en œuvre un ensemble de
techniques (parasitologiques, sérologiques et de biologie moléculaire) et pour lesquelles les
prélèvements suivants sont requis dès la première demande d’examen :
Ø Prélèvements : 5 ml de sang total sur tube sec et 50 ml sur tube EDTA
Ø Autres types de prélèvements : biopsies (flacon stérile, quelques gouttes de sérum
physiologique), LCR (15 gouttes sur flacon stérile), écouvillon de sérosité (flacon
stérile)
Ø Conservation et transport à 4° C
Lors de la réception et de l’enregistrement des prélèvements, le LHUPM-CHAR transmet la
fiche de signalement par fax à la CVS.
Coordonnées :
Cellule de Veille Sanitaire, DSDS de Guyane
Tel : 05 94 25 60 70
Fax : 05 94 25 11 90
Laboratoire Hospitalo-Universitaire de Parasitologie Mycologie, Hôpital Andrée
Rosemon, Cayenne :
Tel : 05 94 39 51 63 ou 05 94 39 50 54
Fax : 05 94 39 51 63
LORSQUUN CAS DE MALADIE DE CHAGAS EST CONFIRME
La confirmation biologique d’un cas de maladie de Chagas par le LHUPM-CHAR déclenche
les actions suivantes.
Ø La prise en charge du patient par une équipe spécialisée
Ø L’investigation épidémiologique du cas par la CVS par téléphone
* si cas simple, sans difficulté de diagnostic
CLINICIEN
Cas suspect de Chagas
Joindre à la demande d’examen +
prélèvements
LHUPM
-
CHAR
Diagnostic de Chagas
POSITIF
CVS (DSDS)
signalement cas suspect
»
ANALYSE EPIDEMIOLOGIQUE DES
CAS
InVS CVS (DSDS) et LHUPM-CHAR
INVESTIGATION
ENTOURAGE
Suivant la situation :
-Test famille du cas
-Environnement…
union téléphonique
CVS
INVESTIGATION PATIENT
- Volet clinique et biologique
Recueil auprès du Clinicien et LHUPM-CHAR
- Volet épidémiologique
Enquête auprès du patient
CLINICIEN
Et LHUPM-CHAR
Prise en charge du
patient
Double fiche de
signalement
Rendu résultat
sous 48-72 heures*
Fax CVS
ET
Si patient non hospitalisé
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CI
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UI
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