R E V U E D E P R E S S E Dirigée par le Pr P. Amarenco Syndrome cérébelleux : penser aux anticorps antigliadine ■ L’intolérance au gluten est une cause rare de syndrome cérébelleux. Les auteurs ont étudié sa prévalence sur une large cohorte de patients atteints de syndrome cérébelleux sporadique ou familial à la recherche de facteurs de prédisposition génétique et d’une caractérisation clinique. Les anticorps antigliadine ont été recherchés chez une cohorte du North Trent de 234 patients atteints de syndrome cérébelleux d’étiologie déterminée et sporadique idiopathique, et chez une cohorte londonienne de 44 patients atteints de syndrome cérébelleux sporadique idiopathique. Mille deux cents sujets sains ont été pris comme contrôles. La prévalence des anticorps antigliadine (IgG et/ou IgA) était de 14 % dans le groupe de syndromes cérébelleux héréditaires (SCA 1, 2, 3, 6, 7 et maladie de Friedreich) (8/59), de 41 % dans le groupe de syndromes cérébelleux sporadiques (54/132), de 15 % dans le groupe de MSA cliniquement probable (5/33) et de 12 % dans le groupe contrôle (149/1 200). La prévalence dans la cohorte londonienne était de 32 % (14/44). La différence de prévalence entre les groupes de syndromes cérébelleux sporadiques et les autres groupes était hautement significative (p < 0,0001 et p < 0,003 respectivement). Les caractéristiques cliniques du syndrome cérébelleux chez 68 patients avec intolérance au gluten n’étaient pas discriminatives ; seuls 13 % des patients avaient des signes digestifs et 24 % une maladie cœliaque prouvée histologiquement. L’IRM a montré une atrophie cérébelleuse chez 79 % des patients et des hypersignaux de la substance blanche chez 19 %. Cinquante-quatre pour cent des patients avaient une neuropathie axonale sensitivo-motrice à l’EMG. Soixante-douze pour cent des patients étaient HLA DQ2+ versus 35 % dans les autres groupes. Commentaire. Dans cette étude, le syndrome cérébelleux “idiopathique” représentait 74 % des patients, dont 20 % avec un diagnostic de MSA et 41 % d’intolérance au gluten, 13 % restant sans cause. L’intolérance au gluten semble dépasser le cadre de la maladie cœliaque (1 % de la population). Les auteurs recommandent la recherche d’anticorps antigliadine dans le bilan diagnostique de tout syndrome cérébelleux sporadique ; les IgG seraient un meilleur marqueur de l’intolérance au gluten que les IgA, les anticorps antiendomysium ou les anticorps antiglutamase, quel que soit l’organe atteint. Le choix du type d’anticorps et du seuil de positivité reste hautement problématique avec le risque de diagnostic par excès. Une étude est nécessaire pour définir et valider les outils diagnostiques permettant de poser le diagnostic d’intolérance au gluten dans le cadre d’un syndrome cérébelleux sporadique. D. Dimitri, hôpital de la Salpêtrière, Paris. ✔ Hadjivassiliou M et al. Gluten ataxia in perspective : epidemiology, genetic susceptibility and clinical characteristics. Brain 2003 ; 126 : 685-91. VIH : traitement antirétroviral et événements cardioet cérébro-vasculaires ■ L’augmentation de la prévalence des anomalies métaboliques chez les patients infectés par le VIH fait craindre une augmentation de l’incidence des maladies vasculaires. Une étude rétrospective, portant sur 36 766 patients VIH+ de la base de données du département des Veterans Affairs entre janvier 1993 et juin 2001, a évalué le risque de maladies cardio- et cérébro-vasculaires. Pour le traitement antirétroviral : 1. inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse (INTI) : 70,2 % des patients pour une durée médiane de 17 mois ; 2. inhibiteurs de la protéase (IP) : 41,6 %, 16 mois ; 3. inhibiteurs non nucléosidiques (INNTI) : 25,6 %, 9 mois ; 4. 1 000 patients traités par association avec un IP pendant au moins 48 mois et 1 000 par association avec un INNTI pendant au moins 24 mois. Entre 1995 et 2001, le taux d’admission pour une maladie cardio- ou cérébro-vasculaire est passé de 1,7 à 0,9 par 100 patients/année, et le taux de décès, quelle qu’en soit la cause, de 21,3 à 5 par 100 patients/année. L’analyse par régression n’a pas montré de relation entre le traitement par INTI, IP ou INNTI et le risque de maladie cardio- ou cérébrovasculaire ; en revanche, le risque de décès a diminué. Les auteurs en concluent que le traitement antirétroviral est fortement associé à la diminution de mortalité sans augmentation du risque d’événements vasculaires. Commentaire. La diminution spectaculaire de la mortalité depuis l’introduction de la trithérapie, de 75 % dans cette étude, est incontestable. La stabilité du taux d’admission ou de décès liés aux maladies vasculaires est, en revanche, d’interprétation difficile : étude La Lettre du Neurologue - n° 5 - vol. VII - mai 2003 rétrospective, 98 % d’hommes versus 80 % dans la population VIH+, mais surtout durée médiane de traitement de 15 mois. Si l’augmentation du risque vasculaire liée à la trithérapie n’a jamais été prouvée, en revanche, les anomalies métaboliques qui lui sont associées sont bien documentées : hypertriglycéridémie, augmentation du LDL, diminution du HLDL, résistance à l’insuline, lipodystrophie, augmentation de l’épaisseur intimale des carotides… Les effets sur le risque vasculaire ne peuvent donc être évalués que sur des études de long terme. Ces anomalies doivent être surveillées et traitées et ne pas empêcher la mise sous trithérapie, surtout pour les patients à haut risque de développer le stade sida. DD ✔ Bozette S et al. Cardiovascular and cerebrovascular events in patients treated for Human Immunodeficiency Virus Infection. N Engl J Med 2003 ; 348 : 702-10. ✔ Kuritzkes D et al. Cardiovascular risk factors and retroviral therapy. N Engl J Med 2003 ; 348 : 679-80. Maladie de Creutzfeldt-Jakob sporadique : vers un nouveau test diagnostique ? ■ Le cortex et les voies olfactives sont atteints dans la maladie de CreutzfeldtJakob sporadique (MCJs). L’épithélium olfactif, l’épithélium respiratoire de la muqueuse nasale et le système olfactif intracrânien ont été analysés par microscopie optique, immunohistochimie et WesternBlot à la recherche de dépôts de PrPsc chez neuf patients atteints de MCJs confirmée histologiquement. La PrPsc était exprimée dans l’épithélium olfactif (au niveau du cytoplasme et des cils des neurones olfactifs) de la muqueuse nasale, les voies olfactives intracrâniennes, mais pas dans l’épithélium respiratoire de la muqueuse nasale des neuf patients. Les tissus de onze sujets contrôles ne contenaient pas de PrPsc. La protéine normale (PrPc) était exprimée de façon constitutive dans les cellules de l’épithélium olfactif et respiratoire chez les patients MCJs et les contrôles. Les auteurs proposent la biopsie de l’épithélium olfactif comme test diagnostique in vivo et émettent l’hypothèse que cet épithélium pourrait être une voie d’infection et de dissémination du prion. 167 R E V U E D E P R E S S E Dirigée par le Pr P. Amarenco Commentaire. Si ces résultats sont confirmés, ils auront deux implications pratiques : test de diagnostic précoce et précautions accrues pour tout geste chirurgical ou endoscopique des cavités nasales. Une question persiste : l’expression de la PrPsc au niveau de l’épithélium olfactif est-elle une extension à partir du cerveau, ou représente-elle une porte d’entrée infectieuse comme le tractus intestinal pour le nouveau variant de la MCJ ? DD ✔ Zanusso G. Detection of pathologic Prion Protein in the olfactory epithelium in sporadic Creutzfeldt-Jakob disease. N Engl J Med 2003 ; 348 : 711-9. ✔ Tyler K. Creutzfeldt-Jakob disease. N Engl J Med 2003 ; 348 : 681-2. crises sont des facteurs prédisposant à ce type de manifestations. Troisième constat : il s’agit d’un effet secondaire relativement bénin, et qui n’a qu’exceptionnellement justifié un arrêt du traitement. En résumé, les patients souffrant d’une épilepsie temporale gauche et présentant majoritairement des crises partielles simples sont plus à risque que d’autres de développer des troubles de la parole après mise sous topiramate. Il semble donc logique de les en informer avant d’instituer le traitement. Toutefois, il ne servira à rien de ralentir la titration ou de diminuer la dose si cet effet secondaire survient. On ne connaît toujours pas, à l’heure actuelle, la physiopathologie exacte de ce type d’effet secondaire, mais il ne semble pas y avoir de dose-dépendance dans sa survenue. S. Dupont hôpital de la Salpêtrière, Paris. De deux maux… ■ L’objectif de cette étude prospective était d’évaluer la prévalence des dysphasies dans une population d’épileptiques adultes traités par topiramate. Quatre cent trente et un patients souffrant d’une épilepsie partielle ont été consécutivement inclus. Trente et un (7,2 %) ont rapporté des troubles de la parole, essentiellement à type de difficultés pour trouver les mots. L’existence de crises partielles simples ou d’un foyer EEG temporal gauche était significativement associée aux troubles de la parole. En revanche, il n’existait aucune relation avec la dose d’entretien du médicament ou la vitesse de titration. Commentaire. L’existence de difficultés à trouver les mots, voire d’un véritable bégaiement, est parfois rapportée par les patients épileptiques chez qui un traitement par topiramate a été récemment instauré. Face à des effets secondaires de ce type (rares, inhabituels), le doute est souvent présent dans l’esprit du clinicien quant à l’imputabilité du médicament par rapport aux troubles. L’étude des essais cliniques de phase 3 du topiramate montre que ce type d’effets secondaires était rapporté chez 10 % des patients souffrant d’une épilepsie généralisée primaire ou d’un syndrome de Lennox-Gastaut. L’étude présente a le mérite d’attirer l’attention sur la prévalence de cet effet secondaire dans une population de patients adultes souffrant d’épilepsie partielle. Premier constat : cette prévalence est faible (7,2 %). Deuxième constat : les dysphasies surviennent chez des patients dont la localisation de l’épilepsie et le type de 168 ✔ Mula et al. Topiramate and word-finding difficulties in patients with epilepsy. Neurology 2003 ; 60 (7) : 1 104-7. Le traitement intensif du diabète est-il efficace ? ■ L’étude UKPDS a montré que si le traitement intensif du diabète diminuait les complications microvasculaires, les complications macrovasculaires (infarctus du myocarde et AVC) n’étaient pas diminuées, ce qui a déçu (et pas convaincu) tout le monde. Les objectifs que l’on se fixe chez le diabétique sont une pression artérielle inférieure à 130/80 mmHg, un LDL inférieur à 2,6 mmol/l, des triglycérides inférieures à 1,7 mmol/l, un HDL supérieur à 1,1 mmol/l et une hémoglobine glyquée inférieure à 7 %. Dans l’étude STENO-2, sur 160 patients ayant une microalbuminurie, 80 ont eu un traitement conventionnel et 80 un traitement intensif. Dans le groupe intensif, il y avait plus de deux fois moins d’événements cardiovasculaires (dont les AVC), de neuropathies dysautonomiques, de rétinopathies et de néphropathies. Commentaire. La logique est respectée, et cette étude plaide pour un traitement intensif des diabétiques de type 2, qu’ils aient ou non une complication neurologique, dès lors qu’ils ont une microalbuminurie. P. Amarenco, service de neurologie et centre d’ATAC, hôpital Bichat, Paris. ✔ Gæde P et al. Multifactorial intervention and cardiovascular disease in patients with type 2 diabetes. N Engl J Med 2003 ; 348 : 383-93. Vaccinez vos patients ! ■ Des études cas-témoins avaient montré une association entre non-vaccination contre la grippe et existence d’un infarctus du myocarde ou cérébral. Un petit essai thérapeutique a même montré que la vaccination était associée à une moindre incidence de la récidive d’infarctus du myocarde. Voici que, parmi 140 055 sujets de plus de 65 ans entre 1998 et 1999 et 146 328 sujets de mêmes âges entre 1999 et 2000 aux États-Unis, respectivement 55,5 et 59,7 % étaient vaccinés. Les sujets vaccinés avaient une chance sur cinq de moins d’avoir un accident vasculaire cérébral (AVC), après ajustement sur de nombreux facteurs de confusion. Commentaire. La vaccination contre la grippe pourrait être un puissant facteur protecteur contre les AVC. Nul doute que cela sera testé prochainement dans de grandes études randomisées versus placebo chez des sujets de moins de 65 ans. PA ✔ Nichol et al. Influenza vaccination and reduction in hospitalization for cardiac disease and stroke among the elderly. N Engl J Med 2003 ; 348 : 1322-32. Les ponctions cérébrales exploratrices pour suspicion d’abcès sont terminées ! ■ Les abcès cérébraux et les autres processus intracrâniens purulents représentent encore des situations d’urgence engageant le pronostic vital. Le diagnostic doit être rapide et correct pour adapter au mieux le traitement chirurgical et médical. Le diagnostic différentiel des tumeurs kystiques est parfois radiologiquement impossible. Des auteurs suisses ont évalué l’intérêt de l’IRM de diffusion pour le diagnostic positif d’abcès cérébral. Une IRM de diffusion avec calcul du coefficient apparent de diffusion a été réalisée dans 16 cas consécutifs d’abcès cérébraux confirmés chirurgicalement. La Lettre du Neurologue - n° 5 - vol. VII - mai 2003 Ce groupe a inclus 11 abcès, 2 empyèmes sous-duraux, 2 embolies septiques et une ventriculite. Les données obtenues ont été comparées à un groupe témoin de 16 patients porteurs de tumeurs kystiques. Les cas de processus intracrâniens purulents sont apparus en hypersignal à l’IRM de diffusion, alors que les tumeurs kystiques étaient en hyposignal. Le calcul du coefficient apparent de diffusion chez les patients avec infection cérébrale a été inférieur à celui des tumeurs kystiques [moyenne de 0,68 x 10 (3) mm 2 /sec et 1,63 x 10 (3) mm 2 /sec respectivement ; p < 0,05]. En conclusion, l’IRM de diffusion peut être utilisée pour identifier les lésions infectieuses purulentes intracrâniennes en les différenciant clairement des tumeurs kystiques. Commentaire. Cet article confirme la pratique clinique actuelle : l’IRM de diffusion permet de faire simplement le diagnostic différentiel des abcès cérébraux par rapport aux tumeurs kystiques en évitant les ponctions exploratrices autrefois nécessaires. Des faux positifs existent hélas : certaines tumeurs hypercellulaires, la présence de sang et surtout les cas postopératoires liés aux artéfacts. M. Kalamarides, service de neurochirurgie, hôpital Beaujon. die de Parkinson à présentation précoce. L’étude de ces familles, néerlandaise et italienne, a montré que des mutations du gène DJ-1 étaient associées à cette forme particulière de Parkinson nommée PARK7. Les mutations identifiées dans la famille néerlandaise conduisaient à une absence de la protéine DJ-1 chez les personnes touchées. Dans la famille italienne, la protéine était présente mais avait perdu son activité fonctionnelle. Globalement, les observations montrent que l’absence de la fonction DJ1 conduit à une neurodégénérescence. La fonction biologique de cette protéine est encore incertaine, mais les auteurs de cette découverte estiment qu’elle est probablement impliquée dans des mécanismes de défense face au stress oxydatif. Cette implication du stress oxydatif est fréquemment proposée parmi les facteurs pathogéniques contributifs à la neurodégénérescence des formes sporadiques les plus fréquentes de la MP. Commentaire. Il sera intéressant d’étudier la fonction de la protéine DJ-1 ainsi que les interactions avec les autres gènes connus, à savoir l’ alpha-synucléine, la parkine et l’hydrolase L1 de l’extrémité C-terminale de l’ubiquitine (UCH-L1), qui, tous les trois, sont en rapport avec la dégradation cellulaire de protéines (inhibition du système de l'ubiquitine-protéasome). Une meilleure connaissance des mécanismes pathogéniques de la MP devrait à plus long terme aboutir à de nouvelles thérapies. P. Krack, département de neurologie, université de Grenoble. ✔ Guzman R et al. Use of diffusion-weighted magnetic resonance imaging in differentiating purulent brain processes from cystic brain tumors. J Neurosurg 2002 ; 97 : 1101-7. ✔ Bonifati V. Mutations in the DJ-1 gene associated with autosomal recessive early-onset parkinsonism. Science 2003 ; 299 : 256-9. Nouvelle mutation dans une forme précoce de maladie de Parkinson ■ Une équipe italo-franco-hollandaise vient d’identifier une mutation associée à une forme précoce de maladie de Parkinson (MP). La fonction du gène mis en cause reste à élucider. Cette découverte vient de faire l’objet d’une publication de la revue Science. Vincenzo Bonifati (Erasmus Medical Center Rotterdam et Université La Sapienza, Rome) et ses confrères détaillent l’étude génétique de deux familles indépendantes touchées par une forme autosomique récessive d’une mala- Critères de MacDonald : de la théorie à la pratique… ■ L’équipe de X. Montalban, à Barcelone, a appliqué rétroactivement les critères de MacDonald à une cohorte de 139 patients ayant présenté un premier épisode démyélinisant isolé, suivis prospectivement sur le plan clinique et IRM depuis 1995, pendant une durée minimale d’un an (39 mois en moyenne). Les patients étaient suivis cliniquement tous les trois ou six mois. L’IRM encéphalique était réalisée La Lettre du Neurologue - n° 5 - vol. VII - mai 2003 dans les trois mois suivant le début clinique et au bout d’un an. L’objectif était de déterminer l’utilité de ces nouveaux critères diagnostiques. Les symptômes initiaux étaient une névrite optique (41,5 %), une atteinte du tronc cérébral (24,5 %) ou de la moelle (28 %). Six pour cent étaient polysymptomatiques. Trente-huit patients (27 %) ont eu une seconde poussée au cours du suivi. L’IRM initiale était normale chez 38 patients (27 %). Les critères de dissémination dans l’espace selon Barkhof étaient remplis chez 58 patients (42 %) (au moins trois des quatre critères), et chez 19 patients supplémentaires (14 %) si on prenait en compte la positivité du LCR et la présence d’au moins deux lésions. Les critères de dissémination dans le temps étaient remplis chez 62 patients sur l’IRM réalisée à un an (45 %). Au total, 11 % des 139 patients avaient une SEP cliniquement certaine selon les critères de Poser, versus 40 % selon les critères de MacDonald. Parmi les patients ne remplissant pas les critères de MacDonald à un an, le pourcentage de conversion vers une SEP cliniquement certaine selon Poser était de 6 % à un an, 13 % à deux ans et 20 % à trois ans ou plus, versus 20 %, 44 % et 80 % respectivement pour les patients remplissant les critères de MacDonald. Commentaire. On peut reprocher à cette étude de ne pas avoir strictement respecté les recommandations de suivi IRM tous les trois mois et émettre des doutes sur le gold standard du diagnostic de SEP, puisque celui-ci dépend de la durée de suivi des patients. Cependant, ces résultats apportent des informations importantes dans la perspective actuelle de mise à disposition de l’interféron bêta dès le premier épisode neurologique évocateur de SEP. Remarquons tout de même que, si la survenue d’un deuxième épisode neurologique est plus fréquente chez les patients remplissant les critères IRM, plus de 50 % de ces patients n’auront pas eu de deuxième poussée à deux ans… Sandra Vukusik, Lyon. ✔ Tintoré M, Rovira A, Rio J et al. New diagnostic criteria for multiple sclerosis. Application in first demyelinating episode. Neurology 2003 ; 60 : 27-30. 169 R E V U E D E P R E S S E Dirigée par le Pr P. Amarenco SPORTIF-III : la fin des AVK ? ■ Le ximélagatran est un antithrombine, donc un anticoagulant, qui se donne par voie orale, et qui est rapidement efficace, à dose fixe (il ne nécessite pas d’ajustement de dose). Un autre de ses avantages est qu’il n’est pas nécessaire de surveiller le niveau d’anticoagulation par des prises de sang régulières. Il vient donc concurrencer de front les AVK. L’une des premières confrontations d’envergure est le traitement de la fibrillation auriculaire et la prévention de son risque embolique. Dans cette étude, 3 407 patients qui avaient une FA et au moins un facteur de risque surajouté ont été randomisés entre warfarine visant un INR entre 2 et 3 et ximélagatran 36 mg par jour en deux prises. L’étude a été conduite en ouvert, mais les événements ont été jugés en aveugle (design de type PROBE). Au cours de l’étude, 66 % des patients sous warfarine avaient un INR à l’objectif entre 2 et 3, et 81 % avaient un INR optimal entre 1,8 et 3,2. À 21 mois, il y a eu une réduction non significative des événements primaires dans le groupe ximélagatran avec 40 événements (1,6 % par an) comparativement à 40 (2,3 % par an) dans le groupe warfarine à 1,6 %. En analyse ontreatment, la réduction relative de risque devenait significative (1,3 % versus 2,2 % par an, soit une RRR de 41 %, p = 0,018). Sur le plan de la tolérance, le pourcentage d’hémorragie intracrânienne ou de saignement majeur était le même dans les deux groupes, mais il y avait significativement moins de saignements mineur et majeur combinés dans le groupe ximélagatran (25,5 % versus 29,5 %, p = 0,007). Finalement, lorsque, dans une analyse ontreatment, on combine tous les événements indésirables graves, il y a une réduction relative de ces événements sous ximélagatran de 25 % (4,6 versus 6,1 %, p = 0,022). Commentaire. Ainsi, le ximélagatran se trouve en intention de traiter dans la zone de non-infériorité et paraît supérieur à la warfarine en analyse on-treatment. On peut conclure avec les auteurs que le ximélagatran est aussi efficace qu’un traitement par warfarine bien contrôlé, qu’il cause moins de saignements, qu’il élève les enzymes hépatiques dans 6,5 % des cas, dans les premiers mois uniquement, et qu’il permet une simplification et un confort du suivi considérables grâce à une dose fixe administrée par voie orale, sans ajustement de l’INR ni fluctuation de l’effet anticoagulant au gré du régime alimentaire. On attend ainsi avec impatience confirmation de ces résultats par l’étude nordaméricaine SPORTIF-V qui avait le même design, à peu près le même nombre de patients (n = 3 913), mais qui a été conduite en double aveugle ! On sera attentif à l’incidence des infarctus du myocarde, en se rappelant les mésaventures des inhibiteurs GPIIb/IIIa par voie orale. PA ✔ Halperin et al. Communication à l’American College of Cardiology. Chicago, avril 2003. SCOPE : réduction des AVC non mortels, le candésartan aussi ! ■ HVG, le plus souvent en association aux diurétiques. Dans cette étude, les auteurs ont testé l’efficacité d’un autre sartan, le candésartan, contre placebo chez des patients âgés de 70 à 89 ans qui avaient une pression systolique entre 160 et 179 mmHg et/ou une pression diastolique entre 90 et 99 mmHg, et un minimental status (MMS) supérieur à 23. Après 3,7 ans de suivi des 4 964 patients, la pression artérielle avait baissé de 21,7/10,8 dans le groupe candésartan et de 18,5/9,2 mmHg dans le groupe placebo. Le critère de jugement primaire (mort vasculaire, infarctus du myocarde non mortel et AVC non mortel) est survenu chez 242 patients sous candésartan et 268 sous placebo, soit une différence de 10,9 % (-6,0-25,1) non significative. La réduction des AVC mortels n’a pas non plus été significative. La seule différence significative enregistrée a porté sur le sous-groupe des AVC non mortels 27,8 % (1,3-47,2 %, p = 0,04). Il n’y a eu aucune différence en ce qui concerne l’évolution du MMS dans les deux groupes. Commentaire. Le résultat enregistré pour les AVC non mortels confirme l’effet des sartans dans la prévention primaire des AVC observé dans LIFE avec le losartan, étude dans laquelle la réduction de risque était significative pour le critère de jugement primaire, pour les AVC non mortels et pour tout AVC. L’absence de tout effet sur le MMS est décevant, mais il faut noté le suivi assez court de ces patients. Un suivi prolongé sur 5 ans aurait peut-être été plus pertinent. PA En prévention primaire de l’AVC, les traitements antihypertenseurs les plus efficaces sont les inhibiteurs calciques, les inhibiteurs du récepteur de l’angiotensine-2 comme l’a montré l’étude LIFE avec le losartan chez les patients qui avaient une ✔ Lithell H et al. The study on cognition and prognosis in the elderly (SCOPE) : principal results of a randomized double-blind intervention trial. J Hypertens 2003 ; 21 : 875-86. Imprimé en France - Point 44 - 94500 Champigny-sur-Marne - Dépôt légal : à parution. © février 1997 - ALJAC S.A. Locataire gérant de Edimark SA. Les articles publiés dans La Lettre du Neurologue le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés réservés pour tous pays. 170 La Lettre du Neurologue - n° 5 - vol. VII - mai 2003