La Lettre du Neurologue - n° 1 - vol. IV - février 2000
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REVUE DE PRESSE
Le diagnostic clinique
d’atrophie corticobasale
est-il surestimé ?
Le diagnostic clinique d’atrophie cor-
ticobasale repose sur l’association de
signes évocateurs d’une atteinte fonction-
nelle corticale (déficit sensitif, main capri-
cieuse, apraxie, myoclonie) et sous-cortica-
le (syndrome parkinsonien comprenant
bradykinésie et rigidité, tremblement, dys-
tonie), dont la présentation est asymétrique
et l’évolution progressive. Les études éta-
blies à partir de séries de patients, dont le
diagnostic était vérifié à l’examen neuropa-
thologique, ont suggéré une sous-estima-
tion du diagnostic du vivant du patient.
Dans une série de 13 patients suivis de leur
vivant, et dont le diagnostic clinique était
celui d’atrophie corticobasale, ce diagnos-
tic n’était vérifié lors de l’examen neuropa-
thologique que pour 7 seulement des
patients, les autres cas s’avérant être une
maladie d’Alzheimer (2 cas), une paralysie
supranucléaire progressive, une maladie de
Pick, une maladie de Creutzfeldt-Jakob et
une dégénérescence non spécifique. Dans
tous les cas, cependant, un début asymé-
trique, avec initialement une apraxie (9 cas
sur 13, 12 sur 13 au cours de l’évolution),
un déficit sensitif cortical (3 cas, et 6 cas au
cours de l’évolution), une bradykinésie (8 cas
sur 13 initialement, 13 sur 13 au cours de
l’évolution) et une rigidité (7 cas sur 13 et
13 sur 13 au cours de l’évolution) étaient
fortement évocateurs du diagnostic cli-
nique. De façon intéressante, les trois seuls
cas associant des myoclonies au tableau cli-
nique ne s’avéraient pas des atrophies cor-
ticobasales mais, pour deux d’entre eux,
une maladie d’Alzheimer, ce qui doit faire
douter du caractère pertinent de ce signe
clinique. La possibilité que le diagnostic
clinique d'atrophie corticobasale soit non
pas sous-estimé, ainsi que les précédents
travaux le laissaient entendre, mais suresti-
mé est fortement suggérée par les auteurs.
Commentaire.
Contribution à contre-courant de ce qui est
habituellement admis concernant la possibi-
lité d’un diagnostic clinique d’atrophie corti-
cobasale. De fait, les faux positifs semblent
aussi communs que les faux négatifs. Il est
cependant regrettable que les auteurs n’aient
pas intégré, peut-être dans un deuxième
volet de l’étude, les données paracliniques à
la discussion diagnostique du vivant du
patient. La contribution des examens d’ima-
gerie morphologique (TDM et IRM cérébra-
le) et fonctionnelle (SPECT, PET) à l’orien-
tation diagnostique des syndromes parkinso-
niens est loin d’être négligeable. Dans le
cadre des atrophies corticobasales, gageons
qu’une seconde analyse des cas, iconogra-
phie radiologique en main, aurait affiné les
diagnostics. Il est difficile de faire comme si
cet apport au diagnostic n’existait pas.
L.V.
Transfert d’aimantation et
des séquences pondérées T1
pour évaluer la perte axonale
dans la sclérose en plaques
Waesberghe et coll. ont réalisé une
étude de corrélation histologique et
IRM au cours de la sclérose en plaques. Ils
ont évalué sur le plan histopathologique
après IRM des échantillons de tissu céré-
bral normal et apparemment lésé en ima-
gerie pondérée T2 obtenus chez 17 patients.
Le degré de perte axonale au sein des ano-
malies T2 était extrêmement variable (0 à
100 %). Le contraste T1 et le transfert de
magnétisation calculé sous la forme de
ratios étaient, eux, corrélés à la densité
axonale. À l’inverse des séquences pondé-
rées T2, les résultats obtenus avec ces
deux techniques variaient donc en fonc-
tion du type de lésion : lésion inflamma-
toire réactionnelle, lésion active, lésion
chronique active ou chronique ancienne.
Commentaire.
Ce type d’étude, trop rare, confirme la
sensibilité de l’imagerie T2 pour détecter
les lésions au cours de la sclérose en
plaques, mais l’absence de valeur pronos-
tique concernant la nature ou la sévérité
des lésions inflammatoires ainsi détectées.
À l’inverse, le contraste T1 et le transfert
de magnétisation reflétant respectivement
l’augmentation de l’eau libre et la démyé-
linisation sont particulièrement intéres-
sants pour apprécier la sévérité lésionnelle
en fonction de la densité axonale.
H.C.
Réduction de la perfusion
cérébrale occipitale
au cours des auras visuelles
migraineuses
Sanchez del Rio et coll. ont utilisé
l’IRM de perfusion au cours des
auras migraineuses chez 19 patients. Six
patients souffrant de crises de migraine
avec aura ont été évalués au cours de sept
auras visuelles spontanées, 3 autres ont été
étudiés au cours de sept épisodes de
céphalées précédées par des manifesta-
tions visuelles, 13 patients ayant des crises
de migraine sans aura ont été étudiés au
cours de 14 épisodes de céphalées. Une
IRM de perfusion était réalisée pour obte-
nir les paramètres hémodynamiques sui-
vants : débit sanguin cérébral, volume san-
guin cérébral et temps de transit relatif.
Une réduction moyenne de 27 % du débit
sanguin cérébral relatif, une augmentation
moyenne de 32 % du temps de transit et
une diminution du volume sanguin d’envi-
ron 15 % étaient mesurés au sein du cortex
occipital controlatéral à l’hémichamp
visuel correspondant à l’aura. Aucune
anomalie significative n’était observée
chez les sujets souffrant de crises de
migraine sans aura. Chez une patiente
souffrant de crises de migraine avec et
sans aura, une réduction du débit sanguin
cérébral était retrouvée seulement au
cours des crises de migraine avec aura.
Commentaire.
Ces résultats corroborent ceux de Cutrer et
coll. publiés récemment dans Annals of
Neurology. Ils confirment que l’aura
visuelle est associée à une réduction de la
perfusion cérébrale occipitale régressive et
confortent donc l’hypothèse d’une dépres-
sion corticale transitoire au cours des
auras migraineuses. L’absence d’anomalie
observée au cours des crises de migraine
sans aura ne permet pas d’exclure des
modifications très modérées du débit san-
guin cérébral non détectables avec la tech-
nique utilisée. Ces résultats soulignent en
tout cas clairement les modifications très
différentes de la circulation cérébrale au
cours des crises de migraine avec aura et
au cours des crises de migraine sans aura.
H.C.
✔ Boeve et coll. Pathologic heterogeneity
in clinically diagnosed corticobasal degeneration.
Neurology 1999 ; 53 : 795-800.
✔ Waesberghet J.H.T. et coll. Axonal loss in mul-
tiple sclerosis lesions : magnetic resonance ima-
ging insights into substrates of disability. Ann
Neurol 1999 ; 46 : 747-54.
✔ Sanchez del Rio M. et coll. Perfusion weighted
imaging during migraine : spontaneous visual aura
and headache. Cephalalgia 1999 ; 19 : 701-7.