I N F O R M A T I O N S Congrès annuel de l’International Society for the Study of the Lumbar Spine L’essentiel Le congrès annuel de l’International Society for the Study of the Lumbar Spine (ISSLS) s’est tenu à Adélaïde du 9 au 13 avril 2000. Les principaux thèmes abordés ont été : – les aspects fondamentaux de la dégradation discale et de l’agression radiculaire ; – les facteurs de risque et les facteurs pronostiques des lombalgies ; – les traitements médicaux et chirurgicaux de la lombalgie. Aspects fondamentaux de la dégradation discale et des radiculopathies Analyse histologique et cellulaire du disque intervertébral Le comportement et le rôle des cellules discales au cours de la dégradation du disque intervertébral sont encore mal connus. Plusieurs travaux étaient focalisés sur ce sujet. La densité cellulaire du disque intervertébral humain semble être extrêmement hétérogène (Urban, Oxford, Royaume-Uni). Elle est maximale dans la partie externe de l’annulus, et quatre fois moins importante dans sa partie interne. Le résultat le plus marquant de cette étude est la paucicellularité du nucleus pulposus (cinquante fois moins de cellules que dans la partie externe de l’annulus). De plus, il existe une variabilité individuelle importante, en partie seulement liée à l’âge. La même équipe a montré que les capacités de synthèse des protéines de la matrice extracellulaire variaient en fonction de 12 la région du disque dont provenaient ces cellules. Les cellules du nucleus pulposus ont une capacité de synthèse de protéoglycanes beaucoup plus importante que les cellules de la partie externe de l’annulus. Ces différences pourraient avoir une implication dans les capacités de réparation tissulaire de ces cellules. Une question importante, également non résolue, est de connaître le rôle exact des cellules discales dans l’équilibre synthèse-dégradation de la matrice extracellulaire. Une équipe française a comparé la sensibilité des cellules de l’annulus fibrosus et du chondrocyte articulaire à l’interleukine 1, cytokine impliquée dans la dégradation du cartilage. Les résultats suggèrent que les cellules discales sont sensibles à cette cytokine et que celle-ci induit la production de métalloprotéases impliquées dans la dégradation des composants de la matrice, ainsi que la synthèse de médiateurs lipidiques de l’inflammation. Ces résultats suggèrent que, comme dans le cartilage articulaire, les cellules discales sont au moins en partie responsables de l’équilibre synthèse-dégradation de la matrice. Le disque intervertébral : une cible pour la thérapie génique Le disque intervertébral pourrait être un tissu cible particulièrement intéressant et accessible aux tentatives de thérapie génique. Plusieurs travaux ont concerné les possibilités de transfection des cellules discales. Kang (Pittsburgh, ÉtatsUnis) a montré qu’il était possible d’introduire un gène dans les cellules discales par l’intermédiaire d’un vecteur adénoviral. Un certain nombre d’animaux développent des anticorps dirigés contre le vecteur, mais cela n’empêche pas l’expression prolongée (jusqu’à un an) du gène. L’intérêt du vecteur type adénovirus est l’excellente pénétration du gène, puisque 50 % des cellules expriment le gène introduit. Toutefois, l’utilisation de tels vecteurs viraux pose des problèmes pour le passage à la thérapie génique humaine. C’est pourquoi l’équipe de An (Chicago, États-Unis) a développé un système de transfection cellulaire par “un pistolet à gène”. Ce système consiste à faire pénétrer dans la cellule des partiLa Lettre du Rhumatologue - n° 265 - octobre 2000 I cules d’or recouvertes du gène que l’on souhaite faire exprimer. Ces particules d’or sont injectées sous pression, afin de pénétrer dans la cellule. La quantité de cellules exprimant le gène introduit est moins importante qu’en utilisant un vecteur type adénovirus (10 % contre 50 %). Cependant, le gène est exprimé plusieurs semaines et cette technique ne modifie pas le métabolisme des cellules discales. Par la technique de transfection utilisant un vecteur adénoviral, Kang a montré que l’introduction du gène du TGFß1 était suivie d’une augmentation de la synthèse par ces cellules d’une des principales protéines matricielles du disque intervertébral, les protéoglycanes. Cette approche de thérapie génique cellulaire a également été employée pour les cellules du ganglion spinal. Wehling (Düsseldorf, Allemagne) a montré qu’il était possible d’introduire le gène d’un inhibiteur naturel de l’interleukine 1, l’IL1RA, dans ces cellules. Une expression de la protéine peut être mesurée pendant plusieurs semaines après cette transfection. Rôle des contraintes mécaniques dans les lésions discales Il est admis depuis longtemps que les contraintes mécaniques jouent un rôle majeur dans l’équilibre synthèse-dégradation de la matrice extracellulaire, mais le rôle exact de ces contraintes et les mécanismes impliqués sont à ce jour encore inconnus. Hutton et al. (Atlanta, États-Unis) ont utilisé des fixateurs externes pour appliquer des forces compressives continues in vivo sur des disques intervertébraux de chiens. Les animaux ont été sacrifiés un an plus tard, et les auteurs ont étudié l’aspect morphologique des disques et le phénomène de mort cellulaire. Les résultats suggèrent qu’il existe une grande hétérogénéité de réponse d’un animal à l’autre. Il semble toutefois que cette compression continue entraîne une augmentation de l’apoptose (mort cellulaire programmée) des cellules discales. L’aspect macroscopique des disques comprimés n’était cependant pas différent de celui des disques contrôles. Une des limites de cette étude est la durée d’observation d’un an. Il est possible que suite à l’augmentation du phénomène de mort cellulaire programmée, on observe à plus long terme des lésions macroscopiques discales. Duncan et al. (Cagliari, Canada) ont montré en microscopie confocale que des contraintes d’étirement appliquées à l’annulus fibrosus entraînaient une déformation des cellules présentes dans ce tissu. Cette déformation associe un étirement de la cellule et une réorientation de cette dernière dans le sens de l’étirement. Ces résultats confirment que les contraintes mécaniques appliquées aux tissus entraînent des déformations cellulaires. Rannou et al. (Paris, France) se sont intéressés aux modifications du comportement biologique des cellules de l’annulus fibrosus en réponse à une stimulation mécanique de type étirement. Les résultats suggèrent que des modifications de la production de protéoglycanes peuvent être induites par ces stimulations mécaniques, et que ces modifications sont dépenLa Lettre du Rhumatologue - n° 265 - octobre 2000 N F O R M A T I O N S dantes de l’intensité de l’étirement et de sa durée. En effet, un étirement de 1 % n’entraîne aucune modification de la production des protéoglycanes, alors qu’un étirement de 5 % entraîne, après 8 heures de stimulation, une diminution de la production de ces protéines matricielles. Rôles des métalloprotéases dans la destruction discale Les métalloprotéases sont les principales enzymes impliquées dans les dégradations des protéines matricielles des tissus conjonctifs. Dans le cartilage articulaire, deux métalloprotéases sont particulièrement impliquées dans la dégradation des protéoglycanes, la stromélysine et l’agrécanase. Dans le disque intervertébral, on sait que la stromélysine est impliquée dans la dégradation des protéoglycanes, mais le rôle de l’agrécanase est encore inconnu. Roberts (Cardiff, Royaume-Uni) a recherché, à l’aide d’anticorps spécifiques dans des disques intervertébraux humains, la présence de protéoglycanes dégradés après action de la stromélysine et de l’agrécanase. Les résultats suggèrent que la stromélysine est beaucoup plus impliquée que l’agrécanase dans la dégradation des protéoglycanes discaux. Ces résultats semblent être confirmés in vivo par l’étude de Haro (Nagano, Japon), montrant qu’un polymorphisme du promoteur du gène de la stromélysine 1 est associé à une augmentation des phénomènes de dégradation discale chez l’homme. Rôle des facteurs de croissance discaux Les cellules de la lignée chondrocytaire, dont font partie les cellules discales, sont sensibles à certains facteurs de croissance qui peuvent soit augmenter la prolifération cellulaire, soit augmenter la synthèse des protéines matricielles. Il est donc possible d’envisager dans le futur de délivrer localement dans le disque intervertébral certains facteurs de croissance. Moehlenbruck et al. (Austin, États-Unis), ont testé les effets de l’implantation dans le nucléus pulposus de mouton, dont le disque avait été préalablement lésé, d’une matrice contenant un mélange de “facteurs de croissance” comparé à l’administration de TGFß. Dans les deux cas, les auteurs n’observent pas de rejet de l’implant, ni de phénomène immuno-allergique. Il existe une prolifération des cellules localement, et les lésions histologiques observées au moment de l’implantation de la matrice semblent avoir disparu. Ces résultats, bien que prometteurs, viennent d’une étude sur trois animaux, et il faut bien évidemment attendre le résultat d’études réalisées sur un nombre beaucoup plus important de sujets. Suivant le même principe, Lotz et al. (San Francisco, États-Unis) ont injecté du FGF basique dans des disques de souris préalablement lésées par des stress mécaniques répétitifs. Cette injection de FGF a entraîné une augmentation de la multiplication cellulaire, mais l’aspect macroscopique du disque est resté inchangé. 13 I N F O R M A T I O N S Thonar et al. (Chicago, États-Unis) ont montré que l’administration in vivo d’OP1 (BMP7, protéine ostéogénique) dans des nucleus pulposus de lapin entraînait une augmentation de la hauteur discale et du contenu en protéoglycanes des disques. L’effet de ce facteur de croissance sur des disques préalablement lésés est toutefois inconnu. Enfin, la même équipe a montré, in vitro, que cette protéine était capable de restaurer les capacités de synthèse des protéines matricielles de cellules discales préalablement exposées à l’interleukine 1. Rôle des phénomènes inflammatoires dans la résorption discale On sait que les hernies discales peuvent se résorber et que la résorption est dépendante de la taille de la hernie discale (les hernies discales les plus volumineuses ayant plus tendance à être résorbées) et de l’existence ou non d’une néovascularisation autour du fragment discal. Il semble que ces phénomènes de résorption soient favorisés par l’infiltration du tissu discal par des macrophages et par la production locale de métalloprotéases. Shizu et al. (Aichi, Japon) ont étudié la résorption de fragments de nucléus pulposus et d’annulus fibrosus de chien préalablement disséqués à l’étage L3-L4, puis placés en arrière du disque L6-L7. Le fragment de nucléus pulposus provoque une réaction inflammatoire plus importante avec une formation de néovaisseaux et une infiltration de macrophages. Après 12 semaines, le fragment de nucléus pulposus a disparu et a été remplacé par du tissu fibreux. L’annulus fibrosus entraîne une réponse plus discrète, avec moins de cellules infiltrant le tissu et une néovascularisation moins importante. À 12 semaines, le fragment d’annulus fibrosus persiste dans le canal rachidien. Ces résultats suggèrent donc que la hernie discale a d’autant plus de chances de se résorber qu’elle est constituée de nucléus pulposus. Les même auteurs ont montré chez l’homme une infiltration de macrophages dans le tissu discal de hernies transligamentaires et exclues, ainsi que l’expression par ces macrophages d’interleukine 1ß, de NO synthase et de stromélysine. De tels phénomènes n’étaient pas observés dans les hernies sous-ligamentaires. Enfin, Haro et al. (Nashville, États-Unis) dans un élégant modèle de coculture macrophage-disque discal, ont pu mettre en évidence une cascade d’événements faisant intervenir des communications macrophages-cellules discales et aboutissant à la résorption discale. Les macrophages stimulés produisent une métalloprotéase (matrilysine, MMP-7), qui induit la libération de TNFα fixé sur la membrane de ces macrophages. Le TNFα soluble agit alors sur les cellules discales, qui vont produire de la stromélysine (MMP-3). Cette stromélysine va être à l’origine de la migration des macrophages dans le tissu discal, aboutissant à la résorption de ce tissu. Ces observations posent la question de l’opportunité de l’injection de substances ayant un potentiel anti-inflammatoire dans l’espace épidural 14 de sujets souffrant de lombosciatiques par hernie discale. Cela pourrait en effet aboutir à l’inhibition des phénomènes de résorption de cette hernie discale. Rôle des phénomènes inflammatoires dans le conflit disco-radiculaire Au début des années 90, Olmaker et Rydevik ont mis au point un modèle d’irritation radiculaire chez le rat en appliquant du nucléus pulposus sur la racine L5. Depuis, d’autres modèles ont été développés, comme la ligature de la racine L5. Quel que soit le modèle utilisé, l’agression de la racine aboutit à une réduction de la vitesse de conduction nerveuse et à des phénomènes d’allodynie chez l’animal. L’application de cytokines sur la racine nerveuse en avant du ganglion est capable d’induire une diminution de la vitesse de conduction nerveuse, comparable à celle obtenue par l’application de nucléus pulposus. Les résultats de plusieurs travaux présentés au cours de ce congrès suggèrent que la cytokine la plus délétère est le TNFα. Olmaker et al. (Göteborg, Suède) ont montré que des inhibiteurs sélectifs du TNFα étaient capables de prévenir la réduction de la conduction nerveuse induite par l’application de nucléus pulposus sur la racine L5 de rat. Un effet comparable peut être obtenu par des inhibiteurs spécifiques de la cyclo-oxygénase 2. Cela s’accompagne d’une diminution des phénomènes d’allodynie (Weinstein, Dartmouth, États-Unis). Ces travaux chez l’animal suggèrent que des traitements actuellement utilisés dans les rhumatismes inflammatoires pourraient avoir un intérêt en utilisation locale dans les lombosciatiques par hernie discale. Facteurs de risque, facteurs prédictifs, instruments d’évaluation Étude du retentissement des lombalgies L’étude du retentissement physique, psychique et social des lombalgies est l’objet de nombreuses études, en raison de la fréquence de ces dernières et de leur coût. Hansson (Göteborg, Suède) a étudié l’effet des traitements habituellement proposés aux lombalgiques sur le retour au travail dans six pays (Danemark, Allemagne, Israël, Suède, Hollande, ÉtatsUnis [New Jersey et Californie]). Des patients en arrêt de travail depuis 90 jours ont été inclus dans cette étude. Deux mille quatre vingts sujets (441 au Danemark, 245 en Allemagne, 265 en Israël, 382 en Suède, 370 en Hollande et 377 aux ÉtatsUnis) ont été inclus. Dans les 90 premiers jours, 11 % des patients au Danemark, 9 en Allemagne, 10 en Israël, 6 en Suède, 18 en Hollande et 32 aux États-Unis ont été opérés. À un an, le pourcentage de patients opérés était de 14,6 % au Danemark, 15,1 % en Allemagne, 17,6 % en Israël, 16,9 % en .../... La Lettre du Rhumatologue - n° 265 - octobre 2000 I Suède, 30,6 % en Hollande et 41,3 % aux États-Unis. Ces interventions ont peu d’effets positifs sur les mesures de qualité de vie et de santé. L’intervention chirurgicale ne permet pas de prédire le retour au travail, sauf en Suède, pays où les patients sont le moins opérés. La même équipe, dans une autre étude, a montré que l’instrument de mesure le mieux adapté pour prédire le retour ou non au travail était l’Euroqol, une échelle de qualité de vie générique européenne. Étude des facteurs de chronicité des lombalgies Deux études françaises se sont intéressées aux facteurs de risque de passage à la chronicité, après un épisode soit de lombalgie aiguë, soit de lombosciatique. Goupille et al. (Tours) ont, à partir d’une étude de cohorte portant sur 2 487 sujets, élaboré un index clinique permettant de classer les patients à faible, moyen ou haut risque de passage à la chronicité. Cet index comprend plusieurs facteurs de mauvais pronostic, tels que l’exacerbation d’une lombalgie chronique, l’existence d’une sciatique, les difficultés à marcher sur une courte distance, des difficultés à se relever du lit ou d’une chaise, un arrêt de travail supérieur à 8 jours et le fait de ne pas faire de sport. Dans une deuxième étude, Marti et al., section rachis de la SFR (Créteil, Lille, Tours), ont montré que les patients dans la classe 3 et 4 de classification de Spizer, ayant un âge supérieur à 46 ans, une histoire de lombalgie chronique et une échelle d’énergie du NHP supérieure à 37 %, constituaient un groupe à risque de chronicisation des lomboradiculalgies à trois mois. Les facteurs de risque de lombalgie chez les enfants Les facteurs de risque de lombalgie chez les enfants sont mal connus. Atrid et al. (Rena, Norvège) ont étudié les corrélations entre l’existence de lombalgies et la force musculaire des extenseurs du rachis et la mobilité pelvienne et sous-pelvienne. Il semble qu’un ratio mobilité lombaire sur force musculaire des extenseurs élevé soit un facteur de risque de lombalgie, à la fois chez la fille et chez le garçon. Des études complémentaires incluant des facteurs psycho-sociaux dans l’analyse doivent maintenant être réalisées pour déterminer quels sont les facteurs de risque prépondérants dans cette population. Traitements Quel est l’intérêt des livrets éducatifs dans les lombalgies chroniques ? L’intérêt des livrets éducatifs dans les lombalgies chroniques est toujours débattu. La plupart des études ne montrent pas de modification significative des douleurs, du nombre d’épisodes La Lettre du Rhumatologue - n° 265 - octobre 2000 N F O R M A T I O N S douloureux et de l’incapacité fonctionnelle. Toutefois, le contenu de ces livrets éducatifs a rarement été évalué. Udermann et al. (Syracuse, États-Unis) ont étudié l’effet d’un livret destiné aux lombalgiques chroniques, incitant les patients à se prendre en charge eux-mêmes et proposant un autoprogramme d’exercices. Soixante-deux lombalgiques chroniques ont été réévalués à 9 mois. Il existait une diminution significative de l’intensité des douleurs et du nombre d’épisodes douloureux. Cette étude doit bien évidemment être confirmée par un travail randomisé avec groupe contrôle. Efficacité des programmes de rééducation dans les lombalgies chroniques Mannion et al. (Zurich, Suisse) ont rapporté les résultats à un an d’une étude comparant trois modalités de prise en charge rééducative des lombalgiques chroniques. Dans tous les cas, les patients avaient deux sessions par semaines pendant trois mois. Dans le premier groupe, une rééducation individuelle “active”, associée à un autoprogramme, était proposée. Dans le second groupe, il s’agissait d’un renforcement musculaire réalisé sur appareil de musculation par groupes de deux à trois patients. Dans le troisième groupe, un travail aérobie associé à des exercices de tonification était proposé à des groupes de 12 patients. Quel que soit le groupe de traitement, à un an, les douleurs ont significativement diminué, ainsi que le nombre d’épisodes douloureux. En ce qui concerne l’incapacité fonctionnelle évaluée sur le questionnaire de Roland-Morris, seuls les programmes de renforcement musculaire sur appareil et de travail aérobie entraînaient une diminution significative du score de cet indice. Les auteurs suggèrent que le travail par groupes permet aux patients de mieux apprécier l’importance de la relation activité physique/douleurs lombaires. Il semble que le type d’exercice physique proposé soit moins important que la modification des comportements des lombalgiques. Un autre travail finlandais (Kankaanpaaii, Kuopio) a comparé l’efficacité à un an d’un programme de restauration fonctionnelle de 12 semaines (deux séances de deux heures par semaine) à une prise en charge passive associant massages et physiothérapie pendant 4 semaines. La douleur et l’incapacité fonctionnelle étaient statisquement améliorées dans le groupe restauration fonctionnelle par rapport au groupe prise en charge passive à la fin de la période d’étude. En revanche, la différence d’amélioration de la souplesse et de l’endurance musculaire retrouvée à 6 mois n’était plus significative à 12 mois. Les antidépresseurs tricycliques dans les lombalgies chroniques Les antidépresseurs tricycliques ont un effet antalgique chez les douloureux chroniques, et notamment chez les lombalgiques, mais la compliance au traitement est mauvaise. Cedraschi et al. (Genève, Suisse) ont montré que les patients souffrant de lombalgies chroniques avaient une image plus négative que les autres douloureux chroniques de cette classe 17 I N F O R M A T I O N S thérapeutique. La moitié des lombalgiques ignoraient que la prescription d’antidépresseurs participait à la prise en charge de la douleur et un quart considéraient ce traitement comme dangereux. Il est possible que, chez les lombalgiques, certaines croyances erronées concernant les antidépresseurs participent à la mauvaise compliance au traitement. L’efficacité de l’injection foraminale d’une association méthylprednisolone-buvicaïne a été comparée à celle de l’injection selon la même technique de sérum physiologique dans des lombosciatiques unilatérales évoluant depuis 1 à 6 mois (Karppinen, Oulu, Finlande). À la visite à 2 semaines, la douleur radiculaire, le signe de Lasègue, la mobilité lombaire et la satisfaction du patient étaient significativement améliorés par rapport au groupe contrôle. À 4 semaines, les coûts médicaux étaient moindres dans le groupe méthylprednisolone. À 3 mois, la douleur lombaire était moindre dans le groupe contrôle. À 6 mois et à 1 an, aucune différence n’était mise en évidence entre les deux groupes. Une amélioration de l’ensemble des paramètres étudiés étant mise en évidence dans les deux groupes, et ce dès la deuxième semaine, il est possible que le sérum physiologique ne soit pas un placebo pertinent. Un nouveau traitement des lombalgies : “l’annuloplastie électrothermique” Un nouveau traitement de la lombalgie semble très en vogue aux États-Unis : “l’annuloplastie électrothermique”. Cette technique consiste à introduire, au cours d’une discographie, une électrode qui va être dirigée vers la partie postérieure de l’anulus fibrosus et permettre d’augmenter la température locale entre 65° et 125° pendant plusieurs minutes. L’objectif est de modifier la structure collagénique de l’anulus, et ainsi sa biomécanique, et d’obtenir une “déafférentation” discale... L’utilisation de cette technique pose le problème de la reconnaissance du disque responsable des douleurs. La question de la valeur diagnostique de la discographie reproduisant la douleur habituelle du patient est donc à nouveau posée et des résultats contradictoires ont été présentés au cours de ce congrès, certains suggérant même que l’annulographie “provocatrice” pourrait avoir une valeur diagnostique. En ce qui concerne l’efficacité de ce traitement, un premier travail préliminaire sans groupe contrôle montre une amélioration modérée (environ 20 %) des douleurs, de la capacité à rester assis et à travailler. Le prix moyen de ce traitement est d’environ 8 000 dollars...! L’immunomodulation dans la pathologie disco-vertébrale : l’IL1RA est efficace ! L’utilisation d’antagonistes de cytokines ne semble plus réservée aux seules maladies inflammatoires chroniques. Les résultats de deux essais thérapeutiques évaluant les effets d’injections péridurales et articulaires postérieures d’IL1RA dans la pathologie lombaire commune ont été présentés. La même équipe (Wehling, Düsseldorf, Allemagne) a réalisé des injections épidurales (quatre au total) pour des lombosciatiques discales avec conflit disco-radiculaire et des infiltrations articulaires postérieures chez des lombalgiques chroniques avec arthrose postérieure au scanner ou à l’IRM. Dans les deux études, l’injection d’IL1RA a été comparée à celle d’hexatrione (!) et, pour l’étude concernant les lombosciatiques, à l’injection de sérum physiologique. Dans l’étude portant sur les lombosciatiques, les douleurs des patients étaient évaluées à 4 semaines. L’effet de l’IL1RA était comparable à celui de l’hexatrione (– 60 %) et supérieur à celui du sérum physiologique (– 30 %). Dans l’étude portant sur les lombalgiques avec arthrose postérieure, l’IL1RA avait à 12 semaines un effet comparable sur les douleurs à celui du corticoïde (– 60 %). Aucun effet secondaire n’a été rapporté dans le groupe de patients traités par l’antagoniste de l’IL1. S. Poiraudeau, service de rééducation fonctionnelle, hôpital Cochin, Paris A N N O N C E U R S ASTRA ZENECA (Mopral), p. 2 ; GRÜNENTHAL (Contramal et Naprosyne), p. 55 et p. 10 ; HOECHST HOUDÉ (Di-Antalvic), p. 56 ; MAYOLY SPINDLER (Atépadène et Nabucox), p. 50 et p. 15 ; 18 MONSANTO FRANCE S.A. (Artotec), p. 31 ; MSD CHIBRET (Vioxx), p. 36-38 ; NEGMA (Art 50), p. 45 ; ROCHE NICHOLAS (Alève), p. 5 ; THERAMEX (Orocal), p. 46 ; WHITEHALL (Caltrate), p. 49. La Lettre du Rhumatologue - n° 265 - octobre 2000