C’
est à Nashville, Tennessee, que s’est tenu le
18eCongrès de l’Association américaine
d’ORL pédiatrique (ASPO). Les thèmes
abordés ont été multiples et la qualité de nombreux posters doit
être soulignée.
AMYGDALES ET VÉGÉTATIONS
Différentes communications ont eu pour objet l’évaluation cli-
nique, ou par échelle de qualité de vie (OSA 18), des enfants
nécessitant une amygdalectomie et/ou une adénoïdectomie,
ainsi que de l’impact de cette intervention sur leur sommeil. De
multiples communications ont validé l’échelle clinique OSA
18 comme un bon indicateur de la présence d’apnées lors du
sommeil.
Évaluer les troubles de l’attention liés à une hypertrophie
amygdalo-adénoïdienne
Le Dr Ari de Rowe (Tel-Aviv, Israël) a évalué les troubles de
l’attention chez des enfants ayant des troubles du sommeil à
l’aide d’un test objectif d’impulsivité et d’attention, le TOVA
(Test Of Variables of Attention), et l’impact de l’amygdalo-
adénoïdectomie sur ces résultats au cours d’une étude prospec-
tive de 11 enfants âgés de 5 à 14 ans. Le trouble du sommeil
était évalué par une échelle validée (OSA 18). Les scores des
deux échelles étaient notablement et significativement amélio-
rés après le geste chirurgical. L’amygdalo-adénoïdectomie
améliore donc significativement les troubles de l’attention chez
les enfants ayant des troubles du sommeil.
Évaluation clinique des syndromes d’apnée du sommeil
(SAOS) de l’enfant
L’évaluation clinique est-elle supérieure à la polysomnogra-
phie nocturne lorsqu’on évalue un possible SAOS ?
C’est ce que tend à prouver l’étude du Dr Goldstein (Brooklyn,
États-Unis). Elle a évalué l’évolution du score clinique
d’enfants ayant une polysomnographie négative après amyg-
dalo-adénoïdectomie alors qu’ils présentaient des signes cli-
niques de SAOS. Il s’agissait d’une étude prospective sur
59 enfants ayant un diagnostic clinique de SAOS. Vingt-sept
avaient une polysomnographie positive et ont été opérés. Sur
les 29 ayant une polysomnographie négative, 15 ont été opérés
et 14 ont été surveillés cliniquement. Il faut noter que ce choix
a été fait par tirage au sort et que les familles ont accepté cette
procédure. La réévaluation clinique a eu lieu 6 mois plus tard,
et a montré une diminution des symptômes de 49 % dans le
groupe opéré, versus 8 % dans le groupe surveillé clinique-
ment. L’évaluation clinique du SAOS tend donc à offrir une
meilleure prédictibilité du résultat de l’amygdalo-adénoïdecto-
mie que la polysomnographie.
L’apparition d’un SAOS chez un enfant transplanté
peut-elle être un signe précurseur de transformation
lymphoblastique ?
L’augmentation de volume du tissu lymphoïde oropharyngé est
un signe précurseur de survenue d’un lymphome chez les
enfants ayant bénéficié d’une transplantation d’organe. Or,
cette augmentation peut se manifester par la survenue de
troubles du sommeil. L’idée du Dr Strocker, de Los Angeles
(États-Unis), était d’évaluer 206 enfants (105 greffés, 34 por-
teurs de lymphomes et 67 enfants présentant un SAOS isolé) à
l’aide du score OSA 18. Cette étude a montré que ce score
d’évaluation n’était pas corrélé à la taille des amygdales et ne
pouvait en aucun cas servir d’élément de surveillance.
L’amygdalectomie à risque chez les enfants obèses
Le Dr Tidmore, de Irving (États-Unis), a évalué les suites de
l’amygdalo-adénoïdectomie chez 36 enfants présentant un sur-
poids et classés selon leur index de masse corporelle (BMI,
pour Body Mass Index). Il a séparé les enfants ayant un sur-
poids simple (6 avec un BMI = 25-30), ceux ayant une obésité
modérée (13 avec un BMI = 30-35) et ceux ayant une obésité
grave (17 avec un BMI > 35). Ils ont tous bénéficié d’une
amygdalectomie. Seize pour cent des enfants du premier
groupe, 16 % des enfants du second groupe et 35 % des enfants
du troisième groupe ont dû rester plus de 24 heures en unité de
soins intensifs pour une surveillance de leur ventilation. Parmi
les enfants ayant une obésité grave, 53 % ont eu besoin d’une
ventilation en pression positive par BIPAP ou CPAP lors de
leur retour à domicile. La morbidité de l’amygdalectomie liée à
l’obésité grave est donc notable ; elle est liée au surpoids et
n’est pas corrélée à l’importance du SAOS préopératoire,
même si tous les enfants ont eu une amélioration de leur qua-
lité de vie après le geste chirurgical. Aucun décès n’est survenu
dans cette série.
ACTUALITÉ
Résumé de l’ASPO 2003
Abstracts of the Eighteenth annual meeting
of the American Society of Pediatric Otolaryngology
R. Marianowski*
5
La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no286 - octobre 2003
* Service ORL, hôpital Morvan, 5, avenue Foch, 29609 Brest Cedex.
Rapport coût-bénéfice des études de la coagulation
lors des hémorragies post-amygdalectomie
Le Dr Eavey, de Boston (États-Unis), a étudié le résultat des
explorations biologiques de la coagulation effectuées après
hémorragie post-amygdalectomie de façon rétrospective sur
une série de 4 015 amygdalectomies réalisées sur 5 ans. Il
s’agissait d’amygdalectomies isolées dans 442 cas et d’amyg-
dalo-adénoïdectomie dans 3 573 cas. Quarante-sept enfants
(1,2 %) ont présenté une hémorragie post-amygdalectomie
(âge moyen : 10,2 ans, avec 60 % de garçons). Vingt pour cent
de ces hémorragies sont survenues dans les 24 heures, et 70 %
étaient retardées (délai moyen : 8,1 jours). Sur les 47 enfants
explorés, un seul s’est révélé porteur d’une maladie de von
Willebrand. Tester la coagulabilité plaquettaire de tous les
enfants en préopératoire aurait eu un coût de 216 810 $, contre
un coût de 2 438 $ si l’on ne teste que les enfants ayant pré-
senté une hémorragie postopératoire (mais quel est le coût
d’une réhospitalisation et d’une réintervention ?). Les auteurs
ne recommandent pas de tester la coagulabilité plaquettaire en
préopératoire.
L’amygdalectomie partielle intracapsulaire ?
Le Dr Koltaï, de Cleveland (États-Unis), a présenté les résul-
tats d’une étude multicentrique de l’amygdalectomie intracap-
sulaire par microdébrideur versus amygdalectomie complète
conventionnelle par électrocoagulation. Les paramètres étudiés
étaient la douleur postopératoire, le délai du retour à domicile,
les complications immédiates et retardées ainsi que la guérison
des apnées obstructives (étiologie du geste chirurgical). Six
cent quatre-vingt-huit enfants ont eu une amygdalectomie par-
tielle intracapsulaire, versus 526 qui ont bénéficié d’une amyg-
dalectomie conventionnelle. Les enfants du premier groupe ont
récupéré une activité et une alimentation normales plus rapide-
ment, avec un arrêt plus précoce du traitement antalgique que
les enfants du second groupe (de façon statistiquement signifi-
cative). Ils ont également eu moins de complications précoces
ou retardées à type d’hémorragies postopératoires ou de déshy-
dratation. Pour les auteurs, laisser la capsule de l’amygdale en
place permet d’obtenir une aussi grande efficacité du geste par-
tiel, avec des douleurs postopératoires moindres et une récupé-
ration d’une activité normale de l’enfant plus rapide.
Le Dr April, de New York (États-Unis), a comparé les résul-
tats de cette technique (amygdalectomie intracapsulaire) chez
26 enfants de moins de trois ans et chez 294 enfants de plus de
trois ans. Il n’y avait pas de différence significative dans les
suites postopératoires selon l’âge des enfants opérés.
Ces deux communications ont suscité de nombreuses dis-
cussions. L’argument principal des tenants de l’amygdalecto-
mie intracapsulaire est que l’efficacité de l’amygdalectomie
partielle semble équivalente à celle de l’amygdalectomie en
dissection, avec des suites beaucoup plus simples.
L’amygdalectomie par coblation
Le Dr Chan, de New York (États-Unis), a présenté les résultats
d’une étude multicentrique prospective randomisée comparant
23 enfants amygdalectomisés par une sonde de coblation ver-
sus 27 enfants traités en chirurgie conventionnelle. La durée du
geste chirurgical était plus courte dans le groupe chirurgie
conventionnelle. Lors du contrôle postopératoire à J14, les
enfants du groupe coblation avaient perdu moins de poids, et
avaient été plus rapidement capables d’arrêter tout traitement
antalgique et de récupérer une alimentation normale que les
enfants de l’autre groupe. Seul problème : lors du contrôle à
trois mois, du tissu amygdalien réapparaît dans les loges trai-
tées par coblation, sans toutefois entraîner de nouvelles symp-
tomatologies respiratoires.
De vives discussions ont suivi ces trois communications. La
morbidité de l’amygdalectomie est réduite lors des gestes par-
tiels, mais leur efficacité doit être évaluée sur le long terme avant
de renoncer à la technique princeps.
Efficacité de la ropivacaïne en périopératoire
de l’amygdalectomie ?
Le Dr Park, de Maywood (États-Unis), a présenté les résultats
d’une étude en double aveugle contre placebo de la ropivacaïne
en périopératoire par injection locale dans les loges opérées sur
130 enfants. Il a montré que cette drogue avait un pic plasma-
tique en moyenne trente minutes après injection locale et
qu’elle n’avait aucune efficacité pour soulager la douleur post-
opératoire ou améliorer les suites, car, pour tous les paramètres
étudiés, le groupe placebo avait de meilleurs résultats que le
groupe traité.
LA VOIX DE L’ENFANT
Données cliniques, stroboscopiques
et d’analyse de la perception de la voix
chez l’enfant dysphonique
Le Dr Nüss, de Jackson (États-Unis), a présenté le résultat de
l’étude de 503 enfants dysphoniques âgés de 2 à 18 ans. Dans
cette série, dont le sex-ratio H/F était de 1,6, 1,54 % des
consultations étaient liées à un hyperfonctionnement des
cordes vocales, avec, dans 40 % des cas, des nodules cordaux ;
18 % des pathologies étaient liées à un reflux gastro-œsopha-
gien (RGO), 23 % des consultations étaient liées à des pro-
blèmes de nasalité et de dysfonctionnement vélopharyngé, une
immobilité d’une corde vocale était retrouvée dans 10 % des
cas, une cicatrice post-chirurgie endolaryngée dans 6 % des cas
et un kyste cordal dans 4 % des cas. Mais, plus que les lésions,
les auteurs ont décrit une série de pathologies laryngées dont la
fréquence varie avec l’âge.
De 0 à 12 mois, les étiologies les plus fréquentes sont le RGO
et la laryngomalacie.
De 1 à 4 ans, les étiologies les plus fréquentes sont les nodules
vocaux et les paralysies unilatérales.
De 5 à 9 ans, les étiologies les plus fréquentes sont les nodules
et les dysphonies d’hyperfonctionnement (forçage vocal).
De 10 à 14 ans, les étiologies les plus fréquentes sont les
nodules et les dysphonies d’hyperfonctionnement (forçage
vocal) et le RGO.
De 15 à 18 ans, les étiologies les plus fréquentes sont les
nodules, le RGO et l’insuffisance vélopharyngée.
ACTUALITÉ
6
La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no286 - octobre 2003
Résultats vocaux et complications
après vélopharyngoplastie pour insuffisance vélaire
Trente-sept patients opérés de vélopharyngoplastie ont été étu-
diés de façon rétrospective, d’avril 1997 à septembre 1999, par
le Dr Cilento, de Seattle (États-Unis). Parmi ceux-ci, 17 pré-
sentaient une insuffisance vélaire isolée et 8 avaient un syn-
drome vélo-cardio-facial. L’âge moyen lors de la chirurgie
était de plus de 10 ans (123,4 mois), avec un suivi postopéra-
toire moyen d’un an et demi (17,4 mois). Les critères d’effica-
cité de la chirurgie reposaient sur une échelle clinique (le
caractère non audible de l’insuffisance vélaire était le critère
principal). Trente-trois patients sur 37 avaient une amélioration
clinique postopératoire nette, dont 13 avec une disparition
complète de l’insuffisance vélaire. Quatre patients (10 %)
n’avaient aucun gain orthophonique malgré la chirurgie, sans
qu’aucun facteur prédictif n’ait pu être mis en évidence. Parmi
les effets secondaires de cette chirurgie, il faut noter un ronfle-
ment sans syndrome d’apnées chez 19 des 37 patients opérés.
Ces résultats sont proches de ceux retrouvés dans la littérature,
quelle que soit la technique chirurgicale employée.
COMPLICATIONS DE LA TRACHÉOTOMIE
Biofilms à la surface des canules et des chemises internes
de trachéotomie
Le Dr Perkins, de Seattle (États-Unis), a étudié les biofilms sur
les canules de trachéotomie. Le biofilm est cette couverture
muqueuse que l’on peut observer à la surface des canules. Il
augmente la durée de survie des bactéries et permet l’expres-
sion coordonnée des gènes de résistance aux antibiotiques.
C’est dans la portion distale des chemises internes que l’on
trouve les biofilms les plus épais et les plus riches en bactéries
vivantes. Lors de 11 changements de canule chez l’enfant à
domicile ou en réanimation, les chemises internes ont été ana-
lysées. Elles portaient un biofilm confluent ou en patch dans
10 cas dans la partie distale, dans 8 cas dans la partie moyenne
de la canule et dans un cas dans la partie proximale. Des bacté-
ries vivantes ont été retrouvées partout où un biofilm était pré-
sent. La présence de ce dernier n’est pas proportionnelle à la
durée de la trachéotomie. Seuls les moyens mécaniques per-
mettent d’enlever le biofilm. Voici donc le retour du goupillon
dans les soins de canule !
Traitement ex utero et intra partum
Le Dr Blaney, de Londres (Grande-Bretagne), a rapporté l’expé-
rience de son équipe sur une série rétrospective de 11 enfants
ayant bénéficié d’un traitement ex utero pendant l’accouchement
(procédure EXIT, pour EX utero InTra partum). Six enfants qui
présentaient des obstructions trachéales par des masses compres-
sives (malformations vasculaires le plus souvent) objectivées par
l’échographie et l’IRM fœtale ont été traités soit par intubation,
soit par trachéotomie lors d’une césarienne avant que l’on ne
permette la poursuite de l’accouchement. Cinq enfants présen-
taient des hernies diaphragmatiques congénitales, dont le traite-
ment reposait sur la mise en place d’un ballonnet d’occlusion
trachéale permettant la ventilation malgré la compression par la
hernie. Tous les patients du premier groupe ont été traités avec
succès, de même que 4 patients sur 5 dans le second. Les auteurs
ont insisté sur la collaboration nécessaire entre obstétriciens,
anesthésistes, chirurgiens pédiatriques et ORL, chaque procé-
dure pouvant nécessiter la présence de jusqu’à 17 personnes
autour d’un nouveau-né.
MALFORMATIONS LYMPHATIQUES
Facteurs prédictifs de récidive des lymphangiomes ?
Le Dr Sidle, de Chicago (États-Unis), a étudié l’expression de
différents facteurs de croissance de l’endothélium vasculaire
exprimés dans des lymphangiomes cervicaux et/ou faciaux. Le
facteur C de croissance vasculaire endothéliale a été impliqué
dans la croissance des tumeurs d’origine lymphatique. Un
déséquilibre entre un facteur de croissance de l’épithélium pig-
menté (PEDF) et un facteur de croissance vasculaire (VEGF)
pourrait être la cause de la croissance et de la récidive des lym-
phangiomes. Douze patients porteurs de malformations lym-
phatiques cervico-faciales ont été étudiés quant à l’expression
de PEDF et de VEGF, la présence de fibrose interstitielle et la
densité microvasculaire. Les lésions lymphatiques récidivantes
possèdent un marquage plus intense en VEGF qu’en PEDF,
une densité microvasculaire plus importante avec, notamment,
une élévation de la densité des artérioles, de même que la pré-
sence d’infiltrats lymphocytaires plus nombreux. Les auteurs
suggèrent que la prolifération vasculaire, marquée par l’aug-
mentation de la densité microvasculaire, est liée à un déséqui-
libre entre la production de VEGF et celle de PEDF dont
l’infiltration lymphocytaire pourrait être la première cause.
Complications neurologiques définitives et tardives
de l’interféron
Le Dr Michaud, de Iowa City (États-Unis), a rapporté la surve-
nue tardive de complications neurologiques graves à type de
diplégie spastique liée à la neurotoxicité de l’interféron (qui
induit une myélinisation incomplète). Cette neurotoxicité est
rapportée dans la littérature si l’interféron est utilisé à fortes
doses avant l’âge d’un an, comme cela peut être le cas dans les
volumineux hémangiomes corticorésistants.
Distractions mandibulaires
Le Dr Cofer, de Saint Louis (États-Unis), a étudié le suivi à
long terme des enfants ayant bénéficié d’une distraction man-
dibulaire pour obstruction des voies aériennes supérieures.
Vingt-neuf patients (18 garçons, 11 filles) avaient une obs-
truction des voies aériennes supérieures liée à une rétroposi-
tion de la base de langue. Parmi ceux-ci, 12 ont été trachéoto-
misés et 15 ont pu éviter la trachéotomie grâce à une
distraction mandibulaire précoce (2 patients ont nécessité une
reprise de la distraction sans trachéotomie en raison d’une
récidive de l’obstruction ventilatoire après ablation du maté-
riel). Les douze patients trachéotomisés ont été traités par dis-
traction mandibulaire pour accélérer la décanulation. Neuf ont
pu être décanulés, 2 présentaient un obstacle susglottique et
7
La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no286 - octobre 2003
un est décédé avant décanulation d’une cause intercurrente.
Sur 29 patients, la distraction a été effectuée par un procédé
intra-oral dans 7 cas et par un procédé extra-oral dans 22 cas.
La distraction semble donc permettre, pour les auteurs, une
décanulation plus précoce des enfants trachéotomisés et
d’éviter la trachéotomie lorsqu’elle est effectuée précoce-
ment, au prix, toutefois, de séquelles esthétiques non négli-
geables dans le cas des dispositifs extra-oraux.
Le Dr Mandell, de Pittsburgh (États-Unis), a étudié l’impact
de la distraction pour micrognathie et obstruction des voies
aériennes supérieures sur trois groupes différents. Le groupe A
comprenait des enfants atteints du syndrome de Pierre Robin
non trachéotomisés, le groupe B des patients trachéotomisés
avec un syndrome malformatif complexe, le groupe C des
patients avec micrognathie et syndrome d’apnées du sommeil
sévère. Les taux de succès de la distraction dans les groupes A
et C sont proches, avec 88 et 83 % respectivement. En
revanche, le taux n’est que de 17 % pour les enfants du groupe
B, car ceux-ci présentent une participation centrale (à type
d’encéphalopathie), qui, soit ne permet pas d’obtenir un tonus
musculaire suffisant, soit est à l’origine d’un syndrome
d’apnées central et, ainsi, ne permet pas d’obtenir un bénéfice
de la distraction mandibulaire.
Ce nouveau moyen thérapeutique reste discuté, mais aura pro-
bablement sa place pour éviter la trachéotomie dans des indica-
tions qu’il faut encore préciser. La mise à disposition d’un sys-
tème de distraction intra-oral sera nécessaire pour que cette
technique puisse se développer largement.
SURDITÉS GÉNÉTIQUES
Explorations radiologiques, génétiques, paracliniques
et biologiques des surdités de perception de l’enfant
Le Dr Preciada, de Cincinnati (États-Unis), a présenté les
résultats de l’exploration de 650 enfants présentant une sur-
dité de perception. Cette anomalie sensorielle est la plus fré-
quente à la naissance (2/1 000 naissances, dont 50 % sont
héréditaires). Le gène codant pour la connexine 26 (GJB2) est
le plus souvent muté (60 mutations identifiées au niveau du
premier exon codant). Dans cette série, 22,1 % des enfants
ayant une surdité de perception bilatérale avaient une muta-
tion de la connexine 26, et aucun des enfants n’avait une sur-
dité unilatérale. L’anomalie radiologique la plus fréquente
était un élargissement de l’aqueduc du vestibule présent chez
27,6 % des enfants explorés. Cette anomalie radiologique
était plus fréquente chez les enfants présentant des surdités
unilatérales. Aucune anomalie biologique n’a pu être retrou-
vée. Seuls deux enfants présentaient des troubles de la
conduction à l’ECG. Les anomalies génétiques ne recouvrent
pas des phénotypes radiologiques. Les auteurs proposent la
hiérarchie suivante des explorations lors du diagnostic de sur-
dité de perception : en cas de surdité bilatérale, il faut deman-
der d’emblée une recherche de mutation de GJB2 ; en cas de
surdité unilatérale, l’exploration radiologique par TDM
s’impose d’emblée.
Anomalies anatomiques du temporal associées
à l’élargissement de l’aqueduc du vestibule
Le Dr Madden, de Cincinnati (États-Unis), a présenté une
corrélation radioclinique sur une série de 91 enfants ayant une
surdité et un élargissement de l’aqueduc du vestibule. Ceux-ci
ont été comparés à 89 enfants appariés selon l’âge et le sexe, et
indemnes de toute pathologie auditive. L’âge moyen des
malades était de 31 mois, avec une perte auditive bilatérale
dans 66 % des cas, d’une valeur de 53 dB en moyenne. Les
anomalies les plus fréquentes concernaient l’élargissement de
l’aqueduc du vestibule au niveau de l’opercule (extrémité dis-
tale), dont la valeur était supérieure à 2 mm, et au milieu de
son trajet (> 1,5 mm). Il existait en outre des anomalies du
canal semi-circulaire latéral, du modiolus, avec une diminution
du degré de partition cochléaire selon l’échelle d’Antonelli.
Lorsque l’ensemble de ces anomalies sont associées, les
auteurs affirment que l’on se trouve en présence d’un syn-
drome d’élargissement de l’aqueduc du vestibule. Lorsque les
anomalies sont limitées à ce dernier, il est difficile de conclure
à son caractère pathologique s’il demeure dans les limites pré-
citées.
Dépistage universel de la surdité
Le Dr Connolly, de Jackson (États-Unis), a présenté les résul-
tats rétrospectifs du dépistage universel au niveau d’une mater-
nité par le protocole associant des PEA d’acquisition rapide
réalisés à la maternité, puis d’autres réalisés dans un délai de
trois mois. Sur les 17 602 enfants testés, 78 étaient porteurs
d’une surdité (0,44 %), dont 62 appartenaient à une population
à risque. La fréquence de la surdité dans cette série était d’un
enfant sourd pour 811 naissances en dehors de tout facteur de
risque, contre un pour 75 naissances dans les groupes à risque.
L’âge moyen au moment du diagnostic était de 3,9 mois, avec
une prise en charge institutionnelle dès l’âge de 6,1 mois, pour
un coût moyen de 5 074 $ par diagnostic. Voilà des résultats
que l’on souhaiterait voir plus souvent à l’échelon national !
PAPILLOMATOSE LARYNGÉE
Le HPV 11 est-il à risque de transformation maligne ?
Le Dr Reidy, de Detroit (États-Unis), a étudié l’expression du
Human Papilloma Virus (HPV) 11 par PCR, et a montré que
celle-ci était toujours retrouvée dans les papillomatoses ayant
connu une transformation maligne. Le HPV 11 serait inducteur
des oncogènes E7 et E5, et induirait une carcinogenèse par
l’intégration de son génome viral dans le génome de l’hôte
avec induction de mutations de l’oncogène P53. Le génome
viral du HPV 11 a même été retrouvé dans des carcinomes
bronchogéniques. S’il n’est pas à risque pour les récidives de
papillomatose laryngée, ce type de virus semble particulière-
ment inducteur de transformations malignes.
L’injection intralésionnelle de cidofovir
Le Dr Albright, de San Diego (États-Unis), a revu les résul-
tats à long terme d’une série de 15 enfants traités par cidofovir
pendant 6 ans. Avant les injections locales de cidofovir, ces
ACTUALITÉ
8
La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no286 - octobre 2003
15 enfants présentant une papillomatose récidivante sévère
nécessitaient une intervention chirurgicale de désobstruction
toutes les 2 à 6 semaines. Actuellement, avec un protocole
d’injection locale de 2 ml d’une solution à 5 mg/ml avec
4 injections à 2 semaines d’intervalle suivies d’une sur-
veillance fibroscopique, 6 patients sont en rémission clinique et
histologique complète depuis 40,7 mois en moyenne, 4 patients
ont une maladie présente cliniquement mais non sévère, et
5 sont actuellement en cours de traitement. Aucun patient n’a
eu, durant la période de l’étude, d’effets secondaires graves.
Le Pr Froehlich, de Lyon (France), a évalué, dans le cadre
d’une étude multicentrique incluant notamment l’hôpital Trous-
seau, les concentrations plasmatiques de cidofovir après injec-
tion intralésionnelle locale. La quantité injectée a varié de 0,7 à
60 mg. Les concentrations sériques ont varié de 0,04 mg/ml à
1 378 mg/ml, 10 minutes après l’injection. Quarante-cinq
minutes après l’injection, les concentrations étaient très
variables et sans rapport avec le volume initialement injecté.
Elles restaient toutefois 10 à 100 fois plus basses que celles
obtenues avec des perfusions intraveineuses de cidofovir à 5
mg/kg, sauf dans un cas. Il existe donc une diffusion intraplas-
matique de cidofovir après injection intralésionnelle, avec des
concentrations plasmatiques faibles, sauf dans des cas imprévi-
sibles, mais sans aucun effet secondaire général et toujours infé-
rieures à celles obtenues par perfusion.
Le Dr Schraff, de Norfolk (États-Unis), a présenté les résul-
tats d’une enquête effectuée auprès des membres de l’ASPO
concernant leurs pratiques dans la prise en charge de la papillo-
matose laryngée récidivante de l’enfant. Cinq cent quatre-
vingts patients traités par 59 praticiens ont été évalués. Seuls
312 patients ont bénéficié d’une thérapeutique adjuvante, 56
recevant des injections locales de cidofovir et les autres rece-
vant soit de l’interféron soit d’autres thérapeutiques. L’âge
médian de début du traitement par cidofovir est de 6 ans, après
12 interventions chirurgicales en moyenne. Après 6 injections
locales de cidofovir, 5,4 % des enfants sont dans un plus mau-
vais état local, 35,7 % ont un état clinique inchangé, 30,4 %
sont améliorés et 28,6 % ont récupéré un larynx normal. Le
microdébrideur est désormais plus utilisé (52 %) que le laser
CO2(44,8 %) et que les micro-instruments (3,2 %). Les inter-
ventions ont lieu le plus souvent sous ventilation spontanée
(43,1 %) ou en jet-ventilation (22,4 %). Trente-cinq patients
ont une extension bronchique de la papillomatose, une insuffi-
sance respiratoire, une transformation maligne ou ont eu des
problèmes liés à l’anesthésie. Les nouveaux moyens thérapeu-
tiques ont donc modifié la prise en charge de la papillomatose
pour les membres de l’ASPO.
OREILLE
Myringotomie laser
Le Dr Cotter, d’Orlando (États-Unis), a évalué l’efficacité de
la myringotomie laser sous anesthésie locale chez les enfants
présentant soit des otites moyennes aiguës (OMA) à répétition,
soit des otites séreuses (OSM). Une série de 48 enfants a été
évaluée de façon rétrospective (28 présentaient des OMA à
répétition et 20 des OSM). Cinquante-huit pour cent des procé-
dures ont été considérées comme des échecs (récidive ou per-
sistance des OMA ou des OSM). La fermeture tympanique est
survenue après myringotomie laser en trois semaines et demie
en moyenne. Lors de la réévaluation à un mois, les auteurs ont
constaté un échec dans 54 % des cas pour les OMA récidi-
vantes et dans 65 % des cas pour les OSM.
Le Dr Blom, de La Haye (Pays-Bas), a réalisé une étude
prospective sur 416 enfants présentant une OSM bilatérale
depuis plus de trois mois. L’âge moyen de la série était de
4,2 ans. Une myringotomie laser d’un côté et une pose d’aéra-
teur transtympanique (ATT) controlatérale après accord paren-
tal ont été réalisées. La myringotomie laser s’est refermée en
2,4 semaines, alors que les ATT sont restés en place 4 mois en
moyenne. Les enfants ont été suivis pendant 6 mois après la
chirurgie. Les complications étaient constituées par des otor-
rhées survenant dans 1 % des cas du côté laser et dans 4,5 %
des cas du côté de l’ATT. Les ATT ont été considérés comme
efficaces dans 70 % des cas, alors que la myringotomie laser
n’a été efficace que dans 40 % des cas.
L’ensemble des impressions cliniques des différents auteurs
sont en faveur d’une faible efficacité de la myringotomie laser
dans ces différentes indications.
Nouveaux matériaux pour tympanoplastie
Le Dr Kessler, de Boston (États-Unis), a étudié, sur un modèle
animal de perforations tympaniques chroniques, la faisabilité
de la fermeture tympanique par greffon de sous-muqueuse
acellulaire porcine versus périchondre. La sous-muqueuse por-
cine s’est révélée plus efficace que le périchondre. La vérifica-
tion histologique a confirmé la fermeture tympanique com-
plète. Ce matériel, actuellement commercialisé, est une
alternative aux myringoplasties simples.
Nouvelles thérapeutiques dans l’OSM
Le Dr Chandrasekhar, de New York (États-Unis), a proposé,
sur un modèle animal d’OSM, l’utilisation d’aérosols de sur-
factant par voie nasale. Elle a montré que les aérosols associant
surfactant artificiel et corticoïdes sont plus efficaces que les
aérosols de surfactant seul ou les aérosols de surfactant plus
corticoïdes. L’aérosol de surfactant permettrait la pénétration
de corticoïdes dans la caisse du tympan. Dans ce modèle, les
corticoïdes par voie nasale sont beaucoup plus efficaces dans
l’OSM que les vasoconstricteurs.
Détection de l’OSM par échographie
Le Dr Discolo, de Cleveland (États-Unis), a présenté les résul-
tats d’une étude prospective réalisée sur 40 enfants d’un âge
compris entre 8 mois et 11,7 ans et chez lesquels une indica-
tion de pose d’ATT avait été retenue. Avant myringotomie,
une échographie de l’oreille moyenne a été réalisée et ses
résultats ont été comparés à ceux de la myringotomie. L’écho-
graphie a pu prévoir la présence ou l’absence de liquide dans
l’oreille moyenne avec une fiabilité de 96 %. Elle a pu, de
même, prévoir la présence d’un épanchement séreux ou
muqueux dans tous les cas. La sonde d’échographie doit
9
La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no286 - octobre 2003
1 / 7 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans l'interface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer l'interface utilisateur de StudyLib ? N'hésitez pas à envoyer vos suggestions. C'est très important pour nous!