Donnons sa chance à chaque nouveau-né de l'Afrique 139
III
Enveloppe de soins
• La vaccination d'une proportion élevée de bébés avant, au
moment de l'accouchement ou de suite après est essentielle
pour assurer l'efficacité des vaccins qui permettent de réduire
les décès ou les maladies lors de la prime enfance et par la
suite. Les programmes de vaccination peuvent protéger la
santé des bébés, non seulement en vaccinant les nouveau-nés
lors de la période postnatale mais également en administrant
les vaccins à la mère puisque cela bénéficie également au
bébé. La plupart des vaccinations qui ciblent la santé néonatale,
telles que la vaccination antitétanique et la vaccination
contre la rubéole, sont administrées à la mère. C'est le vaccin
antitétanique qui a le plus d'impact, bien que d'autres vaccinations
données avant la grossesse, telles que la vaccination contre la
rubéole, permettent également de sauver la vie et de réduire
les taux de graves maladies et infirmités. Il existe également
un certain nombre de vaccins administrés au bébé juste après
la naissance, notamment :
• Le vaccin BCG pour réduire le risque de tuberculose
• Le vaccin contre l'hépatite B pour prévenir l'infection par
l'hépatite B
• L'OPV pour prévenir la poliomyélite
Ce chapitre est axé sur les vaccinations qui sauvent directement
la vie des nouveau-nés, surtout la protection contre le tétanos.
Il mentionne également le vaccin contre la rubéole. Il ébauche
les vaccinations fournies pendant la période néonatale et
discute des possibilités de renforcer les services de vaccination
en fournissant d'autres interventions de SMNI et en collectant
de meilleures données étayant la prise de décisions. Enfin, il fait
une liste d'étapes pratiques pour intégrer les programmes de
vaccination et de SMNI.
Prévention du tétanos maternel et néonatal
Devant l'importance du tétanos maternel et néonatal, la
communauté de la santé publique s'est donnée pour but d'éliminer
cette maladie. L'élimination est définie comme moins d'un cas de
tétanos néonatal pour 1 000 naissances vivantes par an au niveau
district.6C'est différent de l'éradication qui, tel que le montrent
les efforts contre la variole, constitue un effort concerté pour
endiguer la propagation d'une maladie donnée. Le tétanos ne peut
pas être entièrement éradiqué et, pour arriver à l'élimination et
à la maintenir, des efforts continus sont nécessaires pour maintenir
les cas à moins d'un pour 1 000 naissances vivantes par an.
L'enveloppe des soins pour l'élimination du tétanos maternel et
néonatal (ETMN) repose sur l'administration à grande échelle
du vaccin. Elle comprend également de bonnes mesures d'hygiène
lors de l'accouchement et une surveillance active pour dépister
et traiter les cas restants ou nouveaux cas de tétanos, même
lorsqu'un pays est arrivé à éliminer la maladie.
Administration du vaccin antitétanique aux femmes
La vaccination de la mère avant l'accouchement la protège elle-
même et son nouveau-né contre le tétanos. Les consultations
prénatales sont le principal point d'entrée programmatique
pour la vaccination routinière contre le tétanos. Une femme
enceinte devrait recevoir au moins deux doses pendant qu'elle
est enceinte, à moins qu'elle ne soit déjà protégée par des
vaccinations antitétaniques précédentes. Cinq doses de vaccin
antitétanique lui confèrent une protection tout au long de
ses années de procréation et même plus longtemps. Dans les
régions qui ne disposent pas d'un solide système de santé, des
activités vaccinales complémentaires (campagnes de ratissage)
permettent de vacciner contre le tétanos toutes les femmes en
âge de procréer.
Bonnes mesures d'hygiène lors de l'accouchement pour toutes
les femmes enceintes
Dans les régions où la couverture du vaccin antitétanique est
faible, les systèmes de santé sont généralement trop précaires
pour apporter aux femmes des soins qualifiés lors de l'accou-
chement et prévenir ainsi le tétanos maternel et néonatal. Il
n'est guère aisé de vérifier la présence d'un prestataire qualifié à
l'accouchement dans un continent où la plupart des femmes
accouchent à la maison. Par contre, certaines stratégies commu-
nautaires ont effectivement réussi à encourager l'accouchement
propre et les mesures d'hygiène à l'extérieur de l'établissement
de santé. Prenons l'exemple du Kenya où une stratégie de
changement comportemental s'attaquant aux habitudes à risque
élevé après l'accouchement a permis une réduction de 90 %
dans le tétanos néonatal chez les Masai, sans même augmenter
la couverture antitétanique.5
Surveillance active et réponse au tétanos maternel et
néonatal
La surveillance des cas permet de dépister les régions avec des
charges de morbidité spécifiques.7Il est regrettable que, malgré
la loi, les naissances et les décès souvent ne soient pas enregistrés
dans les pays africains et que des données fiables sur les causes
spécifiques soient encore plus rares. Aussi, les cas de tétanos
néonatal et les décès sont très sous-estimés, de moins de 20 %
- et parfois, de moins de 1 % - des cas (voir Tableau III.9.1).
Lorsqu'une surveillance fiable n'est pas disponible, des modèles
servent à estimer l'impact des interventions sur la charge du
tétanos néonatal. Différents modèles et différentes méthodes
donnent des résultats variés et ont des objectifs, forces et
faiblesses différents, tel que le montrent les notes de données à
la page 226. Ces modèles cherchent essentiellement à estimer
les progrès et à guider la prise de décisions.
Abena - chaque nouveau-né compte
Abena - son nom signifie « fillette née un mardi » - a vu le jour dans une case obscure. Sa mère, Efua, n'avait pas
d'argent pour se rendre à l'hôpital pour l'accouchement et c'est la tante d'Efua qui l'a aidée, coupant le cordon avec
une lame de rasoir sale et couvrant le cordon d'Abena avec un vieux chiffon. D'abord,Abena tétait bien mais le
troisième jour, Efua a noté qu'elle avait moins de force pour téter. Le quatrième jour, les muscles d'Abena étaient
rigides, elle ne pouvait plus téter du tout et son petit corps était déchiré de spasmes. Sa vie n'a duré que cinq jours.
La tante d'Efua a enterré le petit corps dans un champ d'ignames et a averti Efua qu'elle ne devait pas pleurer sinon
les esprits emporteraient également son prochain enfant. Personne n'a noté ni la naissance ni le décès d'Abena.