angiologie et
Angiologie et Rhumatologie
L’opposition apparente
du mythe et de la réalité
caractérise parfaitement
la description du symptô-
me que relate le patient
qui en est atteint. Son
vécu est extrêmement
désagréable et anxiogène
alors même que l’examen
clinique et de nombreux
examens complémen-
taires s’acharnent à
mettre en évidence une anomalie vasculaire,
osseuse vestibulaire ou cérébrale.
C’est probablement la complexité de ce
que représente le vertige, symptôme inté-
grateur de plusieurs systèmes visant à
maintenir l’individu en position érigée,
qui rend compte de la confusion diagnos-
tique qui peut régner dans ce domaine.
Nous exclurons de cet article tous les ver-
tiges vrais et/ou associés à des signes cli-
niques objectifs qui reconnaissent le plus
souvent une origine organique identifiée.
Long est d’ailleurs le répertoire étiolo-
gique des vertiges d’origine centrale et
périphérique comprenant principalement
les maladies du système nerveux central
et de l’oreille interne.
Si nous nous bornons à un essai d’identi-
fication des patients dont la symptomato-
logie est en rapport avec une cervicarthrose,
comment les identifier, quelles raisons
peuvent présider à la survenue de ces
manifestations, quels examens peuvent
nous aider à les reconnaître et quelle est la
part jouée par la circulation vertébrobasi-
laire dans leur étiologie ?
Il faut avant tout rappeler que le maintien
de la station debout, chez tout individu, ne
peut perdurer qu’à la seule condition que
les systèmes permettant d’éviter la chute
soient efficaces.
Ces systèmes sont nombreux : la vigilance,
la vision, la proprioceptivité des membres
et du cou, le système vestibulaire et ses
centres supérieurs, le système cérébelleux
et le tonus musculaire.
La majorité des patients qui nous consul-
tent pour des faux vertiges (sans impres-
sion rotatoire vraie) nous sont adressés
pour insuffisance vertébrobasilaire ou
tout du moins pour éliminer, compte tenu
de leur âge, une étiologie vasculaire.
La description que fait le patient de son
vertige est extrêmement importante pour
en comprendre le mécanisme.
Cette sensation vertigineuse est le plus sou-
vent apparue depuis quelques jours ou
semaines sans qu’il soit possible d’en déter-
miner la date ou le moment exact de début.
C’est une impression de tangage, d’insta-
bilité, de crainte de tomber, sans déviation
systématisée d’un côté ou de l’autre. Elle
ne s’associe à aucune nausée ni céphalée,
à aucun acouphène ni trouble visuel ou
moteur mais parfois à un certain degré de
raideur du cou dont le patient peut ne pas
être conscient. Cette raideur est l’unique
signe retrouvé à l’examen clinique en
position assise.
Cette impression est
aggravée par l’obscurité et
tout ce qui peut constituer
pour le patient une situa-
tion d’insécurité (plus
importante en dehors de
chez soi, dans la foule, à
distance de points d’ap-
pui). Elle est également
aggravée par le lever, la
position couchée, l’exten-
sion ou la rotation du cou,
déclenchant parfois des états de panique
conduisant aux cris ou à la chute.
Elle peut faire suite à une poussée d’ar-
throse cervicale, à un coup du lapin, à un
travail prolongé devant un ordinateur, le
regard fixé sur l’écran, à un long trajet en
voiture, ou rester sans cause apparente.
Le niveau thymique joue un rôle amplifi-
cateur important chez ces sujets, une
dépression masquée peut sensibiliser le
déclenchement de ces vertiges et surtout
en enrichir la perception.
Enfin, le caractère fluctuant de ces
impressions est un argument sémiolo-
gique rassurant lorsque les autres causes
ont été éliminées.
L’ e xamen vasculaire est toujours normal
ne montrant, tant au cours des symptômes
qu’en dehors d’eux, aucun signe patholo-
gique dans le système vertébrobasilaire
aussi bien au niveau des vertébrales extra-
crâniennes que du tronc basilaire et des
artères cérébrales postérieures qui peu-
vent être monitorées au cours des change-
ments de position du sujet.
Ainsi, sur l’ensemble des sujets chez les-
quels une insuffisance vertébrobasilaire
est évoquée le plus souvent comme dia-
gnostic de repli, exceptionnels sont ceux
qui en sont atteints.
Le traitement chirurgical a pu sembler
efficace étant donné l’évolution spontané-
ment favorable à cette symptomatologie.
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Act. Méd. Int. - Angiologie (16) n° 7/8, septembre/octobre 2000
La relation entre arthrose cervicale et syndrome
vertigineux reste un mystère pour de nombreux
cliniciens quel que soit leur horizon. Oto-rhino-
laryngologistes, neurologues, chirurgiens vasculaires, ophtal-
mologistes, rhumatologues et psychiatres sont à même
d’identifier des causes aux vertiges “bénins” et
fréquents des patients que nous sommes tous amenés
à examiner.
* Service de neurologie, hôpital
Lariboisière, Paris.
Cervicarthrose et vertiges : mythe ou réalité ?
P.-J. Touboul*