Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (13), n° 7, septembre 1999 160
Dépistage des lésions précancéreuses
de l’anus chez les homosexuels VIH-
positifs : un espoir
Aux États-Unis, l’incidence du cancer épidermoïde de
l’anus chez l’homosexuel VIH-négatif est d’environ
35/100 000/an. Chez les homosexuels VIH-positifs, cette incidence
est deux fois plus importante. À titre de comparaison, l’incidence
du cancer du col de l’utérus était de 40/100 000/an avant la géné-
ralisation du dépistage par frottis. Une méthode de dépistage
identique peut-elle être envisagée chez l’homosexuel VIH-positif
afin de diminuer l’incidence dans cette population du cancer de
l’anus ? C’est la question à laquelle Goldie et coll. ont tenté de
répondre en analysant une cohorte hypothétique d’homosexuels
VIH-positifs et d’hommes bisexuels VIH-positifs, vivant aux
États-Unis, à laquelle aurait été appliquée une technique de dépis-
tage par frottis (Papanicolaou), dans le but de dépister des lésions
anales épidermoïdes intra-épithéliales (précancéreuses) ou un
cancer épidermoïde de l’anus à un stade précoce. Les auteurs
montrent que le dépistage par frottis augmenterait l’espérance de
vie des malades dépistés, quel que soit le stade de leur maladie
liée au VIH. C’est le dépistage annuel à un stade précoce de la
maladie liée au VIH (CD4 > 500/mm3) qui aurait le meilleur rap-
port coût-efficacité : un frottis annuel (associé, si nécessaire, à des
biopsies ou à un geste chirurgical) coûterait 16 000 $ par année de
vie sauvée ajustée à la qualité de vie. En comparaison, une mam-
mographie annuelle coûte 120 000 $ par année de vie sauvée.
Comme le précisent les auteurs de cet article, avant d’être appli-
qués à la pratique de tous les jours, ces résultats, obtenus à partir
d’une cohorte fictive et de données épidémiologiques concernant
la population homosexuelle de San Francisco et de Seattle, doi-
vent maintenant être vérifiés à partir d’autres données épidémio-
logiques et mises à l’épreuve de la pratique clinique (efficience,
rendement diagnostique en dehors des laboratoires spécialisés).
Mots clés : Cancer de l’anus – VIH – Dépistage.
Une modélisation de l’épidémie
d’hépatite C en France
Deuffic et coll. (Paris) ont mis au point un modèle
mathématique pour reconstruire l’histoire de l’épidémie
d’hépatite C en France et prédire la morbidité et la mortalité
associées à cette infection jusqu’en 2025. Ce modèle situe le
début de l’épidémie dans les années 40, avec une augmenta-
tion rapide de l’incidence de l’infection au cours des quatre
décennies suivantes pour atteindre un plateau de 25 000 nou-
veaux cas par an dans les années 80. Il confirme et quantifie le
rôle de l’âge et du sexe dans la progression vers la cirrhose. En
particulier, à tout âge, le risque de cirrhose est 10 fois plus
élevé chez l’homme que chez la femme. Enfin, il montre qu’en
l’absence de traitement, l’incidence annuelle des décès dus à
un carcinome hépatocellulaire lié au VHC va augmenter jus-
qu’en 2020, de 150 % chez l’homme (1 600 versus 1 200 en
1995) et de 200 % chez la femme (600 versus 300 en 1995)
avant de décliner.
Mots clés : Foie – Épidémiologie – VHC.
Infection virale B occulte chez les
malades atteints d’hépatite C
L’infection virale B occulte est définie par la présence
d’ADN VHB dans le foie, en l’absence d’AgHBs détec-
table dans le sérum. Cacciola et coll. (Messine) ont cherché à
préciser la prévalence et la signification clinique d’une infection
virale B occulte chez 200 malades atteints d’hépatite C. Ils ont
trouvé des séquences génomiques VHB dans le foie de 46 % des
malades anti-HBc positif et de 20 % des malades anti-HBc
négatif ; la PCR était positive dans le sérum dans deux tiers des
cas. Lorsqu’il existait une infection virale B occulte, la fréquence
de la cirrhose était de 33 %, contre 19 % en son absence
(p = 0,04). Sur une population de 83 malades ayant reçu de l’in-
terféron, des séquences génomiques VHB étaient présentes dans
47 % des cas d’échec du traitement et dans 29 % des cas de suc-
cès (p = 0,06). Ces résultats suggèrent qu’une infection occulte
par le virus de l’hépatite B serait fréquente chez les malades
atteints d’hépatite C, qu’elle accélèrerait l’évolution vers la cir-
rhose et qu’elle favoriserait la résistance à l’interféron.
Mots clés : Foie – Co-infection – VHC – VHB.
Revue de presse
JAMA 1999 ; 281 : 1822-9
Hepatology 1999 ; 29 : 1596-601
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