ABSTRACTS
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no254 - juin 2000
Le larynx intervient dans quatre fonctions : la respiration,
qui nécessite l’ouverture suffisante de la glotte, la protec-
tion des voies aériennes inférieures, la capacité d’augmenter la
pression intrathoracique et intra-abdominale, et la phonation, qui
nécessitent au contraire la fermeture de la glotte. Les consé-
quences cliniques d’une paralysie récurrentielle unilatérale
acquise chez l’adulte sont liées essentiellement à la fermeture
glottique incomplète. La voix est faible, soufflée ou bitonale, elle
nécessite un effort inhabituel, la toux est inefficace, et il peut y
avoir des fausses routes. À l’examen du larynx au repos, la corde
vocale paralysée est en position paramédiane (entre 0 et 1,5 mm
de la ligne médiane), plus rarement en position dite intermédiaire
(entre 1,5 et 2,5 mm de la ligne médiane). En phonation, la glotte
ne se ferme pas complètement. Elle apparaît ovalaire lorsqu’il
n’y a pas de fuite glottique postérieure, et en triangle si la fer-
meture est incomplète, aussi bien au niveau de la glotte mem-
braneuse que de la glotte postérieure. Ces paralysies doivent être
distinguées des immobilités glottiques dues à une sténose sous-
glottique, une arthrite ou une luxation cricoaryténoïdienne.
Au besoin, le diagnostic peut être vérifié par la mobilisation de
l’aryténoïde sous anesthésie générale.
La majorité des paralysies récurrentielles unilatérales est trau-
matique, qu’il s’agisse d’un traumatisme chirurgical (thyroïdec-
tomie, abord du rachis cervical, endartériectomie carotidienne,
chirurgie de la base du crâne ou du médiastin) ou d’un trauma-
tisme non chirurgical (intubation, accident de la voie publique).
Selon les séries, 10 à 27 % des paralysies récurrentielles sont
idiopathiques. Ce diagnostic ne peut être retenu qu’après avoir
éliminé une autre cause, en particulier une cause néoplasique, par
un examen ORL ainsi qu’un scanner de la base du crâne, du cou
et du thorax.
Les symptômes d’une paralysie récurrentielle idiopathique s’amé-
liorent spontanément dans 25 à 60 % des cas, par récupération
de la paralysie, par apparition de syncinésies favorables ou par
compensation controlatérale.
Le rôle de l’orthophoniste est d’éduquer et d’apporter un soutien
psychologique. Il faut développer le contrôle respiratoire, mais
éviter une compensation supraglottique hypertonique, qui risque
de ne pas être réversible après guérison de la paralysie récurren-
tielle. La médialisation manuelle du cartilage thyroïde permet
d’augmenter l’intensité de la voix et de diminuer l’effort phona-
toire. S’il y a quelques fausses routes, le patient peut essayer de
déglutir tête tournée du côté paralysé ou penchée en avant. Par
contre, si les fausses routes sont importantes, il faut proscrire tous
les liquides et envisager une intervention chirurgicale. Ces inter-
ventions sont aussi proposées en cas de paralysie récurrentielle
restant symptomatique plus de 6 à 12 mois. Plusieurs types
d’interventions peuvent être proposés : la médialisation de la
corde paralysée par une injection intracordale de téflon ou de
graisse autologue, la thyroplastie d’Isshiki de type I, qui consiste
à introduire un implant en silastic ou une mèche de Gore-Tex®
dans la corde par une fenêtre créée dans l’aile thyroïdienne, le
patch de muscle omo-hyoïdien innervé pédiculé, en attendant la
mise au point du pacemaker laryngé.
Les paralysies récurrentielles : connaissances actuelles et traitements
Hartl DM, Brasnu D •Ann Otolaryngol Chir Cervicofac 2000 ; 117 : 60-84.
M. François
Les mucocèles sont des formations kystiques des sinus de
la face bordées d’un épithélium et remplies de mucus. À la
différence des lésions néoplasiques, elles n’érodent pas l’os, mais
le refoulent. Le siège le plus fréquent des mucocèles est frontal
(environ 90 % des cas). Le scanner suffit en général pour faire le
diagnostic en montrant une opacité sinusienne homogène, refou-
lant les parois du sinus. L’opacité est d’autant plus importante
que les mucocèles sont plus anciennes (cela tient à la composi-
tion en protéines du mucus). Seul le revêtement périphérique
prend le contraste, ce qui les différencie des tumeurs endosinu-
siennes. En cas d’incertitude, en particulier s’il y a association
d’une mucocèle et d’une tumeur, l’examen à demander est l’IRM.
Sur l’IRM, les mucocèles sont hypo-intenses en T1 et hyperin-
tenses en T2. Il n’y a aucune prise de contraste.
Les mucocèles du sinus frontal peuvent éroder le rebord orbitaire
supérieur, s’étendre vers l’avant en soufflant le frontal et s’étendre
vers la ligne médiane en refoulant le septum séparant les deux
sinus frontaux. Les mucocèles ethmoïdales sont le plus souvent
antérieures. Cliniquement, elles peuvent se manifester par un élar-
gissement de la racine du nez et une déviation du globe oculaire
vers le bas et le dehors. Les mucocèles sphénoïdales peuvent
entraîner des troubles de la vision. L’IRM permet d’en faire le
diagnostic et de les différencier des tumeurs hypophysaires et
nasopharyngées.
Imagerie des mucocèles
Optimum imaging for mucoceles. Llyod G. et al. •J Laryngol Otol 2000 ; 114 : 233-6.