La scène de départ, avec les personnages, les accessoires et la piscine est présentée au milieu
d'un tableau de classe à trois volets. Dans le cas présent, cette scène est construite par approches successives,
chaque personnage ou accessoire faisant l'objet d'un questionnement classique " Qui est-ce ? ", " Où est-il ? ",
etc.... Approche familière aux élèves. Les livres sont fermés. Cette séquentialité est une des présentations
possibles d'une scène. L'autre, beaucoup plus fréquente, est celle du livre ouvert, où la scène est présentée d'un
seul coup. On voit qu'il est bon de varier les présentations pour habituer les élèves à utiliser leurs possibilités
d'analyse ou de globalisation dans des situations différentes. Sur livre ouvert, il est nécessaire d'organiser
l'analyse pour ceux qui sont perdus devant la quantité d'informations d'une page entière, voire d'une double
page de manuel. Dans le cas présent où la séquentialité l'emporte, il faut absolument laisser le temps à chacun
de contempler la scène créée pour l'organiser à sa façon, et ceci tout au cours de la leçon où les quatre scènes
correspondant aux quatre verbes vont se succéder dans le temps.
Pour la première scène, Dipper est à un bout de la piscine, je fais entendre le coup de sifflet sur
la bande, puis la phrase " Come here ! ", et je déplace rapidement le dauphin vers son dresseur. J'utilise
ensuite des procédés classiques de gestes, de répétitions, etc... bien connus des professeurs de langues. Mais il
semble bon de réfléchir un peu à la manière de procéder à la répétition. Jusqu'ici je faisais entendre la bande
puis je faisais répéter "dans la foulée". Maintenant je procède en trois étapes :
l - écoute de la bande
2 - temps de silence
3 - répétition à mon signal
L'étape numéro deux est, bien entendu, celle de l'évocation du message reçu. J'ignore ce qui se
passe exactement dans la tête des enfants, mais je n'hésite plus après la première répétition à écrire le mot
nouveau sur la partie droite du tableau, à le laisser contempler par les élèves, puis à rabattre le panneau pour,
après un temps d'évocation, procéder à une deuxième répétition. On peut espérer lier ainsi les évocations de
l'orthographe du mot et de sa prononciation, dans un ordre qui reste au choix de l'élève. Retarder, comme on
l'a préconisé pendant des années, l'apparition de la version écrite du mot, ne peut que pénaliser ceux d'entre
eux qui ont besoin de voir le mot, avec son orthographe correcte, et non inventée, pour retenir un mot et sa
prononciation.
De même, pour le "sens", soit des mots, soit des phrases, on sait que certains élèves ne
commencent à "travailler" que lorsqu'ils savent de quoi il retourne. J'en conclus à la nécessité d'écrire à côté
du mot anglais son équivalent français. Après l'étude des quatre scènes, le tableau se présente ainsi :
Au milieu, la scène générale, avec des figurines symbolisant les verbes (une flèche pour "
Come here ! ", un ballon pour " Get the ball ! ", une raquette pour " Play tennis ! ", un poisson pour " Eat your
breakfast ! ").
A gauche, les mots écrits avec leur traduction.
A droite, des lignes mélodiques correspondant aux différents coups de sifflet et au bruit du
seau.
Ici sont ménagés de nouveaux temps d'évocation. Les élèves savent qu'ils vont maintenant faire
dans leur tête le "bilan" de ce qui vient d'être vu, entendu, joué, ressenti, pour pouvoir le mémoriser et le
réutiliser. Ceci leur est redit à chaque cours, comme une évidence.
Je laisse donc le tableau ouvert, et je laisse les élèves "travailler". L'intensité de ce travail muet,
où chacun évoque à sa façon, est un des moments les plus impressionnants de la classe de langue en gestion
mentale. Au bout d'un certain temps, les élèves me font signe que "ça y est". Je laisse encore du temps aux
derniers, puis je replie les deux panneaux latéraux, cachant ainsi tout le tableau. Un nouveau travail de
"convocation" des acquis se fait alors, toujours dans le même silence. Les élèves ont la possibilité de se lever