thode a pour objectif de rechercher la classe
thérapeutique à laquelle le sujet est répon-
deur afin de n’exposer le patient qu’à un
seul principe actif pour le traitement au long
cours de son hypertension artérielle.
L’efficacité de la monothérapie séquen-
tielle a été récemment confirmée par une
étude utilisant la méthode de l’essai croisé
(3). Chez 56 patients hypertendus jamais
traités, l’essai de quatre monothérapies (un
IEC, un bêta-bloquant, un diurétique thiazi-
dique et un antagoniste calcique) a été réali-
sé de façon consécutive sur une période de
un mois. Entre les périodes de traitement, un
arrêt de un mois était organisé afin d’obtenir
un retour au niveau tensionnel initial.
L’étude a montré qu’il existe une variabilité
individuelle dans la réponse à chaque classe
d’antihypertenseurs. Ainsi, si une stratégie
en monothérapie séquentielle est utilisée, le
pourcentage de sujets, dont la pression arté-
rielle est ≤140/90 mmHg, passe de 39 % au
terme de la première monothérapie à 73 %
au terme de la quatrième monothérapie
consécutive. Cette étude montre que la stra-
tégie de la monothérapie séquentielle per-
met d’obtenir un contrôle de l’hypertension
chez trois patients sur quatre.
Il existe plusieurs limitations à l’utilisa-
tion de la monothérapie séquentielle.
Pour normaliser la pression artérielle, cer-
taines monothérapies nécessitent d’aug-
menter les doses du médicament, en parti-
culier pour les diurétiques, les antagonistes
calciques et les alphabloquants. L’apparition
d’effets secondaires dose-dépendants peut
alors limiter l’utilisation optimale du médi-
cament en monothérapie. Chez un “répon-
deur”, les effets secondaires indépendants
de la dose (toux sous inhibiteur de l’enzyme
de conversion) peuvent conduire à stopper
une monothérapie pourtant efficace. Chez
les “répondeurs non contrôlés”, la baisse
tensionnelle induite par la monothérapie est
insuffisante pour obtenir la normalisation
de la pression artérielle. Chez ces sujets, la
combinaison des antihypertenseurs est le
plus souvent le seul moyen d’obtenir le
contrôle tensionnel.
Enfin, un délai de plusieurs mois est par-
fois nécessaire pour obtenir la normalisa-
tion de la pression artérielle après l’essai
de plusieurs monothérapies. Ce délai est
presque toujours perçu comme trop long
par le médecin et par le patient, qui sou-
haitent obtenir un résultat rapide sur le
contrôle de la pression artérielle.
Associer les médicaments,
c’est la combinaison
des antihypertenseurs
Prescrire un traitement en combinaison signi-
fie qu’au moins deux principes actifs hypo-
tenseurs sont donnés pour obtenir la baisse
tensionnelle. Cette stratégie utilisée dans tous
les grands essais de prévention réalisés dans
l’hypertension artérielle a montré son effica-
cité pour induire une baisse durable de la
pression artérielle et une prévention des com-
plications cardiaques et vasculaires. Bien que,
dans ces études, le traitement soit débuté par
une monothérapie, dans le suivi au long cours
des patients, l’association d’un deuxième
médicament était nécessaire chez la majorité
des sujets. Ainsi, l’expérience de l’étude
SHEP indique que le suivi pendant plus de
quatre ans de sujets hypertendus âgés impose
que 75 % des patients soient sous une asso-
ciation de deux médicaments antihyper-
tenseurs pour atteindre l’objectif du traite-
ment (4). De même dans l’étude HOT, 74 %
des patients sont sous une combinaison
d’antihypertenseurs dans le groupe des
patients dont la pression artérielle est en
moyenne de 140/81 (5).
Enfin, un travail des hôpitaux de l’adminis-
tration des Vétérans a suivi une cohorte de
800 hypertendus âgés de 65 ans sur une
période d’au moins deux ans et observé que
les 25 % de patients chez qui l’intensité du
traitement a été la plus importante ont vu leur
pression systolique diminuer de 6,3 mmHg,
alors que les 25 % de patients chez qui
l’intensité du traitement a été la moins
importante ont eu une pression systolique
augmentée de 4,8 mmHg. L’analyse statis-
tique indique que la principale raison du bon
contrôle tensionnel était la prescription d’une
combinaison d’antihypertenseurs (6).
Prescrire une combinaison d’antihyper-
tenseurs est donc une nécessité pour per-
mettre d’atteindre l’objectif tensionnel chez
une large majorité d’hypertendus. Si, le plus
fréquemment, ce sont des combinaisons
“libres” (prescription simultanée de plu-
sieurs médicaments) qui sont réalisées par le
médecin, le développement des “combinai-
sons à doses fixées” offre la possibilité d’une
simplification de la prescription en gardant
un nombre limité de prises médicamen-
teuses. Cette option de prescription de “com-
binaisons à doses fixées” en deuxième inten-
tion devrait être aujourd’hui largement
privilégiée lorsque le traitement initial par
monothérapie ne permet pas d’atteindre
l’objectif tensionnel, et que le premier médi-
cament prescrit a montré sa bonne tolérance.
Le choix de cette stratégie de combinaison
est celui préconisé par l’ANAES dans ses
dernières recommandations (2) : “Lorsque le
premier médicament est bien toléré, mais
l’effet antihypertenseur insuffisant, l’addi-
tion d’un deuxième principe actif devrait être
préférée, en privilégiant un diurétique thiazi-
dique si le premier principe actif ne l’était
pas (accord professionnel).”
Les combinaisons à doses fixées permettent
de simplifier la prescription et l’observance
pour un coût financier plus faible.
La prescription de ces “combinaisons à
doses fixées” devrait s’effectuer dans le mois
au plus tard suivant la prescription initiale
lorsque l’objectif tensionnel n’est pas atteint.
La place des “associations fixes
à faibles doses”
Les “associations fixes à faibles doses”
sont des médicaments utilisables pour
débuter un traitement antihypertenseur.
Cette possibilité leur a été accordée car ils
ont démontré (a) une efficacité hypotensi-
452
Act. Méd. Int. - Hypertension (12), n° 6, juin 2000
progrès en
Progrès en thérapeutique