■
■
PROGRESS
P. Garnier*
L’hypertension artérielle (HTA) est le principal
facteur de risque des accidents vasculaires
cérébraux (AVC) aussi bien ischémiques
qu’hémorragiques. Plusieurs études épidémio-
logiques ont montré que le niveau de pression
artérielle – et pas seulement l’HTA – était le plus
puissant prédicteur d’AVC. En effet, des ana-
lyses récentes ont mis en évidence une relation
linéaire et continue entre le risque de récidive
après un premier AVC ischémique (durable ou
transitoire) ou hémorragique et la pression
artérielle systolique ou diastolique sans notion
de valeur seuil. Ainsi, certaines études ont sug-
géré que toute réduction de la pression arté-
rielle systolique ou diastolique s’associait à
une diminution du risque de récidive d’AVC,
même chez les sujets normotendus. L’étude
PROGRESS a testé cette hypothèse en détermi-
nant le rapport bénéfice/risque d’un traitement
abaissant la pression artérielle chez des
patients, hypertendus ou non, ayant présenté
un AVC ischémique durable ou transitoire (AIT)
ou un AVC hémorragique dans les cinq der-
nières années. Les patients ayant eu une amau-
rose fugace étaient également inclus.
P
LAN DEL
’
ÉTUDE
Il s’agissait d’une étude pragmatique, menée
dans trois continents (Australie, Asie, Europe).
Les patients ont été inclus et randomisés dans
le groupe traitement actif ou dans le groupe
placebo selon le principe du double aveugle. Le
traitement à l’étude comprenait un IEC, le
perindopril (4 mg/j), associé ou non à un diuré-
tique, l’indapamide (2,5 mg/j), si le médecin le
jugeait nécessaire. Le traitement habituel des
patients était poursuivi, y compris les anti-
hypertenseurs (à l’exclusion des IEC) et les anti-
plaquettaires.
Avant la randomisation, les patients potentielle-
ment éligibles recevaient en ouvert sur une
période d’un mois une dose croissante de perin-
dopril (2 mg/j pendant 2 semaines puis 4 mg/j
pendant 2 semaines). Si le traitement était bien
suivi et bien toléré, le patient était randomisé
entre groupe traité et groupe placebo.
Il était également recommandé que l’état cli-
nique des patients soit stabilisé depuis au
moins deux semaines après leur AVC avant
d’entrer dans l’étude.
Le critère principal de l’étude correspondait à la
survenue d’un infarctus cérébral ou d’une
hémorragie cérébrale, fatals ou non. Parmi les
principaux critères secondaires étaient retenus
la survenue d’un AVC fatal ou invalidant, la sur-
venue d’événements vasculaires majeurs (AVC
non fatal, infarctus du myocarde non fatal,
décès d’origine vasculaire), le taux de mortalité
globale (d’origine vasculaire et non vasculaire)
et le taux d’admission à l’hôpital pendant le
suivi. La durée de suivi a été de 4 ans.
Quarante-huit pour cent des patients étaient
hypertendus et 52 % normotendus. Dans le
groupe traité, 42 % des patients ont reçu le perin-
dopril seul et 58 % l’association perindopril +
indapamide. La réduction de la pression arté-
rielle dans le groupe traité par rapport au groupe
placebo était de 9 mmHg pour la systolique et de
4mmHg pour la diastolique (9/4 mmHg).
R
ÉSULTATS
Caractéristiques des patients
Sur 7 121 patients potentiellement éligibles,
1016 (14 %) ont été exclus durant la période de
prérandomisation. Les principales raisons
étaient liées à l’hypotension, la toux et la déci-
sion du patient.
Six mille cent cinq patients (dont 30 % de
femmes) ont été inclus (groupe traité,
n=3051 ; groupe placebo, n = 3 054). La
moyenne d’âge était de 64 ans. Soixante et onze
pour cent des patients avaient des antécédents
(ATCD) d’infarctus cérébral, 22 % des ATCD d’AIT
ou d’amaurose fugace, 11 % des ATCD d’AVC
hémorragiques, 4 % des AVC de type inconnu.
Effet du traitement sur les AVC (tableau)
Dans le groupe traité par rapport au groupe pla-
cebo, on notait une réduction globale significa-
tive du risque d’AVC de 28 %, que le patient soit
hypertendu ou non. La diminution du risque
d’AVC ischémique était de 24 % et celle des AVC
hémorragiques, encore plus importante, de
l’ordre de 50 %. Chez les patients aux ATCD
d’AVC hémorragique, la réduction du risque
d’AVC était de 52 %.
Chez les patients traités par l’association perin-
dopril + indapamide, la réduction de pression
* Service de neurologie,
CHU de Saint-Étienne.
166
Correspondances en neurologie vasculaire - n° 4 - Vol. II - octobre-novembre-décembre 2002
Dossier thématique
PROGRESS