La minéralisation pulpaire : étiologies

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Voisin Florence
UNIVERSITE CLAUDE BERNARD-LYON I
U.F.R. D'ODONTOLOGIE
Année 2012
THESE N° 2012 LYO 1D 009
THESE
POUR LE DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN CHIRURGIE DENTAIRE
Présentée et soutenue publiquement le :
6 Mars 2012
par
VOISIN Florence
Née le 5 Mai 1987, à Dijon (21)
_____________
La minéralisation pulpaire : étiologies, conséquences et thérapeutiques
______________
JURY
Monsieur le Professeur MAGLOIRE Henry
Président
Madame le Docteur LUCCHINI Marion
Assesseur
Madame le Docteur RICHARD Béatrice
Assesseur
Monsieur le Docteur VIENNOT Stéphane
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Voisin Florence
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Voisin Florence
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M. Patrick EXBRAYAT, Mme Brigitte GROSGOGEAT,
Mme Sophie VEYRE-GOULET
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
A notre Président du jury,
Monsieur le Professeur Henry Magloire
Professeur des Universités à l’UFR d’Odontologie de Lyon
Praticien-Hospitalier
Docteur en Chirurgie Dentaire
Docteur en Sciences Odontologiques
Habilité à diriger des Recherches
Doyen Honoraire de l’UFR d’Odontologie de Lyon
Vous nous faites l’honneur de présider notre jury et nous vous en
sommes très reconnaissant.
Votre gentillesse et votre bonne humeur sont appréciées par tous les
étudiants.
Recevez l’expression de nos remerciements les plus sincères.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
A notre directrice de thèse,
Madame le Docteur Marion LUCCHINI
Maître de Conférences à l'UFR d'Odontologie de Lyon
Praticien-Hospitalier
Docteur en Chirurgie Dentaire
Docteur de l'Université Lyon I
Nous vous remercions d’avoir accepté de diriger notre thèse.
Merci pour l’enseignement que vous nous avez donné tout au long
de notre cursus. Nous tenions également à vous remercier pour
votre sympathie.
Veuillez recevoir ici le témoignage de notre profonde gratitude.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
A nos juges,
Madame le Docteur Béatrice Richard
Maître de Conférences à l'UFR d'Odontologie de Lyon
Praticien-Hospitalier
Docteur en Chirurgie Dentaire
Docteur de l'Université Bordeaux 2
Nous vous sommes reconnaissants d’avoir accepté de faire partie de
ce jury.
Nous n’avons pas eu la chance de vous compter parmi nos
enseignants. Nous vous remercions de la gentillesse que vous avez
portée à notre égard.
Recevez l’expression de nos remerciements les plus sincères.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
Monsieur le Docteur Stéphane VIENNOT
Maître de Conférences à l'UFR d'Odontologie de Lyon
Praticien-Hospitalier
Docteur en Chirurgie Dentaire
Ancien Interne en Odontologie
Docteur de l'Université Lyon
Nous vous sommes remercions d’avoir accepté de faire partie de ce
jury.
Merci de nous avoir fait partager vos connaissances et votre savoirfaire. Nous n’oublierons pas les conseils que vous nous avez
enseignés.
Recevez l’expression de notre profonde gratitude et de nos sincères
remerciements.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
A mes parents qui m’ont tout donné sans compter et grâce à qui j’ai pu en
arriver là. Merci pour votre perpétuel soutien, votre générosité et votre patience.
A Pierre-Alexis, qui a m’a toujours soutenu. Je suis très heureuse de pouvoir
passer plus de temps à tes côtés, merci Paris !
A toute ma famille, grands-parents, oncles, tantes, cousins et cousines ainsi qu’à
ma belle-famille. A mon grand-père maternel et à Jean-Yves, que je n’oublie
pas.
A mes amis de lycée, Marine, Cécile, Mélanie, Doud, Antho, Yannick,
Benjamin, Jérome, sans qui un nouvel an ne peut pas se faire dignement.
A Marion, Céline C et F, Ophélie, Claire, Maud, Romain, Laurent et tous les
autres dentaires qui ont fait de ces années de fac de merveilleux souvenirs !
A Franck et à Béatrice qui m’ont fait découvrir mon premier cabinet dentaire.
A Magali, Audrey et Virginie, et leurs assistantes, qui m’ont fait confiance et
m’ont laisser travailler à leurs côtés.
A tous ceux que j’ai pu oublier mais qui compte pour moi.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
A Yannick, merci d’être présent chaque jour. Merci pour le soutien constant que
tu m’apportes. Je chéris ces années passées à tes côtés et espère qu’elles seront
encore très nombreuses. Avec tout mon amour, je t’aime.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
SOMMAIRE
INTRODUCTION ....................................................................................................................... 1
1.
LE COMPLEXE PULPO-DENTINAIRE ET SON POTENTIEL REPARATEUR.................................. 2
1.1
HISTOLOGIE ....................................................................................................................... 2
1.1.1
LA PULPE................................................................................................................................... 2
1.1.1.1
Les composants cellulaires ................................................................................................. 3
1.1.1.1.1
L’odontoblaste................................................................................................................. 4
1.1.1.1.2
Les autres composants cellulaires ................................................................................... 5
1.1.1.2
1.1.2
Les composants matriciels.................................................................................................. 8
LA DENTINE ............................................................................................................................. 10
1.1.2.1
La phase minérale : la prédentine et la zone de minéralisation....................................... 11
1.1.2.2
La phase organique........................................................................................................... 12
1.1.2.3
La perméabilité dentinaire ............................................................................................... 13
1.2
PHYSIOLOGIE ................................................................................................................... 15
1.2.1
LES ROLES DE LA PULPE .............................................................................................................. 15
1.2.1.1
Vascularisation.................................................................................................................. 15
1.2.1.2
Innervation........................................................................................................................ 16
1.2.1.3
Dentinogenèse et potentiel réparateur de la pulpe......................................................... 19
1.2.2
LES DENTINES PHYSIOLOGIQUES .................................................................................................. 20
1.2.3
LA DENTINE TERTIAIRE, EXPRESSION DU POTENTIEL REPARATEUR PULPO-DENTINAIRE ........................... 23
1.2.3.1
La dentine réactionnelle ................................................................................................... 23
1.2.3.2
La dentine réparatrice ...................................................................................................... 24
2.
LA MINERALISATION PULPAIRE ....................................................................................... 24
2.1
PROCESSUS PHYSIOLOGIQUE ................................................................................................ 24
2.1.1 LA SCLEROSE DU COMPLEXE PULPO-DENTINAIRE ................................................................................ 24
2.1.2 LES CALCIFICATIONS PULPAIRES....................................................................................................... 28
2.2
PROCESSUS PATHOLOGIQUE D’ORIGINE NON CARIEUSE ............................................................... 33
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
2.2.1
ETIOLOGIE ............................................................................................................................... 33
2.2.1.1
Traumatisme antérieur..................................................................................................... 33
2.2.1.1.1
La subluxation................................................................................................................ 34
2.2.1.1.2
L’extrusion ..................................................................................................................... 34
2.2.1.1.3
La luxation latérale ........................................................................................................ 35
2.2.1.1.4
La fracture radiculaire.................................................................................................... 36
2.2.1.2
2.2.2
Les parafonctions.............................................................................................................. 38
HISTOPATHOLOGIE ................................................................................................................... 39
3.
CONSEQUENCES ET CHOIX THERAPEUTIQUES .................................................................. 40
3.1
CONSEQUENCES DE LA MINERALISATION PULPAIRE .................................................................... 40
3.1.1
DYSCHROMIES ......................................................................................................................... 40
3.1.1.1
Les dyschromies physiologiques....................................................................................... 41
3.1.1.2
Les dyschromies post-traumatiques................................................................................. 42
3.1.2
3.2
ATTENUATION OU PERTE DE LA VITALITE PULPAIRE ......................................................................... 42
CHOIX THERAPEUTIQUES ..................................................................................................... 45
3.2.1
PRISE EN CHARGE DES DYSCHROMIES ........................................................................................... 45
3.2.1.1
L’éclaircissement .............................................................................................................. 45
3.2.1.1.1
Eclaircissement externe................................................................................................. 46
3.2.1.1.2
Les composites............................................................................................................... 52
3.2.1.1.3
Les facettes .................................................................................................................... 53
3.2.1.1.4
Les couronnes céramo-céramiques et céramo-métalliques ......................................... 55
3.2.2
PRISE EN CHARGE DU TRAITEMENT ENDODONTIQUE ....................................................................... 55
3.2.2.1
Quand l’envisager ? .......................................................................................................... 55
3.2.2.2
Comment l’envisager ? ..................................................................................................... 57
3.2.2.2.1
L’apport de la radiographie ........................................................................................... 61
3.2.2.2.2
Les aides visuelles .......................................................................................................... 62
CONCLUSION......................................................................................................................... 66
BIBLIOGRAPHIE :.................................................................................................................... 67
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
1
INTRODUCTION
La dentisterie a évolué ces dernières décennies dans ses objectifs. Il faut de nos
jours répondre à une demande de soins mais aussi à une demande esthétique de plus en
plus forte. Le sourire fait parti intégrant de l’image de soi et il faut qu’il corresponde aux
critères actuels de notre société. Ainsi, le chirurgien-dentiste est très souvent amené à
restaurer des dents antérieures. La dyschromie d’une dent antérieure due à la
minéralisation pulpaire est, par exemple, jugée inesthétique par de nombreux patients.
C’est pourquoi nous avons choisi de traiter ce sujet.
Nous allons dans la première partie rappeler l’histologie du complexe pulpo-dentinaire.
Nous évoquerons également les rôles de la pulpe au sein de l’organe dentaire. Cela nous
permettra de comprendre les mécanismes de dentinogenèse élaborés dans des
conditions physiologiques mais aussi pathologiques.
Nous étudierons dans la seconde partie les phénomènes qui sont à l’origine de la
minéralisation pulpaire. Nous commencerons par mettre en avant les phénomènes
physiologiques, tel que la sénescence, qui aboutissent à une minéralisation puis nous
décrirons les différents phénomènes pathologiques.
Dans la dernière partie, nous verrons quelles sont les conséquences de la minéralisation
pulpaire, puis nous envisagerons les différentes thérapeutiques qui peuvent être mises en
place. Nous aborderons le traitement des dyschromies par des techniques non invasives
telles que les éclaircissements puis nous envisagerons le recours à des techniques plus
invasives, les solutions adhésives par exemple. Nous traiterons ensuite de la nécessité ou
non de réaliser un traitement endodontique sur une dent minéralisée, suivant son
étiologie, et comment l’envisager.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
2
1. LE
COMPLEXE
PULPO-DENTINAIRE
ET
SON
POTENTIEL
REPARATEUR
1.1 HISTOLOGIE
1.1.1 La pulpe
La pulpe est le tissu conjonctif lâche spécialisé situé au centre de la dent. Elle fait suite à
la papille ectomésenchymateuse du germe dentaire à la fin du stade de la cloche. La
pulpe centrale devient progressivement riche en fibres de collagène et est innervée et
vascularisée. C’est également à ce moment que vont se former les odontoblastes
primaires à partir des cellules périphériques de la pulpe.
Les odontoblastes primaires vont sécréter la matrice dentinaire qui une fois minéralisée
donnera la dentine primaire. Cette dentine primaire va cercler progressivement la pulpe
coronaire et radiculaire. La pulpe est alors confinée dans ce nouvel espace : la chambre
pulpaire au niveau coronaire et le canal radiculaire au niveau de la racine. Le foramen
apical situé à l’extrémité de la racine permet la vascularisation et l’innervation des tissus
pulpaires. Des diverticules pulpaires sont également présents dans les canaux accessoires,
secondaires et latéraux situés au niveau de la racine (Piette et Goldberg, 2001).
La pulpe a pour rôle la formation des différentes dentines, le maintien de sa structure et
la neuro-transmission des informations sensorielles.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
3
1.1.1.1 Les composants cellulaires
La pulpe est composée de différents groupes de cellules dispersées dans une matrice
extracellulaire hydratée peu dense.
On retrouve parmi les groupes cellulaires les odontoblastes, les fibroblastes, les fibres
nerveuses (myéliniques ou amyéliniques), les cellules associées à la vascularisation, les
cellules de défense des tissus ainsi que des cellules mésenchymateuses indifférenciées.
Ces groupes cellulaires sont répartis au sein de la matrice en fonction de leurs
caractéristiques. Deux zones sont repérées, une région périphérique et une région
centrale.
La région centrale est constituée des éléments ayant des propriétés nutritives (les
fibroblastes), des éléments nerveux et sanguins, des éléments de défense (les cellules
dendritiques) et des cellules mésenchymateuses indifférenciées.
La région périphérique est appelée région dentinogénétique parce qu’elle correspond au
front de formation des dentines. Elle peut être elle-même divisée en 3 zones :
• La zone la plus périphérique : elle n’est constituée que d’odontoblastes et est donc
responsable de la formation des dentines.
• La zone centrale : elle est dépourvue de cellules et est retrouvée au niveau des
cornes pulpaires. Elle est aussi appelée couche acellulaire de Weil. Elle comprend
la majeure partie du plexus capillaire sous-odontoblastique et les branches
terminales des fibres nerveuses sensitives et autonomes (plexus de Raschkow)
ainsi que quelques prolongements cytoplasmiques des éléments proches de la
pulpe.
• La zone la plus proche de la pulpe : elle est de faible épaisseur et est appelée
couche sous-odontoblastique de Höhl. Elle est riche en fibroblastes, en cellules
dendritiques et en cellules mésenchymateuses indifférenciées. Elle est en
continuité avec le parenchyme pulpaire par sa face interne.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
4
1.1.1.1.1 L’odontoblaste
L’odontoblaste est une cellule polarisée constituée d’un corps et d’un prolongement
cytoplasmique. C’est une cellule post-mitotique dont la durée exacte de vie n’est pas
connue ; certains auteurs l’auraient estimée de 2 à 4 ans (Piette et Goldberg, 2001).
1.1.1.1.1.1 Le corps cellulaire de l’odontoblaste
Le corps cellulaire de l’odontoblaste a une longueur de 20 à 40 µm et une largeur de 3
µm. Ce corps peut être divisé en trois (Piette et Goldberg, 2001) :
• Le tiers basal :
Dans le tiers basal se situe un réticulum endoplasmique granulaire fortement développé
dont les citernes s’allongent sur tout le grand axe de la cellule dans ses parties latérales.
Un noyau ainsi qu’un nucléole sont aussi présents.
• Le tiers médian :
Dans le tiers médian se situe un appareil de Golgi comprenant plusieurs dictyosomes
situés dans la partie centrale, entre les citernes du réticulum endoplasmique granulaire.
Des lysosomes et des corps multivésiculaires sont également présents.
• Le tiers apical :
Dans le tiers apical, il n’y a plus de réticulum endoplasmique granulaire. Des vésicules, des
mitochondries ainsi que les systèmes d’ancrage, des jonctions intercellulaires terminales,
sont présents.
Le cytoplasme important de l’odontoblaste est soutenu par un cytosquelette fortement
développé, notamment par des microtubules, sur tout le grand axe du corps.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
5
1.1.1.1.1.2 Le prolongement odontoblastique
Le prolongement odontoblastique se développe à partir du pôle apical, distal, du corps
cellulaire. Il a une largeur de 0,5 à 1 µm et est limité par une membrane cytoplasmique.
Les parties latérales et centrales contiennent des faisceaux de microtubules et de
filaments intermédiaires, le tout étant tenu par des microfilaments. De petites
mitochondries et des vésicules d’endocytose et d’exocytose sont présentes mais il n’y a
aucune organelle cellulaire liée à une activité de synthèse.
A partir du tronc central, de fines ramifications latérales émergent. Il semblerait que le
rôle des ces ramifications soient d’être des intégrateurs d’espace, elles n’ont pas de rôle
dans les fonctions d’endocytose et d’exocytose (Piette et Goldberg, 2001).
1.1.1.1.2 Les autres composants cellulaires
• Les fibroblastes :
Les fibroblastes situés dans la pulpe centrale sont fusiformes et ne sont pas polarisés. Ils
contiennent les organites cellulaires nécessaires à la synthèse protéique tels que le
réticulum endoplasmique et les appareils de Golgi par exemple. Le prolongement des
fibroblastes ainsi que les desmosomes permettent de relier ces cellules par les jonctions
communicantes.
La fonction principale des fibroblastes est l’élaboration et le remaniement de la matrice
extracellulaire de la pulpe. On distingue alors les fibroblastes qui ont une activité
importante et les fibrocytes qui ont une activité beaucoup plus réduite. Les fibrocytes
sont présents dans les pulpes âgées ayant une activité réduite alors que les fibroblastes
sont présents dans les pulpes à activité forte. Les fibrocytes sont des fibroblastes au repos
(Piette et Goldberg, 2001).
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
6
• Les cellules mésenchymateuses :
Les cellules mésenchymateuses indifférenciées sont les précurseurs des cellules
différenciées du tissu conjonctif pulpaire. Elles sont situées dans la couche sousodontoblastique de Höhl et dans la zone de la pulpe centrale, toujours à proximité des
vaisseaux sanguins. Ce sont des cellules dans un état latent. En fonction du stimulus
envoyé, elles vont pouvoir se différencier soit en odontoblastes soit en fibroblastes. Elles
assurent le potentiel régénérateur de la pulpe (Cooper et coll., 2010).
Dans les pulpes âgées, la diminution du nombre de cellules mésenchymateuses
indifférenciées associée à d’autres facteurs de sénescence aboutit à une diminution du
potentiel de défense de la pulpe (Piette et Goldberg, 2001).
• Les cellules immunocompétentes :
Les cellules immunocompétentes de la pulpe sont les cellules dendritiques, les
macrophages ainsi que les lymphocytes T. Elles ne représentent que 8 % des cellules
pulpaires. Les lymphocytes T ne sont présents qu’en très faible quantité. Les cellules
dendritiques sont quatre fois plus nombreuses que les macrophages.
Les macrophages sont de grandes cellules situées dans les zones péri-vasculaires. Leur
rôle est, en l’absence d’inflammation, d’éliminer les cellules mortes présentes dans la
pulpe. En cas d’inflammation, leur rôle est d’éliminer les bactéries en association avec les
lymphocytes T.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
7
Les cellules dendritiques sont des cellules de grande taille, 50 µm au minimum. Elles sont
reliées entre elles par les dendrites qui sont leurs extensions cytoplasmiques. Chaque
cellule possède au moins trois dendrites. Les dendrites forment un réseau continu au sein
du parenchyme pulpaire. Ces cellules sont situées en majorité dans la couche sousodontoblastique de Höhl mais aussi au centre de la pulpe, toujours à proximité des
vaisseaux sanguins. Au niveau de la couche sous-odontoblastique de Höhl, les cellules
dendritiques augmentent en nombre lors de la sécrétion de dentine. Elles vont pouvoir
pénétrer au sein de la couche odontoblastique pour s’associer intimement avec les
capillaires fenestrés proches de la prédentine. Des interactions fonctionnelles entre les
cellules dendritiques et les cellules endothéliales seraient possibles (Piette et Goldberg,
2001).
Le rôle des cellules dendritiques est de capturer puis de présenter les antigènes
protéiques étrangers aux cellules lymphocytaires. Elles n’ont qu’une faible capacité de
phagocytose mais une capacité d’endocytose élevée qui leur permet d’ingérer les
antigènes fixés à leur surface. Elles ont donc un rôle très important dans le système
d’immuno-surveillance de la pulpe (Piette et Goldberg, 2001).
Les cellules immunocompétentes de la pulpe sécrètent également des cytokines et des
chimiokines en réponse à un stress cellulaire. Ce sont de petites protéines de signalisation
qui sont capables de réguler les réponses immunes et inflammatoires (Cooper et coll.,
2010).
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
8
1.1.1.2 Les composants matriciels
Les composants matriciels de la pulpe sont constitués des fibres de collagène, des
glycosaminoglycanes, des glycoprotéines, de l’élastine, des métalloprotéases matricielles
ainsi que des lipides (Piette et Goldberg, 2001).
• Les fibres de collagène :
Les fibres de collagène représentent 34 % des protéines de la pulpe. On retrouve
majoritairement des fibres de type I à 56 % et de type III à 41 %. Les 3 % restants sont
représentés par des fibres de type V et VI. Il semble également que du collagène de type
IV soit présent dans la membrane basale qui entoure les vaisseaux sanguins.
Leur rôle est le même que dans les autres tissus conjonctifs de l’organisme : il s’agit d’un
rôle structural de support du tissu conjonctif.
La quantité de fibres de collagène augmente avec l’âge, une fibrose va donc
progressivement se créer (Piette et Goldberg, 2001).
• Les glycosaminoglycanes :
Les glycosaminoglycanes représentent un peu plus de la moitié des protéines pulpaires.
On retrouve principalement des chondroïtines-4 et 6-sulfate, le dermatane-sulfate et le
kératane-sulfate, de l’acide hyaluronique en plus petite quantité et de l’héparane-sulfate
dans la membrane basale qui entoure les vaisseaux.
Leur rôle est d’assurer la rétention d’eau au sein de la pulpe et de participer à la
fibrinogenèse du collagène. Après l’éruption de la dent sur l’arcade, on assiste à un
changement de proportion des glycosaminoglycanes. On a une diminution des
chondroïtines-4 et 6-sulfate et une augmentation des dermatane-sulfate et de la quantité
d’acide hyaluronique (Piette et Goldberg, 2001).
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
9
• Les glycoprotéines :
Les glycoprotéines sont représentées par la fibronectine et, en moindre quantité, par la
ténascine et la thrombospondine. La fibronectine est synthétisée en majeure partie par
les fibroblastes pulpaires et une petite partie viendrait du sérum.
Le rôle de la fibronectine est de permettre l’adhésion au réseau collagénique de la pulpe.
Ce rôle est assuré grâce à la séquence arginine-glycine-aspartate (séquence Arg-Gly-Asp)
qui permet à la fibronectine de se lier aux membranes cellulaires. La fibronectine peut
aussi se lier aux autres composants matriciels de la pulpe comme le collagène de type III
(Piette et Goldberg, 2001).
Cette séquence Arg-Gly-Asp joue un rôle dans la nucléation lors du processus de
minéralisation en régulant la formation des cristaux d’hydroxyapatite (Cooper et coll.,
2010).
• L’élastine :
L’élastine et ses fibres élastiques sont situées autour des artérioles pulpaires de diamètre
supérieur à 100 µm. Leur rôle est de rendre élastiques les parois vasculaires (Piette et
Goldberg, 2001).
• Les métalloprotéases matricielles :
Les métalloprotéases matricielles (MMPs) constituent une grande famille d’enzymes.
Différents groupes sont retrouvés : les collagénases, les gélatinases, les stromélysines et
les MMPs de type membranaires. Tous ces groupes d’enzymes ont la particularité d’être
zinc- et calcium-dépendants et sont impliqués dans la dégradation des composants
matriciels du tissu conjonctif pulpaire.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
10
Le rôle des MMPs est essentiel dans les processus de remodelage de la pulpe à l’état
physiologique mais encore plus lors des phénomènes inflammatoires et de cicatrisation
des tissus (Piette et Goldberg, 2001 ; Cooper et coll., 2010).
• Les collagénases :
Les collagénases de la pulpe sont représentées principalement par la MMP-1 qui est
produite par les fibroblastes pulpaires. Le rôle des collagénases est de dégrader les
collagénases fibrillaires et tout particulièrement le type I et II pour la MMP-1 (Piette et
Goldberg, 2001).
• Les gélatinases :
Les gélatinases ont pour rôle de dégrader les fibres de collagène dénaturées ainsi que le
collagène de type IV des membranes basales (Piette et Goldberg, 2001).
• Les stromélysines :
Les stromélysines ont pour rôle de dégrader les « cores » protéiques des protéoglycanes.
Des lipides sont également présents dans la matrice extracellulaire de la pulpe, ils sont
associés aux fibres de collagène (Piette et Goldberg, 2001).
1.1.2 La dentine
La dentine constitue la majeure partie de la dent. Il s’agit d’un tissu conjonctif minéralisé
et avasculaire. Elle reste en contact permanent avec la pulpe par les prolongements
cytoplasmiques de ses odontoblastes. C’est la pulpe qui lui assure un approvisionnement
en substances nécessaires à sa synthèse et à son renouvellement.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
11
La dentine est formée, de façon physiologique, à 70% d’une phase minérale
(hydroxyapatite carbonatée et magnésiée) et à 30% d’autres éléments qui sont la matrice
organique (20 %) et l’eau (10 %).
Les dentines résultent principalement de l’activité de synthèse des odontoblastes.
1.1.2.1 La phase minérale : la prédentine et la zone de minéralisation
La prédentine correspond à la matrice dentinaire de la future dentine, elle n’est donc pas
minéralisée. Elle se situe entre les cellules odontoblastiques et la dentine minéralisée
(Auriol et coll., 2000).
Elle est constituée à 97 % de collagène de type I et à 3 % de collagène de type III. Elle est
également composée de phosphoprotéines, de protéoglycanes, d’albumine ainsi que de
phosphoprotéines en petites quantités.
Son épaisseur est constante au niveau coronaire, 15 à 20 µm. Ceci est dû au fait que le
dépôt de matrice et la minéralisation se font au même rythme. Son pH est plus élevé que
celui des odontoblastes et la concentration en ion Ca 2+
est plus élevée dans la
prédentine que dans la pulpe. Son élaboration se poursuit tout au long de la vie de la
dent. Elle est un peu plus étroite au niveau radiculaire.
La zone de minéralisation correspond au lieu où la matrice dentinaire devient une
structure minéralisée.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
12
Prédentine
Dentine
Figure n° 1 : Jonction prédentine-dentine (Piette et Goldberg, 2001)
Il a été montré que l’interaction entre les glycosaminoglycanes ou les protéoglycanes
avec les phospholipides permet de concentrer au voisinage du front de minéralisation les
ions calcium et phosphate. Cela favorise ainsi, dans des conditions particulières
d’associations ioniques et d’exclusion hydrique, la nucléation initiale (Piette et Goldberg,
2001).
1.1.2.2 La phase organique
La matrice organique de la dentine physiologique est constituée de 86 à 90 % de
collagènes, principalement de type I et de type III. Du collagène de type V serait
également sécrété juste avant la synthèse de la prédentine. Cette sécrétion persiste dans
les odontoblastes bien différenciés. Des traces de collagène de type VI ont été retrouvées
dans la dentine (Piette et Goldberg, 2001).
Le reste de la matrice organique est composée de 10 à 14 % de protéines non
collagéniques et de molécules non protéiques. Parmi les protéines non collagéniques, il y
a les protéines spécifiques de la dentine telles que les phosphoprotéines dentinaires.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
13
Parmi les protéines non spécifiques de la dentine on retrouve : la dentin matrix protein-1,
l’ostéopontine,
l’ostéocalcine,
l’ostéonectine,
la
sialoprotéine
osseuse
II,
les
protéoglycanes (riche en chondroïtine et kératane-sulfate), l’albumine, l’α2HSglycoprotéine, les facteurs de croissance, les amélogénines, les métalloprotéases et la
cathepsine.
Certaines protéines non collagéniques jouent le rôle de molécules bioactives dans la
régulation des processus de régénération pulpaire. On pourrait, par exemple, citer les
sialoprotéines dentinaires, les phosphoprotéines dentinaires, la dentin matrix protein-1 et
l’ostéopontine (Cooper et coll., 2010).
D’autres protéines non phosphorylées jouent elles un rôle dans la régulation des
processus de minéralisation (ostéocalcine, décorine, biglycanes) (Cooper et coll., 2010).
Des phospholipides membranaires et matriciels sont également présents (Piette et
Goldberg, 2001).
1.1.2.3 La perméabilité dentinaire
Le développement des tubules dentinaires se fait au cours de la sécrétion de la matrice
dentinaire. La partie la plus importante du corps cellulaire de l’odontoblaste va se retirer
en direction de la pulpe et il ne va rester dans la dentine que le prolongement
odontoblastique, d’où la structure dentinaire qui en découle : le tubule dentinaire (Mount
et Hume, 2002).
Les tubules dentinaires traversent toute l’épaisseur de la dentine, de la pulpe à la jonction
amélo-dentinaire. Ils sont séparés les uns des autres par de la dentine intertubulaire et
sont tapissés de dentine intratubulaire. Il circule au sein de chaque tubule un
prolongement cytoplasmique odontoblastique, des fibrilles de collagène I et V, des
fibrilles nerveuses, du fluide dentinaire ainsi que des protéines (Auriol et coll., 2000).
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
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Lumière tubulaire
Dentine péritubulaire
Dentine intertubulaire
Figure n° 2 : Structure dentinaire (Piette et Goldberg, 2001)
Le diamètre des tubules dentinaires augmente au voisinage de la pulpe jusqu’à 3 à 4 µm.
Ils ont un trajet sinueux en S. Ils peuvent s’anastomoser les uns avec les autres par
l’intermédiaire des tubules latéraux. Ils se terminent au niveau de la jonction émaildentine soit en deux branches de diamètre égal soit en arborisation (Auriol et coll., 2000).
Le nombre de tubules augmente au fur et à mesure que les couches de dentine
deviennent plus internes. On compte 50 000 tubules /mm ² au niveau du tiers interne et
20 000 / mm² dans le tiers externe de la dentine (Piette et Goldberg, 2001).
La dentine est ainsi considérée comme une structure solide perméable. Sa perméabilité
dépend du nombre et du diamètre des tubules dentinaires. Par exemple, la dentine est
plus perméable à proximité de la pulpe parce qu’à cet endroit, les tubules y sont plus
larges et plus nombreux (Mount et Hume, 2002).
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
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1.2 PHYSIOLOGIE
1.2.1 Les rôles de la pulpe
1.2.1.1 Vascularisation
La vascularisation de la pulpe est assurée par trois réseaux sanguins : artériolaire, veineux
et lymphatique (Piette et Goldberg, 2001).
Le réseau artériolaire remonte au centre du canal pulpaire jusqu’à la chambre pulpaire. Il
est constitué au niveau du foramen apical par une ou deux artérioles de 35 à 40 µm de
diamètre qui proviennent des artères dentaires. D’autres vaisseaux de plus petits calibres
peuvent également venir compléter le réseau. Ils pénètrent dans la pulpe par les canaux
accessoires latéraux. Au niveau de la pulpe coronaire, le réseau se ramifie en artérioles
secondaires qui vont elles-mêmes se ramifier en un fin réseau capillaire à la périphérie de
la chambre pulpaire. Ce réseau terminal ne mesure plus alors que 1 à 5 µm de diamètre.
Le rôle du réseau artériolaire va évoluer conjointement à la maturation de la dent. En
effet, lors de la formation de la dentine, certains des capillaires issus du réseau terminal
vont pouvoir pénétrer dans la couche odontoblastique jusqu’au contact de la prédentine.
Ces capillaires sont alors fenestrés à proximité des odontoblastes sécréteurs, ce qui
permet un meilleur transport des nutriments qui leurs sont nécessaires pour synthétiser
la matrice dentinaire. Lorsque la production dentinaire diminue, les capillaires vont
s’éloigner de la prédentine, perdre une grande partie de leurs fenestrations et revenir
dans la couche sous-odontoblastique.
Le réseau veineux est assuré par les veinules post-capillaires qui se regroupent en
veinules collectrices qui cheminent dans la partie centrale du canal radiculaire à proximité
des artères jusqu’au foramen apical.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
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Il existe au sein de la pulpe des anastomoses artério-veineuses qui ont pour rôle de
réguler le débit sanguin ainsi que la pression intra-pulpaire. De plus, elles permettent en
cas de processus inflammatoires de dériver et d’isoler une partie du flux sanguin lorsque
les capillaires sont détruits.
Le réseau lymphatique prend naissance à la périphérie pulpaire, chemine par la chambre
pulpaire puis par le canal radiculaire jusqu’au foramen apical. Le drainage ainsi effectué
est alors acheminé vers les ganglions sous-mandibulaires et sous-mentonniers puis vers
les ganglions cervicaux.
1.2.1.2 Innervation
L’innervation de la pulpe se fait dès la formation de la dentine et de l’émail. Néanmoins,
ce premier réseau nerveux reste immature jusqu’à ce que les arcades soient
fonctionnelles. On retrouve dans ce réseau des fibres sensitives issues du nerf trijumeau
et de façon moins importante des fibres vasomotrices sympathiques provenant du
ganglion cervical supérieur. De façon générale, on peut dire que la pulpe est un tissu très
richement innervé par rapport aux autres tissus de l’organisme. Ainsi, il a été évalué qu’il
pénétrait 1900 fibres nerveuses à l’apex d’une incisive et 2600 à l’apex d’une canine
(Piette et Goldberg, 2001).
Le nerf trijumeau, dont les corps cellulaires sont dans le ganglion de Gasser, est à l’origine
du nerf ophtalmique (qui innerve les régions nasale, orbitaire et frontale), du nerf
maxillaire (qui innerve les dents maxillaires) et du nerf mandibulaire (qui innerve les dents
mandibulaires). Ce sont donc les nerfs maxillaire et mandibulaire qui vont assurer
l’innervation des dents. Au sein des arcades dentaires, ces nerfs vont se diviser en
branches alvéolaires puis au niveau des apex radiculaires en deux parties. La première va
servir à l’innervation du parodonte et la seconde à l’innervation de l’endodonte.
L’innervation de la pulpe se fait par des fibres myéliniques et amyéliniques issues du nerf
trijumeau qui pénètrent dans la pulpe par le foramen apical et les foramina accessoires.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
17
Les différentes fibres nerveuses se regroupent ensuite au centre du canal radiculaire et
cheminent jusqu’à la pulpe coronaire au voisinage des vaisseaux sanguins. Dans la pulpe
coronaire, les fibres nerveuses vont se diviser en nerfs cuspidiens qui se ramifient
progressivement en direction de la périphérie pulpaire. Ces ramifications se terminent au
niveau de la couche acellulaire de Weil pour former le plexus nerveux sousodontoblastique également appelé plexus de Raschkow.
Ce plexus de Raschkow est constitué uniquement des fibres amyéliniques alors qu’elles
ne représentent que la moitié des fibres nerveuses sensitives dans le canal radiculaire.
Cela s’explique par le fait que les fibres myéliniques vont perdre progressivement leur
gaine de myéline lors de leur cheminement vers la périphérie pulpaire.
Néanmoins, toutes les fibres nerveuses ne vont pas s’arrêter au niveau du plexus de
Raschkow. Certaines fibres sensitives vont se prolonger jusque dans la prédentine, au
niveau du pôle apical de l’odontoblaste, sous la forme d’une fibre simple ou arborisée.
Ces fibres vont former un plexus marginal prédentinaire.
D’autres fibres nerveuses se prolongent jusque dans les tubules dentinaires au moment
de l’éruption de la dent. Pour une dent mature, la proportion des fibres intratubulaires
est maximale en regard des cornes pulpaires et peut atteindre 25 à 50 %.
L’innervation de la pulpe se retrouve principalement dans la région coronaire, les régions
cervicale et radiculaire le sont beaucoup moins.
Le rôle des fibres nerveuses est d’engendrer une sensibilité pulpo-dentinaire en réponse à
un stimulus thermique, chimique ou électrique. Cette sensibilité pulpo-dentinaire va
permettre à la pulpe de réagir à l’agression par la formation de dentine tertiaire : c’est le
processus de réparation pulpo-dentinaire.
Les fibres nerveuses pulpaires sont constituées en majorité par des fibres amyéliniques de
type C, des fibres de type A-δ et des fibres myéliniques A-β.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
18
Les fibres amyéliniques de type C représentent 70 à 90 % des fibres nerveuses des dents
temporaires et définitives. Elles ont un petit diamètre (0,1 à 1 µm), un seuil d’excitabilité
élevé et une vitesse de conduction lente (de 0,5 à 2 m/s). Ces fibres sont chimio- et
thermosensibles. Elles vont être activées lors d’une inflammation pulpaire et elles
transmettent des douleurs protopathiques. Les douleurs protopathiques sont des
douleurs diffuses et profondes d’origine proprioceptive. Au cours de l’inflammation, les
fibres libèrent des neuromédiateurs qui sont responsables de l’inflammation neurogène
de la pulpe. Parmi les substances libérées, on retrouve la substance P qui a un effet
vasodilatateur et d’autres neuropeptides comme la somatostatine, la CGRP, la
cholécystokinine, la met-enképhaline et la leu-enképhaline.
Les fibres de type A-δ sont également impliquées dans le processus de neurotransmission. Elles ont un diamètre plus gros (1 à 4 µm), un seuil d’excitabilité plus bas et
une vitesse de conduction plus rapide (de 4 à 30 m/s avec une moyenne de 13 m/s). Elles
transmettent des douleurs épicritiques et principalement d’ordre dentinaire. Les douleurs
épicritiques sont des douleurs aigues et localisées. Elles seraient déclenchées par le
déplacement du fluide intratubulaire lors, par exemple, du séchage ou du fraisage de la
dentine.
Les fibres myéliniques A-β transmettent la sensibilité tactile et proprioceptive. Elles on un
gros diamètre (6 à 10 µm) et une vitesse de conduction très rapide (30 à 80 m/s). Elles
pourraient être impliquées dans la perception de la sensation non douloureuse et de
faible intensité de type vibratoire (Piette et Goldberg, 2001).
Les neuropeptides véhiculés par les fibres nerveuses jouent un rôle dans le
développement de la douleur dentaire mais aussi dans la stimulation des processus de
régénération (Cooper et coll., 2010).
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
19
1.2.1.3 Dentinogenèse et potentiel réparateur de la pulpe
La dentinogenèse est un processus continu tout au long de la vie de la dent. Il y a
cependant des phases où l’activité sécrétrice initiale est intense et des phases où l’activité
sécrétrice mature est ralentie.
Elle résulte des activités de synthèse, de sécrétion et de dégradation des cellules
odontoblastiques. Les odontoblastes fabriquent la trame collagénique de la dentine puis
ils sécrètent cette matrice dans le milieu extracellulaire où elle subit une minéralisation
secondaire (Piette et Goldberg, 2001).
L’odontoblaste émet des vésicules matricielles dans lesquels se forment des cristaux
d’hydroxyapatites. Ces cristaux grossissent puis sont déversés en bouquet à l’extérieur
des vésicules au contact de la matrice collagénique. Les bouquets fusionnent alors les uns
avec les autres, c’est la minéralisation de la matrice.
Le manteau dentinaire correspond à la première couche de dentine minéralisée, il se
situe en périphérie au contact de l’émail. Les autres dentines seront appelées dentines
circumpulpaires.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
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1 : Email
2 : Manteau dentinaire
3 : Dentine tertiaire
4 : Dentine secondaire
5 : Dentine primaire
6 : Prédentine
Schéma n° 1 : Structure dentaire (Auriol et coll., 2000)
Il existe 3 dentines circumpulpaires : la dentine primaire, la dentine secondaire et enfin
la dentine tertiaire.
1.2.2 Les dentines physiologiques
Il existe deux types de dentines qui vont se succéder chronologiquement. La dentine
primaire et la dentine secondaire.
• La dentine primaire
On appelle dentine primaire la dentine qui est sécrétée par les odontoblastes issus du
développement
embryonnaire :
les
odontoblastes
primaires
encore
appelés
odontoblastes de première génération. Cette synthèse débute lors de la vie in utéro et se
poursuit jusqu’à la mise en fonction de la dent sur l’arcade.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
21
Cette dentine primaire correspond à la première minéralisation de la trame collagénique
fabriquée par les odontoblastes qui sont nouvellement polarisés. Initialement, ses limites
correspondent à celles de la chambre pulpaire. Elle ne joue pas de rôle fonctionnel parce
que les arcades ne sont pas encore en contact (Piette et Goldberg, 2001).
Elle constitue la majeure partie de la dent. Elle a une épaisseur de 150 µm et contient
dans sa portion périphérique le manteau dentinaire (Auriol et coll., 2000).
• La dentine secondaire
On appelle dentine secondaire la dentine qui est sécrétée tout au long de la vie, en
l’absence de processus pathologique. Elle apparaît lorsque la racine a fini son édification
radiculaire. Sa structure tubulaire est en continuité avec la dentine primaire et elle est
également sécrétée par les odontoblastes primaires. Elle se situe en périphérie de la
chambre pulpaire et s’accumule principalement sur le toit et le plancher de celle-ci. Cela
explique la forme particulière et asymétrique de la pulpe avec ses cornes (Auriol et coll.,
2000).
Elle diffère de la dentine primaire par sa quantité supérieure en phosphorine et en
fibrilles de collagènes épaisses. Elle est également plus minéralisée (Auriol et coll., 2000).
Les dentines physiologiques présentent deux types de dentine : la dentine intertubulaire
et la dentine péritubulaire.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
22
La dentine intertubulaire résulte de la transformation de la prédentine en dentine. Elle se
situe entre les tubules. Elle est constituée d’une phase minérale organisée en petites
paillettes longues de 60 nm et larges de 3-4 nm. Sa matrice organique est composée à 8590 % de collagène de type I. De nombreuses protéines non collagéniques sont situées soit
le long des fibrilles de collagène soit au niveau des espaces interfibrillaires. Des
glycosaminoglycanes, des protéoglycanes et des phospholipides sont présents dans cette
matrice organique. Ces protéines sont en étroite association avec le collagène de la
dentine intertubulaire. L’épaisseur des plaquettes de cette dentine peut varier en
fonction de l’état de reprécipitation du tissu. En effet, lors d’un processus de
reminéralisation, on assiste à la formation de cristallites de 12 nm d’épaisseur. La dentine
intertubulaire présente une certaine résilience et se prête facilement à l’abrasion (Piette
et Goldberg, 2001).
La dentine péritubulaire n’est pas distribuée de façon uniforme au sein de la couche
dentinaire. Sa formation débute dans les tubules à une certaine distance de la jonction
prédentine-dentine. Elle a une épaisseur qui peut varier de 0,5 à 1,5 µm. La dentine
péritubulaire résiste beaucoup mieux que la dentine intertubulaire aux pressions qui
peuvent s’exercer sur la dent, comme l’abrasion par exemple. Ceci est dû à la différence
de minéralisation des deux dentines. En effet, la dentine péritubulaire est beaucoup plus
minéralisée que la dentine intertubulaire. Les cristallites de ce type de dentine n’ont pas
les mêmes mesures que ceux de la dentine intertubulaire. Sa phase minérale est riche en
magnésium et en carbonate et ne présente pas de collagène fibrillaire. Il a été mis en
évidence par des processus de déminéralisation une résille dont la maille est de 30 nm.
Cette trame organique amorphe forme un maillage fin autour des cristallites et
contribuent à résister aux pressions subies. Elle est riche en glycoprotéines, en
protéoglycanes et en phosphoprotéines (Piette et Goldberg, 2001).
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
23
1.2.3 La dentine tertiaire, expression du potentiel réparateur pulpo-dentinaire
La dentine tertiaire est une dentine qui est formée au cours d’un processus pathologique.
Elle n’est retrouvée que sur les dents qui ont été sujettes à un traumatisme ou à une
irritation. Elle est moins perméable que les dentines primaires et secondaires. En fonction
de l’intensité du stimulus exercé sur la dent, la dentine tertiaire va être appelée dentine
réactionnelle ou dentine réparatrice.
1.2.3.1 La dentine réactionnelle
La dentine réactionnelle est élaborée en présence d’un processus carieux à évolution
lente ou lors d’un processus d’usure. Elle est sécrétée par les odontoblastes postmitotiques de première génération survivants à l’inflammation (Cooper et coll., 2010).
Elle peut être dissociée en deux parties distinctes :
•
la dentine réactionnelle sclérotique : elle se forme aux dépens de la lumière des
tubules dentinaires. Elle est la conséquence d’une augmentation du processus
physiologique de formation de la dentine péritubulaire. Elle est très minéralisée et
a un aspect translucide. Elle est moins perméable que la dentine secondaire. Elle
est différente des cristaux de Whitlockite qui correspondent à la précipitation des
cristaux d’hydroxyapatite à l’intérieur des tubules (Piette et Goldberg, 2001).
•
la dentine réactionnelle péripulpaire : elle se forme au niveau de l’interface
dentine-pulpe. Elle résulte de l’accélération de la formation de dentine
circumpulpaire par les odontoblastes (Piette et Goldberg, 2001).
La dentine réactionnelle est une protection efficace pour la pulpe en cas de lésion
carieuse chronique. Si cette lésion devient active, la dentine réactionnelle sclérotique ne
suffit plus. Elle est détruite et des signes de souffrance odontoblastique apparaissent.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
24
Cela se traduit par la nécrose des odontoblastes situés en regard de la lésion carieuse.
(Piette et Goldberg, 2001).
1.2.3.2 La dentine réparatrice
La dentine réparatrice est sécrétée par une nouvelle génération de cellules : les
odontoblastes de deuxième génération ou odontoblastes de remplacement. Ces
odontoblastes sont issus des cellules souches de la région sous-odontoblastique qui vont
se diviser puis migrer au contact de la zone de nécrose et se différencier en
odontoblastes-like. Ils vont alors sécréter une matrice extracellulaire riche en collagène
de type I et III et en fibronectine. Cette matrice est appelée ostéodentine. Lorsque qu’elle
se minéralise, elle est appelée orthodentine (Piette et Goldberg, 2001).
Il a été montré que la destruction des tissus dentaires initie des processus inflammatoires
qui libèrent des molécules de signalisation qui vont entraver les processus de
régénération pulpaire. Néanmoins, une petite inflammation, induite par un traumatisme
mécanique ou par une nécrose tissulaire, pourrait induire des mécanismes de
régénération. Il existerait donc une inter-relation entre l’inflammation des tissus
dentaires et les processus de régénération (Cooper et coll., 2010).
2. LA MINERALISATION PULPAIRE
2.1 PROCESSUS PHYSIOLOGIQUE
2.1.1 La sclérose du complexe pulpo-dentinaire
Il existe chez l’être humain un processus de vieillissement physiologique des tissus appelé
sénescence.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
25
La pulpe est affectée et subit de nombreux phénomènes dégénératifs (Piette et Goldberg,
2001) :
•
une réduction du volume pulpaire : cela est dû à la formation continue de dentine.
A 70 ans, il n’y a presque plus de chambre pulpaire, elle est comblée par une
dentine secondaire de structure très irrégulière. Cette apposition ne se fait pas de
façon homothétique. Elle est plus accentuée dans le sens longitudinal que
transversal : 50 % de la hauteur de la chambre pulpaire disparaît entre 20 et 60
ans. Les cornes pulpaires peuvent rester présentes assez longtemps bien que
réduites.
•
une diminution du nombre d’odontoblastes et de fibroblastes par apoptose : il y a
une diminution de la densité cellulaire au sein de la pulpe de 50 % entre 20 et 70
ans. Les fibroblastes ont une activité réduite et se transforment en fibrocytes de
plus petite taille. Les organites cellulaires diminuent également de taille et il n’y a
plus d’appareil de Golgi. La quantité de cytoplasme réduit fortement. Les
odontoblastes âgés ne sont plus en nombre très important. La couche
odontoblastique a un aspect lâche et désordonné et son épaisseur est très faible.
De même, la couche de prédentine est très fine et irrégulière. Le vieillissement des
odontoblastes est accéléré par la disparition du réseau capillaire périphérique et
donc la diminution des apports en métabolites.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
26
Figure n° 3 : Fibrocytes d’une pulpe âgée (Piette et Goldberg, 2001)
•
une diminution des éléments vasculaires et nerveux : le réseau vasculaire est très
diminué et montre des signes de sclérose. Le tissu conjonctif prolifère et les parois
des vaisseaux deviennent plus épaisses et moins élastiques. Il en résulte une
diminution du diamètre des vaisseaux et une réduction concomitante du débit
sanguin. La réduction du nombre de fibres nerveuses entraîne une diminution de
la sensibilité pulpo-dentinaire.
•
l’augmentation du nombre de fibres de collagène dans la matrice extracellulaire.
Elle est à l’origine d’une fibrose favorisée par la diminution de l’eau au sein de
celle-ci. Cette fibrose pourra être partielle ou occuper totalement l’espace
pulpaire réduit.
•
l’apparition fréquente de calcifications dystrophiques (Auriol et coll., 2000). Ces
calcifications locales sont des îlots de dentine para-physiologique qui peuvent
apparaître dans les pulpes jeunes mais dont le nombre et la taille augmentent
avec l’âge (Badillo et Brouillet, 1991).
La sénescence va aboutir à la sclérose pulpaire de façon physiologique et unique pour
chaque individu.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
27
La dentine alors présente dans les tubules est une dentine sclérotique intratubulaire,
formée par les odontoblastes de première génération. Cette dentine réduit la
perméabilité de la pulpe en se déposant à l’intérieur des tubules (Auriol et coll., 2000). On
assiste conjointement à une diminution du diamètre des tubules dentinaires par
apposition de dentine péritubulaire (Anagnostou et coll., 2000). Il s’en suit la rétraction
voire parfois la mort des prolongements cytoplasmiques des odontoblastes au sein des
tubules.
L’oblitération totale de la pulpe coronaire ne se rencontre pas avant 70 ans de façon
physiologique.
Les hormones pourraient également jouer un rôle dans la sénescence pulpaire. Les
études de Hietala et coll. (1998) et Silvana et coll. (2003) mettent en évidence la présence
de récepteurs à œstrogènes sur les odontoblastes de pulpe humaine. L’étude de Yokose
et coll. (1998) suggère que les œstrogènes exercent une forte influence sur la formation
de dentine secondaire. Plus récemment, l’étude de Agematsu et coll. (2009) démontre
que les femmes présenteraient une plus forte corrélation entre le volume de la chambre
pulpaire et l’âge que les hommes. Il y aurait une formation plus importante de dentine
secondaire chez les femmes que chez les hommes du même âge. Les femmes auraient
donc un volume pulpaire plus petit que leurs homologues masculins au même âge.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
28
Figure n° 4 : Pulpe jeune et pulpe âgée (Badillo et Brouillet, 1991)
2.1.2 Les calcifications pulpaires
Les calcifications pulpaires correspondent à des calcifications discrètes parmi lesquelles
on retrouve les pulpolithes et les calcifications dystrophiques diffuses. Les pulpolithes
sont retrouvés au niveau de la chambre pulpaire et les calcifications diffuses au niveau
radiculaire.
Les calcifications pulpaires sont présentes dans au moins 50% des dents. Il peut y avoir au
sein d’une dent, de une à douze calcifications pulpaires. Leur taille peut varier de 50 µm à
quelques millimètres de diamètre. Elles sont présentes dans les dents incluses, dans les
dents lactéales ainsi que dans les dents matures (Goga et coll., 2008).
Les pulpolithes se situent de façon générale sur les dents postérieures avec une
prévalence plus importante pour les molaires que pour les prémolaires. Les premières
molaires seraient plus touchées que les secondes et ceci plus au maxillaire qu’à la
mandibule. Il ne semble pas y avoir de différence entre les hommes et les femmes
(Ranjitkar et coll., 2002).
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
29
Calcifications pulpaires
Figure n° 5 : Calcifications pulpaires (Ranjitkar et coll., 2002)
Les pulpolithes peuvent être classés selon différents critères.
La première classification prend en compte le type de morphologie (Goga et coll., 2008) :
•
le vrai pulpolithe : est constitué de dentine atubulaire et est bordé en périphérie
par des odontoblastes. D’après Moss-Salentijn et Klyvert (1983), il s’agit d’une
cavité centrale remplie de cellules résiduelles entourée d’une coquille
d’odontoblastes et de dentine tubulaire.
•
le faux pulpolithe : est constitué à partir des cellules de la pulpe qui ont dégénéré
et qui se minéralisent en plusieurs étapes. Il s’agit initialement de nids de cellules
qui sont encerclés par des fibres concentriques. Cet ensemble est ensuite
imprégné par des sels minéraux puis des incréments calcifiés sont ajoutés pour
aboutir à la minéralisation du pulpolithe ainsi formé. Il peut se situer dans la pulpe
coronaire ou radiculaire et est souvent associé à des calcifications dystrophiques.
•
Le troisième type de pulpolithe : il s’agit, d’après l’étude de Mjör et Pimdborg
(1973), d’un pulpolithe diffus ou amorphe. Il est plus irrégulier que le faux
pulpolithe et apparaît en association étroite avec les vaisseaux sanguins.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
30
La deuxième classification prend en compte la localisation du pulpolithe (Goga et coll.,
2008) :
•
Le pulpolithe intégré : ce type de pulpolithe est formé dans la pulpe mais il est par
la suite absorbé dans la dentine. Ceci s’explique par l’apposition continue de
dentine secondaire physiologique qui va, petit à petit, amener le pulpolithe à se
retrouver au sein de la dentine. Ce type de pulpolithe se situe préférentiellement
dans la partie apicale du canal radiculaire.
•
Le pulpolithe adhérent : il se distingue du précédent en étant moins attaché à la
dentine. Cette différence semble être subjective parce que les pulpolithes intégrés
ne sont jamais entourés en totalité par de la dentine.
•
Le pulpolithe libre : il se situe à l’intérieur du tissu pulpaire sans être rattaché à la
dentine. Son diamètre est très variable et peut aller jusqu’à remplir tout le volume
de la chambre pulpaire.
La troisième classification prend en compte l’histologie du pulpolithe (Goga et coll.,
2008) :
•
Les pulpolithes qui ont une forme ronde ou ovoïde. Leur surface est lisse et l’on
peut voir qu’ils sont formés de strates concentriques.
•
Les pulpolithes qui n’ont pas de forme particulière. Leur surface est rugueuse et
ils ne présentent pas de strates de formation.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
31
L’étude de Le May et Kaqueler (1991) a permis de déterminer la composition de la
matrice minérale des pulpolithes. Ceux-ci possèdent 32,1 % de calcium et 14,7 % de
phosphore. Cela fait un ratio entre ces composants minéraux de 2,19 qui peut être
comparé à celui de l’hydroxyapatite qui est 2,15. Il a également été retrouvé au sein de
cette matrice minérale du fluor (0,88 %), du sodium (0,75 %), du magnésium (0,51 %)
ainsi que des traces de potassium, chlore, manganèse, zinc et fer.
L’étude de Ninomiya et coll. (2001) a déterminé la composition de la matrice organique
d’un pulpolithe libre. Celui-ci est composé principalement de collagène de type I et de
protéines non collagéniques qui sont l’ostéonectine, l’ostéopontine et l’ostéocalcine.
L’origine des ces calcifications n’a pas été encore très bien établie. Différentes hypothèses
ont été avancées (Ranjitkar et coll., 2002) :
• pour Kontaputra et coll. (2002) : les maladies systémiques ainsi que les maladies
génétiques telles que la dentine dysplasique, la dentinogenèse imparfaite et
certains syndromes dont le syndrome de Van Der Woude
auraient pour
conséquence une forte prévalence de pulpolithes (Goga et coll., 2008).
•
la dégénérescence pulpaire
•
les mouvements des forces orthodontiques
•
l’interaction inductrice entre l’épithélium et la pulpe
•
la perturbation de la circulation sanguine
•
les facteurs idiopathiques
•
la prédisposition génétique
•
les caries, les obturations profondes, les inflammations chroniques et l’âge.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
32
Figure n° 6 : Pulpolithe extrait d’une molaire (Caron et Martin, 2010)
Les calcifications diffuses correspondent à des masses non organisées situées dans la
partie apicale du canal radiculaire. Il s’agit de multiples centres qui sont initialement
séparés les uns des autres par de la substance fondamentale. Ces centres vont s’accroître
en s’allongeant selon le grand axe de la racine. Leur forme ellipsoïdale va leur permettre
de fusionner pour prendre la forme de cylindres calcifiés attachés. Ces cylindres sont
attachés les uns aux autres par leurs côtés et unis dans une matière calcifiée dépourvue
de masse fibreuse (Johnson et Bevelander, 1956).
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
33
2.2
PROCESSUS PATHOLOGIQUE D’ORIGINE NON CARIEUSE
2.2.1 Etiologie
2.2.1.1 Traumatisme antérieur
L’oblitération canalaire associé à un changement de couleur de la dent (dyschromie)
résulte souvent d’un traumatisme antérieur maxillaire. Ces deux conséquences peuvent
s’expliquer par l’atteinte des vaisseaux
apicaux causée par le traumatisme. Une
apposition rapide d’ostéodentine se produirait dans la cavité pulpaire au moment de la
reprise de la circulation sanguine vers la pulpe, circulation qui a été un moment
ischémiée. Cette oblitération peut être totale ou partielle et peut entraîner une réponse
négative des tests de sensibilité pulpaire (Andreasen, 1987).
Le processus de formation de dentine réparatrice en réponse à un traumatisme a été
montré par Ten Cate en 1998 (Amir et coll., 2001). Ce sont les odontoblastes de seconde
génération qui sont responsables de l’apposition d’un tissu dur ressemblant à de la
dentine. La formation de dentine réparatrice dépend aussi du degré de sévérité du
traumatisme. Plus le choc a été violent, plus la vitesse de formation de cette dentine sera
rapide (Amir et coll., 2001).
Selon Andreasen et coll. (1987), il existe deux types d’oblitérations endocanalaires :
• L’oblitération endocanalaire partielle : elle est limitée à la partie coronaire de la
pulpe.
• L’oblitération endocanalaire totale : elle est étendue à la pulpe coronaire et
radiculaire.
Néanmoins, il a été montré histologiquement que même dans les pulpes qui apparaissent
totalement oblitérées, il resterait un canal pulpaire très étroit au niveau radiculaire
(Andreasen et coll., 1987).
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
34
2.2.1.1.1 La subluxation
La subluxation correspond à un choc frontal. La dent est ébranlée, le choc est plus fort
que lors d’une concussion.
Figure n ° 7 : Concussion de 12 et subluxation de 21 (Naulin-Ifi, 2005)
•
Pronostic pulpaire :
Le pronostic d’une dent ayant subi une subluxation est bon. On observe une persistance
de la vitalité pulpaire dans 100% des cas pour les dents immatures et 85% des cas pour
les dents matures (Naulin-Ifi, 2005).
L’oblitération endocanalaire est observée dans 10% des cas pour les dents matures
(Naulin-Ifi, 2005).
2.2.1.1.2 L’extrusion
L’extrusion correspond à un choc oblique de la dent qui déplace celle-ci partiellement
hors de son alvéole. Il y a une atteinte sévère du paquet vasculo-nerveux et du ligament
parodontal. Il n’y a pas de fracture alvéolaire associée.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
35
Figure n° 8 : Extrusion d’une 21 (Naulin-Ifi, 2005)
• Pronostic pulpaire :
Le pronostic pulpaire dépend du stade d’édification radiculaire de la dent et du
repositionnement dans l’alvéole.
Pour les dents matures, la nécrose pulpaire est très fréquente. Il n’y a pas de
revascularisation du paquet vasculo-nerveux possible en général. L’oblitération
endocanalaire est très rare.
Pour les dents immatures, les oblitérations endocanalaires sont fréquentes alors que les
nécroses pulpaires sont rares. Une revascularisation est possible lorsque l’apex de la dent
est ouvert et que le repositionnement est atraumatique. La revascularisation va alors
permettre à la dent de terminer son édification radiculaire (Naulin-Ifi, 2005).
2.2.1.1.3 La luxation latérale
La luxation latérale correspond à un choc violent entraînant un déplacement non axial de
la dent, qui est souvent associé à une fracture alvéolaire. La dent n'est plus dans le même
axe que les autres. Il y a un saignement au niveau du sulcus ainsi qu’une douleur
spontanée ou provoquée par une simple pression (Naulin-Ifi, 2005).
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
36
• Pronostic pulpaire :
Pour les dents matures, le pronostic pulpaire est défavorable. Le taux de survie est de 10
%. On observe une nécrose de ces dents dans 80 % des cas. L’oblitération endocanalaire
n’a été mise en évidence que pour 10 % des dents.
Pour les dents immatures, le pronostic est meilleur. La dent n’ayant pas terminé son
édification radiculaire, le paquet vasculo-nerveux n’est pas toujours sectionné. La vitalité
pulpaire subsiste dans 20 % des cas. Dans 10 % des cas, le choc entraîne une nécrose de la
dent. L’oblitération endocanalaire est observée dans 70% des cas (Naulin-Ifi, 2005).
2.2.1.1.4 La fracture radiculaire
Les fractures radiculaires sont observées en général chez les sujets entre 11 et 20 ans.
Elles représentent 0,5 à 7 % des traumatismes en denture définitive et 2 à 4 % en denture
temporaire (Naulin-Ifi, 2005).
Figure n° 9: Fracture radiculaire du tiers moyen avec déplacement extrusif (Naulin-Ifi,
2005)
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
37
•
Pronostic pulpaire :
En présence d’une fracture radiculaire, on observe quatre types de réponse biologique
(Naulin-Ifi, 2005) :
o cicatrisation par tissu calcifié
o cicatrisation par interposition de tissu fibreux
o cicatrisation par interposition d’os
o absence de cicatrisation par interposition de tissu de granulation
Un traumatisme de faible intensité va entraîner une guérison par apposition de tissu dur.
La vitalité pulpaire persiste, le cal de cicatrisation est formé de dentine tertiaire
réactionnelle et de cément.
Un traumatisme d’intensité moyenne va entraîner une guérison par interposition de tissu
conjonctif. La dent est toujours vitale. On observe un nouvel espace desmodontal entre
les deux fragments ainsi qu’un pont osseux.
Un traumatisme sévère va entraîner une absence de guérison avec interposition de tissu
de granulation entre les deux fragments. La mobilité du fragment coronaire est très
importante et on observe une nécrose pulpaire (Naulin-Ifi, 2005).
L’oblitération endocanalaire survient dans 73 à 86 % des cas. Il est observé en général une
oblitération endocanalaire du fragment coronaire et une pulpe vitale dans le fragment
radiculaire. Si la dent n’était pas mature au moment du traumatisme, le fragment
radiculaire peut continuer son édification radiculaire. Il n’est alors pas nécessaire
d’entreprendre un traitement, seule une surveillance radiologique peut être envisagée.
(Naulin-Ifi, 2005).
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
38
2.2.1.2 Les parafonctions
Les parafonctions regroupent les abrasions et les attritions pathologiques. Elles sont
toutes à l’origine d’un dépôt accéléré de dentine tertiaire réactionnelle. La dentine
apparaît alors plus foncée, brunâtre et plus dure aux niveaux des zones d’usure. Les
perforations pulpaires sont rares en raison du dépôt rapide de dentine réactionnelle. Les
tissus durs de ces dents possèdent alors 8 % de substances minérales de plus que des
dents saines, parce qu’il y a une oblitération des tubules dentinaires (Piette et Goldberg,
2001).
Figure n° 10 : Bruxisme (Brocard, 2008)
La dentine réactionnelle présente au sein des dents ayant subi des parafonctions est de
deux types : elle peut être tubulaire ou atubulaire. Les zones présentant une structure
tubulaire ont une morphologie similaire à celle de la dentine secondaire physiologique.
Les zones atubulaires ont la même apparence que la dentine intertubulaire physiologique
avec en plus des fibres minéralisées. Ces dernières zones atubulaires seraient retrouvées
principalement proches de la pulpe (Senawongse et coll., 2007).
Il a également été montré que cette dentine réactionnelle était significativement moins
perméable que la dentine secondaire (Senawongse et coll., 2007).
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
39
2.2.2 Histopathologie
De nombreuses études histopathologiques ont essayé d’évaluer le statut pulpaire d’une
dent présentant des calcifications (Amir et coll., 2001).
L’étude de Lundberg et Cvek (1980), dans (Amir et coll., 2001), portant sur vingt incisives
maxillaires traitées endodontiquement au microscope, a montré que le tissu pulpaire
résiduel présent dans les dents oblitérées suite à un traumatisme était caractérisé par
une augmentation du collagène et une diminution du nombre de cellules. Du tissu
ostéoïde avec des cellules incluses a été retrouvé dans la pulpe au contact des zones
minéralisées. Ils en ont conclu que ces dents n’auraient pas dû subir de traitement
endodontique parce qu’il y avait toujours des cellules vivantes sans zone de nécrose.
L’étude de Torneck (1990), dans (Amir et coll., 2001), a montré que la dentine tertiaire
apparue en réponse au traumatisme était une dentine très irrégulière constituée d’un
labyrinthe de petits espaces irréguliers et de culs –de –sacs qui s’étendent de la chambre
pulpaire au foramen apical. Ces irrégularités sont moins répandues lorsque la vitesse de
calcification est plus lente, le dépôt de dentine se fait alors uniquement à la périphérie de
l’espace pulpaire. La structure de la dentine est alors plus régulière et principalement de
type tubulaire ; du tissu pulpaire peut être retrouvé au niveau de la partie centrale de la
racine.
Holan (1998), dans (Amir et coll., 2001), a montré une structure ressemblant à des
tubules étendue le long du canal pulpaire. Cette structure était le plus souvent séparée de
la dentine radiculaire par du tissu pulpaire normal et avait l’apparence d’ostéodentine
contenant des inclusions cellulaires disposées en rond.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
40
3. CONSEQUENCES ET CHOIX THERAPEUTIQUES
3.1 CONSEQUENCES DE LA MINERALISATION PULPAIRE
3.1.1 Dyschromies
L’organe dentaire peut être considéré comme un noyau dentinaire opaque et coloré
entouré d’une coque d’émail semi translucide. La dentine est responsable de la
saturation, de la teinte et de la fluorescence de la dent, tandis que l’émail lui confère sa
luminosité et son opalescence. Cette association dentine-émail va donner la couleur
finale de la dent.
La dyschromie dentaire correspond à une modification de la couleur d’origine d’une dent.
La couleur d’une dent est déterminée par sa composition, sa structure, l’épaisseur des
tissus durs qui la compose et leurs propriétés optiques. Tout au long de la vie, de
nombreux facteurs vont agir sur ces paramètres et modifier en conséquence la couleur
des dents. La dyschromie va varier selon son étiologie, son aspect, sa composition, sa
localisation et son intensité (Faucher et coll., 2001).
Figure n° 11 : Dyschromie de 11 (Doc. Int. 2011)
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
41
Les dyschromies dentaires sont classées en deux groupes : les dyschromies primitives (les
dents sont colorées dès l'éruption des dents lactéales ou des dents définitives, que nous
ne développerons pas) et les dyschromies secondaires, ou acquises (les dents se colorent
alors qu'elles présentaient à l’origine une autre couleur). Les dyschromies secondaires
apparaissent après la minéralisation de la dent. Elles peuvent être extrinsèques ou
intrinsèques. Les dyschromies extrinsèques, dites acquises, sont dues aux agents
externes.
Les dyschromies intrinsèques affectent le complexe organo-minéral de la dent. Elles
résultent le plus souvent du vieillissement physiologique, de traumatismes dentaires ou
de procédures iatrogéniques.
3.1.1.1 Les dyschromies physiologiques
Chez la personne âgée, il y a une modification des paramètres définissant la couleur
d’une dent.
L’émail va être le siège de modifications au cours du vieillissement (Piette et Goldberg,
2005). Ces modifications sont :
• une usure de surface qui élimine une partie ou la totalité de la couche
aprismatique externe.
• une tendance à se colorer par l’incorporation d’éléments minéraux et par
épaississement de la masse dentinaire.
• une réduction de sa perméabilité.
• une augmentation de la concentration de fluorures.
La dentine, qui est responsable de la couleur, subit une minéralisation secondaire
physiologique. Elle devient de plus en plus saturée, plus opaque, moins translucide, ce qui
modifie la couleur finale de la dent.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
42
La pulpe est aussi responsable de ce changement par la diminution de son volume suite à
l’apposition de dentine secondaire.
3.1.1.2 Les dyschromies post-traumatiques
Un choc dentaire, sans rupture du paquet vasculo-nerveux, a pour conséquence une
hémorragie pulpaire plus ou moins importante. Cette hémorragie va entraîner une
réponse pulpaire majeure qui sera responsable d’une calcification interne accélérée.
Cette nouvelle apposition va donner une teinte plus saturée et moins translucide à la
dent (Faucher et coll., 2001). La dent présente alors une couleur caractéristique jaune due
à l’augmentation de l’épaisseur de dentine sous-jacente et à la façon irrégulière dont la
nouvelle dentine est apposée (Pedorella et coll., 2000).
Lorsque l’hémorragie post-traumatique est localisée et peu importante, la dent reste
vitale. Le sang est véhiculé par les tubules dentinaires où les globules rouges subissent
une hémolyse. De l’hémoglobine résulte de l’hémolyse et libère des ions Fe ++. En
s’oxydant, ces ions vont donner des oxydes de fer. Dans certains cas, les oxydes de fer
vont se combiner au sulfite d’hydrogène pour donner du sulfite de fer de couleur noir
bleuté. Les sulfites de fer vont migrer en direction de l’émail, via les tubules dentinaires et
colorer la dent en gris foncé (Faucher et coll., 2001 ; Miara A. et P., 2006).
3.1.2 Atténuation ou perte de la vitalité pulpaire
Pour contrôler la vitalité de la pulpe, il est possible de faire des tests thermiques et
électriques. Les tests thermiques sont vasoactifs alors que les tests électriques sont
nociceptifs.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
43
Le test thermique le plus utilisé est le test au froid. Il s’agit de placer une boulette de
coton imbibée de dichlorodifluorométhane sur la dent concernée ainsi que sur les dents
voisines pour avoir des éléments de comparaison. Le test est positif et la pulpe vitale si le
patient ressent le froid sur la dent. L’interprétation de ce test reste néanmoins très
subjective et des faux positifs sont souvent constatés (Lin et Chandler, 2008).
Le test électrique le plus couramment pratiqué utilise un instrument monopolaire. Il a été
montré par l’étude de Bhaskar et Rappaport (1973) que sur des dents antérieures ayant
reçu un choc traumatique, il y avait de très nombreux faux négatifs. Les dents ne
répondaient pas au test électrique alors que la pulpe était encore vitale lors du
traitement endodontique. Les auteurs ont donc recommandé que pour les dents
traumatisées, il fallait considérer les pulpes vivantes jusqu’à preuve du contraire.
Figure n°12 : Appareil de vitalité électrique Sybron Endo® (Abd-Elmeguid et Yu, 2009)
Fuss et coll. (1986), dans (Lin et Chandler, 2008), ont montré que pour les dents
permanentes immatures, le test au froid était plus sûr que le test électrique.
Les tests thermiques et électriques ne sont pas des outils qui permettent d’assurer avec
certitude la perte de la vitalité d’une dent. Ils sont à mettre en corrélation avec les
réponses des autres tests, à savoir les tests de percussion et de palpation.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
44
Ils ne permettent que d’évaluer l’innervation sensorielle de la pulpe et conduisent donc à
de nombreux faux positifs et faux négatifs. L’évaluation de l’irrigation sanguine de la
pulpe permet elle de déterminer la vitalité ou non de l’organe dentaire. Le sphygmooxymètre et le débitmètre Doppler à laser sont des outils qui permettent de déterminer
l’irrigation sanguine pulpaire. Néanmoins, ces outils sont encore à l’étude (Abd-Elmeguid
et Yu, 2009).
L’examen radiographique est également un outil complémentaire de diagnostic (Lin et
Chandler, 2008). Il permet de confirmer ou d’infirmer le diagnostic clinique en mettant en
évidence une possible lésion péri-apicale.
L’étude d’Amir et coll. (2001) a montré que peu de dents ayant subi un traumatisme se
nécrosent (1 à 16 % des dents concernées), alors qu’elles sont nombreuses à présenter
des calcifications pulpaires.
Tableau n° 1 : Fréquence des nécroses suite à des calcifications pulpaires des dents
permanentes (Amir et coll., 2001) :
Etude
Période
Dents analysées Dents ayant des
d’observation
(nombre)
(années)
Andreasen 1970
Stalhane
1-12
calcifications
Dents nécrosées
pulpaires
189
41
3 (7 %)
et 13-21
76
76
12 (16 %)
et 10-23
122
122
16 (13 %)
637
96
1 (1 %)
82
82
7 (8,5 %)
Hadegard 1975
Jacobsen
Herekes 1977
Andreasen et coll. 1-10
1987
Robertson et coll. 7-22
1996
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
45
3.2CHOIX THERAPEUTIQUES
3.2.1 Prise en charge des dyschromies
La dyschromie peut être traitée de différentes façons : éclaircissement, composite,
facette céramique ou couronne céramique. Chaque dyschromie est unique. Par son
intensité et sa localisation, il est parfois nécessaire de combiner plusieurs méthodes pour
arriver au résultat escompté. Les traitements qui s’effectuent sur une arcade complète
offrent des résultats très satisfaisants. Lorsque le traitement ne concerne qu’une ou
quelques dents, le résultat est moins prévisible parce qu’il doit s’intégrer au reste de la
denture. Il est conseillé de choisir un premier traitement le plus conservateur possible. Si
le résultat n’est pas à la hauteur des attentes du patient, il est toujours possible de
compléter le traitement par une autre technique plus invasive (Setien et coll., 2008).
3.2.1.1 L’éclaircissement
Les dyschromies dentaires sont souvent jugées inesthétiques par les patients. Il y a de
plus en plus de demande d’éclaircissement chez les personnes de tous âges.
Il est indispensable avant d’entreprendre une thérapeutique d’éclaircissement de
comprendre l’étiologie des dyschromies du patient.
Les principes actifs utilisés sont :
•
le peroxyde de carbamide | CO( NH 2 )2 − H 2O2 | (de 10 à 20%)
•
le peroxyde d’hydrogène | H 2O2 | (de 3 à 35%)
•
le perborate de sodium | NaBO3 |
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
46
Les techniques d’éclaircissement reposent sur la réaction chimique qui se produit lors du
contact entre un principe actif et la dent en dégageant de l’oxygène sous forme native.
C’est ensuite la perméabilité de l’émail qui permet au principe actif d’imprégner l’émail et
progressivement la dentine. C’est le groupement OH- qui joue le rôle principal dans
l’action éclaircissante du peroxyde d’hydrogène.
3.2.1.1.1 Eclaircissement externe
Les techniques d’éclaircissement externe pourront être proposées aux patients ayant des
colorations dues au vieillissement physiologique des dents et à ceux ayant des colorations
post-traumatiques.
L’éclaircissement externe est réalisé en première intention chez un patient présentant
une dyschromie sur une dent oblitérée asymptomatique, ne présentant pas de lésion
radioclaire sur un cliché rétro-alvéolaire. C’est un traitement conservateur qui peut se
faire au fauteuil ou en ambulatoire.
3.2.1.1.1.1 Au fauteuil
Les techniques d’éclaircissement externe au fauteuil sont couramment utilisées. Elles sont
réalisées en plusieurs séances selon la couleur finale souhaitée.
Ces techniques présentent l’avantage d’être rapides. Elles permettent un contrôle du
contact des agents éclaircissants avec les tissus mous et préviennent l’ingestion possible
du produit.
Les tissus mous environnants, ainsi que les dents qui ne nécessitent pas un
éclaircissement, sont protégés pendant toute la séance par la pose d’un champ
opératoire. La surface dentaire est nettoyée à l’aide de ponce et d’eau. L’utilisation d’un
aéropolisseur permet de débarrasser la surface de l’émail de tout enduit ou coloration de
surface.
(CC BY-NC-ND 2.0)
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47
Figure n° 13 : Digue pour éclaircissement externe (Claisse-Crinquette et coll., 2000)
Il existe différentes techniques pour réaliser ce type de traitement (Aboudharam et coll.,
2008) :
•
L’application directe : on utilise soit du peroxyde d’hydrogène à 35 ou 38 % soit un
mélange peroxyde d’hydrogène-activateur chimique que l’on applique sur la face
vestibulaire de la ou des dents à éclaircir. La réaction chimique va se faire
immédiatement et entraîner le début de l’éclaircissement. Le mélange peut
également être remplacé pendant la séance de façon à ce que celui-ci soit plus
actif. Les séances durent une vingtaine de minutes et il faut souvent en compter
deux à trois pour obtenir le résultat souhaité. Le patient doit rester au fauteuil
pendant toute la séance. Celle-ci doit être stoppée immédiatement si des
sensibilités importantes apparaissent.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
48
•
L’application par l’intermédiaire d’une gouttière : le gel de peroxyde d’hydrogène
à 30 % est mis en place dans une gouttière qui aura été réalisée au préalable et
que nous décrirons par la suite. Le patient va porter cette gouttière pendant 60
minutes. Il existe une alternative à cette technique qui propose, pour un effet plus
rapide, de sceller la gouttière dans laquelle un gel de peroxyde d’hydrogène à 25
% est mis en place. Le produit est dans ce cas activé par une source lumineuse.
Chaque élévation de température de 10° entraîne une augmentation de la vitesse
de décomposition du peroxyde d’hydrogène d’un facteur de 2,2. Le temps
d’application est alors réduit.
Figure n° 14 : Gouttières pour éclaircissement externe total (Nixon et coll., 2007)
Les lampes à ultraviolets présentent l’avantage de pouvoir utiliser le peroxyde
d’hydrogène à la concentration moins forte de 25 %. La lampe ZOOM2 (Discus
Dental) est une lampe de choix. En effet, il s’agit d’une lampe à UVA dont le filtre
arrête tous les rayons dont la longueur d’onde est inférieure au seuil d’UVA choisi. Elle
n’entraîne que très peu d’échauffement des tissus et des dents. C’est la lampe la plus
utilisée pour les techniques au fauteuil.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
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3.2.1.1.1.2 En ambulatoire
L’éclaircissement externe réalisé en ambulatoire est une technique de choix parce qu’elle
est à la fois simple pour le praticien comme pour le patient. Elle offre des résultats
prédictibles et satisfaisants. Elle bénéficie d’un recul important et présente peu d’effets
secondaires à faible concentration.
L’éclaircissement externe ambulatoire est réalisé à l’aide d’une gouttière dans laquelle
est déposé le gel éclaircissant.
La gouttière en polyvinyle est obtenue à partir des empreintes maxillaire et/ou
mandibulaire du patient. Sur les modèles coulés, des réservoirs vestibulaires de 0,5 mm
d’épaisseur sont réalisés sur les dents qui nécessitent l’éclaircissement. La gouttière sera
ajustée sur les autres dents (Setien et coll., 2008).
La gouttière est laissée en place durant la nuit (peroxyde de carbamide à 10 %) ou durant
deux périodes de quatre heures en journée (peroxyde de carbamide à 16 %). Le
traitement peut durer de deux à six semaines selon l’intensité de la couleur initiale.
Figure n °: 15 : Espacement pour éclaircissement sur 21 (Nixon et coll., 2007)
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
50
Figure n° 16 : Espacement pour éclaircissement total (Nixon et coll., 2007)
Figure n° 17 : Eclaircissement externe total chez une personne âgée (Kelleher et coll.,
2011)
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
51
Figure n° 18 : Eclaircissement unitaire de 21 (Nixon. et coll., 2007)
Si une reconstitution collée doit être envisagée par la suite, il faudra attendre au
minimum deux semaines après la fin de l’éclaircissement externe (Setien et coll., 2008).
3.2.1.1.1.3 Les techniques combinées
Les techniques combinées associent les avantages des deux techniques mentionnées
précédemment tout en conservant quelques inconvénients. Deux solutions sont alors
possibles (Aboudharam et coll., 2008) :
• soit le patient commence par une ou deux séances d’éclaircissement au fauteuil
puis continue son traitement chez lui avec des produits moins concentrés. Le
patient a un effet immédiat ce qui l’encourage à respecter l’observance du
traitement chez lui.
• soit le patient commence le traitement en ambulatoire et poursuit par une ou
deux séances au fauteuil si les colorations sont rebelles, ce qui se fait plus
rarement.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
52
3.2.1.1.2 Les composites
Les composites sont des restaurations qui offrent de très bons résultats sur les
dyschromies dentaires. Ils peuvent être réalisés en technique directe ou indirecte.
Les composites en technique directe sont réalisés en une séance et ont un faible coût
pour un résultat esthétique satisfaisant.
La réalisation directe du composite se fait classiquement après un mordançage et une
application d’adhésif. Les composites nanochargés microhybrides que l’on utilise
actuellement sont constitués de plus petites particules et donnent plus de translucidité à
la reconstitution, assurant ainsi un plus grand mimétisme avec l’émail (Setien et coll.,
2008).
Il existe, pour les dyschromies plus importantes, des composites plus opaques pour
masquer la saturation dentinaire. Cette barrière permet ensuite de placer un composite
qui va redonner sa translucidité à la dent. Ceci nécessite néanmoins une préparation
amélaire pour éviter des sur contours au niveau cervical (Setien et coll., 2008).
Les composites en technique indirecte ont l’avantage de ne pas présenter de contraction
de polymérisation lors de la mise en place et d’être plus esthétiques à long terme que
ceux réalisés en technique directe. Ils sont réalisés par le prothésiste après une séance
d’empreinte et de prise de la couleur. La facette en composite sera ensuite collée
classiquement (Setien et coll., 2008). Ils sont néanmoins moins performants à long terme
sur le plan fonctionnel et esthétique que les facettes céramiques. De plus, la céramique
retient moins la plaque bactérienne que les composites (Touati et coll., 1999).
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
53
3.2.1.1.3 Les facettes
Les progrès de la dentisterie adhésive ont permis le développement des facettes
céramiques.
La céramique est biocompatible et son comportement biomimétique permet de retrouver
les propriétés visuelles et biomécaniques d’une dent naturelle (Meyer Filho et coll.,
2005). Elle peut être feldspathique ou en zircone.
La préparation doit théoriquement être amélaire. Néanmoins, en fonction de la sévérité
de la dyschromie et de la position de la dent, la préparation peut être dentinaire (Meyer
Filho et coll., 2005). La céramique doit présenter généralement une épaisseur de 0,5 à
0,75 mm.
Si l’épaisseur de céramique ne suffit pas à masquer la saturation dentinaire, il existe
différentes teintes de colles pour pallier ce défaut. Cependant, pour Masterdomini et
Friedman (1995), l’utilisation de matériau céramique opaque ou de colle opaque en cas
de substrat très foncé n’est pas une bonne solution parce que cela réduit la transmission
de la lumière à travers la dent. Il faudrait alors, dans les cas sévères de dyschromie,
privilégier une préparation dentinaire plus importante (Setien et coll., 2008).
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
54
La couleur finale obtenue après la mise en place de la facette va dépendre de trois
facteurs : la céramique, la colle et la couleur du substrat dentinaire. Néanmoins, tous les
auteurs ne sont pas d’accord sur le ou les paramètres qui influent le plus sur la couleur
finale (Meyer Filho et coll., 2005) :
•
pour Johansen et coll. (1991) : l’épaisseur de la facette et la teinte de la colle
utilisée sont responsables de la couleur finale.
•
pour Davis et coll. (1992) et
Yaman et coll. (1997) : la translucidité de la
céramique joue un rôle aussi prépondérant que la couleur du substrat initial.
•
pour Vichi et coll. (2000) : le facteur prédominant est l’épaisseur de la facette.
Par contre, tous les auteurs sont d’accord pour dire que l’étape de collage est celle qui
influe le plus sur la pérennité de la restauration à long terme (Setien et coll., 2008).
Figure n° 19 : Réalisation d’une facette en cramique sur 11 (Meyer Filho et coll. 2005).
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
55
En présence de parafonctions importantes, il est déconseillé de réaliser des facettes
composites ou céramiques.
3.2.1.1.4 Les couronnes céramo-céramiques et céramométalliques
Il est possible lorsque la dent est très dyschromique et que d’autres thérapeutiques ont
déjà été essayées, de réaliser des couronnes. Les systèmes tout céramique offrent de très
bons résultats esthétiques à long terme. Ils donnent une grande translucidité à la dent.
Ces systèmes restent cependant contre-indiqués en cas de parafonctions sévères,
d’hygiène bucco-dentaire défavorable et de gingivite. Dans ces cas des couronnes
céramo-métalliques seront indiquées (Setien et coll., 2008).
3.2.2 Prise en charge du traitement endodontique
3.2.2.1 Quand l’envisager ?
•
Après le phénomène de sénescence
La thérapeutique endodontique chez la personne âgée est le plus souvent envisagée en
cas de lésions chroniques ou de nécrose avec ou sans image apicale. En effet, les nécroses
pulpaires et les lésions endo-parodontales sont des pathologies fréquentes chez le sujet
âgé, alors que les pulpites aigues sont relativement rares (Anagnostou et coll., 2000).
Le diagnostic pulpaire est souvent difficile à établir du fait de la disparition radiologique
de la pulpe, des tests de vitalité faussés par la diminution des fibres nerveuses et des
plaintes des patients plutôt liées à des symptômes de neuralgies ou d’arthrites
(Anagnostou et coll., 2000).
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
56
• Après un traumatisme
La réalisation du traitement endodontique serait la solution la plus radicale pour prévenir
l’apparition d’une lésion péri-apicale pour les dents présentant une oblitération
endocanalaire progressive après un traumatisme antérieur. Néanmoins, le faible taux de
complications secondaires nous suggère de ne pas faire de traitement endodontique de
façon prophylactique (Anagnostou et coll., 2000).
Pour Cvek et coll. (2001), il ne faut pas entreprendre le traitement endodontique d’une
dent si celle-ci ne présente pas de réaction aux tests de percussion et de palpation. De
même, pour Amir et coll. (2001) et Naulin-Ifi (2005), il ne doit être envisagé que si une
pathologie péri-apicale est détectée ou si la dent devient symptomatique.
Au contraire, Pedorella et coll. (2000) avancent qu’il peut être nécessaire de réaliser le
traitement
endodontique
d’une
dent
asymptomatique,
cliniquement
et
radiologiquement, si un éclaircissement est envisagé. Ils préconisent de faire le
traitement endodontique pour ensuite réaliser un éclaircissement interne puis un
éclaircissement externe si besoin.
•
Sur une dent présentant un pulpolithe
Il n’a pas été montré à ce jour qu’une dent présentant un pulpolithe était en état de
souffrance. La seule présence de pulpolithe ne doit pas amener au traitement
endodontique de la dent concernée (Goga et coll., 2008).
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
57
3.2.2.2 Comment l’envisager ?
•
Après le phénomène de sénescence
Chez la personne âgée, l’oblitération endocanalaire peut être telle qu’il est parfois
impossible d’accéder à la totalité du système canalaire. De plus, la partie apicale du canal
et le foramen vont progressivement s’oblitérer du fait de l’apposition de cément périapical. L’hypercémentose ainsi créée forme une nouvelle barrière apicale. Il faut donc
essayer de se rapprocher le plus possible de la longueur de travail idéale. Il est dans ce cas
préférable d’avoir une longueur de travail un peu trop courte plutôt que de réaliser une
fausse route ou d’architecturer un canal artificiel (Nebot et coll., 1998).
Pour Walton (1997), la préparation canalaire ainsi que l’obturation doivent se faire 2 mm
en deçà de l’apex radiologique du fait de l’hypercémentose chez ces patients. Cette
distance peut néanmoins être réduite si un tug-back est repéré plus apicalement. Pour
Anagnostou et coll. (2000), il est également préférable d’essayer de se rapprocher le plus
possible de l’apex anatomique tout en évitant de créer un canal artificiel.
Le traitement endodontique est réalisé à l’aide de solution irriguante d’hypochlorite de
sodium (2,5 % à 5 %) et de chélatant pour faciliter la pénétration des instruments
endodontiques. Leur renouvellement fréquent est recommandé au cours de l’acte
endodontique.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
58
Figure n° 20 : Traitement endodontique d’une dent présentant des calcifications dans sa racine
mésiale (Nebot et coll., 1998)
Ces dents présentent fréquemment des calcifications canalaires diffuses.
Leur
élimination repose sur l’insertion de limes de petits diamètres (K08 ou K010) précourbées
associée à une irrigation abondante en hypochlorite de sodium.
Figure n° 21 : Elimination d’une calcification canalaire diffuse sous microscope opératoire
(Caron et Martin, 2010)
Les limes manuelles favorisent la mobilisation de la calcification par des mouvements de
va-et-vient et l’hypochlorite de sodium permet une digestion des substances organiques
qui participent à l’adhérence des calcifications canalaires diffuses. Le gel chélatant facilite
la pénétration des instruments ainsi que l’élimination de la phase minérale des
adhérences des calcifications pulpaires diffuses (Caron et Martin, 2010).
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
59
•
Après un traumatisme
Le traitement endodontique d’une dent oblitérée ne doit pas être considéré comme
impossible à réaliser. L’étude de Cvek et coll. (1982) a montré que 80 % des dents
traumatisées nécrosées sur lesquelles un traitement endodontique a été entrepris ont
présenté une guérison (Amir et coll. 2001).
Avant tout geste clinique, une radiographie préopératoire avec un angulateur de Rinn est
réalisée pour mesurer la distance entre le bord occlusal et la lumière canalaire. Le canal
est alors recherché dans l’aire comprise entre le centre de la racine et la longueur
préalablement déterminée. La progression instrumentale se fait à l’aide d’une fraise
boule de petit diamètre en carbure de tungstène à col long et sans spray. Des inserts
soniques et ultrasonores peuvent aider à la progression. Une sonde DG 16 permet de
localiser la lumière canalaire. Un fois l’entrée canalaire repérée, une lime K08 ou K10 est
insérée dans le canal afin de contrôler radiographiquement la bonne progression
canalaire (Caron, 2009).
La suite du traitement endodontique se fait de façon
conventionnelle.
Figure n° 22 : Insert boule sonore n° 69 Soniflex Kavo®, Inserts ultrasonores : ETBD
Satelec® ; ProUltra n° 1 Maillefer® (Caron, 2009)
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
60
•
Sur une dent présentant un pulpolithe
Lors de la réalisation d’un traitement endodontique sur une dent présentant un
pulpolithe, la réalisation de la cavité d’accès est une étape cruciale. Il faut éliminer le
pulpolithe dans son intégralité pour pouvoir accéder aux orifices canalaires.
Pour ce faire, il faut tout d’abord délimiter les contours de la future cavité d’accès en
reliant les projections des cornes pulpaires au niveau occlusal. Puis, à l’aide d’une fraise
long col en carbure de tungstène, il faut trouver les contours du pulpolithe. Une
démarcation colorimétrique entre la dentine des parois canalaires et le pulpolithe
permet de le délimiter. Cette démarcation s’exprime le plus souvent sous la forme d’une
ligne hémorragique correspondant au tissu pulpaire sous-jacent (Caron et Marin, 2010).
Figure n° 23 : Pulpolithe dans la cavité d’accès d’une molaire (Caron et Martin, 2010)
Cette démarcation est élargie à l’aide d’inserts ultrasonores (ET18D, ET20 Satelec®; StartX3 Denstply-Maillefer®) ou soniques (Kavo n° 67 et 68) appropriés sous contrôle visuel
constant. Durant cette étape, une irrigation importante en eau est nécessaire pour
évacuer les nombreux débris générés. Une fois le pulpolithe totalement circonscrit au
sein de la cavité d’accès, l’objectif est de le mobiliser afin de le ressortir d’un seul bloc.
Cette séquence peut s’avérer plus ou moins longue et nécessite une instrumentation
appropriée telle qu’un excavateur endodontique.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
61
Il faut réaliser un petit mouvement de levier sur le pulpolithe pour le décoller
entièrement. Sa complète éviction permet d’obtenir un plancher indemne et de retrouver
les entrées canalaires. La suite du traitement endodontique peut alors se faire de façon
conventionnelle (Caron et Martin, 2010).
3.2.2.2.1 L’apport de la radiographie
La radiographie est un outil indispensable lorsqu’un traitement endodontique est
envisagé. Des radiographies pré et per-opératoires sont réalisées à l’aide d’un angulateur
de Rinn.
•
Les clichés pré-opératoires :
Il est recommandé de faire deux clichés pré-opératoires : ortho- et exocentrés. Ces
premiers clichés permettent d’appréhender l’anatomie du système canalaire, le volume
pulpaire résiduel et de mettre en évidence sa complexité (Pertot et Simon, 2004).
Pour une dent hyperminéralisée, l’anatomie radiculaire peut parfois être difficile à
déterminer sur un simple cliché. Seul un fin trajet sinueux canalaire peut être visible et
celui-ci ne s’étend pas toujours jusqu’au foramen apical. De même, il n’est pas toujours
aisé de discerner une chambre pulpaire réduite (Nebot et coll., 1998).
Les clichés pré-opératoires peuvent également mettre en évidence des pulpolithes dans
la chambre pulpaire. Néanmoins, il a été montré que seuls les pulpolithes dont le
diamètre était supérieur à 200 µm sont visibles à la radiographie. Ceux ayant un diamètre
plus petit seront découverts fortuitement lors de la réalisation de la cavité d’accès (Goga
et coll., 2008).
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
62
Ces clichés permettent aussi d’objectiver l’état du parodonte. La radiographie peut
montrer une lamina dura saine sans élargissement ligamentaire ou bien au contraire une
lésion radioclaire. Si une lésion péri-apicale est présente, la radiographie donne
également un indice sur sa localisation, apicale ou latéro-radiculaire, ainsi que ses
rapports avec les éléments nobles voisins (Amir et coll., 2001).
•
Les clichés per-opératoires :
Les clichés per-opératoires permettent d’objectiver la complexité du système canalaire
lors de sa mise en forme (Pertot et Simon, 2004).
Ils sont d’une aide précieuse lors de la réalisation de la cavité d’accès. Ils permettent de
contrôler la bonne orientation et pénétration des fraises utilisées pour sa réalisation. Ils
confirment également la localisation de la chambre pulpaire trouvée par le praticien
(Amir et coll., 2001). Ils assurent le suivi de la progression instrumentale de la lime de
cathétérisme et donc la conservation de la trajectoire canalaire originelle (Chong, 1993).
La succession des clichés permet aussi de comparer la progression instrumentale et la
localisation de l’apex radiographique afin de ne pas créer de faux-canal ou de
déplacement du foramen.
3.2.2.2.2 Les aides visuelles
Les aides visuelles sont très intéressantes en odontologie et particulièrement en
endodontie lorsque qu’une dent présente une difficulté liée à son anatomie. Les aides
visuelles vont apporter au chirurgien-dentiste une aide d’autant plus bénéfique que le
grossissement sera important.
•
Les loupes
La loupe est le système optique grossissant le plus simple. Elle permet un grossissement
jusqu'à 2x. L'utilisation d'une loupe nécessite des distances de travail très courtes.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
63
Figure n° 24 : Loupe binoculaire (Doc. Int. Zeta Dental ®, 2011)
Les loupes ne sont plus très utilisées en odontologie, elles ont été remplacées par les
téléloupes (Mallet et Roussel, 2001).
•
Les téléloupes
Les téléloupes sont des loupes combinées à un télescope. Elles assurent une distance de
travail raisonnable par rapport au grossissement. La fonction de la loupe n'est pas de
grossir l'objet observé mais de le reproduire dans un plan éloigné qui est le plan de
netteté du télescope. C'est le télescope qui produit le grossissement proprement dit.
Figure n° 25 : Téléloupes (Doc. Int. Zeiss ®, 2011)
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
64
Les téléloupes assurent un grossissement entre 2,5x et 5X (Mallet et Roussel, 2001).
Les téléloupes permettent par rapport aux simples loupes d’avoir un grossissement
supérieur et une distance de travail plus importante. Néanmoins, un des inconvénients
des téléloupes est leur manque d’éclairage. Il est maintenant possible d’apporter sur les
montures un flux lumineux issu d'une source de lumière halogène ou LED. Les
inconvénients de l'halogène résident dans la nécessité d' avoir un générateur de lumière
situé à distance relié par fibre optique qui limite la liberté de mouvement et dans le poids
ajouté à la monture. Le système de LED apporte plus de liberté de mouvement avec une
batterie portable mais le surcroît de poids sur les montures reste présent (Mallet, 2002).
•
Le microscope opératoire
Le microscope est une aide opératoire précieuse lors du traitement endodontique d’une
dent présentant une oblitération endocanalaire. Le grossissement peut aller de 4x à 40x
selon le besoin. Nous allons décrire les avantages du microscope à chaque étape du
traitement endodontique :
1. Réalisation de la cavité d’accès :
Cette étape est souvent délicate sur ces dents. Le microscope apporte une meilleure
visibilité par sa source lumineuse co-axiale et son grossissement. Il est ainsi plus aisé de
faire la différence entre la dentine secondaire qui a une teinte jaune claire alors que la
dentine du plancher pulpaire est plus sombre (Caron, 2009).
Des changements subtils de couleurs, de textures, de nuances et de contrastes peuvent
être objectivés à l’aide du microscope. Il est également plus aisé d’éliminer les surplombs
dentinaires (Mandel, 2000).
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
65
2. Accès canalaires
La réalisation de la cavité d’accès doit permettre une meilleure accessibilité visuelle et
instrumentale aux entrés canalaires. L’accès coronaire doit être réorienté dans le sens
opposé à la courbure apicale et les surplombs dentinaires doivent être parfaitement
éliminés (Mandel, 2000). Cette étape va être grandement facilitée par le microscope
opératoire.
Le repérage des entrées canalaires peut également se faire à l’aide de Bleu de Méthylène.
En effet, le liquide va aller se loger préférentiellement au niveau des entrées canalaires.
3. Respect de la trajectoire canalaire
La préparation corono-radiculaire demande elle aussi une attention particulière pour ne
pas créer de perforation ou faux-canal. La solution d’irrigation, l’hypochlorite de sodium,
permet de localiser le parenchyme pulpaire résiduel et donc le canal radiculaire. En effet,
une réaction se crée entre le parenchyme pulpaire et la solution d’hypochlorite qui
aboutit à l’effervescence de celle-ci. Cette effervescence est alors facilement repérable à
l’aide du microscope. Il est important d’associer à l’irrigation un gel chélatant qui
permettra une déminéralisation de surface et ainsi un accès plus aisé à l’ensemble du
canal radiculaire.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
66
CONCLUSION
Cette thèse nous a permis de montrer que les cas de dents minéralisés n’étaient
pas rares. Il est important en tant que chirurgien-dentiste de pouvoir répondre aux
attentes du patient en apportant des solutions thérapeutiques efficaces. Il convient
d’apporter une réponse pérenne à long terme, d’autant plus s’il s’agit de patients jeunes
ayant eu un traumatisme.
Le choix du traitement du patient
se fera en fonction de l’intensité de la
dyschromie due à la minéralisation et en fonction de l’état pulpaire résiduelle de la dent.
La prise en charge de la dyschromie doit se faire en première intention avec des
techniques non invasives. Des techniques plus invasives pourront par la suite être
envisagées si cela ne répond pas aux attentes du patient. La vitalité pulpaire est souvent
difficile à déterminer sur une dent minéralisée, le traitement endodontique ne doit être
envisagé qu’en présence de signes radiologiques de lésion péri-apicale.
Cette thèse a pour but de nous sensibiliser aux différents problèmes que peut entraîner la
minéralisation pulpaire. Sa prise en charge est multidisciplinaire, en mêlant l’odontologie
conservatrice, l’endodontie ainsi que la prothèse. Ces travaux m’ont permis, à titre
personnel, de mieux prendre conscience du caractère unique de chaque pathologie et de
mieux envisager la prise en charge globale d’un patient.
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
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Voisin Florence
N° 2012 LYO 1D 009
VOISIN (Florence) – La minéralisation pulpaire : étiologies, conséquences et
thérapeutiques
(Thèse : Chir. Dent. : Lyon : 2012.000)
N°2012 LYO 1D 009
La minéralisation pulpaire est un phénomène continu se déroulant tout au long de la vie
de l’organe dentaire. Cette apposition se fait selon une alternance de périodes d’activité et
d’arrêt. Cette minéralisation peut également être accélérée par des phénomènes pathologiques
d’origine carieuse ou non carieuse. Nous avons choisi d’étudier deux conséquences de la
minéralisation pulpaire : la dyschromie et l’atténuation, voire perte, de la vitalité pulpaire. Nous
verrons quelles thérapeutiques peuvent être mises en place selon l’étiologie et l’intensité de la
minéralisation. Nous décrirons les différentes techniques qui peuvent corriger la dyschromie, des
moins invasives aux plus invasives. Nous envisagerons enfin la perte de vitalité consécutive à
la minéralisation et les modalités de son traitement.
Rubrique de classement :
Mots clés :
Odontologie
-minéralisation
-dyschromie
-éclaircissement
Mots clés en anglais :
-mineralization
-dyschromia
-tooth bleaching
Jury :
Président :
Assesseurs :
Adresse de l’auteur :
Monsieur le Professeur Henri Magloire
Madame le Docteur Marion Lucchini
Madame le Docteur Béatrice Richard
Monsieur le Docteur Stéphane Viennot
Florence, Voisin
16, rue Alibert
75010 PARIS
(CC BY-NC-ND 2.0)
Voisin Florence
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