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C. Chaussain et al. Archives de Pédiatrie 2015;22(HS2):151-152
Le traitement par bisphosphonates chez l’enfant améliore la den-
sité osseuse, diminue les douleurs et l’incidence des fractures, et
semble permettre une amélioration de la croissance bien que
les modalités d’administration à long terme fassent encore
débat. En effet, des patients adultes traités par de fortes doses
de bisphosphonates pour des cancers sont sujets à l’ostéochi-
mionécrose des maxillaires, notamment à la suite d’extraction
dentaire. Chez l’enfant, à ce jour aucun cas d’ostéochimionécrose
n’a été rapporté. Toutefois il est indispensable de prendre des pré-
cautions particulières pour favoriser la cicatrisation post-extrac-
tionnelle [6]. Dans l’OI cependant, le bénéfice du traitement
dépasse le risque de l’ostéonécrose. Les bisphosphonates, de par
leur action anti-résorption, ont par ailleurs des conséquences au
niveau du développement dentaire, en retardant l’éruption des
dents pour laquelle la résorption osseuse est indispensable.
La prise en charge buccodentaire des enfants atteints de DI
consiste à prévenir au maximum l’attrition dentaire, à restaurer
les dents usées pour améliorer l’esthétique et la fonction.
Du fait des similitudes entre l’os et la dentine, il est possible d’amé-
liorer les connaissances sur les mécanismes physiopathologiques
qui sous tendent les atteintes des 2 tissus, à partir des recherches
effectuées sur les dents. L’exfoliation des dents temporaires repré-
sente une ressource considérable de tissus, à laquelle s’ajoutent les
extractions pour des raisons orthodontiques. L’analyse de dentine
de patients atteints de maladies génétiques a permis d’identifier
et de caractériser les défauts de minéralisation. De plus, nos tra-
vaux réalisés à partir de cellules souches issues de pulpe dentaire
de patients atteints d’XLH ont permis de développer de nouvelles
hypothèses physiopathologiques [7]. Ces recherches visent à la
fois à améliorer la compréhension de la pathologie et à proposer
des stratégies thérapeutiques.
Références
[1] Qin C, Baba O, Butler WT. Post-translational modifications of
sibling proteins and their roles in osteogenesis and dentinoge-
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[6] Hennedige AA, Jayasinghe J, Khajeh J, et al. Systematic review
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[7] Salmon B, Bardet C, Khaddam M, et al. MEPE-derived ASARM
peptide inhibits odontogenic differentiation of dental pulp stem
cells and impairs mineralization in tooth models of X-linked
hypophosphatemia. PLoS One 2013;8:e56749.
2. L’OI est une maladie autosomique
dominante principalement due à la mutation
du collagène de type 1 (COL1A1 ou COL1A2)
Au cours des 10 dernières années, plus de 10 autres gènes ont
été identifiés. Les manifestations cliniques de l’OI, sont en
rapport avec la présence du collagène I, à la fois dans l’os mais
aussi dans de nombreux tissus, dont la dentine. Ainsi, outre une
fragilité osseuse, les patients peuvent présenter un retard de
croissance, une laxité articulaire, des sclérotiques bleues, une
surdité précoce et une DI. Il existe une variation phénotypique
extrême, des formes létales in utero, aux atteintes sub-cliniques
qui ne se manifestent que par quelques fractures au moment de
la puberté[5].
Au niveau des dents, la DI se caractérise par une dyschromie
des dents temporaires et permanentes. L’examen radiogra-
phique permet de mettre en évidence les signes pathogno-
moniques de la pathologie, à savoir des racines courtes et
une oblitération de l’espace pulpaire par la dentine (Fig. 1C).
L’émail présente généralement une structure normale, mais
la jonction avec la dentine est défaillante (Fig. 1F). Des pans
d’émail sont éliminés par les contraintes occlusales, exposant
la dentine qui s’abrase facilement, conduisant à une usure
dentaire sévère[5].
Figure1
Manifestations dentaires de l’OI et du XLH
(e) émail, (d) dentine.
A-B-C : Radiographies rétroalvéolaires des incisives maxillaires : (A)
d’un enfant témoin de 2ans, (B) d’une enfant de 3ans atteint de XLH,
présentant une nécrose spontanée de 51, (C) d’une enfant de 4ans
atteinte d’une OI et d’une DI révélant une oblitération des espaces
pulpaires des dents temporaires et une constriction marquée de la
jonction couronne-racine.
D-E-F : Analyse en microscopie électronique à balayage de dents tem-
poraires: (D) aspect de la dentine d’une dent temporaire d’un enfant
témoin. Dans le cas du XLH, la minéralisation de la dentine est anor-
male, avec la présence de calcosphérites, qui n’ont pas fusionnés et
d’espaces interglobulaires (*) expliquant la pénétration bactérienne
à l’origine de la nécrose (E). Dans le cas de la DI, la jonction améloden-
tinaire présente un feston anormal, qui explique la perte d’émail. La
dentine présente une structure hétérogène pathologique (F).
ARCPED_CONGRES_TOUR.indb 152 06/05/2015 18:42:05