Modélisation de l'origine de la ceinture de Kuiper
Début de la thèse : septembre 2016.
Encadrant : Jean-Marc Petit (Directeur de Recherche CNRS)).
Lieu : Institut UTINAM (Université de Franche-Comté).
Contexte scientifique général :
Plusieurs grands relevés ont fait des percées importantes en explorant les propriétés globales des
distributions orbitales et des tailles des TNO. Cependant, la structure dynamique est beaucoup plus
complexe que ce que nous avions imaginé, avec de nombreux détails d'importance; les relevés avec
une efficacité de détection précisément connue qui suivent la quasi totalité de leurs découvertes, pour
éviter les biais de prédiction, sont nécessaires pour déméler ces détails et l'information cosmogonique
qu'ils contiennent. Notre relevé Canada-France Ecliptic Plane Survey (CFEPS) a découvert moins de
200 objets (soit un quart de l'échantillon connu de nos jours), mais la rigueur d'exécution et de suivi
nous a permis d'obtenir une nouvelle vision quantitative plus détaillée de la ceinture de Kuiper. Le
grand relevé en cours, Outer Solar System Origin Survey (OSSOS) va nous permettre de mieux
quantifier la complexité de la structure de la ceinture de Kuiper.
La ceinture classique de Kuiper comprend l'ensemble des TNO ayant une orbite de faible excentricité
(e), faible inclinaison (i) et un demi-grand axe a = 35 – 48 UA. Il semble que ce soit une
caractéristique originelle, et CFEPS a montré qu'elle contient une structure radiale qu'il faut expliquer.
La ceinture principale dans l'intervalle a = 42,5 – 47,5 UA est dominée par une composante de faible
inclinaison qui n'existe que dans cette région étroite: cette ceinture « froide » est plus rouge, contient
plus de binaires et a une distribution des tailles plus pentue que le reste de la ceinture de Kuiper.
Toutes les autres composantes de la ceinture partagent une distribution de couleur plus bleue, une
distribution des tailles pour D = 200 – 2000 km plus plate et des orbites avec de plus grands e et une
distribution des i beaucoup plus « chaude ».
Description des objectifs de la thèse :
Le noyau autour de 44 UA est une caractéristique étrange. Une explication faisant appel à une famille
collisionelle élimine l'idée qu'il s'agit du bord primordial, mais plutôt l'endroit où l'impact à très faible
vitesse de dispersion a eu lieu. Cette vitesse de dispersion serait encore plus faible que celle invoquée
pour la possible famille collisionelle de Haumea (Brown et al., 2007). Une autre constation
intéressante est que la noyau est juste placé entre les résonances 7:4 et 9:5. Une possibilité ad-hoc,
mentionnée dans Petit et al. (2011), est que la résonance 2:1 aurait commencé sa migration à l'intérieur
de 43.5 UA en étant très large (du fait de la grande excentricité de Neptune), et a subit un saut
stochastique de quelques dixièmes d'UA alors qu'elle était à environ 44 UA, laissant un groupe d'objets
que nous appelons noyau de nos jours. Cette idée a été étudiée par Nesvorny (2015), mais ne satisfait
pas les contraintes sur la population froide dans la résonance 2:1 ni sur la population mélangée.
Tout cela doit être testé, en particulier pour vérifier l'effet des résonances séculaires (en particulier la
résonance ν8) qui sont connues pour être très efficaces pour déstabiliser les orbites à certaines
inclinaisons. Le séquencement de la migration des diverses résonances (séculaire, de moyen
mouvement) doit être finement ajusté. Alors que la migration des résonances de moyen mouvement ne
dépend que de la position de Neptune, la position des résonances séculaires dépend de la position
relative des planètes géantes et aussi de la position et de la masse d'un disque de planétésimaux (et du
disque de gaz dans les phases très primitives).
Récemment, de nouvelles analyses de l'âge des échantillons d'Apollo 16 (Norman & Nemchin, 2014)