ABSTRACTS
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La Lettre du Cardiologue - n° 362 - février 2003
Un traitement précoce par aspirine peut-il améliorer la sur-
vie après chirurgie de pontages aorto-coronaires ?
Le recrutement effectué à partir de 70 centres répartis dans
17 pays a permis d’étudier prospectivement 5 022 patients ayant
survécu aux 48 premières heures d’une chirurgie de pontages
aorto-coronaires. Le but était d’établir la relation entre usage
précoce (48 premières heures) de l’aspirine lors des suites de
pontages aorto-coronaires et les complications observées,
fatales ou non.
Pendant l’hospitalisation, 164 patients (3,2 %) sont décédés, et
812 autres patients (16 %) ont présenté une des complications
suivantes : événement ischémique non fatal cardiaque, cérébral,
rénal ou gastro-intestinal.
Parmi les patients ayant reçu de l’aspirine (80 mg au mini-
mum, jusqu’à la posologie maximale de 650 mg) lors des 48 pre-
mières
heures post-chirurgie, la mortalité a été de 1,3 %
(40/2 999 patients)
,
contre 4 % (81/2 023 patients) pour les
autres sujets (p < 0,001). La prescription précoce d’aspirine a
autorisé une réduction de 48 % des infarctus du myocarde (2,8 %
contre 5,4 %, p < 0,001), de 50 % des accidents vasculaires céré-
braux (1,3 % contre 2,6 %, p = 0,01), de 74 % des insuffisances
rénales (0,9 % contre 3,4 %, p < 0,001), et de 62 % des infarctus
mésentériques (0,3 % contre 0,8 %, p = 0,01). Parallèlement, le
risque d’hémorragies, de gastrites, d’infections ou de mauvaises
cicatrisations n’est pas majoré par l’utilisation précoce de l’as-
pirine (on note même un rapport des cotes à 0,63).
À noter qu’il n’a pas été constaté d’influence de la posologie
d’aspirine reçue, le fait marquant étant la précocité de son intro-
duction.
Conclusion. Cette étude multicentrique prospective (non rando-
misée) objective une réduction des complications létales et
ischémiques non fatales post-pontages aorto-coronaires, en
rapport avec la prescription d’aspirine dès les premières
48 heures post-chirurgie : diminution de 43 % de l’ensemble
de ces événements sans majoration des complications hémor-
ragiques ou gastriques. Le taux de réinterventions pour com-
plications hémorragiques est même inférieur pour le groupe traité
précocement par aspirine (1,9 % contre 5,2 %, p < 0,001). Ainsi,
contrairement à l’idée reçue, qui faisait état d’une augmentation
du risque hémorragique et des réinterventions précoces en cas
d’utilisation de l’aspirine dans les heures suivant la chirurgie, ce
registre rend souhaitable un traitement par aspirine dès les 48 pre-
mières heures pour les patients venant d’être pontés, avec un rap-
port bénéfice/coût surprenant.
Rappelons qu’en 2001, la “Sixth American College of Chest
Physicians Consensus Conference” recommandait une dose quo-
tidienne de 325 mg d’aspirine commencée six heures après la chi-
rurgie de pontage aorto-coronaire. Des données plus récentes
(dont les enseignements tirés de CURE, RJG Peters et al., Eur
Heart J 2002) pourraient conduire à des posologies moindres
d’aspirine (80 mg à 160 mg), introduites après la première heure
post-pontages. C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil
Aspirine et mortalité après pontages aorto-coronaires
Aspirin and mortality from coronary bypass surgery.
Mangano DT, for the Multicenter Study of Perioperative
Ischemia Research Group
●
N Engl J Med 2002 ; 347 : 1309-17.
Résumés de la littérature
Point du sujet. Il existe peu de données concernant la rela-
tion éventuelle entre la fonction diastolique du ventricule
gauche et la survenue d’une fibrillation auriculaire.
But. Le but de cette étude a été de déterminer s’il existait une
relation entre l’altération de la fonction diastolique du ventricule
gauche et la survenue ultérieure d’un premier épisode de fibril-
lation auriculaire dans une population de sujets âgés.
Patients et méthodes. L’étude a porté sur 840 patients ayant eu
un échocardiogramme transthoracique entre 1990 et 1998, âgés
d’au moins 65 ans, indemnes d’antécédent de fibrillation auri-
culaire ou d’accident vasculaire cérébral, sans cardiopathie val-
vulaire ou congénitale, et n’ayant pas de stimulateur cardiaque.
L’analyse échocardiographique a porté particulièrement sur le
volume de l’oreillette gauche et sur l’analyse de la fonction diasto-
lique, qui a été jugée normale chez 16 % des patients et anormale
dans les autres cas, avec un trouble de relaxation chez 51 % des
patients, un remplissage pseudo-normal chez 26 % des patients
et un remplissage de type restrictif chez 6 % des patients. Le suivi
moyen a été de 4,1 ± 2,7 ans.
Résultats. Une fibrillation auriculaire est survenue au cours du
suivi chez 9,5 % des patients. Les facteurs cliniques prédictifs de
la survenue d’une fibrillation auriculaire en analyse multivariée
étaient l’âge, les antécédents d’infarctus du myocarde et les anté-
cédents d’insuffisance cardiaque. Une augmentation du volume
de l’oreillette gauche était associée à un risque accru de fibrilla-
tion auriculaire. La présence d’une dysfonction diastolique et sa
La dysfonction diastolique du ventricule gauche est un facteur prédisant la surve-
nue ultérieure d’une fibrillation auriculaire