La Lettre du Neurologue - n° 1 - vol. IV - février 2000 43
que, lorsque les malformations volumineuses sont traitées, elles
le sont d’abord par embolisation. Les complications sont
d’ordre ischémique, par occlusion d’artères destinées au paren-
chyme cérébral, ou hémorragique, par gêne du drainage de la
malformation secondaire à un passage veineux du matériel
d’embolisation.
•Radiothérapie en conditions stéréotaxiques
La radiothérapie en conditions stéréotaxiques est réalisée en une
seule séance, à l’aide de faisceaux convergents qui permettent
de délivrer une dose importante dans le volume cible tout en
préservant les tissus sains de voisinage. Quelle que soit la sour-
ce de rayonnement utilisée, le taux d’oblitération à deux ans
varie de 60 à 85 %. Par rapport aux deux autres modalités, ce
traitement entraîne une oblitération différée de plusieurs mois,
et les risques d’hémorragie persistent tant que l’oblitération
complète n’est pas obtenue. Les différences observées dans la
réponse à la radiothérapie s’expliquent par des raisons morpho-
logiques, la taille de la malformation étant le facteur le plus
généralement retrouvé, mais aussi par des raisons techniques :
doses, délimitation de la cible, nombre de foyers irradiés au sein
de la cible (isocentres) (10). D’autres paramètres nous parais-
sent jouer un rôle : le siège du nidus et la vitesse circulatoire
(11). Dans notre expérience, les meilleures réponses sont obte-
nues pour les nidus situés en plein parenchyme, par opposition
aux lésions cisternales ou ventriculaires, et pour les malforma-
tions à vitesse circulatoire lente. Les complications de la radio-
thérapie en conditions stéréotaxiques sont rares et semblent
liées en partie à la dose totale administrée, à la topographie pro-
fonde de la lésion, mais surtout au volume traité. La mortalité
est nulle, et la morbidité avec traduction clinique est estimée à
moins de 3 %. Parmi les lésions décrites après radiothérapie, il
faut distinguer les anomalies de signal au niveau de la substan-
ce blanche, avec ou sans prise de contraste, observées en ima-
gerie par résonance magnétique, en général résolutives (7 à
10 %) et les exceptionnelles radionécroses (1 à 2 %). Le risque
de complications neurofonctionnelles peut être, dans une certai-
ne mesure, limité en incluant à la dosimétrie des zones d’“inter-
diction” sur des structures sensibles adjacentes à la cible : fais-
ceau pyramidal, voies optiques, trigone, tronc cérébral.
QUEL SCHÉMA THÉRAPEUTIQUE PROPOSER ?
La décision de traiter et le choix du traitement constituent un
problème complexe, chaque malformation possédant ses
propres caractéristiques et probablement sa propre histoire natu-
relle. Il n’y a pas actuellement d’attitude consensuelle, et l’ex-
périence des équipes de chaque site influence la décision.
Traitement unique ou association de plusieurs modalités ?
• Traitement unique
Lorsque l’on considère les malformations artérioveineuses dans
leur ensemble, la radiochirurgie s’est imposée comme le pre-
mier traitement à discuter devant une malformation de 30 mm
de longueur maximale, en raison de son faible risque de com-
plications et de son taux de réussite relativement important.
Mais cette approche globale ne nous semble pas adaptée, et il
nous paraît souhaitable que la décision s’appuie sur les résultats
de l’étude radioanatomique. S’il s’agit d’une MAVC à haut
risque hémorragique, un traitement à effet immédiat s’impose :
microchirurgie ou embolisation. Lorsque la malformation ne
présente pas un risque hémorragique élevé et que, par sa topo-
graphie et son volume, elle offre une cible acceptable, la radio-
thérapie est le traitement de première intention.
• Traitement multidisciplinaire
Lorsque la prise en charge d’un patient est décidée, un traite-
ment ne peut être proposé que s’il est efficace, le taux d’échec
devant, pour Castel, être inférieur à 10 % (4) ; cela a amené à
combiner les traitements. Toutefois, une association thérapeu-
tique ne peut être envisagée que si les risques cumulés ne
dépassent pas 1 % pour la mortalité, 6 % pour la morbidité (en
d’autres termes, qu’ils ne soient pas supérieurs aux risques de
la malformation elle-même). Il n’y a pas de règle universelle-
ment admise, et l’expérience respective des équipes semble
prévaloir.
Faut-il traiter toute la malformation ?
Pour la majorité des auteurs, un traitement dont l’objectif ne
serait pas l’éradication de la malformation ne doit pas être entre-
pris. En effet, en cas de MAVC traitée par radiothérapie, le
risque de nouveau saignement reste inchangé tant que la mal-
formation n’est pas totalement oblitérée. Des situations rendent
cependant acceptable l’idée d’un traitement partiel :
– une malformation volumineuse, responsable d’un déficit neu-
rologique progressif ou d’une épilepsie ;
– une malformation à haut risque hémorragique, dont le siège
rend difficile une exérèse chirurgicale, pour laquelle une embo-
lisation “ciblée” du secteur à haut risque peut constituer un trai-
tement palliatif.
Surveillance des patients traités
Prendre en charge une malformation artérioveineuse, c’est
prendre en charge un malade sur une période très longue, et il
faut non seulement communiquer au patient un plan précis du
traitement mais lui faire comprendre la nécessité d’un suivi cli-
nique et de contrôles par imagerie répétés. C’est l’objectif de
l’indispensable consultation préthérapeutique. La qualité des
informations obtenues en IRM a considérablement allégé les
contrôles radiologiques des patients traités par radiothérapie.
Une angiographie de contrôle, à la disparition des images IRM,
reste nécessaire pour affirmer l’éradication de la malformation.
Des recanalisations de malformations préalablement embolisées
ont été décrites. Consécutives à des occlusions trop proximales,
elles rendent indispensable le contrôle radiologique à distance
de malformations jugées oblitérées sur l’angiographie effectuée