L'EUROPE ET L'UNION EUROPÉENNE DANS LE DISCOURS DES PARTIS POLITIQUES MOLDAVES : Enjeux et stratégies politiques

Université Paris I Panthéon-Sorbonne
UFR 11 Science politique
Master 2 professionnel
Communication politique et sociale
L’EUROPE ET L’UNION
EUROPEENNE DANS LE DISCOURS
DES PARTIS POLITIQUES
MOLDAVES
Enjeux et stratégies politiques
Mémoire de Master
Réalisé par Nicoleta Chirita
Sous la direction de M. Mathieu BRUGIDOU
Année universitaire 2008-2009
SOMMAIRE
INTRODUCTION…………………………………………………………………………………………..
3
Problématique…………………………………………………………………………………….
6
Sources et
méthodologie………………………………………………………………………8
Prémisses
théoriques…………………………………………………………………………..9
1. L’européanisation – l’usage d’une notion
disputée………………………………..9
2. Le processus de cadrage de l’Europe et de
l’UE………………………………….11
Structure de la
recherche…………………………………………………………………..12
PREMIÈRE PARTIE. Les partis politiques moldaves entre l’Ouest et l’Est :
l’exemple d’ « européanisation » du Parti des
Communistes……………………..13
1. Les premiers promoteurs d’un rapprochement de l’UE
……………………….15
2. Les élections de 2001 – acteurs, enjeux et discours sur l’Europe et
l’UE..17
2.1. Le Parti des Communistes de la République de Moldavie
(PCRM)………18
2.2. Le Parti Populaire Chrétien Démocrate
(PPCD)……………………………….21
2.3. Le Bloc Electoral « l’Alliance Braghis
»…………………………………………..23
2.4 Le Parti Démocratique de Moldavie
(PDM)………………………………………23
2.5. Le pôle des partis libéraux et chrétien-
démocrates………………………….24
3. Le retour des
« survivants »…………………………………………………………….24
3.1 Facteurs économiques et
politiques……………………………………………25
3.2 Enjeux et messages électoraux – quelle place pour l’Europe et l’UE
?.....26
4. Les communistes au pouvoir – le double
langage……………………………….29
5. L’heure du pragmatisme – la volte-face du
PCRM………………………………..32
5.1 Le contexte international – entre la Russie et l’Union
Européenne……….34
2
5.2 Les facteurs
internes……………………………………………………………………35
5.3 Légitimer le
changement………………………………………………………………36
6. Conclusions
provisoires………………………………………………………………………..37
DEUXIÈME PARTIE. Les limites de l’européanisation : le processus de
cadrage de l’Europe et de
l’UE…………………………………………………………………………38
1. 2005 – L’année européenne de la
Moldavie………………………………………39
2. Penser l’Europe et l’UE – l’identification des cadres……………………………
43
2.1. UE - facteur géostratégique ou vecteur de politique
intérieure ?...........44
2.2. UE – remède économique
universel……………………………………………….49
2.3. UE – le retour en Europe de la
Moldavie…………………………………………52
2.4. UE – la chance de réunification avec la
Roumanie…………………………53
2.5. L’UE et le règlement du conflit transnistrien…………………………………
56
2.6. UE – ressource dans la compétition
politique…………………………………58
CONCLUSIONS……………………………………………………………………………………6
2
SOURCES………………………………………………………………………………………….6
4
BIBLIOGHRAPHIE……………………………………………………………………………….6
6
3
INTRODUCTION
« Les députés utilisent le bâtiment du Parlement pour des
réunions où ils discutent d’idées délirantes [de l’intégration dans
l’Union Européenne] »1 Vladimir Voronine, mai 2000.
« La promotion et le maintien du vecteur de l’intégration européenne
[…] constitue la priorité absolue et le trajet politique irréversible de
l’actuel gouvernement.»2 Vladimir Voronine, janvier 2004.
Qu’est qui change entre mai 2000 et janvier 2004 à tel point que Vladimir Voronine,
leader du principal parti politique moldave et président de la République entre 2001 et 2009,
passe d’un discours antioccidental agressif où l’Union Européenne est considérée « une idée
délirante » à une direction pro-européenne déterminée et « irréversible » ? Avant d’entrer
dans le vif du sujet et répondre à une question qui se pose de soi par l’évidente dissonance
entre ces deux types de positionnements, il est nécessaire de faire une courte digression sur la
particularité de la République de Moldavie en termes de politique extérieure. Une parenthèse
qui s’avère utile pour comprendre pourquoi en 2000, quand la majorité de pays de l’Europe
Centrale et Orientale avait fait un choix clair pro-occidental, les acteurs politiques moldaves
oscillaient encore entre l’Est et l’Ouest et le Parti des Communistes de la République de
Moldavie (PCRM) gagnait du terrain par rapport aux forces pro-démocratiques.
Quant on parle de la République de Moldavie, on a souvent la tendance de la décrire
comme un pays « à la croisée des chemins » ou « entre deux mondes »3 pour mettre en
exergue son positionnement géographique, son histoire troublée et la composition
ethnolinguistique qui en est résulté.4 Après l’éclatement de l’Union Soviétique, beaucoup de
1 Commentaire de Vladimir Voronine, leader du Parti des Communistes, à l’occasion de l’adoption de la
« Déclaration sur l’intégration européenne » le 5 mai 2000 par de 20 partis politiques moldaves, « Liderul
comunistilor considera declaratia de integrare in Uniunea Europeana drept o aiureala », Ziua, 11 mai 2000,
disponible à http://old.azi.md/news?ID=8939
2 « Presedintele Voronin considera integrarea europeana prioritatea absoluta si cursul politic ireversibil al
actualei guvernari », Ziua, 28 janvier 2004, disponible à http://old.azi.md/news?ID=27609
3 L’expression est utilisée par exemple par Florent PARMENTIER, La Moldavie à la croisée des chemins,
Universitoo, 2003 ou par Jean-Michel DE WAELE & Catalina ZGUREANU-GURAGATA, « la Moldavie : un
cas exemplaire des difficultés de la transition postsoviétique ? », dans Jean-Michel DE WAELE, Catalina
ZGUREANU-GURAGATA (coordonné par), «La Moldavie entre deux mondes» (dossier), Transitions, vol. 45,
n° 2, 2006, pp. 11-224.
4 En effet, la Moldavie d’aujourd’hui, un petit territoire enclavé entre la Roumanie et l’Ukraine, a fait partie de la
principauté médiévale « Moldova » qui s’étendait jusqu’à Carpates avant de tomber, après le XVème siècle, sous
le joug de l’Empire Ottoman et, entre 1812 et 1918, sous la domination de l’Empire russe. A l’issue de la
première Guerre mondiale, la Moldavie regagnera son indépendance et votera la même année le rattachement à
4
ses anciens Etas-membres de l’Europe Orientale – les pays baltes, l’Ukraine ou la Biélorussie
- se sont retrouvés comme la République de Moldavie déchirés entre l’Ouest et l’Est, avec des
populations mixtes ethniquement et linguistiquement. Leur situation géostratégique et
culturelle était beaucoup plus complexe que celle de la plupart des pays de l’Europe Centrale
pour lesquels la transition postcommuniste s’est posée uniquement en termes économiques et
politiques et qui ont adopté dans la politique extérieure une orientation pro-occidentale
manifeste dès le début.5
Dans le cas de la République de Moldavie, pour des raisons liées à son histoire
complexe et à sa structure ethnique6, la transition a été marquée par son aspect culturel et
identitaire. Florent Parmentier distingue trois volets de ces conflits ethnoculturels : l’identité
du groupe majoritaire roumanophone qui reste à définir – roumaine ou moldave7, les
revendications du groupe russophone qui souhaite voir la langue russe reconnue au statut de
langue nationale et finalement les demandes de fédéralisation de la Moldavie faites par la
Transnistrie et la Gagaouzie, territoires peuplées majoritairement par les minorités.8 La
politique extérieure de l’Etat moldave et les relations avec les pays voisins ont été ainsi le
reflet de ces tensions intérieures d’ordre ethnolinguistique et culturel qui ont dominé les
années postindépendance. Déchirée entre la Roumanie et la Russie, entre les tendances
unionistes et celles pro-russes, la Moldavie a eu des difficultés à trouver un consensus à
l’égard de son positionnement sur la scène internationale. On pourrait dire que la spécificité
de sa politique extérieure réside dans cette oscillation continuelle entre l’Ouest et l’Est, dans
son incapacité de choisir l’un ou l’autre de deux camps. A la différence des pays baltes par
exemple, qui par une politique pro-occidentale résolue ont réussi leur intégration euro-
atlantique9 ou à la différence de la Biélorussie qui a choisi de renforcer ses liens avec la
la Grande Roumanie, dont elle fera partie jusqu’à la Seconde Guerre mondiale où elle sera intégrée à l’Union
soviétique. Pour une courte histoire de la Moldavie, voir Wanda DRESSLER, « Entre empires et Europe le
destin tragique de la Moldavie », Presses Universitaires de France, Diogène, 2005/2 - N° 210, p. 35-40.
5 Maarten BEKS & Olga GRAUR, « Cultural politics in Moldova, undermining the transition? », dans Jean-
Michel DE WAELE, Catalina ZGUREANU-GURAGATA (coordonné par), op. cit., p. 17.
6 Selon le recensement de 1989, 64,5 % de la population était roumanophone tandis qu’un tiers était composée
des minorités : Ukrainiens (13,8 %), Russes (13 %), Gagaouzes (3,5 %) et autres (Bulgares, juifs, Tsiganes, etc.)
En 2004, la composition ethnique était la suivante : Moldaves - 78.2%; Ukrainiens- 8.4%; Russes -5.8%;
Gagaouzes - 4.4%; Bulgares - 1.9%; autres -1.3%, voir http://www.europa.md/
7 L’Union soviétique a fait la promotion d’une identité moldave artificielle pour éviter les tendances de
réunification avec la Roumanie, voir Florent PARMENTIER, « État, politique et cultures en Moldavie », La
revue internationale et stratégique, n° 54, été 2004, p. 156.
8 Florent PARMENTIER, « État, politique et cultures en Moldavie », p. 154.
9 Les pays baltes ont fait partie de la vague de 10 pays qui ont été admises dans l’Union Européenne en 2004 et
la même année dans l’OTAN.
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