ses anciens Etas-membres de l’Europe Orientale – les pays baltes, l’Ukraine ou la Biélorussie
- se sont retrouvés comme la République de Moldavie déchirés entre l’Ouest et l’Est, avec des
populations mixtes ethniquement et linguistiquement. Leur situation géostratégique et
culturelle était beaucoup plus complexe que celle de la plupart des pays de l’Europe Centrale
pour lesquels la transition postcommuniste s’est posée uniquement en termes économiques et
politiques et qui ont adopté dans la politique extérieure une orientation pro-occidentale
manifeste dès le début.5
Dans le cas de la République de Moldavie, pour des raisons liées à son histoire
complexe et à sa structure ethnique6, la transition a été marquée par son aspect culturel et
identitaire. Florent Parmentier distingue trois volets de ces conflits ethnoculturels : l’identité
du groupe majoritaire roumanophone qui reste à définir – roumaine ou moldave7, les
revendications du groupe russophone qui souhaite voir la langue russe reconnue au statut de
langue nationale et finalement les demandes de fédéralisation de la Moldavie faites par la
Transnistrie et la Gagaouzie, territoires peuplées majoritairement par les minorités.8 La
politique extérieure de l’Etat moldave et les relations avec les pays voisins ont été ainsi le
reflet de ces tensions intérieures d’ordre ethnolinguistique et culturel qui ont dominé les
années postindépendance. Déchirée entre la Roumanie et la Russie, entre les tendances
unionistes et celles pro-russes, la Moldavie a eu des difficultés à trouver un consensus à
l’égard de son positionnement sur la scène internationale. On pourrait dire que la spécificité
de sa politique extérieure réside dans cette oscillation continuelle entre l’Ouest et l’Est, dans
son incapacité de choisir l’un ou l’autre de deux camps. A la différence des pays baltes par
exemple, qui par une politique pro-occidentale résolue ont réussi leur intégration euro-
atlantique9 ou à la différence de la Biélorussie qui a choisi de renforcer ses liens avec la
la Grande Roumanie, dont elle fera partie jusqu’à la Seconde Guerre mondiale où elle sera intégrée à l’Union
soviétique. Pour une courte histoire de la Moldavie, voir Wanda DRESSLER, « Entre empires et Europe le
destin tragique de la Moldavie », Presses Universitaires de France, Diogène, 2005/2 - N° 210, p. 35-40.
5 Maarten BEKS & Olga GRAUR, « Cultural politics in Moldova, undermining the transition? », dans Jean-
Michel DE WAELE, Catalina ZGUREANU-GURAGATA (coordonné par), op. cit., p. 17.
6 Selon le recensement de 1989, 64,5 % de la population était roumanophone tandis qu’un tiers était composée
des minorités : Ukrainiens (13,8 %), Russes (13 %), Gagaouzes (3,5 %) et autres (Bulgares, juifs, Tsiganes, etc.)
En 2004, la composition ethnique était la suivante : Moldaves - 78.2%; Ukrainiens- 8.4%; Russes -5.8%;
Gagaouzes - 4.4%; Bulgares - 1.9%; autres -1.3%, voir http://www.europa.md/
7 L’Union soviétique a fait la promotion d’une identité moldave artificielle pour éviter les tendances de
réunification avec la Roumanie, voir Florent PARMENTIER, « État, politique et cultures en Moldavie », La
revue internationale et stratégique, n° 54, été 2004, p. 156.
8 Florent PARMENTIER, « État, politique et cultures en Moldavie », p. 154.
9 Les pays baltes ont fait partie de la vague de 10 pays qui ont été admises dans l’Union Européenne en 2004 et
la même année dans l’OTAN.
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