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Nature _Aurores boréales
marina.ch_Février_2013 marina.ch_Février_2013
Un spectacle
de nuit somptueux
Cette année, les aurores polaires devraient être
les plus visibles depuis 50 ans. Ces ballets de lumière
impressionnants peuvent cependant aussi être à
l’origine de problèmes techniques.
Stefanie Pfändler
Daniel B. Peterlunger, NASA
Les prévisions d’aurores polaires sont difficiles à réa-
liser: il est en effet pratiquement impossible de pré-
voir plus de quelques jours à l’avance et avec fiabi-
lité ce spectacle haut en couleurs qui illumine le ciel
nocturne. La NASA s’efforce cependant de proposer
des prévisions les plus fiables possibles et dit avoir
identifié une activité solaire maximale impression-
nante cet hiver. En dautres termes, il s’agit là d’une
période idéale pour admirer des aurores boales. Et
peut-être même jusqu’en Europe centrale. Pour le
plaisir des yeux.
Le soleil est tout sauf un corps statique. Sa surface
est sans cesse perture par de violentes éruptions
dont lintensi est plus ou moins grande selon les
cycles. Une éruption solaire signe une émission de
plasma des taches solaires principalement compo-
e d’électrons et de protons. Les particules émises
sont propulsées dans l’espace à une vitesse de 300
à 800 km/h. Ce vent solaire fait perdre au soleil une
masse de ps d’un million de tonnes par seconde.
Mais ce qui nous intéresse ici, c’est le moment où le
vent solaire pétre dans l’atmospre terrestre. On
avait supposé en 1859 qu’il existait un lien entre
les éruptions solaires et les uctuations du champ
magnétique terrestre, mais ce pnomène ne pou-
vait pas encore être expliqué à lépoque. Au début
du XXe scle, le physicien Kristian Birkeland émet
pour la première fois l’hypotse que les aurores po-
laires pourraient être clenchées par des courants
de particules émises par le soleil. Mais le Norvégien
n’est alors pas pris au sérieux. Ce n’est qu’en 1959
que la sonde spatiale soviétique Lunik 1 a été en me-
sure de prouver l’existence du vent solaire de manre
exrimentale. Et tout est devenu beaucoup plus
clair depuis
Birkeland ne s’était nullement trompé. Le champ ma-
gtique terrestre protège la surface de la Terre des
particules chares du vent solaire en les déviant le
long des lignes de champ. Ces lignes terminent leur
course aux pôles et les particules ves sont donc
entraînées jusque-. A ces deux endroits, le champ
magnétique terrestre devient de plus en plus per-
pendiculaire à la surface de la Terre, permettant ainsi
aux particules chares de pétrer dans latmos-
phère terrestre. Elles rencontrent alors des molécules
_01 Des atomes d’oxygène affichent
une couleur verte à environ 100 km
d’altitude et rouge à 200 km.
_02 Aurore polaire vue de la station
spatiale internationale.
_03-04 Au nord de la Norvège.
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Quelques liens utiles
www.nasa.gov
Informations actuelles, images et vidéos d’aurores polaires et de
l’activité solaire
http://www.gi.alaska.edu/AuroraForecast
Prévisions à court terme de l’activité des aurores polaires dans toutes
les régions du monde
http://www.polarlichter.info/chronik.htm
Chronique de lapparition des aurores polaires en Europe centrale
http://www.asc-csa.gc.ca/eng/astronomy/auroramax
Images en direct de lAgence spatiale canadienne
http://youtu.be/lT3J6a9p_o8
Vidéo éducative de l’université d’Oslo sur les aurores boréales
d’air dans la couche supérieure de l’atmosphère et
leurs chocs produit de la lumre. C’est cette lumière
qui donne naissance aux aurores polaires sur Terre
aussi bien dans l’hémisphère nord (aurora borealis
ou aurore boale) que dans l’misphère sud (aurora
australis ou aurore australe). Ces aurores polaires
sont les plus visibles entre 60 et 80 degs Nord et
Sud. En Europe, les chasseurs daurores polaires se
rendront donc plus facilement à Oslo ou encore plus
au nord.
Lactivi inhabituelle du Soleil
Les aurores polaires peuvent prendre toutes sortes
de formes: arcs dynamiques, rayons en forme dan-
neau, surfaces lumineuses diffuses, etc. Elles suivent
des mouvements impressionnants, presque dansants,
dans le ciel nocturne. Leurs couleurs nous permettent
d’en savoir un peu plus sur les molécules excies par
le vent solaire: les atomes d’oxygène percutés à une
altitude de 100 kilomètres environ produisent un
vert uorescent, alors qu’ils afchent une couleur
rouge s’ils se trouvent à 200 kilotres daltitude.
Les atomes dazote donnent quant à eux naissance
à des nappes oscillant entre le violet et le bleu. Mais
il faut énormément dénergie pour donner naissance
à une aurore polaire et ces spectres de couleurs ne
sont visibles qu’en cas dactivi solaire très
importante.
Le vent solaire parcourant la distance qui sépare le
soleil de la Terre en deux à quatre jours, il est possible
de prévoir lapparition d’aurores polaires à court
terme en observant les éruptions solaires (cf. enca-
dré). A long terme, ce phénomène ne peut être pré-
dit que de manre ts vague en estimant l’activi
solaire future. Cette dernre afche une évolution
cyclique suivant un rythme de dix ans environ et est
néralement évaluée en fonction du nombre de
taches solaires. Le soleil connt une phase inhabi-
tuellement active depuis le milieu du XXe siècle. Ces
circonstances favorables coïncident cet hiver avec
un maximum du cycle solaire actuel qui a débuté en
2007. Ceci a pous la NASA à annoncer que les au-
rores polaires de cet hiver seront les plus impres-
sionnantes depuis 50 ans.
Nous savons aujourd’hui que le vent solaire modie
le champ magtique terrestre. Sa puissance est gé-
ralement exprimée en teslas (unité utilisée pour la
densité de flux des champs magtiques). En Europe
centrale, elle s’éve à près de 20 microteslas ou
20 000 milliteslas. Des fluctuations de 20 millites-
las sont considérées comme normales et lon parle
d’orage magtique lorsque les perturbations attei-
gnent 50 milliteslas. Ce type dorage se développe
en différentes phases sous l’influence des vents so-
laires et peut être à l’origine de perturbations de près
de 250 milliteslas lorsqu’il est très intense. En 2000,
une super tempête solaire a fait baisser la densidu
champ magtique terrestre de 301 milliteslas pen-
dant un bref instant. Une telle perturbation ne dure
normalement que quelques heures et le champ ma-
gtique terrestre retrouve rapidement sa densi
habituelle.
Pannes de courant et perturbations GPS
Les orages magtiques les plus violents provoquent
aussi des perturbations techniques. En 1989, une
super temte a causé une panne de courant qui a
du neuf heures à Montal. En 2003, un orage
magnétique a provoq une panne de courant de
plusieurs heures en Suède. Soixante vols avait à
l’époque été dévs vers les Etats-Unis. En 2011, un
orage magnétique a provoq un mauvais fonction-
nement de la sonde Venus Express. On ne sait tou-
jours pas quels effets de telles temtes solaires
peuvent avoir, mais on consire que l’approvision-
nement global en électricité pourrait en souffrir. Une
éventualité apocalyptique qui rejoint les grandes
peurs de nos ancêtres lorsqu’ils étaient témoins de
ce phénomène? Mais nos connaissances ne sont pas
forcément très utiles: il est en effet pratiquement
impossible dadopter des mesures préventives et il
est très difcile de faire des prévisions fiables de tels
énements. Il ne nous reste donc qu’une seule solu-
tion: profiter de la magnifique danse de ces lumres
dans le ciel nocturne et esrer qu’elles ne nous cou-
peront pas trop souvent lélectricité.
« »
Des aurores boréales ont déjà été observées
à Rome et Hawaii. Elles devraient aussi être
visibles cette année en Europe centrale.
_01 Aurore boréale surTromsø, Norvège.
_02 Rideaux de lumière sur le Canada.
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