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Correspondances en Nerf & Muscle - Vol. II - n° 1 - octobre 2004
Fiche à détacher et à archiver
lement du milieu de l’épine de l’omoplate
(électrode de surface active ou électrode-
aiguille), et l’électrode de référence placée
sur l’acromion (électrode de référence). Le
muscle sous-épineux se localisant sous le
chef supérieur du muscle trapèze, il faut le
repérer par des stimulations au point d’Erb
ou au-dessus, et vérifier que la stimulation
du nerf spinal accessoire (XI) n’évoque pas
de réponse. De cas en cas, il est parfois
nécessaire de pratiquer une stimulation
directe des muscles épineux pour recher-
cher un bloc de conduction distal avec
mise en place d’une électrode-aiguille très
superficielle au point moteur, l’anode et la
cathode étant de part et d’autre alignées
sur l’aiguille de réception (7). La stimula-
tion directe des muscles épineux permet
aussi d’apprécier l’état fonctionnel de la
coiffe des rotateurs par la démonstration
d’un déplacement articulaire couplé à la
contraction musculaire.
L’examen en détection consiste en la
recherche d’une activité de repos dans les
muscles sous-épineux, sus-épineux, chefs
moyen et postérieur du deltoïde, biceps
brachial, rhomboïde, petit rond et grand
dentelé. À l’effort musculaire gradué, l’éva-
luation se concentre sur le recrutement et
la morphologie des potentiels d’unité
motrice des mêmes muscles.
Dans notre expérience, il est retrouvé une
perte axonale localisée soit dans le sous-
épineux, soit dans le sus-épineux, soit
dans les deux muscles ; la recherche d’un
bloc de conduction est le plus souvent
vaine (1). En revanche, sont relevants de
nombreux potentiels stables directs et de
latence très prolongée (ondes tardives)
enregistrés dans les muscles sus- et sous-
épineux de certaines observations, reflet
d’une réinnervation terminale. Il n’a pas
été mis en évidence de décharges doubles
indirectes correspondant à la réexcitation
ectopique distale de l’axone moteur par le
passage d’un influx orthodromique volon-
taire ou stimulé, réponse instable observée
en cas de lésion myélinique (8).
P
RINCIPAUX DIAGNOSTICS
DIFFÉRENTIELS DES SCAPULALGIES
Le diagnostic différentiel s’articule entre
une atteinte radiculaire C5 (C6) avec une
douleur prédominant sur le moignon de
l’épaule, un syndrome de Parsonage et Tur-
ner responsable de scapulalgies excru-
çiantes parfois diffuses de l’épaule irra-
diant vers le segment cervical et la racine
du MS avec amyotrophie et déficit moteur
variable mais prédominant sur le territoire
du plexus brachial supérieur souvent en
mosaïque. La symptomatologie est pure-
ment motrice et l’électroneuromyographie
étaye le plus souvent une lésion axonale.
Un syndrome du défilé scalénique parfois
douloureux, parfois s’associant à une lour-
deur brachiale à l’effort, complète le dia-
gnostic différentiel, ainsi qu’une mono-
neuropathie axillaire avec parésie du
deltoïde, la rotation externe en partie com-
pensée par le muscle sous-épineux, une
mononeuropathie du grand dentelé res-
ponsable d’une impotence scapulaire
algique avec scapula alata déclenchée par
l’antéflexion du bras, une pathologie liga-
mento-capsulaire, une tendinite du long
chef du biceps, une lésion du bourrelet glé-
noïdien et une rupture partielle ou com-
plète de la coiffe des rotateurs avec amyo-
trophie de type ab inusu des fosses
épineuses associée ou non à une lésion du
NSS. La coiffe des rotateurs comprend
d’avant en arrière les muscles sous-scapu-
laire, sus-épineux, sous-épineux et petit
rond ; la rupture est démontrée à l’image-
rie, IRM, arthoscanner, l’évaluation élec-
trique étant peu contributive en dehors de
l’exclusion d’une lésion d’un tronc nerveux.
Enfin, il existe de rares arthropathies ner-
veuses de l’épaule, le plus souvent une
syringomyélie, diagnostic établi sur un syn-
drome sensitif dissocié thermo-algésique
avec un syndrome lésionnel suspendu et
l’imagerie précisant l’extension de la cavité
intramédullaire.
Figure 3. Vue postérieure d’un schéma de l’épaule.
(A) Montage par électrodes de surface (en blanc, électrodes de référence placées sur l’acromion ; en noir,
électrodes actives placées en regard du point moteur des muscles sus- et sous-épineux). Stimulation
monopolaire au point d’Erb (1 et 2) et enregistrement simultané des réponses motrices des muscles sus- (3)
et sous-épineux (4) avec référence à la terre (5). (B) Points d’exploration par électrode-aiguille des fais-
ceaux supérieur, moyen et inférieur du muscle trapèze (grosses cibles) et (de haut en bas), des muscles élé-
vateurs de la scapula, rhomboïde et petit rond (petites cibles). Le muscle sus-épineux (étoile à 4 branches)
est exploré par l’insertion de l’aiguille dans la fosse sus-épineuse juste au-dessus du milieu de l’épine de
l’omoplate. Le muscle sous-épineux (étoile à 5 branches) est exploré à l’aiguille dans la fosse sous-épi-
neuse à deux doigts de l’épine de l’omoplate, à partir de son milieu. Pour les muscles sus- et sous-épineux,
l’insertion de l’aiguille est poursuivie jusqu’au contact avec l’os, puis elle est retirée de 2-3 mm.
(Le professeur G. Monnier a bien voulu fournir ce schéma anatomique).