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LACTUALITE D'OCTOBRE
« Avare »? Son gout pour I argent nous
est confirme par son inventaire apres de
ces, qui, a cote d un clavecin en mauvais
etat estime a 24 livres, d habits peu nom-
breux et uses, fait etat de 40584 livres
d'argent monnaye On se sou\ lent aussi
de la lettre de protestation au Mercure de
1749, ou Rameau défend son opera Pla-
tée «Les sept représentations ( ) ont pro-
duit 19672 livres, les six représentations
( ) dans le careme ont produit ll 892 li-
vres » Nous savons aussi que pour La
Guirlande, Rameau demande d etre paye
pour trente représentations et non pour
quatorze, son ouvrage étant « reste » au
theatre il reçoit 670 livres supplemen
taires Force est de constater que I argent
occupe une place centrale dans ses
preoccupations
Un caractère impossible
Enfin, « e est un brutal »? Maret nous
conte une anecdote de jeunesse du
temps ou Rameau était a Clermont on
ne sait s'il s'agit de son premier ou second
sejour dans cette \ille « Le samedi dans
l'octave de la tete Dieu, au salut du matin,
étant monte a I orgue Rameau mit sim
plement la mam sur le davier au premier
et au second couplet, ensuite il se retira
et ferma les portes avec fracas on crut
que le souffleur manquait et cela ne fit
aucune impression Maîs au salut du soir,
il ne fut pas possible de prendre le change,
et I on vit qu'il avait résolu de témoigner
son mécontentement par celui qu dallait
donner aux autres II tira tous les jeux de
l'orgue les plus désagréables et y joignit
toutes les dissonances possibles En vain
lui donna t on le signal ordinaire pour
I obliger a cesser de toucher, on se vit force
de lui envoyer un enfant de chœur Des
qu il parut, Rameau quitta le clavier et
sortit de l'église ll avait mis tant d'art
dans le mélange des jeux et dans I assem
blage des dissonances ksplus tranchantes,
que les connaisseurs avouaient que Ra
meau seul était capable déjouer si des
agréablement Le chapitre lui fit des re
proches, maîs sa réponse fut qu'il ne
jouerait jamais autrement, si I on persistait
a lm refuser sa liberte »
Chabanon voit dans ces traits de brutalité
le genie occupe ailleurs « Notre artiste
n était point courtisan et u ne pouvait I etre,
se suffisant a lui même, ne vivant qu avec
son genie, et négligeant jusqu'à la societe
des hommes la sage et tranquille inde
Parmi les temps forts de la
rentrée ramiste, signalons :
i Dijon, Opéra, les 2 et
; à Lille, Opéra, du 17 au
/ID, Castor et Pollux,
par Emmanuelle Haïm
^contre) et Barrie Kosky.
ik Versailles, Opéra,
r/10, Grands Motets, par
...Jliam Christie et Les Arts
florissants.
ik Montpellier, Opéra, le
NO, extraits d'opéras,
r Sandrine Piau, Jérôme
K Paris, Théâtre des
...amps-Élyseés, du 13 au
. „! I 2WO, Castor et Pollux,
par Hervé Niquet et Christian
Schiaretti (lire l'entretien
avec Hervé Niquet, page 28).
>• Côté livre, une biographie du compositeur signée Jean Matignon
et Jean-Philippe Biojout vient de paraître aux éditions Bleu Nuit. Il s'agit
d'un ouvrage paru en 196O pour la collection « Solfèges » des éditions du
Seuil, remis à jour par l'éditeur à l'occasion de ('anniversaire Rameau 2014.
^- Le site www.rameau2014.fr, réalisé par le Centre de musique baroque de
Versailles, recense toute l'actualité de l'année Rameau, propose des
interviews d'artistes, des actualités discographiques et un accès (gratuit)
à de nombreuses partitions (dans des éditions anciennes).
pendance dont il jouissait n était point le
fruit de ses reflexions maîs la suite de son
caractère, il était ne philosophe, comme
le chene naît robuste >
Maîs cette brusquerie apparaît aussi dans
son travail de compositeur, aussi bien
envers le librettiste qu envers les inter
prêtes qui défendent ses ouvrages < //
bi usquait les auteurs \ de ses livrets], écrit
Colle, fl un point qu'un galant homme ne
pouvait soutenir de travailler une deuxieme
fois avec lui, il n'y a que le Cahuzac [sic]
quiyaittenu,
tien
avait fait
une
espèce
de
valet de chambre parolier >
Castil Bla/re rapporte qu'a une répétition
des Paladins, Rameau accéléra tellement
un tempo que Sophie Arnoult se plaignit
qu on ne comprendrait plus les paroles
qu'elle chantait « Et qu'importé ' ll suffit
que l'on entende ma musique, les paroles
ne sont rien dans un opera >, fut la réponse
de notre compositeur De son cote, Maret
écrit que lors des répétitions de ses operas,
« il s'asseyait dans le parterre ou il voulait
etre seul, si quelqu'un venait I y trouver et
s approchait de lui, il le repoussait avec la
mam sans lm parler et sans même le regar
der » Lorsque Michel Pignolet de Mon-
teclair, laloux des succes de son mal, vint
a lui et reconnut la valeur superieure des
Indes galantes Rameau lui répliqua dit
on < L'endroit que vous louez Monsieur,
est cependant contre les regles, car il y a
trois quintes de suite > II est rapporte
par Thomon, dans sa Vie de Jean-Fran
cols Rameau [le fameux neveu de Rameau
dont s inspira Diderot] que le 2 octobre
1742, Rameau échangea des propos tels
avec le compositeur Pancrace Royer
qu un spectateur intervint et menaça de
lui donner < vingt coups de pied dans le
ventre » Querelleur, il saura l'être surtout
pour defendre jusqu a son dernier souffle
les théories qui I ont occupe toute sa
vie « Considérons seulement avec admi
ration et surprise notre artiste descendu
dans la lice avec les premiers geometres
de l'Europe, les d'Alembert les Euler U
combattit avec audace, presque avec fu-
reur, de si grands adversaires, et dans
l'emportement de la dispute, l'amour de
ses opinions put I emporter
trop lom contre eux > »
(A suivre )
>• Le texte de ce feuilleton
est extrait de la biographie du
compositeur ecrite par le
claveciniste et chef d orchestre
(fondateur des Talens lyriques)
Christophe Pousset parue aux
editions Actes Sud/Classica