ticipent essentiellement au raccourcissement du grand axe du VG,
et non au raccourcissement circonférentiel du VG, qui est étudié
sur un cliché TM (figure 1). Par contre, en pleine épaisseur du
myocarde, à “mi-paroi”, il existe une prédominance de fibres cir-
conférentielles qui sont à l’origine (pour l’essentiel) du raccour-
cissement du petit axe ventriculaire gauche. Il serait donc plus
adapté d’étudier la fraction de raccourcissement de cette région,
à mi-paroi, plutôt que la fraction de raccourcissement endocar-
dique.
L’APPROCHE QUI POURRAIT DEVENIR ROUTI-
NIÈRE ET SES AVANTAGES
Mesurer la contrainte télésystolique afin de mieux
évaluer la contractilité myocardique
Afin d’évaluer plus spécifiquement la contractilité myocardique
chez l’hypertendu, il est donc nécessaire de tenir compte du niveau
de post-charge, c’est-à-dire des forces s’opposant au raccourcis-
sement des fibres en systole. Ces forces dépendent du niveau de
pression artérielle et de la géométrie VG. La post-charge est au
mieux approchée par l’étude de la contrainte ou du stress parié-
tal. On distingue deux vecteurs majeurs de contrainte :
1. la contrainte méridionale (ou longitudinale), qui représente la
force s’exerçant dans le grand axe du VG et s’opposant au rac-
courcissement du grand axe ;
2. la contrainte circonférentielle, perpendiculaire au grand axe,
de direction équatoriale, s’opposant au raccourcissement circon-
férentiel des fibres, et donc au raccourcissement du petit axe.
Le calcul de la contrainte télésystolique méridionale (CTSm),
validé par étude hémodynamique invasive (1), peut s’effectuer en
routine à partir d’un cliché TM du VG (tableau I). Il est nécessaire
de connaître la pression artérielle systolique (ou PAS, en mmHg),
considérée comme la pression télésystolique intra-VG, et de mesu-
rer l’épaisseur télésystolique de la paroi postérieure (PPs) et le dia-
mètre interne télésystolique du VG (ou DIVGs, en centimètres). À
partir de la contrainte, on peut calculer une FRe théorique
(tableau I). La fonction systolique du VG chez l’hypertendu peut
alors être étudiée par une comparaison des valeurs de FRe mesu-
rées aux valeurs de FRe attendues théoriques (tableau I).
Mesurer la fraction de raccourcissement à mi-paroi
Les fibres sous-endocardiques (essentiellement longitudinales) et
les fibres à mi-paroi (essentiellement circonférentielles) ont des
comportements différents au cours du cycle. En effet, les fibres à
mi-paroi ont une migration plus épicardique pendant la systole que
les fibres de la couche sous-endocardique. Ainsi, chez le sujet nor-
mal, le raccourcissement systolique des fibres de la couche sous-
endocardique est plus important que celui des fibres de la couche
sous-épicardique (figure 1). Autrement dit, si l’on considère un
point théorique positionné à mi-paroi du myocarde en télédiastole,
il aura tendance à ne pas rester “médian” au cours du cycle, mais
à migrer en sous-épicardique au cours de la contraction (2).
La mesure d’une fraction de raccourcissement non plus endo-
cardique mais à mi-paroi (FRm) est possible. La formule est com-
plexe (tableau I), mais son utilisation intégrée dans une base de
données est extrêmement simple, puisque seuls des paramètres
conventionnels sont nécessaires au calcul (3). Pour calculer la
FRm, il faut d’abord mesurer le diamètre diastolique du VG à mi-
paroi (DIVGdm), qui est égal au diamètre interne (DIVGd) auquel
on ajoute la moitié de l’épaisseur septale et la moitié de l’épais-
seur de la paroi postérieure. Ensuite, il faut mesurer le diamètre
systolique du VG à mi-paroi (DIVGsm), et donc pouvoir repérer
la migration des points situés à mi-paroi en diastole : or, en sys-
tole, leur position n’est plus à mi-paroi, puisque nous avons vu
que la migration était plutôt péricardique... d’où la complexité de
la formule (tableau I).
Dans des études de populations normales, la FRm normale est de
18±3% (4, 5). Les études cliniques chez l’hypertendu ont mon-
tré que la fonction contractile du VG peut être surestimée par la
FRe, en particulier quand les parois sont hypertrophiées (6), et
surtout quand la géométrie du VG est concentrique. Ainsi, dans
une population de 118 hypertendus avec remodelage concentrique
(h/r* > 0,44) comparés à 104 hypertendus avec VG de géométrie
normale, alors que les FRe étaient comparables, la FRm était plus
basse dans le groupe concentrique (20±3% versus 22±3%;
p<0,001), malgré une contrainte plus basse (7).
Comme pour la FRe, l’approche consistant à calculer une FRm
théorique à partir du niveau de contrainte est la meilleure pour
interpréter une valeur de FRm mesurée chez un patient donné
(tableau I).
La Lettre du Cardiologue - n° 356 - juin 2002
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MISE AU POINT
Figure 1. Représentation en petit axe de la localisation des fibres circon-
férentielles prédominant à mi-paroi en plein myocarde, alors que les
fibres longitudinales sont situées plutôt en périphérie. La difficulté du
calcul de la FRm vient du fait qu’un point à mi-paroi en diastole ne
demeure pas à mi-paroi en systole.
DVGdm : diamètre diastolique ventriculaire gauche à mi-paroi. DVGsm : diamètre systo-
lique ventriculaire gauche à mi-paroi.
*h/r : épaisseur pariétale relative.