UNIVERSITÉ DE NICE SOPHIA ANTIPOLIS Faculté des Sciences Département de Mathématiques 2014/2015 Préparation à l’agrégation UE 7. Examen. Durée 2 h. Corrigé. √ √ Exercice 1. On pose A = Z[ 2] = {a + b 2; a, b ∈ Z}. a) Montrer que A est un sous-anneau de R isomorphe à Z[X]/(X 2 − 2).√ Considérons l’homomorphisme d’anneaux ϕ : Z[X] → R, ϕ(P ) = P ( 2). Le noyau de ϕ est égal à l’idéal X 2 − 2 (pour le montrer on peut utiliser la division euclidienne par X 2 − 2) est l’image de ϕ est A. Nous concluons alors par le théorème d’isomorphisme. √ √ b) Soit N une application de Z( 2) dans R qui à z = a + b 2 associe N (z) = |a2 − 2b2 |. Montrer que pour tous z et z 0 de A on a : N (zz 0 ) = N (z)N (z 0 ), N (z) = 0 ⇔ z = 0. Bien entendu on peut le calculer directement. On peut aussi considérer l’homorphisme d’anneaux √ √ ¯ : A → A, (a + b 2) = a − b 2. Alors N (z) = zz, N (zz 0 ) = zzz 0 z 0 = N (z)N (z 0 ) et N (z) = zz = 0 ⇐⇒ z = 0 ou z = 0 ⇐⇒ z = 0. c) Montrer que pour tout x ∈ A et tout y ∈ A \ {0} il existe q, r ∈ A tels que x = yq + r avec N (r) < N (y). (Indice : déterminer q ∈ A tel que N (x/y − q) < 1.) √ √ √ Notons que le point précédent est également valable pour Q( 2). Soit x/y√= α + β 2 ∈ Q( 2). Il existe a, b ∈ Z tels que |a − α| ≤ 1/2, |b − β| ≤ 1/2. On choisit q = a + b 2. Alors N (x/y − q) ≤ |1/4 − 1/2| ≤ 1/2 < 1 et pour r = x = yq, N (r) < 1 d) L’anneau A, est-il euclidien ?, principal ?, factoriel ? A est euclidien par le point précedent, et donc principal et factoriel. √ Exercice 2. Soit A = Z[ −3] ⊂ C et K son corps de fractions. Montrer que x2 − x + 1 est irréductible dans A[x] sans pour autant être irréductible dans K[X]. En déduire que A n’est pas factoriel (citer précisément les résultats utilisés). √ √ 1+i 3 1−i 3 2 Les racines de P (x) = x − x + 1 sont x1 = 2 , x2 2 . Le polynôme P (x) = x2 − x + 1 est unitaire et n’a pas de racines dans A. Alors il est irréductible dans A. (Attention : Il existe dans A[X] de polynômes réductibles de degré deux et sans racines dans A, par exemple 5(x2 − x + 1).) P est réductible dans K[X] : P (x) = (x − x1 )(x − x2 ). A n’est pas factoriel. Sinon P soit un contreexemple au théorème suivant : Theorème : Soit A un anneau factoriel de corps des fractions K. Alors les irréductibles de A[X] sont de deux types : i) Les polynom̂es P = p constants avec p irréductible dans A. ii) Les polynom̂es primitifs de degré ≥ 1 qui sont irréductibles dans K[X]. Exercice 3. (Entiers algébriques de C.) On dit que α ∈ C est un entier algébrique s’il est racine d’un polynôme unitaire à coefficients entiers. a) Soient α ∈ C et β ∈ C deux entiers algébriques. Montrer que α + β et αβ sont aussi des entiers algébriques. (indice : utiliser les polynômes symétriques ou les résultants). - Solution 1 : Soit P (X) le polynôme minimal de α et Q(X) celui de β. Soient α1 , ..., αm les racines de P , et β1 , ..., βm les racines de Q. Soient σ1 , ..., σm les polynômes symétriques élémentaires en α1 , ..., αm et τ1 , ..., τn les polynômes symétriques élémentaires en β1 , ..., βn . Supposons que ρ est un polynôme symétrique en αi + βj , i = 1, ..., m, j = 1, ..., n, à coefficients entiers. Alors 1 il est symétrique en α1 , ..., αm , d’où, par le théorème fondamental des polynômes symétriques, ρ ∈ Z[β1 , ..., βn ][σ1 , ..., σm ], symétrique en β1 , ..., βn . Alors, encore par le théorème fondamental des polynômes symétriques, ρ ∈ Z[σ1 , ..., σm ][τ1 , ..., τn ]. Si on applique ce raisonement aux polynômes symétriques élémentaire en αi + βj on obtient le résultat pour α + β. On procède de même manière pour αβ. - Solution 2 : resY (P (X), Q(Y − X)) ∈ Z[Y ] a comme racines αi + βj , i = 1, ..., m, j = 1, ..., n. Il faut pourtant montrer qu’il est unitaire (on le voit de la forme de la matrice de Sylvester). Y De même resX (P (X), X d Q( X )) ∈ Z[Y ], d = deg P , qui a comme racines αi · βj , i = 1, ..., m, j = 1, ..., n, est unitaire. - Solution 3 : On peut utiliser les Z-modules de type fini, voir [Samuel, Section 2.1]. b) Soit d > 1 un entier sans √ facteur carré. (1) Montrer√que (1 + d)/2 est un entier algébrique ssi d ≡ 1 (mod 4). Si (1 + d)/2 est un entier algébrique alors son polynôme minimal (unitaire) dans Z[X] doit être irréductible √ dans Q[X]. (voir le théorème précedent). Le polynôme √ cité dans l’exercice √ minimal de (1 + d)/2 sur Q est (X − (1 + d)/2)(X − (1 − d)/2) = X 2 − X + (1 − d)/4. Il est à coefficients entiers ssi d ≡ 1 (mod 4). √ d). Montrer que (2) Soit A l’anneau des entiers algébriques de Q( √ (i) A = Z[ d] si d ≡ 2, 3 (mod 4) √ (ii) A = Z[(1 + d)/2] si d ≡ 1 (mod 4) √ Si b 6= 0 alors le polynôme minimal (unitaire) de a + b d sur Q est X 2 − 2aX + (a2 − db2 ). Il est à coefficients entiers ssi 2a ∈ Z, (a2 − db2 ) ∈ Z. Première observation : (a2 − db2 ) ∈ Z implique l’équivalence a ∈ Z ⇐⇒ b ∈ Z (d est sans facteur carré) Deuxième observation√: 2b ∈ Z.√ Conclusion : Si a + b d ∈ / Z[ d] est un entier algébrique alors a − 1/2 ∈ Z et b − 1/2 ∈ Z et √ 1 + d)/2 est un entier algébrique. √ √ (i) Soit d ≡ 2, 3 (mod 4). Clairement A ⊃ Z[ d] ( d est racine de X 2 − d). Par Conclusion on a l’inclusion inverse. √ (ii) Soit d ≡ 1 (mod 4). Par (1), A ⊃ Z[(1 + d)/2]. Par Conclusion on a l’inclusion inverse. Exercice 4.(La fonction scalaire de Leibniz) Considérons de points pondérés (A1 , α1 ), ..., (Ak , αk ) d’un espace affine euclidien E. Soit F : E → R une fonction définie par k X F (M ) = αi (dist(M, Ai ))2 i=1 a) On suppose que la somme que pour tout M ∈ E, P i αi n’est pas nulle. Soit G le barycentre du système {(Ai , αi )}. Montrer F (M ) = F (G) + ( X αi )(dist(M, G))2 i Rappelons que le barycentre G est caractérisé par l’identité F (M ) = k X Pk −−→ i=1 αi GAi = ~0. Alors −−→ −−→ −−→ −−→ αi < M G + GAi , M G + GAi > i=1 k k X X −−→ −−→ −−→ X −−→ −−→ −−→ =( αi ) < M G, M G > +2 < M G, αi GAi > + αi < GAi , GAi > i i=1 X =( αi )(dist(M, G))2 + F(G). i 2 i=1 P b) Que peut-on dire si i αi est nulle ? P −−−→ Rappelons que dans ce cas le vecteur ~v = ki=1 αi M Ai ne dépend pas de M . On fixe un point O ∈ E. Alors F (M ) = k X −−→ −−→ −−→ −−→ αi < M O + OAi , M O + OAi > i=1 k k X X −−→ −−→ −−→ X −−→ −−→ −−→ =( αi ) < M O, M O > +2 < M O, αi OAi > + αi < OAi , OAi > i i=1 −−→ = 2 < M O, ~v > +F (O). i=1 c) On se donne un nombre réel t. Détérminer, selons les valeurs de t, - l’ensemble des points M ∈ E vérifiants l’équation (dist(M, A))2 + (dist(M, B))2 = t. Soit G l’orthocentre de A, B. Alors (dist(M, A))2 + (dist(M, B))2 = 2(dist(M, G))2 + 1/2(dist(B, A))2 = t. Soit r = t − 1/2(dist(B, A))2 . Alors cet ensemble est vide si r < 0, est égale à {G} si r = 0 et est une sphère centrée en G si r > 0. - l’ensemble des points M ∈ E vérifiants l’équation (dist(M, A))2 − (dist(M, B))2 = t. −−→ On choisit O = B et calcule ~v = BA. Alors −−→ (dist(M, A))2 − (dist(M, B))2 = 2 < M B, ṽ > +(dist(B, A))2 = t décrit un hyperplan affine orthogonal au vecteur ~v (si B 6= A). 3