Les chercheurs ont tout fait pour respecter la recette originale, notamment en utilisant du vin issu
d’un vignoble qui existe depuis le IXe siècle.
LA CIBLE
Les chercheurs ont testé la potion contre la superbactérie Staphylococcus aureus résistant à la
méthicilline (ou SARM), une bactérie résistante aux antibiotiques. Les superbactéries, qui prolifèrent
dans les hôpitaux et infectent les patients, sont décrites comme «un problème majeur de santé
publique au Québec» par l’Institut national de la santé publique du Québec. En 2013, elles ont
entraîné des coûts évalués entre 14 et 26 millions $ au Canada et fait au moins 23 000 morts aux
États-Unis.
LES RÉSULTATS
«Nous avons été sincèrement stupéfaits des résultats de nos expériences en laboratoire», dit Freya
Harrison.
Les chercheurs ont testé la potion sur des colonies de bactéries organisées en biofilms, une
configuration qui protège les cellules et complique l’action des antibiotiques. La potion a tout de
même réussi à tuer 99,9 % des bactéries.
Des tests menés à la Texas Tech University, aux États-Unis, ont aussi montré que le remède tue 90 %
des bactéries dans des plaies sur des souris, un résultat décrit comme «aussi bon, sinon meilleur,
qu’avec les antibiotiques conventionnels utilisés».
LE MÉCANISME D’ACTION
Pour l’instant, les chercheurs ignorent comment la potion agit. Ils se sont assurés qu’aucun des
ingrédients pris isolément ne fonctionnait.
«Il se peut que le mélange contienne divers composés actifs qui attaquent les bactéries sur plusieurs
fronts à la fois», dit la microbiologiste Freya Harrison.
Elle souligne que la potion contient de l’alcool, un solvant capable d’extraire et de concentrer des
molécules. Le fait que le mélange doive reposer plusieurs jours fait croire aux chercheurs que des
réactions chimiques s’y déroulent.
«Il est possible que les ingrédients servent de précurseurs pour créer de nouvelles molécules», dit
Mme Harrison.
LES APPLICATIONS
Cécile Tremblay, directrice du Laboratoire de santé publique du Québec, attend de voir les données
scientifiques sur la fameuse potion avant de sabler le champagne.
«Mais on a besoin de nouvelles molécules contre ces bactéries, c’est clair, clair, clair», dit-elle.
Il est possible de combattre les bactéries résistantes aux antibiotiques conventionnels par des
antibiotiques de deuxième ou troisième ligne, mais ceux-ci ont souvent un mode d’administration
complexe ou des effets secondaires importants.