U Éditorial Place du cardiologue en cancérologie The cardiologist caring for cancer patients

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ÉDITORIAL
Place du cardiologue en cancérologie1
The cardiologist caring for cancer patients
J.J. Monsuez*, J.J. Blanc**
Références
bibliographiques
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cancer: oncogenes and cancer.
N Engl J Med 2008;358:502-11.
2. Fröhling S. Molecular origins of
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lities in cancer. N Engl J Med 2008;
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cancer: cancer immunology.
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4. Kerbel RS. Molecular origins
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N Engl J Med 2008;358:2039-49.
5. Chen MH, Kerkelä R, Force T.
Mechanisms of cardiac dysfunction associated with tyrosine
kinase inhibitor cancer therapy.
Circulation 2008;117:84-95.
U
ne brève enquête auprès des cardiologues sur le rôle qu’ils occupent
dans la prise en charge des cancéreux
donne, par la grande similitude des réponses,
un aperçu assez général de leur implication.
Ils interviennent ainsi à divers stades de la
prise en charge, qu’il s’agisse :
– du bilan préthérapeutique avant chimiothérapie, pour préciser d’éventuelles
contre-indications (anthracyclines, 5-FU),
en particulier chez des malades ayant des
antécédents cardiovasculaires ;
– de la surveillance du traitement avant
l’instauration de nouvelles cures (anthracyclines) ;
– de la recherche de complications (localisations cardiaques, endocardite sur cathéter,
épanchements péricardiques, thrombose
veineuse, embolie pulmonaire).
Tous affirment aussi que l’échographie
cardiaque est le complément quasi constant
de ces évaluations, mais que ses modalités
ont peu évolué malgré le développement des
nouvelles approches d’analyse de la fonction
ventriculaire gauche. Par ailleurs, nous avons
probablement tous déjà été confrontés à l’extraordinaire essor des nouveaux médicaments
anticancéreux que sont les antagonistes de
l’angiogenèse et autres inhibiteurs des tyrosines kinases, dont plus d’une dizaine ont été
mis sur le marché et plus d’une centaine sont
en cours de développement. En outre, les
malades qui nous sont adressés pré­sentent
des complications qui sont elles-mêmes
nouvelles et fréquentes.
1 © La Lettre du Cardiologue 2009;421:5. * Consultation de cardiologie, département des maladies infectieuses et tropicales, médecine interne et addictologie,
hôpital Paul-Brousse, Villejuif.
** Service de cardiologie, CHU de Brest.
Ce constat ne suffit probablement pas, et
cela pour deux raisons. Les champs d’implications du cardiologue, dans le domaine
de l’hémato-cancérologie, concernent principalement la surveillance, le dépistage, la
prévention et le traitement des complications
liées aux chimiothérapies anticancéreuses et
à la radiothérapie. Or, il semble évident que
le cardiologue ne peut se limiter à l’évalua-
246 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XVIII - n° 5 - mai 2009
tion de la fonction cardiaque ou à l’imagerie,
et qu’il doit avoir accès à la terminologie et
aux concepts utilisés par la discipline qui lui
demande son avis. Ce qui, avec les révolutions de la biologie du cancer et de son traitement, l’entraîne assez loin de la question des
“facteurs de la carcinogenèse” sur laquelle
nombre d’internes ont planché autrefois, et
qui s’est clarifiée aujourd’hui (1-4). Le concept
dérivé du “chromosome Philadelphie” est
devenu un mécanisme physio­pathologique
général, complexe, extrêmement précis,
dont l’inhibition par les antagonistes des
tyrosines kinases a bouleversé la chimiothérapie actuelle… mais qui agit aussi sur
les myocytes cardiaques. La néovascularisation des tumeurs, indispensable à leur croissance, peut maintenant être prévenue par les
inhibiteurs des facteurs de croissance, tels
que le VEGF, qui eux aussi interfèrent avec
notre domaine, puisqu’ils entraînent HTA et
dysfonction ventriculaire (4-5).
La seconde raison, c’est que le cardiologue
est très proche de ses malades – qu’il suit de
longue date – et que l’irruption du cancer va
l’amener à les accompagner dans toutes leurs
inquiétudes et leurs interrogations.
Ce numéro, bâti en partie autour de la
réunion de FMC cardiologique du CHU de
Brest du 15 novembre 2008, propose donc
quelques aspects de l’évolution de cette
approche interdisciplinaire : en clinique
(aspects actuels du diagnostic et du traitement des tumeurs cardiaques et des complications thrombo-emboliques des cancers),
en imagerie, en particulier avec les apports
récents de la médecine nucléaire dans la
surveillance des malades, en radiothérapie,
avec les complications cardiaques de la radiothérapie et leur meilleure prévention par les
techniques actuelles, et en thérapeutique
médicamenteuse, avec la diversification des
complications liées aux nouvelles chimio­
thérapies. ■
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