8-065-F-10
Hépatites
virales
A.
Laurain, A.
Vallet-Pichard,
M.
Corouge,
S.
Pol
En
20
ans,
les
progrès
dans
la
connaissance
des
hépatites
virales
ont
été
considérables.
L’alphabet
des
virus
hépatotropes
s’est
élargi,
et
aux
virus
A
et
B
se
sont
ajoutés
les
virus
C,
D,
E
et
G
dont
les
génomes
ont
été
caractérisés,
permettant
de
définir
différents
types,
sous-types
ou
isolats,
dont
l’importance
en
termes
de
physiopathologie
et
de
réponse
aux
traitements
antiviraux
a
été
récemment
établie.
Cette
liste
n’est
pas
exhaustive
puisqu’il
existe
des
virus
non
A,
non
B,
non
C,
non
D,
non
E,
non
G
responsables
d’hépatites
aiguës
ou
chroniques
pour
lesquelles
il
n’existe
pas
de
marqueur
en
routine.
Les
techniques
sensibles
d’amplification
génomique
ont
permis
d’identifier
de
nouveaux
virus,
appelés
transfusion-transmitted
virus
(TTV)
ou
SEN-virus
dont
l’importance
physiopathologique
est
modeste,
voire
nulle.
Les
connaissan-
ces
épidémiologiques,
virologiques
et
thérapeutiques
en
matière
d’hépatites
virales
n’ont
cessé
de
croître,
permettant
aujourd’hui
de
mieux
prendre
en
charge
de
manière
diagnostique
et
thérapeutique
des
sujets
ayant
une
hépatite
aiguë
ou
chronique.
L’identification
de
marqueurs
«
chronologiques
»
des
infections
virales
hépatotropes
permet
d’informer
mieux
les
patients
en
termes
non
seulement
pronostiques,
mais
aussi
en
termes
de
réponse
thérapeutique,
si
un
traitement
antiviral
est
indiqué.
Enfin,
l’identification
des
facteurs
associés
à
la
progression
de
la
fibrose
jusqu’à
la
cirrhose
dans
les
infections
chroniques
hépatotropes
permet
de
mettre
en
place
les
meilleurs
traitements
prophylactiques
(abstinence
d’alcool,
correction
des
déficits
immunitaires)
et
d’anticiper
les
traitements
antiviraux.
Les
progrès
en
matière
de
transplantation
hépatique
et
de
thérapeutiques
antivirales
pour
limiter
l’impact
de
la
récidive
virale
sur
le
greffon
devraient
permettre
d’optimiser
le
pronostic
médiocre
des
cirrhoses
virales
actives
et
du
carcinome
hépatocellulaire
(CHC).
©
2016
Elsevier
Masson
SAS.
Tous
droits
réservés.
Mots-clés
:
Hépatite
aiguë
;
Hépatite
fulminante
;
Hépatite
chronique
;
Cirrhose
;
Carcinome
hépatocellulaire
;
Virus
des
hépatites
A,
B,
C,
D,
E
et
G
;
Interféron-
;
Analogues
nucléos(t)idiques
du
VHB
;
Antiviraux
directs
du
VHC
Plan
Introduction
1
Épidémiologie,
diagnostic
et
histoire
naturelle
des
hépatites
virales
2
Infection
par
le
virus
de
l’hépatite
A
2
Infection
par
le
virus
de
l’hépatite
B
3
Infection
par
le
virus
de
l’hépatite
C
5
Infection
par
le
virus
de
l’hépatite
delta
7
Infection
par
le
virus
de
l’hépatite
E
7
Infection
par
le
virus
de
l’hépatite
G
8
Autres
infections
virales
non
A–non
G
8
Symptomatologie
des
hépatites
virales
aiguës
8
Formes
cliniques
8
Diagnostic
paraclinique
10
Symptomatologie
des
hépatites
virales
chroniques
12
Présentation
clinique
12
Vascularites
et
pathologies
à
complexes
immuns
circulants
12
Diagnostic
paraclinique
13
Traitement
des
hépatites
virales
14
Traitements
prophylactiques
14
Traitement
curatif
des
hépatites
virales
15
Conclusion
19
Introduction
Toute
infection
peut
s’accompagner
d’anomalies
biologiques
hépatiques.
Le
terme
«
hépatite
virale
»
doit
être
réservé
aux
mala-
dies
associées
aux
virus
ayant
un
véritable
hépatotropisme
avec,
comme
manifestation
prédominante,
une
hépatite
clinicobiolo-
gique.
Aux
infections
virales
B
qui
étaient
à
tort
considérées
comme
un
problème
ne
concernant
que
des
populations
à
risque
(repré-
sentant
néanmoins
375
millions
de
sujets
dans
le
monde),
se
sont
additionnées
les
infections
virales
C
qui
posent
un
problème
ubi-
quitaire
touchant
170
millions
de
personnes,
pour
lesquelles,
dans
un
quart
des
cas,
aucun
facteur
de
risque
viral
n’est
objectivé.
Les
EMC
-
Maladies
infectieuses 1
Volume
13
>
n2
>
mai
2016
http://dx.doi.org/10.1016/S1166-8598(16)61448-5
© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 30/10/2016 par Universite Lyon I Claude Bernard (19411). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
8-065-F-10 Hépatites
virales
hépatites
virales
sont
aujourd’hui
un
problème
majeur
de
santé
publique.
Les
rapides
progrès
dans
leurs
stratégies
diagnostiques
et
théra-
peutiques
rendent
illusoire
tout
texte
qui
se
voudrait
exhaustif.
Le
but
de
ce
chapitre
a
été
principalement
de
résumer
les
données
récemment
acquises
sur
l’épidémiologie,
le
diagnostic,
l’évolution
et
le
traitement
des
hépatites
virales.
Le
pari
est
dorénavant
double
:
améliorer
les
prises
en
charge
curatives
des
hépatites
virales
et
développer
les
prophylaxies
en
favorisant
par
exemple
les
recherches
visant
à
fabriquer
un
vaccin
contre
le
virus
de
l’hépatite
C
(VHC)
qui,
à
l’instar
du
vaccin
contre
le
virus
de
l’hépatite
B
(VHB),
permet
de
prévenir
la
cirrhose
et
le
carcinome
hépatocellulaire
(CHC)
qui
est,
en
fréquence,
le
cinquième
cancer
mondial.
Épidémiologie,
diagnostic
et
histoire
naturelle
des
hépatites
virales
Infection
par
le
virus
de
l’hépatite
A
Données
virologiques
Particules
virales
Le
virus
de
l’hépatite
A
(VHA)
est
un
virus
à
acide
ribonucléique
(ARN)
simple
brin
de
polarité
positive,
sans
enveloppe,
apparte-
nant
à
la
famille
des
Picornaviridae
et
au
genre
hépatovirus.
Cycle
de
réplication
Le
VHA
a
un
tropisme
uniquement
hépatocytaire
:
la
pénétra-
tion
se
fait
à
travers
la
barrière
gastro-intestinale.
Après
fixation
du
virus
à
son
récepteur
cellulaire
HuHAVcr-1 [1],
la
particule
virale
est
internalisée
et
l’ARN
positif
est
libéré
dans
le
cytoplasme.
Il
est
traduit
en
une
polyprotéine
qui
est
ensuite
clivée.
Au
niveau
des
complexes
de
réplication,
le
génome
viral
est
traduit
en
ARN
de
polarité
négative
qui
sert
de
matrice
à
l’ARN
polymérase,
ARN
dépendante
du
virus.
Le
génome
ainsi
répliqué
est
ensuite
encap-
sidé
et
les
virions
sont
relargués
dans
les
canaux
biliaires
puis
excrétés
dans
les
selles [2].
Physiopathologie
(Fig.
1)
Le
temps
d’incubation
varie
entre
deux
à
six
semaines.
La
pré-
sence
du
virus
dans
les
selles
et
le
sang
est
brève
et
débute
avant
les
signes
d’hépatite
clinicobiologiques.
L’excrétion
fécale
est
intense
puisqu’on
détecte
à
la
phase
aiguë
jusqu’à
10ˆ9/ml
particules
virales
dans
les
selles
contre
10ˆ5/ml
dans
le
sérum
et
10ˆ3/ml
dans
la
salive.
Le
virus
n’est
pas
excrété
dans
les
urines
ou
dans
les
sécrétions
vaginales.
Le
VHA
est
peu
pathogène
vis-à-vis
des
hépatocytes.
La
cytolyse
hépatique
observée
au
cours
de
l’hépatite
A
serait
liée
à
l’immunité
à
médiation
cellulaire,
à
l’instar
de
celle
observée
au
cours
de
l’hépatite
B.
Semaines
Contage
Hépatite symptomatique
Présence de virus dans
le sang et les selles
91263
IgM anti-VHA
IgG anti-VHA
Figure
1.
Évolution
de
l’hépatite
virale
A
(VHA).
IgM
:
immunoglobu-
lines
M
;
IgG
:
immunoglobulines
G.
Diagnostic
En
clinique,
seuls
sont
utilisés
les
marqueurs
de
la
réponse
immunitaire.
Les
immunoglobulines
(Ig)
M
anti-VHA
appa-
raissent
dès
le
début
des
symptômes
clinicobiologiques
et
signent
le
caractère
récent
de
l’infection.
On
ne
doit
pas
méconnaître
que,
dans
10
%
des
cas,
le
taux
initial
d’IgM
anti-VHA
peut
être
néga-
tif,
justifiant
un
contrôle
sérologique
environ
trois
semaines
plus
tard,
en
cas
de
forte
probabilité
d’hépatite
virale
A
et
en
l’absence
d’autre
cause
retrouvée.
La
présence
des
IgG
anti-VHA
isolés
témoigne
d’une
rencontre
ancienne
avec
le
VHA
et
ne
peut
en
aucune
fac¸on
rendre
compte
d’une
hépatite
aiguë.
Leur
présence
signe
une
immunité
durable
et
efficace.
Le
dosage
des
anticorps
totaux
(IgM
et
IgG)
peut
être
utilisé
dans
le
cadre
d’une
sérologie
prévaccinale,
utile
chez
les
plus
de
40
ans
(séroprévalence
supérieure
à
50
%).
Épidémiologie
Prévalence
et
incidence
Les
infections
par
le
VHA
sont
d’autant
plus
fréquentes
et
plus
précoces
que
le
niveau
d’hygiène
est
bas.
On
distingue
ainsi
trois
zones
:
de
haute
endémicité
(type
Afrique
du
Nord,
Indonésie,
Communauté
des
États
indépendants
[CEI]),
d’endémicité
inter-
médiaire
(Hong
Kong,
Singapour,
Europe
du
Sud)
ou
d’endémicité
faible
(Suisse,
Scandinavie,
Allemagne).
L’incidence
de
l’hépatite
A
évolue
de
fac¸on
cyclique
par
grandes
épidémies
à
intervalles
régu-
liers
tous
les
cinq
à
dix
ans
dans
les
pays
développés.
Un
pic
saisonnier
en
fin
d’automne/début
d’hiver
est
décrit
dans
certains
pays
au
climat
tempéré [3–5].
En
France,
avec
l’amélioration
des
conditions
d’hygiène,
la
séroprévalence
a
fortement
diminué
comme
en
témoignent
les
enquêtes
chez
les
recrues
du
service
national
:
50
%
en
1978
à
10
%
en
1997 [6].
Cela
explique
la
modification
récente
de
l’épidémiologie
du
VHA.
Les
hépatites
aiguës
A
étant
d’autant
plus
symptomatiques
que
l’âge
est
élevé,
les
voyages
dans
les
zones
d’endémie
ayant
augmenté
en
fréquence,
les
formes
symp-
tomatiques
sont
aujourd’hui
plus
fréquemment
observées [7–10].
Maladie
à
déclaration
obligatoire,
915
cas
d’hépatite
A
aiguë
ont
été
déclarés
en
France
en
2013 [11].
Modes
de
transmission
Le
VHA
est
transmis
par
voie
entérale,
principalement
par
contamination
des
aliments
et
de
l’eau
par
les
matières
fécales
infectées.
En
cas
de
source
commune,
les
épidémies
sont
le
plus
souvent
limitées
dans
le
temps
(quatre
à
six
semaines),
mais
peuvent
être
à
l’origine
de
cas
secondaires
dans
la
commu-
nauté
par
transmission
directe
interhumaine.
Sa
résistance
aux
agents
physiques
et
chimiques
lui
confère
une
survie
prolon-
gée
dans
l’environnement
puisqu’il
faut
20
minutes
à
121 C
(autoclave)
pour
l’inactiver [12].
Il
n’y
a
pratiquement
pas
de
trans-
mission
du
virus
par
les
sécrétions.
Les
populations
à
risque
connus
sont
:
les
voyageurs
en
zone
d’endémie,
les
toxico-
manes
intraveineux,
les
homosexuels
masculins,
le
personnel
de
santé,
les
groupes
de
jeunes
enfants
et
d’handicapés
men-
taux
et
les
personnes
âgées
vivant
en
résidence.
Le
risque
de
transmission
parentérale
(notamment
par
transfusion)
est
très
faible
bien
qu’une
virémie
VHA
puisse
être
détectée
dans
le
plasma
pendant
plusieurs
jours,
habituellement
avant
l’apparition
de
l’ictère.
Aucun
cas
de
transmission
sexuelle
l’exception
des
contacts
oro-anaux)
ou
maternofœtale
n’a
été
décrit.
Histoire
naturelle
Chez
l’enfant
de
moins
de
6
ans,
les
formes
asymptomatiques
d’hépatite
A
sont
les
plus
fréquentes
(70
%) [13].
Pour
les
enfants
plus
âgés
et
chez
les
adultes,
la
proportion
de
formes
sympto-
matiques
augmente
avec
l’âge.
Un
ictère
est
présent
dans
plus
de
70
%
des
cas
à
l’âge
adulte [14].
La
sévérité
de
l’hépatite
A
augmente
avec
l’âge.
Il
n’y
a
pas
de
portage
chronique
du
VHA
ni
d’hépatite
chronique
liée
au
VHA.
2EMC
-
Maladies
infectieuses
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Hépatites
virales 8-065-F-10
Infection
par
le
virus
de
l’hépatite
B
Données
virologiques
Particules
virales
Le
VHB
est
un
virus
à
acide
désoxyribonucléique
(ADN)
appartenant
au
groupe
des
hepadnavirus [15].
L’ADN
du
VHB
est
partiellement
bicaténaire
et
mesure
3,2
kb.
Il
comporte
quatre
phases
de
lecture
ouvertes,
qui
se
chevauchent
dans
la
même
organisation
transcriptionnelle.
On
distingue
quatre
gènes
prin-
cipaux
:
gène
préS/S
codant
pour
trois
protéines
de
surface
(S
ou
pro-
téine
majeure,
préS2/S
ou
protéine
moyenne
et
préS1/préS2/S
ou
grande
protéine)
;
gène
préC/C
codant
pour
l’antigène
(Ag)
HBe
excrété
et
l’AgHBc,
protéine
cytoplasmique
non
excrétée
;
gène
Pol
codant
pour
la
polymérase
virale
;
gène
X
codant
pour
la
protéine
X
qui
possède
une
fonction
transactivatrice
sur
des
promoteurs
VHB
et
hétérologues.
Les
particules
virales
identifiées
dans
le
sérum
d’un
sujet
infecté
sont
schématiquement
de
deux
types
:
particules
infec-
tieuses
sphériques
de
42
nm
(particules
de
Dane)
qui
constituent
le
virion
complet
et
des
enveloppes
vides
de
22
nm
non
infectieuses,
produites
en
excès
par
rapport
aux
particules
de
Dane.
Le
VHB
comporte
une
enveloppe
externe
lipoprotéique
portant
les
déterminants
de
l’antigène
de
surface
ou
AgHBs
qui
entoure
une
nucléocapside
de
27
nm.
L’AgHBs
est
une
protéine
complexe
et
des
variations
dans
sa
composition
ont
permis
de
décrire
dif-
férents
sous-types
ou
génotypes
du
virus
dont
la
répartition
est
variable
suivant
les
pays.
Deux
antigènes
sont
trouvés
dans
la
nucléocapside
:
l’AgHBc
et
l’AgHBe.
La
diversité
génomique
du
VHB
a
été
récemment
révélée
par
les
progrès
de
la
virologie
molé-
culaire.
Aux
classiques
variants
sérologiques
se
sont
substitués
des
génotypes,
de
A
à
G.
S’il
n’y
a
pas
de
démonstration
définitive
d’une
pathogénie
plus
marquée
de
tel
ou
tel
génotype,
la
distri-
bution
géographique
varie
(génotypes
B
et
C
principalement
en
Asie
;
génotypes
A
et
D
en
Europe)
;
les
génotypes
D
sont
plus
sou-
vent
associés
à
la
sélection
de
mutants
pré-C
et
les
génotypes
A
sont
plus
sensibles
à
l’action
de
l’interféron
(IFN).
Cycle
de
réplication
Le
récepteur
Na+-taurocholate
cotransporting
(NTCP)
a
été
récem-
ment
identifié
(2012)
comme
permettant
l’entrée
du
VHB
dans
l’hépatocyte [16].
Après
pénétration
dans
la
cellule,
le
génome
du
virus
va
se
localiser
dans
le
noyau
l’ADN
partiellement
bica-
ténaire
va
devenir
un
ADN
double
brin
circulaire
fermé
de
fac¸on
covalente
qu’on
appelle
ADN
circulaire
clos
de
fac¸on
covalente
(ADNccc).
Cet
ADNccc
sert
de
matrice
à
la
transcription
des
ARN
messagers
(ARNm)
qui
vont
ensuite
être
traduits.
Une
première
voie
va
aboutir
à
la
sécrétion
immédiate
de
protéines
comme
l’AgHBe
et
à
la
sécrétion
des
protéines
d’enveloppe
sous
forme
d’enveloppes
vides.
Une
seconde
voie
va
aboutir
à
la
forma-
tion
de
virions
infectieux
l’ARN
dit
«
prégénomique
»
est
alors
encapsidé
et
rétrotranscrit.
La
reverse
transcription
de
l’ARN
pré-
génomique
est
initiée
par
une
«
protéine
terminale
»
codée
par
le
gène
Pol,
permettant
la
synthèse
du
brin
(–)
d’ADN
qui
sert
de
matrice
à
la
fabrication
du
brin
(+)
grâce
à
l’activité
ADN
polymé-
rase
de
la
polymérase
virale.
Il
y
existe
une
possible
intégration
du
génome
viral
dans
le
génome
de
l’hôte.
Cette
intégration
n’est
pas
nécessaire
à
la
réplication
virale
mais
peut
contribuer
aux
mécanismes
d’oncogenèse [17].
Physiopathologie
La
physiopathogénie
de
l’hépatite
B
est
essentiellement
immu-
nomédiée.
La
réponse
immunitaire,
en
particulier
cellulaire,
induit
la
nécrose
hépatocytaire
par
reconnaissance
des
antigènes
viraux
exprimés
sur
la
membrane
des
hépatocytes [15,
18].
Ces
méca-
nismes
pathogéniques
l’interaction
hôte-virus
a
un
rôle
central
rendent
compte
de
la
diversité
de
présentation
de
cette
hépa-
tite [19].
Le
tropisme
du
VHB
est
principalement
hépatocytaire.
Cepen-
dant,
des
techniques
d’hybridation
ont
clairement
identifié
des
séquences
virales
B
dans
le
pancréas,
la
peau,
le
sperme,
le
rein
ou
les
cellules
mononucléées
du
sang
périphérique
;
cependant,
les
formes
de
réplication
sont
absentes
ou
très
minoritaires
dans
les
cellules
non
hépatocytaires.
Diagnostic
La
présence
de
l’AgHBs
témoigne
de
l’infection
en
cours.
Il
est
détecté
environ
trois
semaines
avant
les
signes
cliniques
et
dis-
paraît
généralement
dans
le
mois
suivant
en
cas
de
guérison
;
sa
persistance
au-delà
de
deux
mois
fait
craindre
le
passage
à
la
chronicité
de
l’infection
virale.
L’hépatite
chronique
se
définit
tra-
ditionnellement
par
la
persistance
de
l’AgHBs
pendant
plus
de
six
mois
d’évolution.
La
présence
des
anticorps
(Ac)
anti-HBs
témoigne
d’une
guérison–protection
(spontanée
ou
par
vaccination).
Ils
protègent
en
règle
générale
l’individu
contre
une
nouvelle
infection
par
le
VHB
(réalisant
ainsi
une
immunisation
active).
Les
anticorps
anti-
HBs
apparaîssent
environ
un
à
trois
mois
après
la
disparition
de
l’AgHBs [15].
Ils
persistent
le
plus
souvent
dix
ans
après
la
guéri-
son
d’une
hépatite
B
mais
sont
parfois
fugaces
et
disparaissent
en
quelques
mois.
L’AgHBc
étant
essentiellement
situé
dans
la
capside
virale,
il
n’est
pas
détecté
dans
le
sérum
par
les
techniques
radio-
immunologiques
standard.
En
revanche,
il
est
très
immunogène
et
induit
la
synthèse
précoce
et
importante
d’anticorps
anti-HBc
de
type
IgM
puis
IgG.
La
présence
des
anticorps
anti
HBc
témoigne
d’un
contact
avec
le
virus.
Ils
apparaissent
dès
le
début
de
la
symp-
tomatologie
et
persiste
pendant
la
phase
d’infection
aiguë
puis
pendant
la
phase
de
guérison.
Les
Ac
anti-HBc
de
type
IgM
évoque
une
primo-infection
ou
une
réactivation
et
peuvent
persister
plu-
sieurs
mois.
L’intérêt
de
la
recherche
des
anticorps
anti-HBc
est
de
diagnostiquer
l’hépatite
B
pendant
la
«
fenêtre
»
sérologique,
une
période
schématiquement
située
entre
les
deuxième
et
quatrième
mois
après
le
début
des
signes
cliniques
l’AgHBs
a
disparu
et
les
anticorps
anti-HBs
ne
sont
pas
encore
détectés.
Dans
cette
situation,
seul
l’anticorps
anti-HBc
(de
classe
IgM)
témoigne
de
l’infection
par
le
VHB.
L’AgHBe,
dans
les
infections
aiguës
liées
à
un
virus
sau-
vage,
apparaît
peu
avant
l’ictère
et
disparaît
rapidement
après
le
début
des
signes
cliniques
;
l’anticorps
anti-HBe
apparaît
plus
précocement
que
l’anticorps
anti-HBs.
Au
stade
d’une
hépatite
aiguë
banale,
la
recherche
de
l’AgHBe
et
de
l’anticorps
anti-HBe
n’apporte
cependant
pas
de
renseignement
supplémentaire.
La
recherche
et
la
quantification
de
l’ADN
sérique
du
virus
est
très
utile
pour
le
diagnostic
et
le
suivi
des
patients
porteurs
chro-
niques.
Épidémiologie
Prévalence
et
incidence
Le
VHB
est
responsable
d’une
maladie
infectieuse
largement
répandue
dans
le
monde
:
on
estime
à
environ
375
millions
le
nombre
de
porteurs
chroniques
du
VHB
sur
le
globe.
On
distingue
schématiquement
:
des
régions
à
forte
prévalence
de
l’AgHBs
(Afrique,
Asie
du
Sud-Est)
5
à
15
%
de
la
population
sont
por-
teurs
chroniques
du
VHB
;
des
régions
à
prévalence
intermédiaire
2
à
5
%
de
la
population
générale
sont
porteurs
chroniques
du
VHB
(Italie,
Afrique
du
Nord,
Espagne
du
Sud,
Grèce,
Japon)
et
des
régions
de
prévalence
faible
(Europe
du
Nord
et
États-
Unis)
0,3
%
de
la
population
générale
est
porteur
chronique
de
l’AgHBs [15].
Une
évaluation
de
la
prévalence
de
l’AgHBs
en
France
a
été
réalisée
en
2003
à
2004
chez
les
assurés
sociaux
par
l’Institut
de
veille
sanitaire
(InVS).
Il
en
ressort
que
0,67
%
de
la
population
franc¸aise
(soit
environ
300
000
Franc¸ais)
a
une
infection
chro-
nique
par
le
VHB
et
la
moitié
l’ignore.
La
prévalence
est
plus
élevée
chez
les
hommes
(1,2
%)
que
chez
les
femmes
(0,19
%)
et
en
cas
de
naissance
hors
de
France.
Entre
2004
et
2007,
l’InVS
a
estimé
l’incidence
de
l’hépatite
aiguë
symptomatique
à
675
nouveaux
cas
par
an.
L’hépatite
B
aiguë
est
une
maladie
à
déclaration
obliga-
toire.
Modes
de
transmission
La
transmission
du
VHB
est
principalement
parentérale,
sexuelle
et
maternofœtale [15].
Elle
est
liée
aux
injections
EMC
-
Maladies
infectieuses 3
© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 30/10/2016 par Universite Lyon I Claude Bernard (19411). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
8-065-F-10 Hépatites
virales
Immunotolérance
Immunoélimination
Portage inactif
“Guérison”
108
107
106
105
104
103
102
10
UI/ml
CV élevées
CV intermédiaires
CV basses
CV indétectables
AgHBs+, AgHBe+AcHBe-(sauvage)
AgHBs+, AgHBe-AcHBe+(mutant)
AgHBs+, AgHBe-AcHBe+
AgHBs-, AcHBc+, AcHBs+
AcHBc+, AcHBs-
AgHBs+, AgHBe+AcHBe-(sauvage)
Maturation de l’immunité
Figure
2.
Histoire
naturelle
de
l’infection
virale
B.
Ag
:
anti-
gène
;
Ac
:
anticorps
;
CV
:
charge
virale.
parentérales
(transfusions
sanguines,
usage
de
drogues
intravei-
neuses,
hémodialysés),
aux
relations
sexuelles
avec
une
personne
infectée
par
le
virus,
ou
encore
au
passage
transplacentaire
ou
lors
de
la
délivrance
en
cas
de
transmission
mère–enfant.
Une
trans-
mission
horizontale
intrafamiliale
peut
aussi
être
observée.
D’une
manière
générale,
le
VHB
est
transmis
par
les
sécrétions
et
par
le
sérum.
La
durée
d’incubation
varie
de
un
à
trois
mois.
Lorsqu’on
étudie
la
répartition
des
porteurs
chroniques
du
VHB
en
France,
on
peut
distinguer
de
grandes
variations
de
fréquence
:
l’hépatite
B
est
particulièrement
fréquente
chez
les
toxicomanes,
chez
les
homosexuels
et
chez
les
prostituées.
Ces
«
populations
à
risque
»sont
les
mêmes
que
pour
l’infection
par
le
VIH
:
envi-
ron
90
%
des
sujets
infectés
par
le
VIH
ont
également
été
exposés
au
VHB
puisqu’ils
ont
des
anticorps
(anti-HBs
et
anti-HBc)
qui
témoignent
d’une
infection
antérieure
;
de
plus,
environ
10
%
des
sujets
infectés
par
le
VIH
sont
AgHBs
positifs
et
donc
infectés
par
le
virus
B.
La
transmission
verticale
du
VHB
est
un
facteur
très
important
de
la
dissémination
du
virus
dans
des
régions
comme
l’Asie.
Cette
transmission
peut
être
secondaire
à
une
hépatite
aiguë
au
troi-
sième
trimestre
de
la
grossesse
ou
en
période
néonatale
ou
lors
d’une
grossesse
chez
une
femme
infectée
chronique.
Ce
risque
de
transmission
est
d’autant
plus
fort
que
la
mère
a
des
signes
de
mul-
tiplication
du
virus
B
:
AgHBe,
ADN
du
VHB
dans
le
sérum.
D’où
l’importance
de
la
recherche
systématique
de
l’AgHBs
au
cours
du
sixième
mois
de
grossesse
et
de
la
prévention
de
l’hépatite
chez
les
nouveau-nés
de
mères
porteuses
de
l’AgHBs
(immunoglobulines
et
vaccination).
Histoire
naturelle
(Fig.
2)
Après
une
hépatite
aiguë,
ictérique
dans
environ
10
%
des
cas,
la
guérison
est
la
règle,
à
l’exception
des
hépatites
fulminantes
(1
%
environ)
ou
chroniques.
D’une
fac¸on
générale,
le
portage
chronique
du
virus
survient
dans
l’évolution
d’environ
5
à
10
%
des
hépatites
aiguës
B
de
l’adulte
;
il
est
beaucoup
plus
fréquent
chez
le
nouveau-né
(jusqu’à
90
%
des
cas)
et
chez
les
patients
immunodéprimés
(hémodialysés,
transplantés
et
autres
patients
sous
immunosuppresseurs,
patients
infectés
par
le
VIH).
Les
hommes
deviennent
plus
souvent
por-
teurs
chroniques
du
virus
que
les
femmes,
dans
un
rapport
de
4/1
environ.
Soixante-dix
pour
cent
des
porteurs
chroniques
du
VHB
déve-
loppent
une
hépatite
chronique
dont
20
%
évoluent
vers
la
cirrhose [20,
21].
Celle-ci
expose,
particulièrement
chez
le
sujet
de
sexe
masculin,
à
un
risque
annuel
de
développement
d’un
CHC
de
l’ordre
de
3
à
5
%[15].
L’histoire
naturelle
de
l’hépatite
B
chronique
est
un
processus
dynamique.
Elle
peut
être
schématiquement
divisée
en
plusieurs
phases
qui
ne
sont
pas
forcément
séquentielles [22].
La
phase
de
tolérance
immune
est
caractérisée
par
un
AgHBe
positif,
un
taux
très
élevé
d’ADN
viral
sérique,
des
transaminases
normales,
la
quasi
absence
d’activité
nécrotico-inflammatoire
au
niveau
hépatique
et
la
quasi
absence
de
progression
vers
la
fibrose [21,
23–25].
Cette
première
phase
est
fréquente
et
prolongée
chez
les
patients
contaminés
en
période
périnatale.
Du
fait
de
la
virémie
élevée,
ces
patients
sont
hautement
contagieux.
La
phase
de
clairance
immune
avec
hépatite
chronique
est
caractérisée
par
la
présence
de
l’AgHBe,
une
charge
virale
éle-
vée
(mais
inférieure
à
celle
observée
lors
de
la
phase
de
tolérance
immune),
des
transaminases
élevées
de
manière
fluctuante,
des
lésions
histologiques
d’hépatite
active
et
une
progression
rapide
de
la
fibrose [21,
23–26].
Cette
phase
peut
durer
de
plusieurs
semaines
à
plusieurs
années
et
s’achève
par
la
séroconversion
AgHBe/anti-
HBe.
Cette
séroconversion
spontanée,
parfois
bruyante,
voire
fulminante,
coïncide
généralement
avec
la
constitution
de
la
cir-
rhose.
La
phase
de
portage
inactif
peut
survenir
après
la
séroconver-
sion
AgHBe/anti-HBe.
Elle
est
caractérisée
par
la
présence
des
anticorps
anti-HBe,
des
transaminases
normales
et
une
charge
virale
faible.
Pour
affirmer
le
portage
inactif,
un
suivi
minimum
d’un
an
est
nécessaire
avec
un
dosage
des
transaminases
et
de
la
charge
virale
tous
les
trois
ou
quatre
mois.
Les
transaminases
doivent
être
strictement
normales
et
la
charge
virale
inférieure
à
2000
UI/ml
et
au
maximum
inférieure
à
20
000
UI/ml [22].
Enfin,
l’absence
d’infection
associée
par
les
virus
de
l’hépatite
D
(VHD)
ou
C[27,
28] doit
être
vérifiée.
Les
patients
avec
une
charge
virale
inférieure
à
2000
UI/ml
et
avec
des
transaminases
élevées
doivent
bénéficier
d’une
biopsie
hépatique
à
la
recherche
d’une
autre
cause
d’atteinte
hépatique.
Chez
les
patients
porteurs
inactifs
du
VHB,
la
clairance
de
l’AgHBs
est
de
1
à
3
%
par
an.
Le
risque
de
CHC
per-
siste [29–31].
Ils
doivent
être
suivis
à
vie
(transaminases
tous
les
six
mois
et
charge
virale
régulière),
particulièrement
ceux
avec
une
charge
virale
supérieure
à
2000
UI/ml,
afin
de
ne
pas
méconnaître
une
hépatite
chronique
liée
à
un
virus
mutant.
Tant
que
l’AgHBs
est
présent,
des
«réactivations
»,
c’est-à-dire
des
reprises
de
la
mul-
tiplication
virale,
sont
possibles,
spontanées
ou
favorisées
par
une
immunosuppression.
La
phase
d’hépatite
chronique
B
avec
AgHBe
négatif
peut
surve-
nir
après
la
séroconversion
AgHBe/anti-HBe
ou
après
des
années,
voire
des
décennies
de
portage
inactif.
Elle
est
caractérisée
par
un
AgHBe
négatif,
une
fluctuation
des
taux
de
transaminases
et
de
la
charge
virale
et
par
une
hépatite
active [26,
32,
33].
Cette
phase
est
4EMC
-
Maladies
infectieuses
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Hépatites
virales 8-065-F-10
Tableau
1.
Interprétation
courante
des
marqueurs
sérologiques
de
l’infection
virale
B.
AgHBS
Ac
anti-HBs
Ac
anti-HBc
AgHBe
Ac
anti-HBe
Charge
virale
Transaminases
Interprétation
Positif Infection
en
cours
Négatif
Positif
Positif
Infection
résolutive
Négatif
Positif
Négatif
Vaccination
ou
infection
ancienne
résolutive
avec
clairance
des
Ac
anti-HBc
Négatif
Négatif
Positif
Infection
ancienne
résolutive
avec
clairance
des
Ac
anti-HBs
ou
«
fenêtre
sérologique
»
d’une
infection
aiguë
Positif
Négatif
Positif
Positif
Négatif
Très
élevée
Normales
Immunotolérance
Positif
Négatif
Positif
Positif
Négatif
Élevée
Élevées
Clairance
immune
avec
hépatite
chronique
Positif
Négatif
Positif
Négatif
Positif
<
2000
Ui/Ml
Normales
Portage
inactif
vérifier
tous
les
trois
à
quatre
mois
sur
un
an)
Positif
Négatif
Positif
Négatif
Positif
Fluctuante
Fluctuantes
Infection
virale
chronique
(mutant
pré-C)
Ag
:
antigène
;
Ac
:
anticorps.
liée
à
la
multiplication
de
virus
mutants
pré-C
n’exprimant
plus
ou
peu
l’AgHBe.
Cette
phase
est
à
haut
risque
de
progression
vers
la
cirrhose
et
le
CHC
d’où
l’intérêt
de
différencier
les
patients
por-
teurs
inactifs
des
patients
avec
une
hépatite
B
chronique
AgHBe
négatif,
mais
cela
est
parfois
difficile
en
pratique.
La
phase
de
clairance
de
l’AgHBs
est
caractérisée
par
la
perte
de
l’AgHBs.
Un
faible
taux
de
réplication
virale
peut
persister
avec
un
ADN
du
VHB
détecté
dans
le
foie [34] mais
le
plus
souvent
la
charge
virale
est
indétectable.
Une
réactivation
est
possible
chez
ces
patients
en
cas
d’immunosuppression [35,
36].
L’apparition
d’un
CHC
est
toujours
possible,
notamment
s’il
existait
une
cirrhose
avant
la
perte
spontanée
de
l’AgHBs.
Interprétation
courante
des
marqueurs
d’infection
par
le
virus
de
l’hépatite
B
(Tableau
1)
L’interprétation
des
marqueurs
usuels
d’infection
par
le
VHB
est
la
suivante [15] :
AgHBs,
anti-HBs
et
anti-HBc
négatifs
:
absence
de
rencontre
antérieure
avec
le
virus
(cela
justifie
une
vaccination)
;
Ac
anti-HBs
positifs
isolés
:
réponse
efficace
à
une
vaccination
contre
le
VHB
mais
peut
aussi
correspondre
à
une
infection
ancienne
et
guérie
avec
clairance
spontanée
des
anti-HBc
;
Ac
anti-HBs
positifs
et
anti-HBc
positifs
:
protection
immuni-
taire
conférée
par
une
infection
ancienne
et
guérie,
souvent
passée
inaperc¸ue
;
anti-HBc
positifs
isolés
:
correspond
le
plus
souvent
à
une
infec-
tion
ancienne
et
guérie
avec
clairance
spontanée
des
anti-HBs
et
exceptionnellement
à
la
phase
de
«
fenêtre
sérologique
»
d’une
hépatite
aiguë
(le
plus
souvent
associée
à
une
hypertransami-
nasémie)
;
AgHBs
positifs
:
infection
par
le
VHB.
Les
tests
sérologiques
(IgM
anti-HBc,
AgHBe,
anti-HBe,
ADN
du
VHB,
transaminases),
voire
la
biopsie
hépatique,
ou
les
tests
non
invasifs
de
fibrose,
selon
le
contexte,
permettent
de
trancher
entre
infection
aiguë
et
chronique,
multiplication
virale
persistante
ou
non,
hépatite
chronique
et
portage
inactif.
Infection
par
le
virus
de
l’hépatite
C
Le
virus
de
l’hépatite
C
a
été
identifié
en
1988 [37,
38] comme
étant
responsable
de
la
majorité
des
hépatites
«
non
A–non
B
»
à
transmission
parentérale.
Données
virologiques
Particules
virales
Le
VHC
est
un
virus
enveloppé
ayant
un
génome
de
type
ARN
de
polarité
positive
de
9,5
kb.
Il
appartient
à
la
famille
des
Flaviviridae.
Le
génome
code
pour
une
polyprotéine
d’environ
3000
aminoacides,
qui,
après
maturation
co-
et
post-
traductionnelle,
aboutit
à
la
formation
de
protéines
matures
structurales
et
non
structurales.
Les
protéines
structurales
incluent
la
protéine
de
capside
Core
et
les
glycoprotéines
d’enveloppe
E1
et
E2.
La
protéine
p7,
qui
n’est
pas
retrouvée
dans
les
virions,
jouerait
cependant
un
rôle
important
pour
l’assemblage
du
virus.
Les
protéines
non
structurales,
intervenant
dans
la
maturation
de
la
polyprotéine
et
dans
la
réplication
virale
comprennent
l’autoprotéase
NS2,
la
protéase/hélicase
NS3
et
son
cofacteur
NS4A,
NS4B
et
NS5A
de
fonction
mal
définie
et
l’ARN
polymérase,
ARN
dépendante
NS5B [39].
Le
taux
de
mutation
des
séquences
nucléosidiques
est
d’environ
1,5
×
103/site/an.
Cette
variabilité
génomique
a
permis
de
distin-
guer
différents
types,
sous-types
et
isolats
du
VHC.
Ainsi,
il
existe
au
moins
sept
génotypes
principaux
(numérotés
de
1
à
7),
séparés
en
sous-types
auxquels
sont
attribuées
des
lettres
(par
exemple
:
1a,
1b,
2a,
2b,
2c,
3a,
etc.).
La
distribution
des
différents
génotypes
varie
selon
les
zones
géographiques
et
selon
les
facteurs
de
risque
de
contamination [40].
Certains
arguments
expérimentaux
et
cliniques
suggèrent
une
absence
de
protection
croisée
entre
les
différentes
souches
virales,
ce
qui
pose
des
problèmes
pour
le
développement
d’un
futur
vac-
cin.
Cycle
de
réplication
Le
virus
pénètre
dans
l’hépatocyte
via
une
association
de
plu-
sieurs
récepteurs
membranaires
(CD81
notamment)
dont
certains
sont
impliqués
dans
le
métabolisme
des
lipides [41].
Après
interna-
lisation,
l’ARN
génomique
est
relargué
dans
le
cytoplasme.
Cet
ARN
est
traduit
en
une
polyprotéine
virale.
La
réplication
du
génome
viral
se
fait
au
sein
de
complexe
de
réplication
contenant
des
protéines
non
structurales
du
virus
et
des
protéines
cellu-
laires [42].
Il
n’y
a
pas
d’intermédiaire
ADN
;
la
multiplication
se
fait
à
partir
d’un
brin
ARN
(–)
(dont
la
présence
signe
la
réplica-
tion
virale)
en
un
brin
(+).
Contrairement
au
VIH
ou
au
VHB,
la
réplication
du
VHC
est
uniquement
cytoplasmique
et
n’intéresse
pas
le
noyau
cellulaire,
il
n’y
a
pas
d’intégration
du
génome
viral
dans
l’ADN
de
l’hôte.
Une
partie
des
virions
est
sécrétée
associée
aux
lipoprotéines
sous
forme
de
lipoviroprotéine [43].
Physiopathologie
de
l’infection
virale
C
et
tropisme
viral
Un
effet
cytotoxique
direct
du
virus
semble
possible
mais
non
démontré
si
ce
n’est
dans
de
rares
situations
d’immunosuppression.
L’infection
chronique
se
développe
malgré
une
forte
réponse
immune
polyclonale
humorale
et
cellulaire
:
la
réponse
lymphocytotoxique
spécifique
n’est
pas
associée
à
la
clairance
virale.
Il
a
été
mis
en
évidence
que
le
polymorphisme
génétique
de
l’hôte
près
du
gène
IL28B
est
associé
à
une
différence
dans
la
réponse
au
traitement
par
IFN
pégylé/ribavirine
et
dans
la
clairance
spontanée
du
virus
chez
les
patients
infectés
par
le
VHC
de
génotype
1[44].
L’existence
d’un
génotype
de
type
CC
versus
non
CC
est
le
meilleur
facteur
prédictif
préthérapeutique
de
réponse
virologique
soutenue
au
traitement
par
IFN
pégylé/ribavirine.
En
dehors
des
hépatocytes,
et
par
analogie
avec
les
flavivirus
et
pestivirus,
le
VHC
infecte
les
cellules
mononucléées
qui
peuvent
constituer
un
réservoir
viral
pour
la
récidive
infectieuse
après
transplantation
hépatique.
Il
existe
une
compartimentalisation
du
VHC
avec
des
quasi-espèces
différentes
aux
différents
sites
de
multiplication
virale
analysés.
EMC
-
Maladies
infectieuses 5
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