✓ MRC/BHF Heart Protection Study of
Cholestérol lowering with simvastatin
in 20 536 high-risk individuals : a
randomised placebo-controlled triel.
Heart Protection Study Collaborative
group. Lancet 2002 ; 360 : 7-22.
tive des AVC ischémiques sans modification du
risque d’AVC hémorragique. Sur les
20 356 patients de l’essai, 3 280 avait une mala-
die cérébro-vasculaire à l’inclusion, 1 460 dans le
groupe avec maladie coronarienne et 1 820 dans
le groupe sans. La réduction d’un premier événe-
ment vasculaire majeur était observée de façon
statistiquement significative chez ces patients
dans les deux groupes quel que soit leur statut
coronarien à l’inclusion, passant de 29,8 % (pla-
cebo) à 24 % (simvastatine) (tableau II).
Le bénéfice du traitement par simvastatine était
observé pour les différents sous-groupes étu-
diés prenant en compte le sexe, l’âge (y compris
chez les plus de 70 ans), les traitements associés
(aspirine, antihypertenseurs…) et le niveau de
cholestérol à l’inclusion. Le bénéfice était statis-
tiquement significatif, quel que soit le niveau de
cholestérol, y compris chez les patients ayant un
LDL-cholestérol <3mmol/l (1,16 g/l).
Il n’a pas été noté de différence dans l’incidence
des cancers entre les deux bras de l’essai (7,8 %
pour le placebo et 7,9 % pour la simvastatine).
Une augmentation des CPK supérieure à 4 fois la
normale était observée dans 0,01 % des cas dans
le groupe placebo et 0,07 % dans le groupe sim-
vastatine (p = 0,07). Une atteinte musculaire
(symptômes musculaires avec CPK >40 N) avec
ou sans rhabdomyolyse était présente chez
0,04 % des patients sous placebo (n = 4) et
0,1 % (n = 10) sous simvastatine.
COMMENTAIRES
HPS apparaît incontestablement comme une
étude importante dans la saga des statines com-
mencée maintenant il y a une dizaine d’années.
Rory Collins, principal investigateur d’HPS, pro-
clamait dans le BMJ au moment de sa publica-
tion : “Statins are the new Aspirin”.
Quelques réserves s’imposent néanmoins. La pre-
mière concerne la forme avec un regret : celui de
voir constamment les résultats des grandes
études cardiovasculaires rapportés sous forme de
réduction relative du risque sans qu’il soit fait
état, dans la section résultats, de l’article de la
réduction absolue du risque ou du nombre de
patients à traiter, chiffres plus parlants et plus
significatifs pour le clinicien. À titre d’exemple, la
RRR d’AVC est de 25 %. Si l’on considère les
chiffres absolus, le taux d’AVC passe de 5,7 à
4,3 % sous simvastatine, avec par conséquent
une estimation de la réduction absolue du risque
d’AVC à 1,4 % à 5 ans. Une deuxième critique
concerne le sous-groupe des patients avec mala-
die cérébro-vasculaire à l’inclusion. Les investiga-
teurs, constitués essentiellement de médecins
généralistes anglais, pouvaient inclure les AVC
qu’ils “pensaient” non hémorragiques, notion
floue si aucune imagerie n’est réalisée. Sur le cri-
tère de jugement d’AVC, il faut également souli-
gner que 237 des 1 029 AVC (23 %) survenus au
cours du suivi n’ont pu être classés comme isché-
miques ou hémorragiques. Ces deux remarques
sont le reflet d’un essai pragmatique comprenant
un large nombre de patients (20 536) mais qui
déçoit forcément sur l’aspect explicatif : faible
qualité des données pour les AVC à l’inclusion et
comme critère de jugement. L’étude SPARCL
(essai de prévention secondaire des AVC : ator-
vastatine versus placebo) nous apportera sans
doute des informations déterminantes. Enfin, un
dernier point qui reste en suspens est celui du
risque de cancer après traitement par statines.
Les études animales ont montré une possible
action cancérogène des statines. Les patients
avec antécédents de cancer étaient exclus d’HPS.
Le taux de cancer était identique dans les groupes
placebo et simvastatine, mais qu’en est-il du
risque de cancer sous statines à long terme après
5 ans ?
Au vu des résultats convaincants d’HPS, le clini-
cien peut choisir entre traiter dès maintenant par
statines les patients avec AVC ischémiques,
patients à haut risque vasculaire par définition,
ou attendre les résultats de SPARCL.
Faits nouveaux en neurologie vasculaire
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Correspondances en neurologie vasculaire - n° 4 - Vol. II - octobre-novembre-décembre 2002
Simvastatine Placebo Réduction relative
Critères de jugement (n = 10 269) (%) (n = 10 267) (%) du risque (IC 95 %) (%) p
Événements coronariens
majeurs 8,7 11,8 27 (21,33) < 0,0001
AVC constitués 4,3 5,7 25 (15,34) < 0,0001
– ischémiques 2,8 4,0
– hémorragiques 0,5 0,5
– inconnus 1,0 1,3
Revascularisation 9,1 11,7 24 (17,30) < 0,0001
Total des événements 19,8 25,2 24 (19,28) < 0,0001
vasculaires majeurs
Mortalité 12,9 14,7 13 (6, 19) < 0,0001
– vasculaire 7,6 9,1 17 (9, 25) 0,4
– non vasculaire 5,3 5,6 5 (-7, 15) 0,0003
Tableau I. Effets de la simvastatine sur les principaux critères de jugement à 5 ans.
Catégories de patients à l’inclusion Simvastatine Placebo
Maladie cérébro-vasculaire 24,7 % (406/1 645) 29,8 % (488/1 635)
– avec maladie coronarienne 32,4 % (234/723) 37,4 % (276/737)
– sans maladie coronarienne 18,7 % (172/922) 23,6 % (212/898)
Tableau II. Effets de la simvastatine sur les événements vasculaires majeurs à 5 ans chez les patients
avec maladie cérébro-vasculaire à l’inclusion.