La Lettre du Cardiologue - n° 388 - octobre 2005
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ABSTRACTS
Résumés de la littérature
Effet du nébivolol sur la mortalité et l’hospitalisation des patients âgés
insuffisants cardiaques (étude SENIOR)
De nombreuses études ont permis de démontrer l’effica-
cité des bêtabloquants pour réduire la mortalité (30 %) et
les hospitalisations des patients en insuffisance cardiaque (IC)
avec altération de la fraction d’éjection (FEVG). L’âge moyen
des patients, dans ces études, était de 63 ans. L’étude SENIOR a
eu pour objectif d’étudier l’efficacité du nébivolol chez les
patients insuffisants cardiaques de plus de 70 ans quelle que soit
leur fraction d’éjection (IC diastolique ou systolique). L’origi-
nalité de cette étude réside dans l’emploi du nébivolol, un bêta-
bloquant ß1-sélectif qui a également des propriétés vasodilata-
trices en modulant l’activité du monoxyde d’azote (NO). Ces
propriétés vasodilatatrices sont intéressantes chez le sujet âgé et
insuffisant cardiaque, pour lequel une altération de la biodispo-
nibilité du NO est observée.
Méthodologie. Cette étude multicentrique (européenne), rando-
misée, en double aveugle a permis d’inclure 2 135 patients de
septembre 2000 à décembre 2004. Les critères d’inclusion étaient
un âge supérieur à 70 ans, un tableau d’insuffisance cardiaque
chronique avec, soit une hospitalisation pour décompensation car-
diaque dans les douze derniers mois, soit une FEVG mesurée à
moins de 35 % les six derniers mois. Le nébivolol était adminis-
tré à la dose initiale de 1,25 mg/j avec une augmentation par palier
de 1 à 2 semaines jusqu’à la dose cible de 10 mg. Le critère de
jugement principal était le critère composite associant la morta-
lité toutes causes confondues et l’hospitalisation pour une étio-
logie cardiovasculaire. L’analyse a été réalisée en intention de
traiter.
Résultats.Mille soixante-sept et 1 061 patients ont respectivement
été inclus dans le groupe nébivolol et dans le groupe placebo.
Leur âge moyen était de 76 ans ; 64,5 % d’entre eux avaient une
fraction d’éjection inférieure à 35 %.
Le critère de jugement principal était significativement
(p = 0,0039) plus faible dans le groupe traité par nébivolol
(31,1 %) que dans le contrôle (35,3 %) après analyse par modèle
de Cox avec un ajustement pour l’âge, le genre et la fraction
d’éjection. La réduction absolue du risque est donc de 4,2 %, sug-
gérant qu’il est nécessaire de traiter 24 patients pour éviter un
événement (mort ou hospitalisation). Les analyses en sous-
groupes pour l’âge (> ou < à 75,2 ans), pour le genre et pour la
fraction d’éjection (< ou > 40 %) ne montrent pas de différence
significative pour le critère de jugement principal.
La tolérance du nébivolol était bonne, sans effets indésirables
importants ; 68 % des patients avaient atteint la dose cible de
10 mg. Comme pour tout traitement bêtabloquant, une augmen-
tation des bradycardies était observée, conduisant à un arrêt du
traitement chez 18 patients dans le groupe nébivolol (versus
4dans le groupe placebo).
Conclusion. L’étude SENIOR démontre que le nébivolol dimi-
nue significativement la mortalité et la morbidité des insuffisants
cardiaques âgés de plus de 70 ans indépendamment de leur valeur
de fraction d’éjection.
Limites. Il est à noter un pourcentage élevé d’arrêts prématurés
du traitement qui conduit probablement à sous-estimer l’effet du
nébivolol (27 % des cas dans le groupe nébivolol et 25 % dans
le groupe placebo à la fin de l’étude [NS]).
T. Damy, service de cardiologie 1,
hôpital européen Georges-Pompidou, Paris
Randomized trial to determine the effect of nebivolol on mor-
tality and cardiovascular hospital admission in ederly patients
with heart failure (Seniors)
Flather MD, Shibata MC, Coats A et al.
Eur Heart J 2005;26:
215-25.
Comparaison de l’implantation d’un défibrillateur automatique implantable et de
l’amiodarone pour prévenir la mort subite dans l’insuffisance cardiaque systolique
La mort subite reste une cause de mortalité importante pour
les patients en insuffisance cardiaque malgré l’utilisation
des bêtabloquants. Deux thérapeutiques ont été proposées pour
prévenir la mort subite : l’amiodarone et le défibrillateur automa-
tique implantable. À ce jour, l’amiodarone n’a pas apporté la preuve
formelle de son efficacité ; et l’implantation d’un défibrillateur
chez les patients en insuffisance cardiaque, en l’absence d’antécé-
dent d’arrêt cardiaque – de tachycardie ventriculaire et de cardio-
myopathie ischémique –, n’a pas apporté non plus la preuve de
son efficacité en termes de réduction de la mortalité toutes causes
confondues (Kadish A et al. N Engl J Med 2004; 350:2151-8
[étude DEFINITE]).
Cette étude multicentrique a eu pour objectif de comparer l’ac-
tion de l’administration de l’amiodarone ou d’un placebo à
l’implantation d’un défibrillateur automatique simple chambre
chez les patients en insuffisance cardiaque systolique modérée.
ABSTRACTS
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Les critères d’inclusions étaient une insuffisance cardiaque
(ischémique ou non) stable en stade II ou III de la New York Heart
Association (NYHA), avec une fraction d’éjection ventriculaire
gauche inférieure à 35 %. Le critère de jugement principal était
la mortalité toutes causes confondues. Les patients étaient ran-
domisés en trois groupes : placebo, amiodarone, défibrillateur.
L’amiodarone et le placebo étaient administrés en double aveugle
avec une dose de charge par jour de 800 mg pendant une semaine,
puis de 400 mg pendant trois semaines. Le traitement journalier
était ensuite administré en fonction du poids (> 91 kg : 400 mg ;
entre 68 et 91 kg : 300 mg; < 68 kg : 200 mg). Le défibrillateur
était un simple chambre (Medtronic 7 223) réglé uniquement pour
exercer un choc électrique (maximal de 30 J) en cas de fréquence
cardiaque supérieure à 187 bpm/mn.
Résultats. Huit cent quarante-sept patients ont été randomisés
dans le groupe placebo, 845 dans le groupe amiodarone, et 829 dans
le groupe défibrillateur. L’âge médian était de 60 ans, la fraction
d’éjection médiane de 25 %, 70 % des patients étaient en stade II
de la NYHA, 30 % en stade III, et 52 % avaient une cardiopathie
ischémique. Le suivi médian était de 45,5 mois. À la fin de l’étude,
les patients du groupe défibrillateur recevaient significativement
plus de bêtabloquant que les deux autres groupes ; 244 décès ont
été observés dans le groupe placebo (29 %), 240 dans le groupe
amiodarone (28 %) et 182 dans le groupe défibrillateur (22 %).
Comparativement au placebo, le traitement par amiodarone ne
modifiait pas la mortalité toutes causes confondues (critère de
jugement principal) (p = 0,53), alors que le défibrillateur rédui-
sait le risque relatif de décès de 23 % (p = 0,007; IC95 : 97,5 %
[0,62-0,96]), soit une réduction absolue du risque de décès de
7,2 %. Deux cent cinquante-neuf patients ont reçu un choc élec-
trique, dont 68 % pour une tachycardie ventriculaire rapide ou une
fibrillation ventriculaire. L’analyse en sous-groupes ne révélait pas
de différence significative entre les trois groupes pour le type de
cardiomyopathie (ischémique ou non). À l’inverse, le défibrilla-
teur diminuait significativement la mortalité chez les patients en
classe II de la NYHA par rapport à ceux de la classe III.
Effets indésirables. Trente-deux patients (4 %) ont eu une abla-
tion de leur défibrillateur lors de l’étude. Lors de l’implantation
du défibrillateur, 5 % des patients présentèrent une complication,
et 9 % au décours (reprise chirurgicale ou hospitalisation). Le
traitement par amiodarone a été arrêté chez 269 patients (32 %)
et le placebo chez 189 patients (22 %). L’hypothyroïdie a com-
pliqué le traitement par cordarone dans 6 % des cas.
Conclusion. Chez les patients en insuffisance cardiaque en
classes II et III de la NYHA avec une FEVG inférieure à 35 %,
l’amiodarone n’exerce pas d’effet bénéfique sur la mortalité
globale, alors que le défibrillateur simple chambre, sans fonc-
tion de pace-maker, réduit la mortalité globale de 23 %.
Limite. L’effectif trop faible, dans les sous-groupes, ne permet
pas l’analyse de l’effet du défibrillateur en fonction du type de
cardiomyopathie et de la classe NYHA.
T. Damy, service de cardiologie 1,
hôpital européen Georges-Pompidou, Paris
Amiodarone or an implantable cardioverter-defibrillator for
congestive heart failure.
Bardy G, Lee K, Mark D et al.
N Engl J Med 2005;352:225-37.
Risques cardiovasculaires des inhibiteurs sélectifs de la COX-2
Les auteurs ont analysé les complications cardiovas-
culaires survenues lors de l’étude APC (Adenoma Pre-
vention with Celecoxib),dans le but d’étudier un possible rôle
préventif d’un inhibiteur de la COX-2 quant à l’apparition de
polypes colorectaux ; 2 035 patients ayant des antécédents d’exé-
rèses endoscopiques de polypes ont été randomisés en trois
groupes : 679 patients ont reçu un placebo, 685 du célécoxib
200 mg x 2/j, et 671 du célécoxib 400 mg x 2/j per os.
Les complications cardiovasculaires colligées (décès de cause
cardiovasculaire, infarctus du myocarde, accident vasculaire céré-
bral, insuffisance cardiaque) ont concerné 7 patients sous pla-
cebo (1 %), 16 patients sous célécoxib 200 mg x 2 (2,3 %), et
23 patients sous célécoxib 400 mg x 2 (3,4 %). Respectivement
pour chacun de ces groupes, un, trois et six décès sont de cause
cardiovasculaire. L’incidence annuelle des complications car-
diovasculaires est de 3,4 pour 1 000 patients-années dans le
groupe placebo, de 7,8 pour 1 000 patients-années dans le
groupe célécoxib 200 mg x 2, et de 11,4 pour 1 000 patients-
années dans le groupe célécoxib 400 mg x 2.
Les complications thromboemboliques veineuses sont également
plus fréquentes sous célécoxib (sans atteindre un seuil significatif).
En revanche, on ne constate pas de majoration des angors ins-
tables, des arythmies, des procédures invasives cardiovasculaires.
Conclusion. Lors de ce large essai randomisé et prospectif,
dévolu initialement à la prévention des polypes colorectaux,
la prise de célécoxib s’accompagne d’une majoration des
complications cardiovasculaires, ce qui a conduit à la sus-
pension de l’étude pour les patients encore concernés. L’ef-
fet nocif paraît dose-dépendant.
Dans ce même numéro du New England Journal of Medicine,
deux autres articles aboutissent aux mêmes conclusions : le pre-
mier concerne l’utilisation à court terme après pontages aorto-
coronaires du parécoxib intra-veineux et du valdécoxib per os
(Nussmeier NA et al. N Engl J Med 2005;352:1081-91),le second
le rofécoxib lors de l’étude APPROVe (Adenomatous Polyp Pre-
vention on VIOXX) réalisée dans une perspective similaire à celle
de l’étude APC (Adenoma Prevention with Celecoxib) (Bresalier
RS et al. N Engl J Med 2005;352:1092-102). Le rôle néfaste des
inhibiteurs de la COX-2 est attribué à un état prothrombotique
résultant du blocage de la production de prostacycline sans affec-
ter la synthèse de thromboxane A2.
/
La Lettre du Cardiologue - n° 388 - octobre 2005
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ABSTRACTS
Cardiovascular risk associated with celecoxib in a clinical trial
for colorectal adenoma prevention.
Solomon SD, McMurray JJV, Pfeffer MA et al., for the Ade-
noma Prevention with Celecoxib (APC) Study Investigators
N Engl J Med 2005;352:1071-80.
Conclusion.Après PROVE IT (syndromes coronaires aigus), l’étude
TNT (coronaropathies stables) confirme l’intérêt d’une baisse plus
drastique du LDL-cholestérol, autorisant une amélioration du
pronostic cardiovasculaire. La mortalité globale reste similaire
pour les deux groupes étudiés (10 ou 80 mg/j d’atorvastatine).
Si la tolérance de fortes doses d’atorvastatine semble globale-
ment satisfaisante, il faut remarquer que l’étude a été précédée
par une phase d’observation sous 10 mg d’atorvastatine, qui a
conduit à l’éviction de 96 patients pour élévation des transami-
nases hépatiques et de 35 patients pour myalgies : il s’agit cepen-
dant d’un petit contingent de patients, compte tenu de l’ampleur
de la population incluse. Au cours de l’étude, on observe une dif-
férence significative concernant l’élévation des transaminases,
plus marquée sous fortes posologies.
Actuellement, le taux de LDL-cholestérol recommandé est infé-
rieur à 1 g/l :faut-il mettre la barre plus bas (LDL-cholestérol <
0,7 g/l) ? Si oui, faut-il privilégier d’emblée de fortes posologies
de statines, en tenant compte d’une majoration de la toxicité hépa-
tique et de la tolérance à long terme ? Faut-il proposer l’alterna-
tive représentée par l’association de posologies “classiques” de sta-
tines avec l’ézétimibe ? Le débat ne fait que commencer.
C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil
Coronaropathies stables : de plus fortes posologies de statines pour un LDL-cho-
lestérol toujours plus bas ?
Intensive lipid lowering with atorvastatin in patients with
stable coronary disease.
LaRosa JC, Grundy SM,Waters DD et al., for the Treating to New
Ta rgets (TNT) Investigators
N Engl J Med 2005;352:1425-35.
Après l’étude PROVE IT,qui a souligné l’intérêt d’une
prise en charge “agressive” par fortes doses de statine
(80 mg/j d’atorvastatine) des syndromes coronaires aigus, l’étude
TNT a comparé deux posologies d’atorvastatine en présence de
coronaropathies stables.
Les 10 001 patients inclus avaient une coronaropathie stable avé-
rée (antécédent d’infarctus du myocarde [IDM], angor stable,
antécédent de revascularisation myocardique) ; leur LDL-cho-
lestérol moyen était inférieur à 1,30 g/l. Deux groupes ont été
randomisés : 5006 patients ont reçu 10 mg/j d’atorvastatine,
et 4 995 en ont reçu 80 mg/j. Le suivi moyen a été de 4,9 ans, et
le critère de jugement principal regroupait toute première compli-
cation cardiovasculaire, incluant les décès liés à la coronaropathie,
les IDM non fatals sans rapport avec une procédure invasive, les
arrêts cardiaques ressuscités et les accidents vasculaires cérébraux,
fatals ou non.
Le LDL-cholestérol moyen obtenu sous traitement a été de
0,77 g/l sous 80 mg d’atorvastatine et de 1,01 g/l sous 10 mg
d’atorvastatine. L’incidence d’une augmentation persistante des
transaminases hépatiques a été respectivement de 1,2 % et de
0,2 % (p < 0,001). Cinq cas de rhabdomyolyse ont été rapportés,
deux sous 80 mg et trois sous 10 mg.
Un des événements recherchés est survenu chez 434 patients
du groupe 80 mg (8,7 %) et chez 548 patients du groupe 10 mg
(10,9 %), soit une différence significative en faveur du trai-
tement le plus “agressif” (p < 0,001). Il n’y a pas de différence
significative entre les deux groupes quant au critère isolé de mor-
talité globale.
Facteurs prédictifs d’une régurgitation tricuspide résiduelle après annuloplastie
Lors de la correction chirurgicale d’une cardiopathie
gauche, habituellement valvulaire, il est recommandé d’ef-
fectuer une annuloplastie tricuspide en cas de fuite fonctionnelle
significative, car la persistance d’une insuffisance tricuspide (IT)
notable augmente la morbimortalité postopératoire. La sévérité
de l’IT préopératoire est liée à la dilatation de l’anneau et à l’éti-
rement des valves tricuspides en raison de la dilatation du ven-
tricule droit, aboutissant à un défaut de coaptation des valves.
Après annuloplastie, une IT résiduelle significative est notée
dans 10 à 20 % des cas : quels sont les facteurs prédictifs de
ce résultat incomplet ?
Deux cent seize patients opérés à la Cleveland Clinic Foundation
d’une cardiopathie gauche (intégrant une valvulopathie pour 207
d’entre eux) ont été examinés en échocardiographie transthoracique
(ETT) avant et après chirurgie (à 5 ± 4 jours de l’intervention).
En coupe apicale 4 cavités, ont été appréciés la fonction ventri-
culaire droite et le degré de l’IT (surface de jet couleur /surface
oreillette droite), le diamètre minimal de l’anneau tricuspide, ainsi
Si une prescription d’un inhibiteur de la COX-2 est envisagée, il
est donc important d’informer le patient des risques cardio-
vasculaires potentiels et de limiter au strict nécessaire la durée et
les posologies du traitement.
C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil
/
ABSTRACTS
La Lettre du Cardiologue - n° 388 - octobre 2005
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que la surface et la distance de l’étirement des feuillets tricuspides
au maximum de la fermeture systolique (zone grossièrement tri-
angulaire ayant pour base le plan de l’anneau et pour côtés les
valves tricuspides antérieure et septale).
En postopératoire, une IT sévère a été diagnostiquée pour 16 pa-
tients (7,4 %), une IT de moyenne importance pour 33 patients
(15 %), et une IT modérée pour 167 patients (77 %). L’impor-
tance de l’IT résiduelle est associée à l’âge, à la dysfonction ven-
triculaire gauche et droite, à la sévérité de l’IT préopératoire, à
la distance et à la surface de l’étirement des feuillets tricus-
pides (p < 0,05 pour chacun des critères).
En revanche, la dilatation de l’anneau n’est pas significative-
ment associée au devenir de l’IT après annuloplastie.
La sensibilité et la spécificité pour prédire l’IT résiduelle post-
annuloplastie sont respectivement de 86 % et 80 % en cas de
distance d’étirement des feuillets supérieure à 0,76 cm (dis-
tance séparant le plan de l’anneau du point de coaptation des
feuillets), et de 82 % et 84 % pour une surface d’étirement
supérieure 1,63 cm
2
.
Conclusion. Cette étude montre que le phénomène de traction
ou d’étirement (tethering) des feuillets tricuspides, qui est
impliqué avec la dilatation de l’anneau dans la genèse des IT
fonctionnelles, représente un facteur déterminant pour pré-
dire une IT résiduelle après annuloplastie. En coupe apicale
4 cavités, il peut être évalué en préopératoire par la surface ins-
crite entre le plan de l’anneau tricuspide et les feuillets tricus-
pides, et par la distance maximale séparant le plan de l’anneau du
point de coaptation des feuillets tricuspides. En revanche, la dila-
tation de l’anneau ne constitue pas ici un facteur prédictif
significatif de fuite tricuspide postopératoire.
Le geste chirurgical idéal devrait donc corriger non seulement la
dilatation de l’anneau, mais aussi l’étirement des feuillets tricus-
pides secondaire à la déformation et à la dilatation du ventricule
droit.
À noter que ces résultats concernent la période postopératoire
précoce.C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil
Tricuspid valve tethering predicts residual tricuspid regurgita-
tion after tricuspid annuloplasty.
Fukuda S, Song JM, Gillinov AM et al.
Circulation 2005;111:
975-9.
Remplacements valvulaires aortiques pour sténoses aortiques :
incidence des malformations congénitales
En Amérique du Nord et en Europe, on attribue souvent les
rétrécissements aortiques (RA) à une pathologie dégéné-
rative de la valve aortique. Pour vérifier cette assertion, les
auteurs ont examiné anatomiquement les valves aortiques exci-
sées de 932 patients opérés, âgés de 26 à 91 ans, présentant une
valvulopathie aortique sténosante, quel qu’en soit le degré (cri-
tère d’inclusion : pic de gradient 10 mmHg), avec ou sans fuite
associée, et en l’absence de valvulopathie mitrale (pour affran-
chir leur étude des atteintes postrhumatismales). Toutes les valves
présentaient des dépôts calcaires.
Parmi les valves aortiques étudiées, 5 % étaient unicuspides,
49 % bicuspides, 45 % tricuspides, et 1 % indéterminées.
Davantage d’hommes que de femmes présentaient une malfor-
mation congénitale (59 % contre 46 %).
La répartition par classes d’âge authentifiait une majorité de
patients opérés entre 61 et 100 ans (4 dernières décades) : 81 %
contre 19 % de patients opérés entre 21 et 60 ans (4 premières
décades). Les valves unicuspides étaient surtout présentes chez
les plus jeunes (72 % des patients unicuspides ont été opérés lors
des 4 premières décades). Les valves bicuspides étaient plus fré-
quemment retrouvées dans les quatre dernières décades (75 %
des patients bicuspides opérés contre 25 %). Quant aux valves
tricuspides, elles étaient presque exclusivement le fait des quatre
dernières décades (94 % des patients tricuspides opérés contre
6%). Une intervention associée à un pontage aorto-coronaire
était plus habituelle en présence de valves aortiques tricuspides
(64 % contre 46 % en cas de bicuspidie et 15 % en cas d’uni-
cuspidie).
Conclusion. Contrairement à l’idée reçue, une malformation
congénitale des valves aortiques (unicuspidie et surtout bicus-
pidie) est ici anatomiquement plus souvent en cause qu’une
pathologie dégénérative pour expliquer une valvulopathie aor-
tique sténosante calcifiée (54 % contre 45 %). En présence de
valves calcifiées, avec fusions commissurales et raphés, le dia-
gnostic préopératoire de la malformation est souvent délicat,
même lors de l’échocardiographie transœsophagienne.
Les malformations congénitales sont d’autant plus prédominantes
que le patient est jeune ; cependant, 75 % des patients ayant une
bicuspidie sont opérés lors des quatre dernières décades. Les valves
tricuspides opérées sont presque exclusivement présentes chez
les patients des quatre dernières décades : elles correspondent
aux valvulopathies aortiques dégénératives pour lesquelles la
théorie “athérosclérotique” est actuellement évoquée.
C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil
Frequency by decades of unicuspid, bicuspid, and tricuspid
aortic valves in adults having isolated aortic valve replace-
ment for aortic stenosis, with or without associated aortic
regurgitation.
Roberts WC, Ko JM
Circulation 2005;111:920-5.
/
ABSTRACTS
La Lettre du Cardiologue - n° 388 - octobre 2005
14
Résultats à trois ans de l’étude RAVEL
L’étude RAVEL* (Randomized Study with the Sirolimus-
Coated Bx Velocity Balloon-Expandable Stent in the Treatment
of Patients with de Novo Native Coronary Artery Lesions) avait mis
en évidence la quasi-disparition des resténoses à six mois en pré-
sence de stents actifs au sirolimus, ainsi qu’une faible incidence d’évé-
nements cardiaques majeurs à un an. Qu’en est-il à plus long terme ?
RAVEL avait inclus 238 patients randomisés avec stents au
sirolimus versus stents nus pour traiter des lésions coronaires
natives isolées de novo, le diamètre du vaisseau étant de 2,5 à
3,5 mm. Les résultats publiés ici correspondent au suivi à trois
ans. Les renseignements complets sur le devenir des patients ont été
obtenus dans 94 % des cas pour les deux groupes randomisés.
À trois ans, la survie libre de revascularisation de la lésion coronaire
initialement traitée est de 93,7 % en cas de stents actifs et de 75 %
en cas de stents nus ; une revascularisation de la coronaire concer-
née, un infarctus du myocarde ou un décès, pour lesquels la coro-
naire initialement dilatée est potentiellement impliquée, sont surve-
nus respectivement dans 12,1 % et 32,7 % des cas. Enfin, le taux
des événements cardiaques majeurs à trois ans (décès de toutes
causes, infarctus du myocarde avec ou sans onde Q, revasculari-
sation de la lésion coronaire initialement traitée ou pontage aorto-
coronaire) est de 15,8 % pour le groupe stent actif, contre
33,1 % pour le groupe stent nu (p = 0,002).
Conclusion.RAVEL a été un des premiers essais randomisés ayant
confirmé l’intérêt des stents actifs sur la survenue des resténoses.
Les données exposées ici sur le devenir à trois ans attestent égale-
ment de la sécurité et de l’efficacité de l’utilisation des stents actifs
au sirolimus à plus long terme. En particulier, la différence abso-
lue entre stents actifs et stents nus concernant le taux de nouvelle
revascularisation in situ reste stable à trois ans : 18,7 %, pour 23,3 %
à un an.
C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil
* Morice MC, Serruys PW, Sousa JE et al. N Engl J Med 2002;346:1173-80.
Maintenance of long-term clinical benefit with sirolimus-elu-
ting coronary stents. Three-year results of the RAVEL trial.
Fajadet J, Morice MC, Bode C et al.
Circulation 2005;111:
1040-4.
/
COAPROVEL
p. 14
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