Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume II, n° 4, août 1998
lÕanalyse du devenir de 71 enfants opŽrŽs
entre 1950 et 1983 est rŽvŽlatrice (7). Sur
les 37 patients qui avaient pu avoir une
rŽsection chirurgicale compl•te, 78 % ont
une survie ˆ long terme avec une bonne
qualitŽ de vie, cÕest-ˆ-dire : indŽpendant,
sans dŽficit neurologique ou avec un dŽfi-
cit neurologique visuel stable. Dans ce
groupe, la survie ˆ 5 et 10 ans est la m•me :
90 %. Ë lÕinverse, chez les 34 patients qui
ont eu une rŽsection chirurgicale partielle,
et dont 17 avaient eu une radiothŽrapie
postopŽratoire, un rŽsultat satisfaisant nÕest
obtenu que pour 35 %. Une rŽcidive de la
maladie appara”t chez 17 (50 %), la survie
ˆ 5 ans dans ce groupe est de 75 % et ˆ
10 ans de 65 %. Ces donnŽes sont en
faveur dÕune exŽr•se aussi compl•te que
possible du craniopharyngiome, qui nÕest
pas toujours souhaitable ni possible du fait
des conditions anatomiques faisant courir
des risques trop importants.
Dans ce cas, lÕexŽr•se est partielle et une
radiothŽrapie externe complŽmentaire est le
plus souvent pratiquŽe sÕil existe un reliquat
tumoral volumineux ; parfois, elle est retar-
dŽe jusquÕˆ la mise en Žvidence radiolo-
gique dÕune reprise Žvolutive. Cela fait
lÕobjet de controverses. En effet, la radio-
thŽrapie, dans ses formes jusquÕalors prati-
quŽes, induit de frŽquentes complications
neuropsychologiques ou des anomalies vas-
culaires, ou encore des neuropathies
optiques pouvant entra”ner une cŽcitŽ. Une
analyse rŽcente des donnŽes de la littŽratu-
re portant sur les sŽquelles neuropsycholo-
giques de lÕenfant traitŽ pour tumeur cŽrŽ-
brale, quel quÕen soit le type, montre bien le
r™le du jeune ‰ge, de lÕirradiation et de son
type sur lÕapparition de celles-ci (10). Les
nouvelles formes de radiothŽrapie
(Ògamma-knifeÓ) permettant dÕirradier ˆ
hautes doses une zone extr•mement locali-
sŽe sont actuellement ˆ lÕessai ; elles pour-
raient reprŽsenter un dŽveloppement impor-
tant dans le traitement de ces tumeurs (11).
Dans les formes ˆ dŽveloppement majoritai-
rement intrasellaire, lÕintervention est indi-
quŽe sÕil existe une extension suprasellaire
(12). Si le craniopharyngiome est unique-
ment intrasellaire, certains rŽservent la chi-
rurgie aux formes Žvolutives ˆ des examens
successifs, ou encore en cas de doute dia-
gnostique (12). Nous prŽfŽrons une inter-
vention systŽmatique sÕil existe une rŽper-
cussion ˆ type de dŽficit endocrinien du cra-
niopharyngiome. Elle est alors pratiquŽe par
un neurochirurgien ayant une grande expŽ-
rience de la chirurgie de la rŽgion hypophy-
saire, par voie transphŽno•dale.
Traitement hormonal
Il repose sur la supplŽmentation hormonale
des diffŽrents axes dŽficitaires. Le plus
souvent, une supplŽmentation en thyroxine
est nŽcessaire. Le traitement par hormone
de croissance est mis en place sous forme
dÕinjections sous-cutanŽes dÕhormone de
croissance ˆ une dose de 0,5 ˆ
0,7 unitŽ/kg/sem en six ou sept injections
sur 7 jours. La supplŽmentation en hydro-
cortisone est donnŽe ˆ dose minimale pour
maintenir un Žtat clinique satisfaisant chez
le patient (8 ˆ 10 mg/m2/j) en Žvitant des
doses qui risqueraient dÕaltŽrer la crois-
sance de lÕenfant. La substitution en hydro-
cortisone peut dŽmasquer un diab•te insi-
pide partiel qui nŽcessitera alors un traite-
ment par desmopressine. Cependant, il y a
le plus souvent un diab•te insipide dans la
pŽriode postopŽratoire (tableau III). La
pubertŽ devra •tre induite et le moment
exact de son induction reste discutŽ :
lorsque lÕ‰ge osseux atteint 13 ans chez un
gar•on et 11 ans chez la fille, ou plus tard
chez certains patients, pour permettre un
effet optimal du traitement par hormone de
croissance (figure 1). De mani•re tout ˆ
fait inattendue, certains enfants grandissent
normalement ou ont m•me une croissance
accŽlŽrŽe apr•s la chirurgie, malgrŽ un
dŽficit Žventuellement complet en hormone
de croissance. Certains ont expliquŽ cette
vitesse de croissance maintenue ou accŽlŽ-
rŽe, avec dŽficit en hormone de croissance,
du faut de lÕhyperinsulinisme induit par
lÕobŽsitŽ que prŽsentent bien souvent ces
enfants, sans que cela ait pu •tre dŽmontrŽ
34
Minisynthèse
% déficit
Déficit Préopératoire Postopératoire
Somatotrope 75 96
Thyroïdien 70 100
Corticotrope 35 80
Antidiurétique 17* 80
Tableau III. FrŽquence prŽ- et postopŽratoire des
dŽficits endocriniens dans le craniopharyngiome chez
24 enfants. (DÕapr•s Brauner et coll., 1987).
* Il est possible qu’une partie des déficits partiels en
hormone antidiurétique ait été masquée par un
déficit corticotrope non substitué dans la période
préopératoire.
Déficit hormonal Patients Incidence (%)
Nombre d’examens
anormaux/nombre de tests
Hormone de croissance 10/40 25
ACTH 30/71 42
Thyréostimuline 19/69 28
Gonadotrophines 23/49 47
Vasopressine 10/45 21
Au moins un déficit 44/77 52
hormonal
Tableau II. SŽrie de 82 enfants ayant un craniopharyngiome. Tests endocriniens au diagnostic. (DÕapr•s
Laws et Thapar, 1994).