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Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 2, vol. V - avril/mai/juin 2005
dossier
vardénafil et le tadalafil pourra éventuellement
améliorer l’efficacité de cette classe thérapeu-
tique. Leur tolérance clinique et leur efficacité
semblent identiques, mais leur délai et surtout
leur durée d’action sont plus importants que
ceux du sildénafil.
L’apomorphine par voie sublinguale (agoniste
dopaminergique D1-D2) semble moins efficace
que les inhibiteurs de la phosphodiestérase ;
cependant, aucune étude spécifique chez des
patients présentant une sclérose en plaques
n’est disponible. La yohimbine (agoniste alpha-
2) n’a jamais démontré son efficacité chez les
patients. De nouvelles molécules telles qu’un
inhibiteur de la rhokinase ou des antagonistes
de neuropeptides Y sont actuellement à l’étude
dans la population générale, mais aucune étude
n’est en cours chez les patients neurologiques.
Malgré la commercialisation de traitements par voie
orale, nombreux sont les patients qui nécessitent
un traitement par les injections intracaverneuses.
Les injections intracaverneuses de papavérine,
pourtant efficaces dans les scléroses en plaques,
ont été abandonnées en raison des risques impor-
tants de priapisme et de fibrose des corps caver-
neux. Actuellement, seules les injections intraca-
verneuses de prostaglandine sont utilisées : les
doses sont très variables, elles doivent être adap-
tées à chaque patient. Les complications, en parti-
culier les priapismes, sont exceptionnelles. Il s’agit
actuellement, en France, de l’unique traitement pris
en charge intégralement par la Sécurité sociale.
Malgré une acceptabilité assez bonne, obtenue au
prix d’une information adéquate et adaptée au han-
dicap moteur ou cérébelleux parfois existant, il faut
noter qu’une proportion importante de patients
abandonnent la technique à long terme.
La prostaglandine par voie intra-urétrale (MUSE)
est moins efficace que par voie intracaverneuse
et peut provoquer une douleur locale (dose-
dépendante). De plus, son utilisation exige des
rapports protégés. L’utilisation des pompes à
vacuum, fréquente dans les pays anglo-saxons,
reste limitée en France. Elles restent cependant
un traitement non invasif possible, même chez
les patients qui ne répondent pas aux traite-
ments par voie orale ou intracaverneuse.
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ROUBLES SEXUELS CHEZ LA FEMME
Depuis quelques années, une attention nouvelle
a été portée aux dysfonctions sexuelles fémi-
nines. Il s’agit d’un problème très fréquent tou-
chant entre 40 et 60 % des patientes, avec une
répercussion importante sur les rapports du
couple. Chez la femme, les troubles sexuels s’as-
socient rapidement à des troubles émotionnels
et psychologiques, avec une importante dimi-
nution de la qualité de vie (1, 10).
Les problèmes les plus fréquemment retrouvés
sont une diminution voire une perte de la libido
et/ou de l’orgasme, une diminution de la lubrifi-
cation vaginale, des troubles de la sensibilité
vaginale ou de la région génitale (diminution de
la sensibilité, paresthésies ou dysesthésies
locales) et une dyspareunie.
La réponse sexuelle féminine correspond à l’in-
tégration de différentes fonctions d’origine vas-
culaire, neurologique, hormonale et psychogène.
C’est un phénomène plus complexe que la simple
augmentation de la circulation au niveau vagi-
nal. Ainsi, différentes lésions neurologiques cen-
trales (processus inflammatoire et/ou démyéli-
nisant dans la SEP) peuvent donner lieu à
diverses dysfonctions sexuelles féminines. Pour
le moment, les investigations vasculaires et/ou
neurophysiologiques périnéales chez la femme
donnent des résultats peu satisfaisants et elles
ont une faible corrélation avec la symptomato-
logie clinique (11).
Les dysfonctions sexuelles féminines sont très
souvent associées aux troubles urinaires et ano-
rectaux : 40-60 % chez les patientes avec un
EDSS ≤ 3, 89 % si EDSS ≥ 6.
L’association des troubles urinaires, et, en par-
ticulier, d’une vessie hyperactive, peut être à
l’origine de pertes urinaires lors des rapports
sexuels, et c’est là un facteur fréquemment mis
en avant pour justifier la diminution, voire l’aban-
don, de la pratique sexuelle. Cependant, les
troubles sexuels peuvent être isolés et d’appa-
rition rapide au cours d’une poussée (3). La fré-
quence des troubles sexuels est plus importante
chez les patientes présentant une forme secon-
dairement progressive et chez celles faisant une
dépression. Il n’existe aucune corrélation entre
une dysfonction sexuelle et la durée de la mala-
die, l’âge, la ménopause, le nombre de poussées
évolutives au cours de la dernière année, le
niveau du handicap, la perte de mobilité ou la
fatigabilité. Une corrélation existe entre l’EDSS
et une diminution de la lubrification. La fré-
quence des troubles sexuels est plus importante
chez les patientes dont la SEP a débuté tardive-
ment. Sujet difficile à aborder et rarement motif
de consultation, les troubles sexuels sont pour-
tant très fréquents et source de problèmes pour
la patiente elle-même et pour le couple. Rares
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