Mise au point
Mise au point
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La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale - n° 312 - janvier-mars 2008
Examens complémentaires
Ils ne sont pas systématiques. Les dosages des IgE sériques
totales et de l’éosinophilie sanguine sont d’intérêt limité en
raison de leur non-spécificité. Les tests multiallergéniques de
dépistage sont plus sensibles et spécifiques. Pour identifier plus
précisément les allergènes en cause, des tests cutanés (prick-test)
sont effectués. Enfin les dosages des IgE sériques spécifiques ne
sont pas effectués en première intention.
La radiologie n’a pas d’indication dans les rhinites non compli-
quées. Si elle est nécessaire, avec toutes les précautions liées
à la grossesse, elle repose sur la tomodensitométrie en coupes
axiales et coronales, sans injection de produit de contraste.
En cas de suspicion d’hyperréactivité bronchique, une explo-
ration fonctionnelle respiratoire est envisagée.
Principales causes de rhinites
Rhinite aiguë infectieuse
Le diagnostic se fonde sur la rapidité d’installation des symp-
tômes et la présence, à l’examen, d’une rhinorrhée muqueuse
abondante. Il s’agit habituellement d’infections virales. Une
surinfection bactérienne avec complication à type de sinusite
aiguë est possible. En l’absence de complication, le traite-
ment repose sur les soins locaux : mouchage régulier avec des
mouchoirs à usage unique et soins locaux des fosses nasales avec
du sérum physiologique ou produits dérivés. Une antibiothérapie
par voie générale est proposée dans les formes compliquées.
Rhinite allergique
Lorsqu’une rhinite allergique préexiste à la grossesse, elle peut
être, selon les cas, inchangée, majorée, voire améliorée au cours
de celle-ci. En faveur du diagnostic on retient des arguments
cliniques : atopie personnelle ou familiale, rythme saisonnier
ou perannuel, aspect pâle de la muqueuse (non spécifique), et
des arguments paracliniques avec les tests sanguins et cutanés.
Le traitement repose essentiellement sur les mesures d’évic-
tion des allergènes incriminés, et une utilisation des traite-
ments antihistaminiques et corticoïdes locaux qui suivent les
règles de prescription au cours de la grossesse. Les corticoïdes
locaux représentent une modalité de choix, dans la mesure où
ils donnent lieu à une amélioration rapide des symptômes, de
l’obstruction nasale, en particulier. Enfin, une désensibilisation
ne doit pas être débutée chez une femme enceinte.
Rhinite non allergique à éosinophiles
Cette entité clinique est actuellement bien définie (2). Elle débute
entre 20 et 40 ans, comporte une prédominance féminine et
elle est souvent accompagnée d’antécédents familiaux de poly-
pose nasale, d’asthme ou d’intolérance à l’aspirine. Les princi-
paux symptômes retrouvés sont une obstruction nasale et des
troubles de l’olfaction. L’aspect inflammatoire de la muqueuse
noté à l’examen clinique n’est pas spécifique de cette étiologie.
C’est surtout l’analyse de la cytologie nasale qui, quand elle est
possible, permet de caractériser le diagnostic avec un nombre
de polynucléaires éosinophiles dépassant 20 % du nombre total
des leucocytes. Le bilan allergique est négatif. Cette rhinite non
allergique à éosinophiles constitue, pour certains auteurs, un
préliminaire à la survenue ultérieure d’une polypose, un traite-
ment local à base de corticoïdes est donc préconisé.
Rhinites non inflammatoires
Cette dénomination regroupe un certain nombre de causes
d’origines extrinsèque (médicamenteuse, professionnelle non
allergique, environnemental, etc.) ou intrinsèque (vasomotrice
primitive, atrophique, etc.). C’est dans cette dernière catégorie
que sont placées les rhinites hormonales en rapport avec la
grossesse. Les mécanismes physiopathologiques potentiels sont
les modifications hormonales, l’influence du système nerveux
sympathique et parasympathique, ainsi que les variations hydro-
électrolytiques et le stress. Au cours de la grossesse, la rhinite
hormonale survient en général après le premier trimestre, et
s’aggrave pendant le troisième trimestre, disparaissant le plus
souvent dans les deux semaines qui suivent l’accouchement.
L’obstruction nasale est bilatérale, surtout en fin de grossesse,
non expliquée par une infection des voies respiratoires supé-
rieures ou par une allergie. La plupart des auteurs préconi-
sent d’attendre la fin de la grossesse, si la rhinite persiste, pour
compléter l’enquête étiologique (2). Le traitement repose sur
les soins locaux des fosses nasales au sérum physiologique et
sur une corticothérapie locale.
Sinusites
Les symptômes associent une rhinorrhée purulente, des cépha-
lées et des douleurs périorbitaires. Le diagnostic est en général
cliniquement facile, le symptôme étant la présence de pus au
méat moyen. Dans certains cas (échec d’un traitement anté-
rieur ou immunodépression, par exemple), un prélèvement
bactériologique guidé par l’examen endoscopique est souhaitable,
réalisé si possible au méat moyen. Les indications de la radio-
logie restent très limitées. Du point de vue thérapeutique, une
antibiothérapie active sur les germes habituellement retrouvés
(pneumocoque, Haemophilus influenzae, streptocoque, staphy-
locoque, voire germes anaérobies) est proposée, associée aux
soins locaux des fosses nasales.
Épistaxis
Les épistaxis doivent faire évoquer d’emblée le diagnostic de
toxémie gravidique, sachant que, dans la majorité des cas,
il s’agit d’hémorragies peu abondantes, qui céderont spon-
tanément ou après des manœuvres simples : mouchage et
compression bidigitale de la pointe du nez. Ces épistaxis
bénignes sont rattachées à des modifications de la vasculari-
sation de la muqueuse. En cas d’épistaxis plus abondante, des
gestes locaux à visée hémostatique sont nécessaires : méchage
antérieur, sondes à ballonnets, voire tamponnement posté-
rieur. L’utilisation de mèches résorbables permet de limiter les
manœuvres traumatisantes pour la muqueuse, en particulier
lors du déméchage. Les formes les plus sévères ont bénéficié
de l’apport de la radiologie interventionnelle, qui rend possible
des embolisations sélectives.