1 20. L’HOMEOTHERMIE Premières traces : inconnues. Milieu aérien ? Nous percevons la respiration quand nous sommes conscients de notre ventilation pulmonaire. Celle-ci suscite évidemment un échange de gaz dans les poumons. Cet échange n’offre toutefois d’intérêt qu’en ce qu’il est l’expression physique de la respiration cellulaire. La respiration cellulaire est une combustion, mais une combustion lente. Elle est une séquence de réactions cataboliques qui permettent à la cellule de faire face à ses dépenses énergétiques. Le comburant est l’oxygène, les molécules qui font office de combustible sont surtout des glucides, parmi lesquels le favori est le glucose. La fonction respiratoire est impliquée dans l’entrée en scène de l'homéothermie, c’est-à-dire du contrôle de la température du milieu intérieur. L'homéothermie est un attribut fonctionnel des Oiseaux et des Mammifères, ce pourquoi ces deux groupes animaux sont dits homéothermes, par opposition aux groupes poïkilothermes, ou hétérothermes, dont la température est variable et généralement supérieure de 0,5° à 1° à la température ambiante. L'homéothermie réalise pour les cellules et les opérations dont elles sont le siège un microclimat constant et d'excellente qualité. Cette constance a d'énormes avantages, mais souffre de tous les inconvénients qu'impose une précision extrême des mécanismes régulateurs. La température interne normale des Oiseaux est comprise entre 40° et 44°. Certains Mammifères, comme l’Ours, la Marmotte, le Loir, la Chauve-souris ou le Hérisson, deviennent poïkilothermes pendant le sommeil hibernal. Ils ont alors une température variable, proche de la température ambiante, et leurs activités physiologiques sont évidemment très ralenties. C’est grâce à leur homéothermie que les Oiseaux et les Mammifères peuvent s’introduire, survivre et s’épanouir dans des régions froides. Ils n’y rencontrent guère de concurrence. En effet, les Reptiles, qui sont certes leurs ancêtres, mais ne manquent pas d’appétit, sont pour la plupart poïkilothermes et contraints par là de se confiner dans les régions tempérées ou chaudes. Et nous, les Hommes, nous sommes évidemment homéothermes, nous sommes des organismes à sang chaud, nous pouvons maintenir une température corporelle voisine de 37°, même si la température ambiante est susceptible de passer d’un extrême à l’autre. Et pourquoi ne pas décrire sommairement la cascade des évènements qui se déroulent en nous sous le contrôle de notre thermostat cérébral ? Au cas où la température ambiante était par exemple portée à 37,8°, cette élévation alerte les récepteurs cutanés, qui détachent des nerfs, les nerfs conduisent l’information au cerveau, dans une région qui porte le nom d’hypothalamus. Dépositaire d’un centre thermorégulateur, l’hypothalamus envoie des influx nerveux aux glandes sudoripares, celles-ci produisent davantage de sueur, la sueur s’évapore à la surface de la peau, la peau se refroidit, la température du corps est maintenue à sa valeur. Inversement, si la température du sang tombe sous la normale, l’hypothalamus envoie des influx nerveux aux organes qui retiennent les calories : les vaisseaux sanguins de la peau se contractent, la transpiration cesse … bref nous grelottons. 2 21. LES MEILLEURES IDEES DE LA REPRODUCTION Premières traces : inconnues. Eaux salées ? Eaux douces ? Pendant toute leur carrière, les Vertébrés font preuve d’une belle adresse à améliorer les protocoles de la reproduction sexuée. 1. LES MODES DE FECONDATION Misérables amants que les Poissons et les Amphibiens ! Et quels parents indignes ! La fécondation est externe : les spermatozoïdes et les ovules sont libérés dans l’eau salée ou l’eau douce, où ils se rencontrent. Les œufs sont délaissés par les géniteurs. La fécondation externe est sans grand risque pour les Poissons de mer qui disposent d’un énorme environnement aquatique. Elle est plus hasardeuse pour les Poissons et les Amphibiens qui vivent dans les eaux douces, lesquelles, au gré des conditions climatiques, peuvent geler ou disparaître par évaporation. Les Reptiles sont les inventeurs de la fécondation interne. Les spermatozoïdes sont déposés par le mâle dans les voies génitales de la femelle, où ils rencontrent les ovules. Pour éviter tout risque de dessiccation, les spermatozoïdes sont inclus dans un liquide, le sperme, et la paroi de l'oviducte a une importante activité sécrétoire. Les géniteurs sont ainsi soustraits à l'obligation de recourir à l'eau comme vecteur des gamètes, leur descendance échappe aux contraintes du climat. Dans la lignée des Reptiles, la fécondation interne ne demande que peu de modifications des voies génitales chez les femelles. Par contre, elle impose de grands progrès évolutifs aux mâles : ils se pourvoient d’un organe copulateur, d’une prostate et de vésicules séminales. 2. L’ŒUF AMNIOTIQUE Je ne vous décrirai pas les types d’œufs des différentes lignées animales. Bien sûr, ils sont tous dignes d’intérêt, comme l’œuf d’Oursin par exemple, qui nous a tellement appris en embryologie causale, mais un seul type d’œuf a l’honneur de préfigurer l’œuf que chacun de nous a été, c’est l’œuf amniotique. Vénérable idée que l’œuf amniotique puisqu’il est un brevet évolutif des Reptiles et date donc d’au moins 300 millions d’années ! Comparable à un œuf d'Oiseau, il comporte une coquille, un « blanc », qui est une réserve de protéines, et un « jaune », le vitellus, qui est une réserve de graisses, représentant le bagage énergétique mis à la disposition de l’embryon. Sur le blanc flotte une petite plage de cytoplasme qui héberge le patrimoine héréditaire. Pondu par la femelle dans le sol, il est conçu pour se développer en milieu aérien. Il se voit décerner le titre d’œuf amniotique, car, non content d’engendrer l’embryon, il bâtit précocement trois annexes embryonnaires, la vésicule ombilicale, la cavité amniotique et la vésicule allantoïdienne, ou allantoïde. 3. LA VESICULE OMBILICALE La vésicule ombilicale est une invention qui remonte aux Poissons. Elle détient le vitellus et est suspendue au cordon ombilical qui se détache de la face ventrale de l’embryon. Le cordon ombilical livre passage au canal vitellin. Celui-ci s’ouvre d’une part dans l’intestin primitif, d’autre part sur le vitellus. Le vitellus remonte le canal vitellin et est admis dans l’intestin, où il est digéré. 3 A la fin du développement embryonnaire, le vitellus est épuisé, la vésicule ombilicale a disparu, le jeune Reptile il est devenu apte à capturer sa nourriture dans le milieu extérieur, il fracture la coquille, c’est l’éclosion. Et nous, qui sommes des Mammifères, avons-nous eu une vésicule ombilicale ? Mais bien sûr ! Jamais évidemment elle n’a contenu de vitellus, puisque nos besoins alimentaires, et donc énergétiques, étaient gracieusement couverts par les molécules que notre mère nous offrait par l’intermédiaire du placenta. De ce fait, notre vésicule ombilicale « vide », a été reléguée dans le cordon ombilical. Nous ne l’avons toutefois pas perpétuée en vain, puisque nous avons récupéré ses vaisseaux sanguins pour en faire une part de nos vaisseaux placentaires. Ainsi, bien que nous soyons des Mammifères, avons-nous respecté le souvenir de nos lointains ancêtres les Poissons … 4. LA CAVITE AMNIOTIQUE Lors de leur émergence de la souche des Amphibiens, les Reptiles ouvrent un flot d’innovations, dont celle de la cavité amniotique. Et cette innovation sera pieusement conservée par leurs descendants, les Oiseaux et les Mammifères. Elle est construite par l’embryon et l’enveloppe de toutes parts. Emplie d’un liquide, le liquide amniotique, elle lui offre un environnement qui, en reconstituant le paradis des eaux ancestrales, l’autorise à se développer impunément dans le milieu aérien où il est pondu. Et nous, avons-nous eu une cavité amniotique ? Mais bien sûr ! Chez nous, c'est la poche des eaux des obstétriciens. A terme, elle contient environ un litre de liquide amniotique, lequel est d'abord sécrété par les cellules de la paroi amniotique, puis provient surtout de l'urine du fœtus. En fin de grossesse, il est renouvelé toutes les 3 heures. Le liquide amniotique amortit les secousses et les chocs atteignant la mère, évite au fœtus d'adhérer à la paroi amniotique et lui accorde la possibilité de se mouvoir, facilitant ainsi le développement des muscles et du squelette. 5. L’ALLANTOÏDE Les Reptiles héritent du cordon ombilical des Poissons, mais lui ajoutent une nouvelle annexe embryonnaire, l’allantoïde. L’allantoïde se détache de l’intestin de l’embryon, se glisse dans le cordon ombilical et s’épanouit largement dans la vésicule ombilicale, sous la coquille. Il se pourvoit d’un réseau serré de capillaires sanguins, qui saisissent l’oxygène de l’air et lui restitue l’anhydride carbonique. Sa fonction respiratoire est fort bienvenue, puisque l’embryon est cloîtré dans la cavité amniotique et ne peut se servir de ses poumons qui n’ont aucun accès à l’air. Et nous, qui sommes des Mammifères, avons-nous eu un allantoïde ? Mais bien sûr ! En fait, nous ne le faisons revivre que pour disposer des vaisseaux allantoïdiens. C’est par eux que, pendant quelques 8 mois, nous avons expédié notre sang au placenta, … sans oublier de le récupérer, c’est grâce à eux que notre jeune sang a réalisé avec le sang de notre mère les échanges respiratoires, alimentaires, excréteurs, hormonaux, immunitaires … que sais-je encore ? 6. L’UTERUS Les Mammifères ont reçu de leurs ascendants les Reptiles un pactole d’idées de la meilleure venue. En héritiers fidèles, ce pactole, ils ne l’ont pas dilapidé. Mieux, ils l’ont encore enrichi, et ce surtout en déposant leur idée propre, celle de l’utérus, qui sera le moteur de leur triomphe depuis 60 millions d’années. 4 Chez les Mammifères Euthériens, qui sont aujourd'hui les plus florissants, le développement embryonnaire se déroule tout entier dans un nouvel organe des voies génitales de la femelle, l’utérus. C'est la gestation. Celle-ci est rendue possible par la nidation et la placentation. La nidation est la fixation de l'œuf au sein même de la paroi utérine. Elle est immédiatement suivie de la placentation. 7. LE PLACENTA Le placenta est l’annexe embryonnaire caractéristique des Mammifères Euthériens. Organe mixte, il est construit par l’embryon et la paroi utérine de la mère. Il est mis en place dans la région qui occupe le pied du futur cordon ombilical. Le placenta est de structure et de fonction constantes dans toutes les lignées d’Euthériens, mais bien évidemment, en dépit de son caractère exotique, nous ne traiterons pas du placenta du Rhinocéros africain, nous traiterons du placenta humain, puisqu’il a été le premier organe de communication entre notre mère et nous. Le 18ème jour qui suit la conception, à la racine de l’ébauche du cordon ombilical apparaissent de modestes lacunes, qui deviennent de vastes chambres. Celles-ci communiquent les unes avec les autres et engendrent une sorte de crypte inondée par le flot du sang maternel. Le toit de cette crypte est porté par des colonnes qui s’élèvent de son plancher. Ces colonnes, les villosités placentaires, détachent des bras ramifiés qui flottent dans le sang maternel. Pendant la 4ème semaine, les capillaires embryonnaires issus des vaisseaux vitellins et allantoïdiens pénètrent dans les villosités placentaires. La circulation placentaire embryonnaire est ainsi établie. Le sang maternel est fourni par l’artère utérine. Le sang que le fœtus envoie au placenta et reprend du placenta passe par le cordon ombilical. Il descend du fœtus au placenta par deux artères ombilicales, il remonte du placenta au fœtus par une veine ombilicale. Dans les villosités placentaires, le sang du fœtus est devenu le voisin du sang de la mère, il n’en est séparé que par la membrane placentaire. La membrane placentaire est remarquable par sa ténuité, elle n’est épaisse que de 2 à 6 microns. Interposée entre le sang maternel et le sang fœtal, elle se prête aux échanges les plus divers et les plus intenses. A terme, le placenta est discoïde, il a un diamètre de 15 à 20 centimètres, une épaisseur de 2 à 3 centimètres et un poids de 500 à 600 grammes. La surface d’échange entre le sang maternel et le sang foetal est de l'ordre de 10 mètres carrés. 8. LA PARTURITION ET … Au terme de la gestation, le jeune est libéré par la mère, grâce aux contractions du muscle utérin, c'est la parturition. La femelle nourrit ses petits de son lait. Enfin, les Mammifères évolués, comme les Primates, ont envers les jeunes une politique d'apprentissage, qui est particulièrement longue dans le cas de l'espèce humaine.