La Lettre du Cancérologue - Suppl. Les Actualités au vol. XIV - n° 4 - novembre 2005
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ACTUALITÉS
oncosciences
oncosciences
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Coordonné par S. Faivre (hôpital Beaujon, Clichy)
et C. Tournigand (hôpital Saint-Antoine, Paris)
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Cancer Research
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Clinical Cancer
Research
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Journal of the National
Cancer Institute
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Nature Medicine
>
Oncogene
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Science
de signalisation pourraient être de bons
candidats en ce qui concerne la fréquence
des cancers dans une population, la sur-
venue d’un cancer ou la réponse aux
médicaments. Cet article étudie la voie
de signalisation de p53, qui est activée
en réponse à différents stress comme
les dommages de l’ADN, l’hypoxie, l’in-
flammation et d’autres. Cette voie de
signalisation de p53 fait intervenir plus
de 100 gènes. Parmi 82 gènes étudiés,
impliqués dans cette voie, 1 335 SNP
ont été identifiés (358 dans des régions
codantes, 977 dans des régions non
codantes). Dans ce réseau d’intercon-
nexions, les gènes TP53 et MDM2 for-
ment un noyau central autour duquel
s’imbriquent d’autres gènes. Le taux
de la protéine MDM2 dans une cellule
semble avoir un effet important sur
la réponse de p53 et la formation de
cancers. Une surproduction de MDM2
entraîne des tumeurs chez 100 % des
souris. Chez l’homme, le gène MDM2 est
amplifié dans un nombre important de
tumeurs. Les patients qui présentent une
légère augmentation de la protéine MDM2
ont une fonction p53 atténuée, ce qui
peut faciliter la formation de cancers. En
effet, des études ont montré que le
SNP 309 (G/G) situé dans le promoteur du
gène MDM2 crée un site SP1 “amélioré”
qui régule le taux de transcription basal
de ce gène dans les cellules de génotype
G/G, mais pas dans les cellules de géno-
type T/T. D’autres études ont montré qu’un
taux basal élevé de MDM2 dans les cellules
peut avoir des conséquences fonction-
nelles en réduisant le niveau de p53, ce
qui a pour conséquence la diminution de
la transcription des gènes qui sont sous le
contrôle de p53. Il y a alors une diminu-
tion de l’entrée des cellules en apoptose
après endommagement de leur ADN, puis
une prolifération de cellules mutées avec
le génotype G/G pour le SNP 309. Cette
revue rend compte des différentes études
décrivant que l’allèle G du SNP 309 dans
être des marqueurs génétiques du pro-
nostic des cancers du sein. Cette asso-
ciation de polymorphismes dans le gène
VEGF avec la survie des cancers du sein
est biologiquement plausible, et peut
avoir des implications significatives
dans le traitement des cancers du sein,
en orientant l’utilisation des inhibiteurs
de VEGF, déjà utilisés dans les essais
cliniques, en fonction des polymorphismes
du gène VEGF.
V. Le Morvan
Institut Bergonié, Bordeaux
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Lu et al. Cancer Research 2005;65:5015-9.
E
n 2001, le séquençage complet du
génome humain a permis de mettre
en évidence le fait que les êtres humains
ont un génome identique à plus de 99 %.
Cependant, il existe de nombreuses
différences individuelles. Parmi elles,
on trouve 4,5 millions de SNP distribués
tout le long du génome dans les régions
codantes ou non codantes. Ces différences
pourraient être pour beaucoup dans les
traits individuels qui définissent chacun
de nous comme unique. Elles sont aussi à
l’origine de la diversité dans la prédispo-
sition aux maladies ou dans la réponse aux
traitements. L’un des problèmes majeurs
est de définir le “bon” SNP, parmi un
grand nombre de candidats, pouvant être
testé pour son association avec une mala-
die ou la réponse à un traitement. Il y a
maintenant 30 ans qu’oncogènes et gènes
suppresseurs de tumeurs ont été identi-
fiés, ainsi que leur implication dans des
voies de signalisation : cela a permis d’ap-
porter des explications moléculaires et
cellulaires relatives à l’origine des cancers.
Différentes études rapportent que les SNP
présents dans les protéines de ces voies
Un SNP dans le gène MDM2 :
de l’explication moléculaire
et cellulaire à l’effet clinique
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le promoteur du gène MDM2 augmente le
taux basal de protéine MDM2 dans les
cellules. Ainsi, les réponses apoptotiques
liées à p53 sont atténuées en réponse à
des dommages à l’ADN. Chez certains
individus possédant le génotype G/G du
SNP 399, le pourcentage de cellules
entrant en apoptose ou s’arrêtant dans le
cycle cellulaire en réponse à un stress
génotoxique est plus faible ; on voit une
augmentation de la propagation de cel-
lules ayant des mutations non réparées,
ce qui est à l’origine de la survenue de
cancers à un plus jeune âge que chez les
sujets porteurs du génotype T/T du SNP
399. Il faut toutefois noter que le taux
de mutations peut être le même chez les
individus G/G et T/T, mais la fixation du
facteur SP1 est plus importante chez les
individus de génotype G/G. Des études
cliniques révèlent également que l’allèle
G/G du SNP 309 n’est pas plus fréquent
chez les sujets atteints de cancer. Les
auteurs de cette revue mettent l’accent
sur le fait qu’il est important d’apprécier
les limites de l’étude d’un SNP dans
une voie de signalisation. La première
indication est que d’autres SNP et
d’autres gènes peuvent intervenir et
que les résultats observés ne dépen-
dent peut-être pas d’un seul SNP, mais
d’un ensemble de SNP.
V. Le Morvan
Institut Bergonié, Bordeaux
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Bond et al. Cancer Research 2005;65:5481-4.
L
e cytochrome P450 1B1 (CYP1B1) est
connu depuis longtemps comme res-
ponsable de l’activation de xénobiotiques
vers des substances électrophiles poten-
tiellement cancérogènes. Il n’est pas
exprimé dans le foie, comme la plupart
des cytochromes, et n’est présent chez
Le cytochrome P450 1B1,
une cible thérapeutique ?
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