Attention aux intoxications iatrogènes
L
es intoxications iatrogènes en
pédiatrie sont fréquentes mais
sation “médicaments orphelins” ou
sont autorisés dans une autre indi-
cation, une autre posologie, une
autre forme galénique ou un autre
âge. Selon l’étude duPr E. Autret-
Leca et du Dr A.-P. Jonville-Béra*
(Service de pharmacologie clinique
et Centre régional de pharmacovi-
gilance et de renseignement sur le
médicament, CHRU de Tours), le
nombre d’enfants exposés à des
médicaments dépourvus d’autori-
sation spécifique pédiatrique est
estimé à 90 % en soins intensifs,
à 67 % à l’hôpital et à 22 % en
pratique de ville. Le marché étroit
et les lois sur la protection dans
l’évaluation des médicaments et
sur la protection des personnes
dans la réalisation des essais théra-
peutiques exposent au retard thé-
rapeutique et à des risques accrus.
En pédiatrie, il existe aussi des
particularités pharmacocinétiques.
Ainsi, chez le jeune enfant, la ré-
sorption des médicaments est di-
minuée par voie orale, peu mo-
difiée par voie rectale, réduite et
aléatoire par voie intramusculaire
et augmentée par voie cutanée. Le
volume de distribution (rapporté
au poids) est plus grand chez l’en-
fant et le nourrisson, ce qui ex-
plique des doses utilitaires (rap-
portées au poids) plus élevées par
rapport à l’adulte. De même, la
liaison aux protéines est réduite
et se normalise au cours de la pre-
mière année de vie pour les
quelques médicaments étudiés.
Difficultés pratiques
A l’hôpital, les erreurs de poso-
logie sont à l’origine des erreurs
de calcul des facteurs âge/poids.
Elles sont modestes quant à la gra-
vité mais fréquentes dans la sous-
évaluation des doses. Comme il
n’existe pas de forme galénique
adaptée, les médicaments sont dé-
conditionnés et ensuite recondi-
tionnés. Les très petits volumes à
injecter exposent, d’une part, aux
erreurs de dilution et, d’autre part,
sont peu adaptés au calibre des
seringues et des tubulures et aux
formes galéniques destinées à
l’adulte. En pratique, l’espace mort
de tubulures non adaptées à la pé-
diatrie (1 ml/m de tubulure de
1mm de diamètre) ainsi que le site
d’injection trop éloigné de l’enfant
font que le médicament n’est sou-
vent pas administré en totalité et
nécessite des volumes de purge
élevés par rapport aux besoins
hydriques. Parmi les erreurs, sont
soulignées : les erreurs de pres-
criptions parce que celles-ci sont
illisibles ou transmises oralement,
les connaissances insuffisantes des
médicaments car ceux-ci sont mal
évalués, la confusion de médica-
ments, voire de patients. Enfin, les
erreurs liées aux infirmières sont,
toujours d’après l’étude, fré-
quentes, puisque, dans un service
d’oncologie pédiatrique, 6 % des
unités préparées par les infirmières
comportaient une erreur. L’erreur
de dilution, en particulier en néo-
natologie, est favorisée du fait de
la nécessité de conditionnements
faits pour l’adulte. Une recherche
systématique en néonatologie a
ainsi montré une erreur de dilu-
tion de la nétilmicine dans 50 %
des cas !
La situation actuelle démontre
que les médicaments pour l’en-
fant, faute d’études, ne sont pas
suffisamment évalués. D’où l’ur-
gence d’une révision de la légis-
lation, base d’un développement
approprié de ces médicaments.
A.-L.P.
* Autret-Leca E, Jonville-Béra AP. Gestion des
risques des médicaments en pédiatrie. In : Pé-
diatrie hospitalière, F. Douchain. Paris : Doin
Éditeurs, 2001.
La fréquence des erreurs d’utilisation des médicaments en
pédiatrie est élevée. A cela, trois causes principales : la forme
galénique mal adaptée, une explication trop sommaire et
l’automédication parentale.
Pédiatrie
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Professions Santé Infirmier Infirmière - No43 - janvier-février 2003
heureusement, dans leur grande
majorité, elles ne sont pas trop
graves. Elles sont souvent sous-
estimées car les erreurs sans gra-
vité, notamment les sous-dosages,
ne sont pas prises en compte. Les
Centres antipoisons connaissent
relativement bien la fréquence et
les caractéristiques des intoxica-
tions, mais ils cernent mal les
caractéristiques d’utilisation des
médicaments. Cependant, dans
l’immense majorité des cas, l’er-
reur se signale en dehors de l’hô-
pital où le rôle des soignants est de
bien s’assurer qu’un traitement qui
doit être suivi après une hospita-
lisation a bien été compris par les
parents. Il faut aussi informer que
le médicament ne doit pas être uti-
lisé pour des symptômes qui res-
semblent à ceux d’une maladie qui
a nécessité l’hospitalisation.
Particularités pédiatriques
Comment se définit l’erreur ?
C’est « toute erreur qui empêche
le patient de recevoir le médica-
ment adéquat, à la posologie cor-
recte, à l’horaire préconisé et par
la bonne voie d’administration ».
L’ enfant y est plus volontiers ex-
posé parce que, souvent, les pa-
rents sont les intermédiaires dans
la prise des médicaments, et, sur-
tout, parce que peu de formes ga-
léniques propres à l’enfant sont
disponibles.
Le gouvernement a donc décidé,
en 2000, d’entreprendre une ré-
forme et, en 2002, la Commis-
sion européenne a proposé de
régulariser les actions à l’échelle
européenne.
De nombreux médicaments don-
nés aux enfants n’ont pas l’autori-
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