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Cas clinique
Du nouveau-né à l’adolescent
Pseudoangiomatose éruptive
Eruptive pseudoangiomatosis
D. Bessis
(Service de dermatologie, hôpital Saint-Éloi, CHU de Montpellier)
U
n nouveau-né de sexe masculin est adressé à la consultation au début
de l’été, à l’âge de 9 jours, pour une éruption de l’extrémité céphalique
(figure 1) et des membres inférieurs (figures 2 et 3) apparue 24 heures auparavant. Il s’agit de macules et de papules érythémateuses de 1 à 4 millimètres de
diamètre, certaines entourées d’un halo blanchâtre (figure 4).
Pseudoangiomatose éruptive.
Eruptive pseudoangiomatosis.
Examen
La vitropression entraîne une disparition complète des lésions, qui se recolorent du
centre vers la périphérie. Aucun syndrome infectieux à type de fièvre, de symptomatologie respiratoire ou digestive n’a précédé l’installation de l’éruption. L’interrogatoire
de la mère n’a pas retrouvé de notion d’infection en fin de grossesse et l’accouchement a été normal.
La recherche d’un agent infectieux viral ou bactérien est négative au niveau de la
gorge, des conjonctives et des selles. L’examen histologique d’un élément pseudoangiomateux met en évidence une dilatation vasculaire avec turgescence intraluminale des cellules endothéliales et un discret infiltrat inflammatoire au niveau du
derme superficiel (figure 5). Aucun traitement n’est prescrit et l’évolution de l’éruption se fait vers une disparition de certains éléments de l’extrémité céphalique alors
qu’apparaissent d’autres lésions sur les membres inférieurs. Toutes les lésions
disparaissent en une dizaine de jours au total.
Discussion
La pseudoangiomatose éruptive est une entité rare, classiquement pédiatrique, qui se
présente sous la forme d’un exanthème stéréotypé bénin et spontanément résolutif.
L’éruption cutanée peut survenir à tout âge chez l’enfant (entre 8 jours et 10 ans),
précédée dans les trois quarts des cas par un épisode infectieux à type de fièvre, d’infection ORL ou digestive (1). Son début est brutal, sous la forme d’une éruption monomorphe constituée de macules ou de papules rouges, de quelques millimètres de
diamètre, en nombre variable, et asymptomatiques. Certains éléments sont entourés
d’un halo blanchâtre caractéristique. La vitropression entraîne l’effacement complet
de l’érythème suivi d’une recoloration rapide du centre vers la périphérie. Les joues
et les membres constituent les localisations privilégiées de l’éruption.
Figure 1. Macules et papules érythémateuses
millimétriques cernées d’un halo blanchâtre
de l’extrémité céphalique.
L’évolution se fait habituellement vers la résolution spontanée en deux jours à trois
semaines, mais une évolution prolongée sur plusieurs mois est possible. Des récidives sont possibles, mais rares.
Figure 4. Gros plan d’une lésion élémentaire.
Des formes familiales avec une atteinte des enfants au sein d’une même famille ou
des enfants et des parents ont été décrites.
L’histologie met en évidence systématiquement le même aspect de dilatation des
vaisseaux du derme superficiel et moyen, avec une turgescence des cellules endothéliales et un discret infiltrat inflammatoire lymphocytaire périvasculaire du derme
superficiel. Il n’existe pas de prolifération vasculaire, ni d’infiltrat à polynucléaires
éosinophiles.
La pseudoangiomatose éruptive de l’adulte a été récemment décrite (2), survenant en
général dans un contexte d’immunodépression iatrogène : chimiothérapie pour carcinome, radiothérapie, corticothérapie générale prolongée. La présentation clinique de
l’éruption est similaire à la forme pédiatrique (figure 6), mais, le plus souvent, elle
n’est pas précédée par un épisode infectieux et son évolution se prolonge entre un
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Légendes
Figures 2 et 3. Lésions sémiologiquement
identiques du membre inférieur et du dos
du pied.
Figure 5. Histologie d’une lésion : dilatation
vasculaire avec turgescence intraluminale
des cellules endothéliales et un discret infiltrat inflammatoire au niveau du derme
superficiel.
Figure 6. Pseudoangiomatose éruptive de
l’adulte : lésions caractéristiques de la face
antérieure de l’avant-bras.
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à trois mois. Le rôle d’une infection à cytomégalovirus (3), à virus d’Epstein-Barr ou
à entérovirus (echovirus 25 et 32, Coxsackie B) ou d’un virus ARN actuellement non
identifié a été suspecté, mais sans argument formel (4).
La survenue d’épidémies communautaires ainsi que l’atteinte préférentielle, dans ces
observations, des zones exposées du corps ont également fait discuter le rôle éventuel de piqûres d’insectes (érythème ponctué de Higuchi) [5-7], malgré l’absence de
prurit ou la présence de polynucléaires éosinophiles dermiques.
II
Références bibliographiques
1. Guillot B, Chraibi H, Girard C et al. Pseudoangiomatose éruptive du nourrisson et du nouveau-né.
Ann Dermatol Venereol 2005;132:966-9.
2. Guillot B, Dandurand M. Eruptive pseudoangiomatosis in adulthood: 9 cases. Eur J Dermatol
2000;10:455-8.
3. Pitarch G, Torrijos A, Garcia-Escriva D et al. Eruptive pseudoangiomatosis associated to cytomegalovirus infection. Eur J Dermatol 2007;17:455-6.
4. Misery L, Tran A, Legrand MC, Payan C. La pseudoangiomatose éruptive : une maladie virale ? Ann
Dermatol Venereol 2007;134:725-7.
5. Venturi C, Zendri E, Medici MC et al. Eruptive pseudoangiomatosis in adults: a community outbreak.
Arch Dermatol 2004;140:757-8.
6. Ban M, Ichiki Y, Kitajima Y. An outbreak of eruptive pseudoangiomatosis-like lesions due to
mosquito bites: erythema punctatum Higuchi. Dermatology 2004;208:356-9.
7. Restano L, Cavalli R, Colonna C et al. Eruptive pseudoangiomatosis caused by an insect bite. J Am
Acad Dermatol 2005;52:174-5.
N o u v e l l e s d e l ’i n d u s t r i e p h a r m a c e u t i q u e
Communiqués publicitaires des conférences de presse, symposiums, manifestations organisés par l’industrie pharmaceutique
Ne rougissez plus
de vos rougeurs !
La rosacée touche en France 4 millions de
personnes, parmi lesquelles 8 sur 10 l’ignorent.
Cette maladie inflammatoire et chronique
qui atteint la peau du visage évolue par poussées. Elle est d’origine vasculaire, avec une
prédisposition génétique. On distingue quatre
stades : flushes transitoires ou permanents,
érythro-couperose, papulo-pustules, rhinophyma. Cette pathologie apparaît dès l’âge de
25 ans, avec un pic entre 40 et 50 ans, et atteint
surtout les femmes à peau claire, aux cheveux
blonds ou aux yeux bleus. Les hommes qui en
souffrent présentent le plus souvent des stades
plus avancés de la maladie.
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La prise en charge repose sur un traitement
local à base de métronidazole (émulsion,
crème, gel) et/ou sur un traitement oral
(cyclines, métronidazole, macrolides). Ceuxci peuvent être complétés par des séances
d’électrocoagulation ou de laser en cas
d’érythrose ou de couperose.
Le laboratoire Galderma a organisé à l’occasion de la deuxième Semaine nationale de la
rosacée (février 2008) une campagne nationale
d’information intitulée “Ne rougissez plus de
vos rougeurs !”, destinée aux dermatologues,
aux médecins généralistes et aux personnes
concernées. L’objectif est de faire le point sur
cette maladie et sur les idées reçues qui s’y
rattachent, et d’inciter les patients à consulter
grâce à un livret d’information grand public
Images en Dermatologie • Vol. I • n° 1 • janvier-février-mars 2008
– disponible chez les dermatologues et les
médecins généralistes – ainsi qu’à un site
Internet (www.rosacee.com). Le livret d’information, à visée pédagogique, contient des
explications simples et des conseils pratiques. Le quiz “À vos miroirs !” permet d’identifier les symptômes et donne des astuces de
maquillage. Ce livret est également téléchargeable sur le site www.rosacee.com, lequel
propose en outre des informations complètes
et détaillées sur la maladie ainsi que des
témoignages de patients. Ce site a été mis
en place pour favoriser les échanges entre
médecins et patients, et, chaque mois, des
experts répondront en vidéo aux questions les
plus récurrentes.
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