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Peut-on soigner sans formation à la
communication soignant-soigné ?
Berlin (Allemagne)
A en croire H. Helmchen, l’avenir de la
pratique médicale passerait par une réhabi-
litation de la qualité de la relation réci-
proque médecin-patient, notamment en
psychiatrie, mesurée à l’aune de la réalisa-
tion du contrat thérapeutique où le savoir
scientifique et l’art de la communication se
rencontreraient (Mutual patient-psychia-
trist communication and the therapeutic
contract. Comprehensive Psychiatry,
1998, 39, (1) : 5-10). La spécialisation
croissante induirait ici comme ailleurs
incompréhension, anonymat, accroisse-
ment des risques de maniement des traite-
ments modernes. La relation médicale
vivrait une période charnière, quittant le
modèle paternaliste elle se dirigerait vers
l’élaboration conjointe du diagnostic et du
traitement (modèle “professionnel-parte-
naire”) avec un patient informé et autono-
me, même au décours de rémissions
incomplètes ou induisant des handicaps
résiduels. La communication serait un pré-
requis de base pour traiter efficacement et
il existerait un comportement thérapeu-
tique de base incluant entre autres l’enga-
gement du thérapeute ainsi que des
échanges portant autant sur la maladie que
sur les valeurs, souhaits et croyances de la
personne. Le principal obstacle à une telle
pratique serait la tendance moderne à la
réification des concepts et des observa-
tions, à la systématisation, à la standardisa-
tion. L’enjeu de la communication serait
d’éviter une relation de type commercial
où le médecin ne ferait que vendre un
savoir, pour plutôt chercher à faire son miel
de l’écart entre la subjectivité du patient et
les besoins d’objectivation du praticien.
Des données obtenues sans accès à la paro-
le du patient seraient d’une validité discu-
table. Et Helmchen de prendre des
exemples d’obstacles actuels à la qualité de
la communication médecin-malade (l’asy-
métrie, l’urgence et la maladie aiguë, le
patient déficitaire ou diminué, les restric-
tions budgétaires et le coût apparent de la
formation et de la pratique de la communi-
cation) en soulignant les bénéfices spéci-
fiques d’une telle pratique (le consente-
ment éclairé, l’observance, l’adhésion et
l’alliance thérapeutiques). Il suggère enfin
que des recherches soient entreprises sur le
processus de communication soignante
dans différentes spécialités médicales, sur
l’effet de structures nouvelles ou diffé-
rentes de systèmes de remboursement de la
communication médecin-malade en soma-
tique, et que la formation à la communica-
tion se centre sur l’apprentissage de la
capacité à apprécier les valeurs et
croyances et leurs effets pragmatiques...
Mais où va-t-il chercher tout cela ! Peut-
être chez les théoriciens de la pragmatique
de la communication qui ont déjà tout dit
ou presque et depuis longtemps sur la
question ? Que nenni, pas un n’apparaît
dans ses références bibliographiques ! La
médecine voudrait-elle à elle seule réin-
venter la communication ou ne souhaite-t-
elle toujours pas communiquer avec des
horsains ? L’article mérite tout de même le
détour.
Mots-clés : Communication, Formation,
Contrat thérapeutique.
Ch.L
.
Secret professionnel, expertise
judiciaire et dossier médical
Une mise au point intéressante vient d’être
effectuée par le Pr M. Penneau en ce qui
concerne la consultation du dossier médi-
cal par l’expert désigné par le juge (Rec.
Dalloz 1996, n° 14, 182, note sous CA
Rennes, ch. acc., 15 mai 1997). L’auteur
rappelle que le secret professionnel est
opposable au médecin, fût-il expert judi-
ciaire, dès lors qu’il ne participe pas à la
demande diagnostique ou thérapeutique au
profit du patient (hormis le “secret parta-
gé” avec le médecin-conseil de la sécurité
sociale). Par ailleurs, il s’insurge contre
l’opinion selon laquelle le médecin expert
tirerait de sa mission un droit d’accès
direct au dossier médical de la personne à
expertiser. Il faut impérativement que cette
dernière apporte son consentement, mais
l’on ignore pas les difficultés concernant
celui-ci en matière d’affections psychia-
triques sévères. Naturellement, au pénal,
l’expert peut toujours consulter le dossier
que le juge aura fait préalablement saisir.
En milieu pénitentiaire, le secret profes-
sionnel s’applique de la même façon qu’en
milieu libre, et la loi du 18 janvier 1994 a
confié au service public hospitalier la char-
ge de l’ensemble des soins aux detenus,
par le biais de l’établissement public de
santé situé à proximité. Une démonstration
convaincante qui est loin de faire l’unani-
mité chez les magistrats eux-mêmes.
M.G.
Dépression du post-partum : des
effets plus perturbateurs sur
l’adaptation scolaire des garçons
des familles pauvres
Reading (Grande-Bretagne)
Dans une étude prospective et comparative
longitudinale d’enfants de 5 ans nés (à
terme et en bonne santé) de mères au post-
partum euthymique ou dépressif, les psy-
chologues D. Sinclair et L. Murray (Effects
of postnatal depression on children’s
adjustment to school. Brit. J. Psychiatry,
1998, 172 : 58-63) montrent que le niveau
socio-économique et le sexe de l’enfant
sont les variables les plus corrélées à la
qualité de l’adaptation scolaire évaluée par
les instituteurs (questionnaires) à la fin du
premier trimestre de scolarisation. Les
études sur l’impact de la dépression du
post-partum sur l’adaptation sociale et
émotionnelle des enfants s’appuient classi-
quement sur ce qu’en disent les mères. A
cet égard la présente recherche apporte un
plus méthodologique non négligeable et
ses résultats divergent notablement de ceux
des travaux antérieurs. Cinquante-quatre