Le Courrier de la Tr a n s p l a n t a t i o n - Volume IV - n
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2 - avril-mai-juin 2004
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Vo c a b u l a i r e
Co n s e n te m e n t
D
ans toute démarche médicale ou
c h i r u rgical e grave, un élément indis-
pensable exprime le respect porté aux inté-
ressés : c’est la requête d’un consentement
de leur part.
L
e mot est voisin d’acceptation, adhésion,
et plus encore d’a c c o rd , qui vient du latin
cor, cordis, mais a perdu ce contenu affectif.
Consentement, en revanche, retient dans sa
forme même une proximité avec le “senti-
ment”, héritée de son origine latine. Parmi
les nombreux dérivés du verbe sentire, celui
qui exprime la communauté d’opinion était
consentire, formé avec cum, “avec”, et par-
fois “ensemble”.
S
entir, sentiment sont, en latin comme dans
les langues romanes, et donc en français, un
composé des sens et de la perception, de la
sensibilité et de la raison, ce qu’expriment
encore les expressions bon sens et sens com -
mun (sensum communis). Solliciter à la fois
l ’ a ffectif et le rationnel dans le consente-
ment, c’est aller beaucoup plus loin que la réponse positive à une proposition, aussi
légitime soit-elle, plus loin qu’un partage de responsabilité, celui qui résulte de
l’accord formel.
S
électionner consentement dans la riche série des noms exprimant la rencontre des
opinions – de l’acquiescement à l’autorisation, de l’adhésion à la permission –, c’est
vouloir joindre aux considérations rationnelles, par exemple à l’évaluation du besoin,
à celle des nécessités par rapport aux risques et aux avantages espérés, un élément
sensible, une intuition profonde qui peut entraîner la décision.
“
Ce n’est pas l’amour qui fait le mariage”, écrivait Claudel dans le Soulier de satin,
“mais le consentement”. Il ajoutait, en militant chrétien, “le consentement en pré-
sence de Dieu, dans la foi”. Si on laïcise ce discours, on constate que tout consen-
tement entraîne une sorte de témoin caché, une croyance-espoir, “en présence” de
la conscience totale du sujet. C’est cette totale présence à soi, que le consentement
fait coexister avec la présence à l’autre, qui fait le prix de certaines adhésions
difficiles, par exemple à un prélèvement d’organe. Combien la simple acceptation
paraît alors formelle et faible !
L
es situations extrêmes requièrent des mots riches et qui entraînent la personna-
lité entière : consentement est de ceux-ci.
Alain Rey,
directeur de rédaction du Robert, Paris
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