V ocabulaire Co n s e nte m e nt ans toute démarche médicale ou D c h i r u rgicale grave, un élément indispensable exprime le respect porté aux inté- ment, c’est aller beaucoup plus loin que la réponse positive à une proposition, aussi légitime soit-elle, plus loin qu’un partage de responsabilité, celui qui résulte de l’accord formel. ressés : c’est la requête d’un consentement de leur part. Sélectionner consentement dans la riche série des noms exprimant la rencontre des Le mot est voisin d’acceptation, adhésion, et plus encore d’a c c o rd, qui vient du latin cor, cordis, mais a perdu ce contenu affectif. Consentement, en revanche, retient dans sa forme même une proximité avec le “sentiment”, héritée de son origine latine. Parmi les nombreux dérivés du verbe sentire, celui qui exprime la communauté d’opinion était consentire, formé avec cum, “avec”, et parfois “ensemble”. Sentir, sentiment sont, en latin comme dans les langues romanes, et donc en français, un composé des sens et de la perception, de la sensibilité et de la raison, ce qu’expriment encore les expressions bon sens et sens com mun (sensum communis). Solliciter à la fois l’affectif et le rationnel dans le consente- opinions – de l’acquiescement à l’autorisation, de l’adhésion à la permission –, c’est vouloir joindre aux considérations rationnelles, par exemple à l’évaluation du besoin, à celle des nécessités par rapport aux risques et aux avantages espérés, un élément sensible, une intuition profonde qui peut entraîner la décision. “Ce n’est pas l’amour qui fait le mariage”, écrivait Claudel dans le Soulier de satin, “mais le consentement”. Il ajoutait, en militant chrétien, “le consentement en présence de Dieu, dans la foi”. Si on laïcise ce discours, on constate que tout consentement entraîne une sorte de témoin caché, une croyance-espoir, “en présence” de la conscience totale du sujet. C’est cette totale présence à soi, que le consentement fait coexister avec la présence à l’autre, qui fait le prix de certaines adhésions difficiles, par exemple à un prélèvement d’organe. Combien la simple acceptation paraît alors formelle et faible ! Les situations extrêmes requièrent des mots riches et qui entraînent la personnalité entière : consentement est de ceux-ci. Alain Rey, directeur de rédaction du Robert, Paris Les articles publiés dans Le Courrier de la Transplantation le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction par tous procédés réservés pour tous pays. © juin 2001 - DaTeBe SAS Imprimé en France - ÉDIPS, 21800 Quétigny - Dépôt légal à parution Ce numéro est routé avec La Lettre du Pharmacologue vol. 18, n° 2, avril-mai-juin 2004, un encart abonnement est jeté à l’intérieur de la revue à distribution des seuls prospects et la Lettre de l’Éditeur au lecteur. 69 Le Courrier de la Transplantation - Volume IV - n o 2 - avril-mai-juin 2004