domestique ») consacré à l’illustration de sa théorie, DARWIN élabore une hypothèse
sur la génération, la théorie de la « pangenèse » : la transmission des caractères
(dont les caractères « acquis ») est due aux cellules sexuelles qui accumulent des
particules provenant de tous les organes du corps adulte. Il pense répondre ainsi
aux interrogations suscitées par la reproduction sexuée et par la transmission des
caractères parentaux à chaque génération. Mais, en 1883, August WEISMANN (1834-
1914) constatera que les cellules germinales (les cellules souches des gamètes)
apparaissent très tôt au cours de la vie embryonnaire ; il en déduira qu'elles ne
peuvent accumuler ces prétendues particules. Ses expériences mettent en
évidence la non-transmission des modifications somatiques acquises par
l’organisme individuel au cours de sa vie. Il conclut à l’indépendance entre les
lignées de cellules somatiques et germinales.
- 1869 : Deuxième article de G. MENDEL sur l’Épervière (Hieracium), qui conclut ses
travaux de recherche sur l'hérédité. Les idées contenues dans les articles de 1866
et 1869, une fois « redécouvertes » à partir de 1900, seront à l'origine de la
génétique moderne. Elles font apparaître que l'hérédité est particulaire, et non
mélangeante, comme on le croyait alors. Les caractères maternels et paternels ne
se mélangent pas dans l'œuf, mais coexistent et se transmettent tels quels à
chaque génération. Pour les généticiens qui, après 1900, développeront cette
découverte, l'évolution dépendra des mutations soudaines, alors que, pour les
naturalistes d’inspiration darwinienne, elle dépendra plutôt des variations continues.
- 24 février 1871 : Publication de The Descent of Man and Selection in Relation to Sex
(« La filiation de l’Homme et la sélection liée au sexe»). On suivra ici le choix du
terme de « filiation » proposé par Patrick TORT (article « Descendance » du
Dictionnaire du darwinisme et de l'évolution) pour la traduction de l'anglais descent,
qu'un usage malheureux a rendu en français par « descendance », alors que c'est
d'ascendance qu'il s'agit. Or établir la filiation de quelqu'un, c'est établir son
ascendance. DARWIN y complète et illustre la théorie généalogique, expliquant le lien
entre la sélection naturelle, la sélection sexuelle et l'évolution de l'Homme, ainsi que
ses conceptions sur les races humaines ; pour lui l'Homme n'est pas une création
séparée.
L'Homme civilisé, grâce au développement (sélectionné) de ses facultés mentales,
et de son sens moral dérivé de ses instincts sociaux (également sélectionnés), a
peu à peu substitué au mécanisme sélectif sa propre capacité de gouverner
l’évolution, en mettant souvent en œuvre des comportements anti-sélectifs (P. TORT,
1983). Ainsi l'Homme civilisé devient maître de son destin ; et si son évolution se