4.2 - Le darwinisme - Manuel de l`évolution biologique

4.2 - Le darwinisme
4.2.1 - Biographie succincte de Charles DARWIN
- 9 février 1809 : Naissance de Charles Robert à Shrewsbury, dans le Comté du
Shropshire.
- 1818 : Scolarité à Shrewsbury. Les résultats sont très moyens.
- 1825 : Études de médecine à Édimbourg, sans enthousiasme.
- 1827 : Changement d'orientation. Études au Christ's College de Cambridge pour
devenir pasteur.
Peu attiré par les études scolaires ou universitaires, Ch. DARWIN s'intéresse
beaucoup plus à la chasse et aux sciences naturelles. Il se lie en effet avec un
taxidermiste, un zoologiste (Robert GRANT, à Édimbourg), un botaniste
(John HENSLOW professeur à Cambridge) et un géologue (Adam SEDGWICK, également
professeur à Cambridge). Il adhère à un club dont les membres échangent
régulièrement des communications scientifiques.
La seule source directe de renseignements sur sa jeunesse est son Autobiographie,
rédigée à 67 ans pour les membres de sa famille, et dans laquelle il fait preuve
d'une grande modestie. Il y déclare avoir été naturaliste dans l'âme.
- 10 décembre 1831 : Embarquement sur le Beagle comme naturaliste non officiel et
compagnon du capitaine Robert FITZ-ROY qui l’a invité sur les recommandations de
J. HENSLOW. À 22 ans, DARWIN est, malgré son jeune âge, un naturaliste expérimenté,
et non le débutant que l'on se plaît à imaginer. Le bateau (30 m de long, 7,90 m de
tirant d'eau, 290 tonneaux) part pour une mission d’exploration autour du monde.
Le 27 décembre 1831, le Beagle quitte Devonport. Il ne regagnera l'Angleterre, à
Falmouth, que près de cinq ans plus tard, le 20 octobre 1836. Durant son voyage,
DARWIN écrit, chaque fois qu’il en a l’occasion, de longues lettres, en particulier à
J. HENSLOW, qui en publie certaines. À son retour en Angleterre, il est déjà célèbre.
1
Fig. 4.5
De son voyage, DARWIN rapporte trois données, incompatibles avec l'idée de
l'immutabilité des espèces :
1) La succession des fossiles.
En Amérique du Sud, il note une ressemblance étonnante entre les squelettes fossiles
et actuels de Tatous. La succession verticale des fossiles, poursuivie par les
représentants vivants, est pour lui l’indice majeur de la transformation progressive des
espèces.
2) La répartition géographique des variétés et des espèces.
Dans la pampa sud-américaine, remarquant le remplacement progressif de certains
types de Nandous (Oiseaux proches des Autruches) par d'autres, DARWIN conclut à
l'adaptation géographique de ces Oiseaux, et non à des créations séparées.
3) L’exemple des îles océaniques.
DARWIN s'étonne de trouver, entre les îles du Cap-Vert et les Galápagos, une faune et
une flore différentes, alors que les conditions climatiques y sont semblables. Si,
comme il paraît juste de le supposer, Dieu avait créé des organismes identiques pour
peupler des lieux aux conditions en tout point similaires, alors ces différences
n'auraient pas dû exister.
- 1832 : Parution du deuxième volume (le premier date de 1830) des Principes de
géologie de Ch. LYELL, l’un des plus grands géologues anglais du XIXe siècle, avec
lequel DARWIN sera plus tard très lié. Adhérant aux idées de LYELL, DARWIN conçoit la
Terre comme une machine auto-entretenue qui, sous l'influence de forces diverses
sensiblement les mêmes depuis l’origine , se transforme progressi-vement.
Mais il ne voit pas encore la contradiction de LYELL, qui, tout en admettant une
2
évolution géologique, la refuse sur le plan biologique. En témoignent l’exposition et
la réfutation des idées de LAMARCK, qui occupent une partie importante du volume de
Ch. LYELL.
- 1837 : Dans son premier carnet de voyage, DARWIN écrit que tout changement
géologique implique un changement chez les êtres vivants, afin qu'ils restent
adaptés à leur nouveau milieu. Pour expliquer cette adaptation, il utilise l'hérédité
des caractères acquis, mais il rejette l'idée de la génération spontanée.
- 1838 : DARWIN est promu secrétaire de la Geological Society, poste qu'il abandonnera
en 1842. En octobre 1838, la lecture du livre de Thomas Robert MALTHUS : An Essay
on the Principles of Population, as it Affects the Future Improvement of Society
(« Essai sur le principe de population ») lui permet, semble-t-il, de réaliser que la
« lutte pour la vie » peut être la clé du dynamisme évolutif.
- 11 novembre 1838 : Ch. DARWIN obtient la main de sa cousine Emma WEDGWOOD.
- 29 janvier 1839 : Mariage et installation à Londres. Le couple aura dix enfants, (six
garçons et quatre filles), dont trois mourront prématurément.
- 1839 : DARWIN entre à la Royal Society, sans briguer la chaire professorale à laquelle
sa situation lui donne droit. Ses idées sur l'évolution sont déjà formées. Les
variations fortuites consécutives à la reproduction sexuée sont, il en est certain,
héréditaires ; tous les organismes dérivent d'un ancêtre commun. Le mécanisme
qui préside à la naissance de nouvelles espèces est la sélection naturelle. La nature
fournit une quantité importante de variations ; l'extraordinaire fécondité des
organismes provoque la lutte pour l'existence et, enfin, seuls les individus porteurs
de variations favorables survivront.
L'idée de la sélection naturelle darwinienne découle de quatre faits empiriques
principaux (voir la figure 3.12 à la section 3.2.1 : « Le concept darwinien de la
sélection naturelle ») :
- l'observation d'une grande variabilité chez la plupart des organismes,
- l'efficacité expérimentée de la sélection artificielle,
- le taux de reproduction élevé de chaque espèce,
- le maintien d'un équilibre populationnel naturel, inter- et intraspécifique.
- 1842 : Déménagement à Down-House, près de Londres, dans le Comté du Kent,
il mourra 40 ans plus tard. DARWIN préfère le calme de la campagne, parce qu'il est
3
souvent malade ; les symptômes de son affection correspondraient à un
dysfonctionnement du système nerveux autonome ; il reste parfois douze heures au
lit. Néanmoins, il possède une force de travail étonnante. Il rédige au crayon un
résumé de 35 pages concernant sa théorie des espèces.
- 1844 : Le résumé est devenu un essai de 250 pages.
- 18 juin 1858 : DARWIN reçoit, des Moluques, une lettre qu'un jeune naturaliste, Alfred
Russel WALLACE (1823-1913) lui demande de transmettre, avec avis favorable, à Ch.
LYELL. Il y expose la théorie de la sélection naturelle que DARWIN, lui-même, a déjà
élaborée, sans pour autant l'avoir encore publiée. DARWIN en informe ses deux amis,
Ch. LYELL et Joseph Dalton HOOKER, qui adressent au secrétaire de la Linnean
Society un dossier contenant une lettre explicative, le texte de WALLACE et des
extraits des notes de DARWIN. Fondée à Londres en 1848 par le physicien James
Charles SMITH, la Linnean Society promeut les idées de LINNÉ et publie non
seulement ses ouvrages, mais aussi ceux de ses membres, c’est-à-dire ceux de la
grande majorité des scientifiques de l’époque. La Linnean Society, qui représente
donc un pôle intellectuel considérable, joue le rôle d’une institution scientifique dont
la rigueur et la probité ne peuvent être mises en doute.
- 1er juillet 1858 : Publication, dans le journal de la Linnean Society, d'un article
commun de Ch. DARWIN et A. R. WALLACE : On the tendency of species to form
varieties and the perpetuation of varieties by natural means of selection (« Sur la
tendance des espèces à la formation de variétés et sur la perpétuation des variétés,
ce par les moyens naturels de la sélection »).
- 24 novembre 1859 : Publication de On the Origin of Species by Means of Natural
Selection, or the Preservation of Favoured Races in the Struggle for Life
(« L'Origine des espèces au moyen de la sélection naturelle, ou la préservation des
races favorisées dans la lutte pour la vie») ; les 2 000 exemplaires sont vendus le
jour même.
- 1866 : Publication d'un mémoire de Grégor MENDEL qui traite de la variabili dans la
descendance des hybrides des Petits Pois (Pisum). L’importance scientifique de ce
travail n’apparaîtra qu’à partir de 1900.
- 1868 : À la fin d’un ouvrage en deux volumes intitulé The Variation of Animals and
Plants under Domestication (« La Variation des Animaux et des Plantes à l’état
4
domestique ») consacré à l’illustration de sa théorie, DARWIN élabore une hypothèse
sur la génération, la théorie de la « pangenèse » : la transmission des caractères
(dont les caractères « acquis ») est due aux cellules sexuelles qui accumulent des
particules provenant de tous les organes du corps adulte. Il pense répondre ainsi
aux interrogations suscitées par la reproduction sexuée et par la transmission des
caractères parentaux à chaque génération. Mais, en 1883, August WEISMANN (1834-
1914) constatera que les cellules germinales (les cellules souches des gamètes)
apparaissent très tôt au cours de la vie embryonnaire ; il en déduira qu'elles ne
peuvent accumuler ces prétendues particules. Ses expériences mettent en
évidence la non-transmission des modifications somatiques acquises par
l’organisme individuel au cours de sa vie. Il conclut à l’indépendance entre les
lignées de cellules somatiques et germinales.
- 1869 : Deuxième article de G. MENDEL sur l’Épervière (Hieracium), qui conclut ses
travaux de recherche sur l'hérédité. Les idées contenues dans les articles de 1866
et 1869, une fois « redécouvertes » à partir de 1900, seront à l'origine de la
génétique moderne. Elles font apparaître que l'hérédité est particulaire, et non
mélangeante, comme on le croyait alors. Les caractères maternels et paternels ne
se mélangent pas dans l'œuf, mais coexistent et se transmettent tels quels à
chaque génération. Pour les généticiens qui, après 1900, développeront cette
découverte, l'évolution dépendra des mutations soudaines, alors que, pour les
naturalistes d’inspiration darwinienne, elle dépendra plutôt des variations continues.
- 24 février 1871 : Publication de The Descent of Man and Selection in Relation to Sex
(« La filiation de l’Homme et la sélection liée au sexe»). On suivra ici le choix du
terme de « filiation » proposé par Patrick TORT (article « Descendance » du
Dictionnaire du darwinisme et de l'évolution) pour la traduction de l'anglais descent,
qu'un usage malheureux a rendu en français par « descendance », alors que c'est
d'ascendance qu'il s'agit. Or établir la filiation de quelqu'un, c'est établir son
ascendance. DARWIN y complète et illustre la théorie généalogique, expliquant le lien
entre la sélection naturelle, la sélection sexuelle et l'évolution de l'Homme, ainsi que
ses conceptions sur les races humaines ; pour lui l'Homme n'est pas une création
séparée.
L'Homme civilisé, grâce au développement (sélectionné) de ses facultés mentales,
et de son sens moral dérivé de ses instincts sociaux (également sélectionnés), a
peu à peu substit au mécanisme sélectif sa propre capacité de gouverner
l’évolution, en mettant souvent en œuvre des comportements anti-sélectifs (P. TORT,
1983). Ainsi l'Homme civilisé devient maître de son destin ; et si son évolution se
5
1 / 29 100%

4.2 - Le darwinisme - Manuel de l`évolution biologique

La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !