! Échographie (Pelvis féminin et pathologie cardiovasculaire exclus) J. Tramalloni*, K. Hamida*, P. Safa** L’échographie interventionnelle peut se définir comme une méthode de diagnostic (ponctionsbiopsies) ou de traitement (ponctions évacuatrices, injections thérapeutiques, alcoolisation, traitement par radiofréquences, pose de dispositifs intravasculaires) percutané utilisant un guidage par échographie. Ses avantages, par rapport aux autres méthodes de guidage par imagerie, sont sa disponibilité (utilisation possible au lit du malade) et son innocuité propre (pas d’exposition aux radiations ionisantes). Ses limites sont celles de la transmission des ultrasons : air et os. L’échographie interventionnelle fait partie de l’imagerie interventionnelle avec la radioscopie télévisée et la tomodensitométrie. Le choix du mode de guidage (échographique ou radiologique) dépend de l’organe étudié, du type du geste interventionnel et du savoir-faire de chaque opérateur. Figure 1. GÉNÉRALITES Méthodes de guidage échographique Figure 2. * Service de radiologie adultes, hôpital Necker, Paris. ** Service de radiologie, hôpital Avicenne, Bobigny. " Avec asservissement de l’aiguille à la sonde : guide (figure 1). Un dispositif solidarise l’aiguille à la sonde afin que celle-ci l’achemine dans le faisceau ultrasonore : un collier est fixé sur la sonde et muni d’un talon incliné percé d’un chenal calibré au diamètre extérieur de l’aiguille. Le trajet de l’aiguille peut donc être matérialisé sur l’écran de l’échographe. Il suffit de placer la cible sur ce repère pour l’atteindre. Le biseau de l’aiguille apparaît sur l’écran comme un écho punctiforme dense (tip-echo). Ce système est propre à chaque sonde ; il peut équiper des sondes courbes ou linéaires. Ces dispositifs sont soit à usage unique, soit stérilisables. La sonde peut Correspondances en médecine - n° 2 - octobre 2000 être stérilisée (sondes “opératoires”) ou introduite dans une enveloppe stérile à usage unique. Ce système est bien adapté aux organes profonds ou aux structures d’accès difficile. Le trajet étant repéré à l’avance sur l’écran, le geste est plus sûr. Il présente l’inconvénient d’être plus long à mettre en œuvre et de ne pas permettre de se déplacer de façon radiaire dans la cible. " Sans asservissement à la sonde : à main libre. C’est l’opérateur qui guide l’aiguille dans le faisceau ultrasonore, en estimant au jugé l’inclinaison à donner à l’aiguille. Le cheminement du biseau est suivi en temps réel sur l’écran. La non-visibilité du tip-echo signifie que l’aiguille n’est plus dans le faisceau. Un minime mouvement de la sonde permet alors de retrouver le biseau et de reprendre le cheminement jusqu’à la cible. Cette technique est bien adaptée aux organes superficiels (sein, thyroïde…) (figure 2). Elle est rapide à mettre en œuvre. Elle permet, en un seul passage, d’aborder la cible selon plusieurs angles (prélèvements radiaires). Elle est plus difficile, car elle nécessite l’acquisition d’un geste précis. Il faut l’utiliser souvent pour le conserver. Contre-indications générales " Troubles de la coagulation. " Patient non coopérant. Le consentement éclairé du patient doit obligatoirement être obtenu avant l’examen. Toutes les explications sur le déroulement de l’examen et son intérêt doivent être fournies au patient. Une anesthésie locale est réalisée chaque fois qu’elle est nécessaire. Elle est inutile pour les prélèvements à l’aiguille fine. Complications " Hématomes : toujours possibles, même avec une coagulation normale. Il faut tenter de les éviter par une compression efficace du site de ponction : compression manuelle au décours du geste, puis pansement compressif. Certains organes sont plus sensibles que d’autres à ces hématomes (thyroïde). " Infection : très rare si on respecte les règles d’asepsie indispensables pour tout geste sanglant. 43 d o s s i e r ORGANES SUPERFICIELS Cou " Thyroïde : il s’agit surtout de prélèvements diagnostiques des nodules. Le guidage échographique est indiqué pour les nodules non palpables ou pour les nodules mixtes (on peut ainsi ponctionner spécifiquement dans les zones solides, ce qui améliore l’efficacité du diagnostic). Pour la vidange des kystes ou des hématocèles, le guidage permet également de vérifier la qualité de l’évacuation du liquide. Certains auteurs ont proposé l’alcoolisation des kystes et des nodules chauds comme une alternative à la chirurgie ou à l’IRAthérapie. Pour les kystes, on retire d’abord tout le liquide que l’on remplace par de l’alcool absolu qui est laissé en place quelques minutes puis retiré (il faut donc ponctionner trois fois). L’injection d’alcool est douloureuse. Le traitement des nodules chauds par alcoolisation se fait en milieu hospitalier et nécessite une hospitalisation d’au moins 24 heures car une hyperthyroïdie transitoire est souvent notée, pouvant nécessiter un traitement. " Adénopathies cervicales : l’échographie est la technique de détection la plus sensible pour visualiser les ganglions normaux ou pathologiques. Si l’échographie peut apporter d’importants arguments de suspicion devant l’aspect arrondi et non structuré d’un ganglion, elle ne peut à elle seule affirmer qu’il s’agit d’une adénopathie et quelle en est l’origine. Elle permet alors de réaliser un prélèvement échoguidé, ce qui permettra souvent de déterminer la nature du ganglion suspect. " Glandes salivaires : l’échoguidage est parfois proposé après échec de la ponction-biopsie sous palpation d’une tumeur palpable. Elle est réalisée d’emblée sous échographie pour les nodules parotidiens non palpables. " Nodules cervicaux d’autres origines : après avoir vérifié en écho-doppler le caractère non vasculaire d’un nodule cervical, si celui-ci n’est pas palpable, son diagnostic étiologique peut être obtenu par prélèvement cytologique échoguidé. C’est le cas des lipomes atypiques à l’échographie ou de tumeurs plus rares : schwannomes, tumeurs conjonctives… Sein Comme pour les nodules thyroïdiens, les nodules mammaires palpables peuvent facile- 44 ment être ponctionnés sans le secours de l’échographie. L’échoguidage est indiqué pour les nodules solides non palpables et visibles à l’échographie. Les foyers de microcalcifications ne sont généralement pas visibles échographiquement. Leur ponction ou leur repérage par harpon est réalisé par mammographie stéréotaxique. Quand un nodule mammaire est très suspect cliniquement et en imagerie, il est souvent opéré sans ponction préalable. Les kystes ne sont ponctionnés que s’ils sont sous tension (kystes douloureux), ce qui entraîne un soulagement immédiat de la douleur, ou si leur aspect échographique n’est pas typique (ponction diagnostique). L’échoguidage est alors préférable car il permet, d’une part, de prélever sur d’éventuelles zones solides intrakystiques et, d’autre part, de vérifier la qualité de la vidange du kyste. Les adénopathies axillaires ou mammaires internes non palpables sont aisément ponctionnées sous échographie, comme les adénopathies cervicales. Collections des parties molles L’échoguidage permet des prélèvements cytobactériologiques et la pose de drains. PATHOLOGIE OSTÉO-ARTICULAIRE Les deux gestes pratiqués en échographie interventionnelle ostéo-articulaire sont la ponctionaspiration et la ponction-biopsie. Le guidage échographique en temps réel permet un geste rapide et des trajets obliques. Ce geste opérateur-dépendant nécessite une grande expérience. Les contre-indications à ces gestes sont en rapport avec les difficultés, d’abord, des sites de ponction et, dans certains cas, avec les troubles de la coagulation. Ces gestes sont effectués sous asepsie chirurgicale afin d’éviter un ensemencement bactérien du site de ponction ou les souillures des prélèvements. La sonde d’échographie est stérilisée dans une solution antiseptique. Le reste du matériel utilisé est à usage unique. Le couplage entre la sonde et la peau se fait avec un gel d’échographie ou de l’eau stérile. Après repérage échographique du site de ponction, une anesthésie locale (xylocaïne 0,5 %) est effectuée. Correspondances en médecine - n° 2 - octobre 2000 Ponction-aspiration La ponction-aspiration est effectuée pour analyse cytobactériologique avec des aiguilles dont le diamètre est adapté à la viscosité du liquide à aspirer. Épanchement articulaire Le liquide articulaire se traduit à l’échographie par une collection anéchogène intra-articulaire. L’augmentation de son échogénicité associée à un épaississement synovial suggère une inflammation ou une infection. Tout épanchement articulaire peut être prélevé pour analyse cytobactériologique du liquide. Ce geste, de réalisation aisée, est essentiel au diagnostic. Bourses séreuses Les affections des bourses séreuses sont fréquentes. Elles peuvent être intéressées par un processus pathologique localisé (traumatique, tumoral, infectieux) ou général (rhumatisme inflammatoire ou métabolique). Le diagnostic de bursite est le plus souvent clinique lorsqu’il s’agit d’une bourse connue pour être fréquemment atteinte (bursite pré-achilléenne, prérotulienne, hygroma du coude, kyste poplité). L’échographie est une aide au diagnostic et au traitement des bursites : elle montre une collection liquidienne et/ou une calcification avec cône d’ombre postérieur. Le diagnostic échographique est plus difficile en cas de calcification (bursite calcifiante) : c’est la localisation de la calcification qui fait évoquer le diagnostic. Le traitement de première intention est la ponction-aspiration de la collection liquidienne sous contrôle échographique, avec infiltration d’un corticoïde retard en fin de geste. Hématome Les hématomes se rencontrent en pathologie traumatique musculaire ou aponévrotique secondaire à la désinsertion, la déchirure ou la rupture d’un faisceau ou de la totalité du muscle. L’hématome peut aussi être isolé, secondaire à un traumatisme minime, chez les patients présentant des troubles de la coagulation (traitement anticoagulant, hémophilie, insuffisance hépatique). En cas de collection importante, la ponction guidée par l’échographie permet d’évacuer l’hématome, de diminuer la symptomatologie et d’accélérer la guérison. Correspondances en médecine - n° 2 - octobre 2000 Calcifications tendineuses Une ponction-trituration et une aspirationlavage des calcifications des tendons de la coiffe des rotateurs s’effectuent le plus souvent sous contrôle radioscopique, du fait de la facilité du geste et de la visualisation directe de la calcification. Cependant, certaines équipes réalisent ce geste sous échographie. Ponction-biopsie Une ponction-biopsie d’une masse des parties molles est effectuée sous échographie, avec des aiguilles à guillotine (true-cut) ou à aspiration (sure-cut). Les prélèvements réalisés sont analysés à la recherche de cellules anormales (tumeurs) ou de germes (abcès, cavités infectées). L’épaississement synovial d’une synovite peut également être biopsié sous échographie. L’étude du prélèvement permettant le diagnostic de l’arthrite. Conclusion En pathologie ostéo-articulaire, l’échographie n’est pas seulement un outil diagnostique mais également thérapeutique. Cette échographie interventionnelle nécessite un opérateur entraîné et expérimenté. THORAX Pathologie médiastinale Les biopsies des masses médiastinales kystiques ou solides sont le plus souvent réalisées par guidage tomodensitométrique (TDM), mieux adapté à cette localisation. Pathologie pulmonaire Seuls les nodules pulmonaires sous-pleuraux sont visibles à l’échographie et peuvent donc bénéficier d’un guidage échographique. Pathologie pleurale et pariétale Le guidage des ponctions percutanées est surtout échoguidé. C’est également sous échographie que se réalise l’évacuation ou le drainage des collections pleurales. En effet, seule l’échographie permet de ponctionner en position assise (intérêt dans les épanchements libres). Toutefois, dans les cas complexes, la TDM permet une meilleure analyse anatomique et une meilleure détermination du siège exact de la 45 d o s s i e r lésion. D’une façon générale, l’échographie est préférée en cas de collection volumineuse. ABDOMEN Biopsies hépatiques La biopsie hépatique vient en complément des examens morphologiques, de l’échographie et de la tomodensitométrie qui ont une bonne sensibilité dans la détection des lésions mais restent insuffisants pour les caractériser. La biopsie hépatique permet souvent d’éviter une laparotomie exploratrice. Par ailleurs, elle peut préciser l’état d’évolution de la fibrose lors d’une hépatite virale chronique. Réalisation de la ponction Les trois voies d’abord possibles sont : – la voie épigastrique pour le lobe gauche ; – les voies obliques sous-costale et intercostale pour le lobe droit. Le site de la ponction doit être le plus proche possible de la lésion et doit éviter les risques de perforation des structures anatomiques environnantes (gros vaisseaux hépatiques, structures digestives, vésicule…). Contre-indications " Les troubles de la crase sanguine : ils doivent être recherchés dans les 24 heures précédant l’examen. Un taux de prothrombine inférieur à 50 % et un nombre de plaquettes inférieur à 105/mm3 sont des contre-indications à la ponction. " Les angiomes : leur biopsie est contre-indiquée en raison du risque hémorragique après ponction. Cependant, quand il existe une incertitude diagnostique, une ponction à l’aiguille fine peut être tentée sans risque majeur de complication hémorragique. " Les kystes hydatiques : les risques de dissémination péritonéale et de choc anaphylactique contre-indiquent la ponction-biopsie. Indications La biopsie hépatique échoguidée est indiquée devant une lésion focale du foie dans le but d’obtenir un diagnostic de certitude indispensable pour le traitement. " Dans un contexte carcinologique, la découverte d’une lésion focale correspond le plus souvent à une métastase. Le prélèvement biopsique est indiqué pour confirmer le diagnostic 46 de tumeur primitive et chimio-sensible avant de commencer ou de modifier la chimiothérapie. En revanche, si la tumeur primitive est un cancer digestif traité par résection curative et que la lésion hépatique est résécable, un diagnostic de certitude sera posé lors de l’intervention. " Dans un contexte de maladie chronique du foie, toute lésion hépatique focale doit évoquer en premier lieu un carcinome hépatocellulaire. Si la lésion est opérable, le diagnostic final sera posé lors de l’intervention. En revanche, si la tumeur ne peut être traitée chirurgicalement (thrombose portale, insuffisance hépato-cellulaire, lésion bilatérale), la biopsie échoguidée est nécessaire pour un diagnostic de certitude. Autres indications " Les abcès du foie : la ponction échoguidée a un but diagnostique et sera le plus souvent suivie d’un drainage percutané après mise en place d’un drain. " Les atrophies hépatiques droites pour lesquelles la biopsie à l’aveugle comporte un risque important de perforation d’organe de voisinage. Complications Les méthodes de ponction-biopsie échoguidée sont d’une grande précision permettant de réduire les risques liés à la ponction à l’aveugle. Lorsque les contre-indications sont respectées, les complications de la biopsie hépatique échoguidée sont très rares, leur taux étant inférieur à 2 %. Les complications possibles sont surtout l’hémopéritoine ou l’hématome intrahépatique qui sont en général spontanément résolutifs. Les autres complications (cholépéritoine ou pneumothorax) sont exceptionnelles. Conclusion La ponction hépatique échoguidée est une technique comportant peu de risques et fiable pour le diagnostic de lésions focalisées. Pour les métastases, la ponction est utile pour les rapporter à un cancer primitif connu mais reste le plus souvent non contributive pour identifier un cancer primitif inconnu avant l’examen. DRAINAGE PERCUTANÉ DES ABCÈS HÉPATIQUES C’est un acte thérapeutique. Grâce au repérage des abcès par échographie, il est maintenant Correspondances en médecine - n° 2 - octobre 2000 possible de mettre en place des cathéters permettant l’évacuation progressive de ces abcès et leur guérison. Abcès hépatiques à pyogènes Les abcès hépatiques à pyogènes répondent bien au drainage percutané, permettant ainsi de réduire les indications opératoires. Le plus souvent, seuls les échecs de la ponction ou les contre-indications du drainage percutané seront traités chirurgicalement. L’ablation du drain est décidée en fonction de l’amélioration des signes cliniques, de l’aspect et de la quantité du liquide drainé, et de la régression de l’image sur les examens échographiques. Le drainage percutané comporte cependant un risque de contamination de la cavité péritonéale, surtout si la lésion est sous-capsulaire, ou du dôme hépatique. Il existe aussi un risque de contamination de la cavité pleurale. Ces complications sont le plus souvent dues à une mauvaise position d’un trou latéral dans le cathéter. Abcès amibiens Ces abcès répondent bien au traitement médical qui en assure la guérison dans 90 % des cas. Cependant, le drainage est indiqué lorsqu’il existe : – une incertitude du diagnostic avec un abcès à pyogènes ; – une négativité du test sérologique ; – un risque de rupture intrapéritonéale ; – une réponse insuffisante au traitement médical. Le drainage des abcès amibiens, lorsqu’il est indiqué, ne dispense cependant pas du traitement médical. Cholécystostomie percutanée Il s’agit d’une technique palliative de drainage lors du traitement des cholécystites aiguës chez les patients non opérables, permettant de retarder provisoirement la cholécystectomie. Elle est indiquée aussi en cas d’obstruction basse, lorsque la dérivation biliaire chirurgicale, endoscopique ou transhépatique est contre-indiquée. La ponction échoguidée de la vésicule et la mise en place d’un drain se font par une voie antérieure passant à travers le bord antérieur du foie et le ligament hépatovésiculaire. Correspondances en médecine - n° 2 - octobre 2000 Ponction et drainage percutané des pancréatites Les collections nécrotiques de la pancréatite aiguë et les pseudo-kystes rétentionnels de la pancréatite chronique s’observent dans des contextes différents. Les premières sont secondaires à une inflammation aiguë souvent grave, mettant en jeu le pronostic vital, notamment en cas de surinfection. Les seconds se voient chez les patients porteurs d’une atteinte chronique et s’expriment par une symptomatologie algique, compressive, secondaire à une augmentation de leur volume. Dans les deux cas, la technique de ponction et de drainage est la même. Ponction diagnostique La ponction diagnostique précède le drainage. Elle permet d’apprécier la surinfection par une analyse bactériologique. Elle permet aussi le dosage des enzymes pancréatiques et, éventuellement, d’obtenir une opacification à la recherche de fistule ou de communication avec les canaux hépatiques. La ponction échoguidée ne doit pas avoir un trajet transdigestif afin de ne pas contaminer le prélèvement ou la collection. Le drain sera mis en place après le prélèvement en cas de signes évidents macroscopiques d’infection. Drainage percutané thérapeutique Le drainage est effectué après ponction sous guidage échographique. L’avantage de cette technique est qu’elle permet de placer le drain même au lit d’un malade non mobilisable. La voie d’abord doit permettre un trajet le plus court possible. Les collections rétropéritonéales sont drainées par voie postérolatérale et les collections de l’arrière-cavité des épiploons sont abordées par voie antérieure transpéritonéale. Le point d’entrée du cathéter doit se situer dans la partie la plus large de la collection et son extrémité dans la partie la plus déclive. REIN : LA NÉPHROSTOMIE PERCUTANÉE (NPC) Le développement de la radiologie interventionnelle, et en particulier des gestes échoguidés, a fait reculer les indications de la chirurgie, notamment dans les syndromes obstructifs et les infections suppurées du rein. 47 d o s s i e r La NPC constitue souvent le premier geste d’une série d’actes de radiologie conventionnelle. En effet, c’est la technique d’abord des cavités pyélocalicielles la plus utilisée pour la plupart des interventions percutanées à visée diagnostique (néphroscopie, pyélographie antérograde…), curative (extraction de calculs, dilatation d’une sténose bénigne, etc.) ou palliative (mise en place d’endoprothèses urétérales dans les sténoses malignes). Indications Les indications du drainage percutané sont : – la rétention d’urine infectée ; – l’anurie par obstacle bilatéral ou sur rein unique ; – la colique néphrétique hyperalgique ou rebelle au traitement médical ; – la colique néphrétique après échec de montée de sonde... La NPC permet souvent la prévention ou la résolution des complications sur obstacle des voies urinaires laissant la possibilité d’un traitement complémentaire à froid (mise en place d’une sonde JJ, lithotritie extracorporelle, manœuvres endo-cavitaires). Contre-indications Il n’existe pas de contre-indications absolues en cas d’urgence devant un tableau de septicémie ou d’anurie. Les troubles de la crase sanguine, la présence d’une tumeur de la voie excrétrice supérieure ou l’absence de dilatation des cavités pyélocalicielles sont des contre-indications relatives. Préparation du patient Elle dépend du terrain et de l’indication. Une prémédication sédative est souhaitable, associée à une couverture antibiotique en cas d’hydronéphrose infectée. La vérification de l’absence de trouble de la coagulation et l’assurance d’une bonne voie veineuse sont indispensables. Technique Elle consiste, après une anesthésie locale profonde atteignant la capsule du rein, à introduire par voie percutanée transrénale sous guidage échographique un drain externe dont l’extrémité multiperforée est placée dans le bassinet. La ponction doit se faire sur la ligne axillaire postérieure et, en règle, sous la 12e côte afin 48 d’éviter les structures de voisinage (foie, rate, cul-de-sac pleural, côlon et intestin). La première étape consiste à ponctionner le calice adéquat avec une aiguille fine (22 G), afin de placer un guide fin sur lequel va être glissé un introducteur muni d’un trou latéral qui permet l’introduction d’un guide plus épais. La deuxième étape consiste à dilater progressivement le trajet de ponction jusqu’à un calibre légèrement supérieur à celui de la sonde prévue pour le drainage, celle-ci étant fixée à la peau et raccordée à un sac collecteur. Un échantillon d’urine est systématiquement recueilli pour étude bactériologique dès la ponction initiale du calice adéquat et avant l’opacification des cavités pour le contrôle radioscopique. Complications Elles sont rares. " Complications hémorragiques : hématurie essentiellement, disparaissant en 48 à 72 heures. " Complications infectieuses : choc septique, généralement en cas d’hydronéphrose infectée. " Une ponction transpleurale en cas d’abord intercostal expose au risque de pneumo ou d’urothorax, nécessitant parfois un drainage thoracique. " Perforation colique favorisée par la position parfois très postérieure du côlon, le plus souvent sans gravité, mais nécessitant une surveillance afin de poser l’indication chirurgicale en cas de suites défavorables. PROSTATE Deux facteurs sont déterminants dans le dépistage du cancer prostatique : le toucher rectal (TR) qui permet souvent de l’évoquer avec une forte présomption, et le dosage du taux de l’antigène prostatique spécifique (PSA) dans le sang, qui est devenu une pratique routinière. Le diagnostic clinique ou biologique doit être confirmé par le prélèvement histologique avant tout traitement. L’avènement des sondes endocavitaires à hautes fréquences, l’utilisation du boîtier automatique à biopsie et l’anesthésie locale ont transformé les biopsies prostatiques en un acte ambulatoire simple, nécessitant néanmoins quelques précautions et un opérateur expérimenté. Correspondances en médecine - n° 2 - octobre 2000 Indications des biopsies prostatiques " Le TR est franchement suspect. Les biopsies sont indiquées d’emblée, quels que soient le taux du PSA et les résultats de l’échographie. " Le TR est douteux. Si le PSA est élevé, les biopsies sont indiquées d’emblée. Si le PSA est normal, une échographie normale peut inciter à instaurer une simple surveillance annuelle. " Le TR n’est pas suspect Un PSA supérieur à 10 ng/ml nécessite une biopsie. Si le PSA est compris entre 4 et 10 ng/ml, l’indication des biopsies dépend du rapport du PSA total/PSA libre. Si ce rapport est inférieur à 15 %, l’indication est formelle ; si le rapport est compris entre 15 et 25 %, la biopsie n’est indiquée que si l’échographie est anormale ; si le rapport est supérieur à 25 %, la biopsie n’est pas indiquée immédiatement, mais un contrôle semestriel du PSA sera institué. Réalisation de la biopsie Préparation du malade Des précautions sont indispensables pour éviter les éventuelles complications. Un lavement évacuateur sera effectué quelques heures avant l’examen et une couverture antibiotique sera mise en route la veille de l’examen et poursuivie 72 heures après la biopsie pour éviter les infections. En cas de traitement anticoagulant par les antivitamines K et les antiagrégants plaquettaires, les précautions habituelles seront prises. Le traitement par l’aspirine doit être suspendu une dizaine de jours avant la biopsie. Ces précautions doivent être prises en accord avec le médecin traitant du patient. Anesthésie locale Devant l’augmentation du nombre de biopsies nécessaires pour un diagnostic efficace chez le même patient, une technique d’anesthésie locale par infiltration à la Xylocaïne® de l’aire trapézoïdale a été développée. Elle augmente fortement la tolérance de l’examen, permettant de réaliser, dans certains cas, jusqu’à 18 prélèvements. Boîtier automatique à ponction C’est un pistolet à ponction monté sur des ressorts puissants, qui utilise des aiguilles de type Correspondances en médecine - n° 2 - octobre 2000 true-cut, dont le déclenchement mobilise l’aiguille avec une extrême rapidité, rendant le geste pratiquement indolore. Lorsque le boîtier est armé, l’aiguille est placée dans le guide à ponction solidaire de la sonde d’échographie. Réalisation des biopsies La sonde endorectale est protégée par un préservatif. Au dessus de celui-ci est fixé le guide à ponction, qui sera lui-même recouvert d’un deuxième préservatif. Les coupes échographiques transversales repèrent les lésions et le plan sagittal ou transversal dans lequel sont réalisées les biopsies. La ligne de tir électronique est dirigée sur la région d’intérêt et le boîtier est déclenché lorsque la sensation tactile de la traversée de la paroi rectale est perçue. Des biopsies dirigées sont réalisées sur les nodules suspects ainsi que dans le reste de la glande. Nombre de prélèvements " Biopsies postérieures : ces biopsies intéressent la zone périphérique (ZP) de la glande, leur nombre est au minimum de 6, une dans chaque sextant, en plus des biopsies dirigées sur les anomalies échographiques. Lorsque la ZP paraît normale à l’échographie, le nombre de prélèvements doit être doublé en réalisant trois biopsies latérales et trois biopsies paramédianes de chaque côté, afin d’augmenter le taux de détection du cancer. " Biopsies antérieures : elles prélèvent la zone de transition (zone pratiquement inaccessible au toucher rectal). Elles ne sont utiles d’emblée que si la ZP est normale et que le volume prostatique est supérieur à 40 cc. Elles sont souvent demandées lorsqu’une première série de biopsies postérieures s’est révélée négative et que le risque de cancer persiste. Lors du prélèvement, il faut que l’aiguille traverse la ZP avant de déclencher le boîtier. Sans anesthésie locale, ces biopsies sont très mal tolérées. " Biopsies des espaces extraprostatiques : elles prélèvent la graisse périprostatique à la recherche d’un envahissement en regard d’une lésion visible. " Biopsies des vésicules séminales : elles recherchent une extension du cancer aux vésicules séminales. Elles ne sont utiles d’emblée que si l’échographie montre une anomalie du confluent vésiculo-déférentiel ou une lésion au contact de ce confluent. 49 d o s s i e r Conditionnement des prélèvements Leur longueur varie de 10 à 17 mm. Leur extrémité distale est marquée par de l’encre de Chine pour indiquer leur orientation par rapport à la capsule prostatique. Ils seront placés dans une solution de formol avant d’être confiés au laboratoire d’anatomopathologie. Suites de la biopsie Elles sont simples mais elles peuvent être émaillées par quelques incidents sans gravité : – une hématurie est fréquente durant 48 à 72 heures ; – une rectorragie peut être rarement observée ; – l’hémospermie est relativement fréquente ; elle n’a pas d’incidence pathologique, mais peut durer jusqu’à trois semaines après la biopsie ; – la prostatite est rare, environ 1 cas sur 200. Elle survient en règle générale dans les 12 heures suivant la biopsie et nécessite un traitement adapté et une surveillance médicale. Conclusion La biopsie prostatique échoguidée est devenue un geste routinier pour faciliter le diagnostic précoce de cancer prostatique. Sa morbidité est négligeable si les précautions indiquées sont respectées. Ses indications restent encore difficiles à cerner chez les hommes ayant un taux de PSA compris entre 4 et 10 ng/ml sans anomalie de toucher rectal et sans lésion échographique visible associée, même si le dosage du PSA libre permet une meilleure sélection des patients. Autres procédures interventionnelles Elles sont d’un usage plus limité ou plus récent : il s’agit du drainage d’abcès prostatique ou de la mise en place sous échographie d’un matériel de radiothérapie de contact intraprostatique. CONCLUSION L’échographie interventionnelle permet souvent une prise en charge diagnostique et thérapeutique plus précoce et plus légère (souvent en ambulatoire) que les techniques chirurgicales auxquelles elle tend à se substituer. Aux États-Unis, on a calculé que la ponction pulmonaire ambulatoire a un coût 23 fois inférieur à 50 celui de la thoracotomie exploratrice. Elle est donc appelée à se développer, de nouvelles applications apparaissant au fur et à mesure des progrès techniques de l’imagerie ultrasonore. Elle fait partie intégrante de l’imagerie interventionnelle, présentant, par rapport à la TDM, l’avantage de son innocuité mais un champ d’application plus limité. Comme toute l’imagerie interventionnelle, elle suppose des opérateurs très entraînés. En gynécologie-obstétrique et en pathologie cardiovasculaire, elle a bénéficié de développements spécifiques très spécialisés qui n’ont donc pas été traités dans cet article. 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