MISE AU POINT
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La Lettre du Cancérologue - Volume XV - n° 1 - janvier-février 2006
patients ont une douleur sévère nécessitant un traitement mor-
phinique ou l’arrêt du traitement. La douleur est due à un
épanchement séreux ou à une infection. Cette complication est
fréquente avec des molécules comme les anthracyclines
(mitoxantrone, doxorubicine) ou le paclitaxel mais elle l’est
moins avec le 5-flurouracile ou le cisplatine.
Chimiothérapie ou immunothérapie intravésicales
Une irritabilité vésicale ou des signes transitoires de cystite peu-
vent apparaître.
Douleurs aiguës liées à une chimiotoxicité
Mucites
Des mucites sévères sont pratiquement systématiques lors d’une
chimiothérapie ou d’une radiothérapie aplasiante. Le plus sou-
vent localisées au niveau de la cavité orale, du pharynx, elles peu-
vent s’étendre vers l’œsophage, l’estomac ou l’intestin, entraî-
nant d’autres types de douleurs (odynophagie, dyspepsie,
diarrhées). Des surinfections à Candida albicans ou Herpes sim-
plex sont fréquentes. Les mucites sévères nécessitent un traite-
ment local mais aussi une analgésie systémique. Récemment,
ont été utilisés l’analgésie autocontrôlée par le patient, la cap-
saïcine orale et le tétrachlorodécaoxyde (25).
Inconfort périnéal secondaire aux corticoïdes
Une sensation brève de brûlure du périnée est décrite par certains
patients après perfusion rapide de fortes doses de dexaméthasone
(20 à 100 mg) (26). L’injection lente évite cet effet.
Pseudorhumatismes des stéroïdes
Le sevrage des corticostéroïdes peut entraîner un syndrome dou-
loureux associant des myalgies et des arthralgies, rapidement ou
de façon plus retardée après l’arrêt du traitement. La prise de cor-
ticoïdes peut être au long cours ou de durée brève. Le mécanisme
physiopathologique est peu connu. Il semble que le sevrage sen-
sibilise les mécanorécepteurs et les nocicepteurs musculaires et
articulaires. Il convient alors de réintroduire le traitement à dose
supérieure puis de l’interrompre plus progressivement (27).
Neuropathies périphériques douloureuses
Des neuropathies périphériques douloureuses aiguës ou subaiguës
peuvent être induites par la chimiothérapie, de façon dose-dépen-
dante. Elles sont habituellement associées au cisplatine, aux vinca-
alcaloïdes (plus particulièrement la vincristine) ou au paclitaxel (28).
D’autres tableaux douloureux aigus probablement neuropathiques
associant des douleurs des membres, des mâchoires, de l’abdo-
men peuvent apparaître et durer quelques heures ou jours. La vin-
cristine peut être à l’origine de douleurs orofaciales trigéminées
ou dans le territoire du nerf glosso-pharyngien chez 50 % des
patients au début du traitement. Dans 50 % des cas, la douleur
est sévère ; elle dure 1 à 3 jours. Elle peut réapparaître, mais elle
est alors moins intense (29).
Céphalées
Le méthotrexate injecté par voie intrathécale entraîne un syn-
drome méningé intense chez 5 à 50 % des patients. Les cépha-
lées sont prédominantes, mais des vomissements, une raideur de
nuque, de la fièvre, des troubles de conscience peuvent apparaître.
Ces symptômes surviennent dans les heures qui suivent l’injec-
tion et persistent plusieurs jours. Les patients les plus à risque
sont ceux ayant déjà eu de multiples injections et ceux présen-
tant des métastases méningées (30).
L’administration systémique de L-asparaginase est à l’origine
d’une thrombose des veines intracérébrales ou des sinus veineux
duraux chez 1 à 2 % des patients (31). Cette complication appa-
raît typiquement après quelques semaines de traitement. Elle est
expliquée par une réduction des protéines impliquées dans la
coagulation et la fibrinolyse. Les céphalées sont donc le pre-
mier symptôme, complété parfois par une hémiparésie, un
délire, une paralysie des nerfs crâniens, des vomissements. Des
examens complémentaires radiologiques sont indispensables
en urgence.
L’acide transrétinoïque peut également provoquer des cépha-
lées intenses transitoires.
Douleurs osseuses diffuses
Elles sont le fait de l’acide transrétinoïque. Elles sont d’intensité
variable et associées à une neutrophilie transitoire. La douleur
serait due à une expansion de la moelle osseuse comme cela a éga-
lement été observé après l’administration de facteurs de stimula-
tion médullaires (32).
Arthralgies et myalgies induites par le paclitaxel
Des myalgies et/ou arthralgies sont observées chez 10 à 20 % des
patients recevant du paclitaxel 1 à 4 jours après l’administration.
Elles persistent pendant 3 à 7 jours (33).
Douleurs thoraciques angineuses induites
par le 5-fluorouracile (5-FU)
Des douleurs ischémiques thoraciques apparaissent après perfu-
sion continue de 5-fluorouracile, d’autant plus que les patients
présentent déjà une pathologie coronarienne connue. Le méca-
nisme le plus probable est un vasospasme (34).
Syndrome érythrodysesthésique palmoplantaire
Après perfusion de 5-FU, peut apparaître, dans 40 à 90 % des
cas, une douleur à type de brûlure, de picotement des paumes
des mains et de la voûte plantaire suivie d’un rash érythéma-
teux de même localisation. Le rash se caractérise par un éry-
thème soudain, intense, bien localisé, puis des bulles, une
desquamation et la guérison apparaissent. La physiopatholo-
gie de ce syndrome n’est pas connue. Des mesures sympto-
matiques suffisent au traitement (35). Ces manifestations peu-
vent survenir également après perfusion de doxorubicine.
Gynécomastie après chimiothérapie
Une gynécomastie peut apparaître après un délai de 2 à 9 mois.
Elle disparaît spontanément après quelques mois. Une pertur-
bation de la sécrétion androgène après cytotoxiques est le méca-
nisme le plus probable. Chez les patients porteurs de cancer
des testicules, elle doit être différenciée des gynécomasties en
rapport avec une récidive précoce (36).