6La Lettre du Psychiatre - Suppl. Les Actualités au vol. I - n° 3 - octobre 2005
Coordonnées par E. Bacon & A.M. Arnold
INSERM et clinique psychiatrique, Strasbourg
REVUE
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Acta Psychiatrica
Scandinavica
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Psychiatry
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Neuroimage
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Psychiatry
Research
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ACTUALITÉS
sciences
sciences
L
e suicide pose un problème
grave aux sociétés humaines, et la
prévention du suicide reste une
préoccupation importante pour les pro-
fessionnels de santé mentale. C’est par-
ticulièrement le cas pour les sociétés
européennes et américaines, dont les
attitudes morales ont été influencées
par les théologies et les doctrines juive
et chrétienne. La tradition hébraïque
considère la vie comme un don divin
personnel qui doit être protégé, et le
rejet du suicide se base sur l’exégèse de
versets bibliques. Toutefois, le conflit
entre des forces d’occupation étran-
gères et la loi religieuse juive a parfois
amené à une sorte de martyre héroïque.
Il en fut ainsi, par exemple, lors de la
conquête de Massada, quand des mil-
liers de Juifs ont préféré mourir plutôt
que d’être mis en esclavage ou exécutés
par les Romains. Après l’installation du
christianisme au cours des premiers
siècles après Jésus-Christ, les premiers
Pères de l’Église ont développé une
position sceptique vis-à-vis du suicide.
Au tournant des IVeet Vesiècles, saint
Augustin a clairement défini le suicide
comme un péché capital, puisqu’il viole
le sixième commandement : “Tu ne tue-
ras point”. Cette opposition cléricale
peut avoir constitué une réaction de la
théologie visant à gérer le problème
du donatisme, un mouvement chrétien
fanatique, surtout propagé en Afrique
du Nord, et qui recherchait activement
le martyre comme moyen de salut. Au
XIIIesiècle, Thomas d’Aquin a confirmé
l’attitude anti-suicide de l’Église. Cepen-
dant, au XVIIIesiècle, David Hume s’op-
pose à cette doctrine en arguant que le
point important réside dans le résultat
global utilitaire du suicide, qui ne doit
pas être négatif. Selon Hume, les
conclusions logiques des théologiens
amènent à se poser la question de la
pertinence des actes médicaux destinés
à prolonger ou modifier le cours naturel
de la vie, en postulant que ces actes
médicaux ne peuvent pas être considé-
rés comme d’origine divine. Les suicides
ou les pensées suicidaires rapportés
dans la Bible ont influencé la pensée
juive et chrétienne, de l’Antiquité jus-
qu’à aujourd’hui, ainsi que les positions
éthiques du corps médical. Le Dr Koch
a eu l’idée de rassembler toutes les
données concernant les suicides et
les pensées suicidaires évoqués dans
la Bible et de discuter les implications
qu’ont eu ces observations pour les
positions éthiques médicales. Il a
recherché les événements liés au sui-
cide dans tous les livres de la Bible de
Jérusalem, l’Ancien et le Nouveau Tes-
tament, en incluant les canons juifs et
protestants, ainsi que les ouvrages apo-
cryphes. Dans l’ensemble de ces livres,
l’auteur a relevé une dizaine de suicides
aboutis et environ 11 cas de tentatives
de suicide ou d’idées suicidaires. Les
suicides réussis ont été, sauf dans le
cas de Samson, rapportés sans com-
mentaires de nature émotionnelle ou
morale. Le suicide soigneusement pla-
nifié de Samson dans le temple des
Philistins, qui a provoqué la mort d’un
grand nombre de visiteurs, mais proba-
Suicides et idées
suicidaires dans la bible
Regensburg (Allemagne)
La Lettre du Psychiatre - Suppl. Les Actualités au vol. I - n° 3 - octobre 2005 7
attentive de la Bible. En tant que
médecin, le Dr Koch en conclut que
le principe moral le plus important
est le devoir de réduire la souffrance
du patient, en prenant en compte sa
souffrance tant physique que morale.
E.B., A.M.A
>
Koch HJ. Suicides and suicide ideation in the
Bible: an empirical survey. Acta Psychiatr Scand
2005;112:167-72.
blement aussi de personnes innocentes,
est considéré comme l’acte d’un saint
dans une épître aux Hébreux. Le suicide
de Judas Iscariote est le seul suicide
réussi rapporté dans le Nouveau Testa-
ment. Il existe cependant trois versions
de sa mort, l’une faisant état d’un sui-
cide, une autre relatant une mort suite
à une chute accidentelle, et une troi-
sième selon laquelle il serait mort de
gangrène ou de putréfaction. Les ten-
tatives de suicide ou les idées suici-
daires sont généralement plus connues,
comme celles de Moïse, Job ou saint
Paul. L’auteur de cette étude a pu
constater que le principe central de la
Bible peut être résumé comme suit :
“En cas de doute, choisissez la vie”.
Toutefois, les Saintes Écritures ne
condamment pas ceux qui se sont sui-
cidés ou qui ont eu des idées suici-
daires. La Bible considère la vie humaine
comme un cadeau de Dieu, mais le
suicide en soi n’est ni condamné ni
approuvé. Ceux qui souffrent d’idées
suicidaires sont traités avec respect et
de l’aide leur est proposée.
Commentaire
Selon le Dr Koch, une lecture sans
a priori de la Bible ne permet pas
de trouver une règle ou une loi qui
condamnerait le suicide. Dans la Bible,
le suicide est traité comme faisant
partie de la vie humaine, et n’est
ni mauvais ni honteux. La médecine
moderne de soins intensifs et la
science ont modifié la limite entre la
vie et la mort. Les problèmes modernes
de fin de vie posent de nouvelles
questions à l’éthique et à la théologie.
Or, l’enseignement théologique sur le
suicide a été pendant des siècles
influencé par l’opinion négative et
biaisée des premiers Pères de l’Église
et savants scolastiques. Mais ces opi-
nions ne résistent pas à une relecture
population d’adultes de 18 ans et plus,
qui s’élevait à environ 4,1 millions de
personnes, environ 13 200 individus
avaient eu au moins une prescription
de lithium pendant la période étudiée.
Les patients ainsi sélectionnés avaient
été soignés soit en hôpital public, soit
en médecine privée, par des spécialistes
ou des généralistes. Leur biographie a
été comparée à celle d’un groupe de
1,2 million de personnes issues de la
population générale. Les cas de suicides
ont été identifiés sur la base des certi-
ficats de décès délivrés par les médecins
au moment de la mort. Les résultats de
l’étude montrent qu’un traitement régu-
lier par le lithium (deux prescriptions ou
plus) était associé à une diminution du
risque de suicide. Le taux de suicide
était réduit de 0,44 %. Cette observa-
tion était valable pour les deux sexes, et
la relation ne différait pas beaucoup en
fonction de l’âge. En outre, le risque de
suicide diminuait avec le nombre de
prescriptions de lithium.
Commentaire
Cette étude menée à l’échelle nationale
et incluant tous les patients traités par
le lithium, quels que soient leur sexe,
leur âge et la gravité de leur patho-
logie, confirme que le traitement continu
par le lithium est associé à une dimi-
nution du risque de suicide. Toutefois,
il faut garder à l’esprit que le taux de
suicide est considérablement plus élevé
(10 fois plus) chez ces patients que dans
la population générale. Des recherches
sont donc encore nécessaires, pour essayer
de trouver une combinaison de traite-
ment permettant de réduire encore ce
taux.
E.B., A.M.A
>
Vedel Kessing L, Sondergard L, Kvist K, Kragh
Andersen P. Suicide risk in patients treated with
lithium. Arch Gen Psychiatry 2005;62:860-6.
L
a dépression et les troubles bipo-
laires sont associés à un fort
risque de récurrence et à un taux
de suicide qui est de 10 à 15 fois plus
élevé que celui de la population géné-
rale. Toutefois, on dispose de peu
de données concernant les relations
entre le traitement à long terme et
le suicide dans les troubles affectifs.
Notamment, si les effets stabilisateurs
de l’humeur par le lithium sont bien
établis, on ne sait pas précisément si le
traitement par le lithium a un effet
préventif sur le suicide. Les rares études
disponibles présentent des biais en
rapport avec la sévérité de la maladie.
En outre, l’âge et le sexe ont rarement
été pris en compte, alors qu’on sait que
les suicides “réussis” sont plus fréquents
chez les hommes et les personnes
âgées. Le but de l’étude danoise pré-
sentée ici était de chercher à savoir si
un traitement régulier par le lithium
était associé ou non à une réduction du
risque de suicide. Les auteurs ont pu
obtenir des données biographiques de la
population danoise couvrant la période
allant de janvier 1995 à décembre 1999.
Ils ont ainsi pu constater que, sur la
Risque de suicide chez
les patients traités au lithium
>
Copenhague (Danemark)
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sciences
tionnels avec ceux d’autrui. La différence
essentielle entre ces deux théories tient
au fait que, tandis que la théorie de
l’esprit considère l’empathie comme une
analyse “détachée” impliquant des
régions cérébrales habituellement acti-
vées lors de l’attribution d’états men-
taux, la théorie de la simulation l’envisa-
gerait comme une tentative de reproduire
les états affectifs d’autrui via des réseaux
neuronaux liés au traitement des émo-
tions. Des chercheurs israéliens ont ten
de faire la relation entre le métabolisme
cérébral et la réponse empathique. Ils
ont pour ce faire suivi la capture de
fluorodésoxyglucose dans le cerveau en
tomographie par émission de positons
(PET) chez six volontaires sains dans
deux situations : d’une part au cours
d’entretiens évoquant des histoires
de caractère neutre, et d’autre part lors
d’un entretien destiné à susciter des
réponses empathiques, à partir d’une
histoire impliquant un personnage
en détresse. Les résultats montrent que,
lors des réponses empathiques, les
valeurs métaboliques étaient plus éle-
vées dans les gyrus frontaux médians et
supérieurs, dans les cortex occipito-
temporaux, le thalamus et le cervelet.
En outre, les scores d’empathie des par-
ticipants étaient positivement corrélés
au métabolisme des zones médianes du
gyrus frontal supérieur.
Commentaire
Ces observations suggèrent que l’empa-
thie comprend des composantes à la
fois affectives et cognitives, et qu’elle
est par conséquent susceptible d’impli-
quer des zones corticales qui médient la
simulation de processus émotionnels et
l’attribution d’états mentaux. Les deux
modèles de l’empathie, les mécanismes
de simulation mentale et la théorie de
L’
empathie représente une compo-
sante importante de la construc-
tion sociale des émotions, et elle jette
un pont entre les sensations d’une per-
sonne et celles d’une autre. Du fait
de l’importance du rôle de l’empathie
dans les interactions sociales, certains
scientifiques ont considéré l’empathie
comme un concept biologique présen-
tant une pertinence en termes d’évolu-
tion. Des perturbations de l’empathie
semblent constituer des caractéris-
tiques centrales de certaines lésions
frontales, de l’autisme, de la maladie
d’Asperger et de la schizophrénie. Selon
certaines théories psychodynamiques,
l’empathie serait un processus permet-
tant d’expérimenter la vie intérieure de
quelqu’un d’autre tout en conservant
une certaine objectivité. Selon une
théorie plus humanistique, en revanche,
l’empathie impliquerait de ressentir les
sensations et les émotions d’autrui
comme si nous étions cette personne.
Se faisant l’écho des points essentiels
de ces deux théories, deux approches
se proposent d’expliquer comment nous
comprenons le comportement d’au-
trui. Selon la théorie de l’esprit, les
états mentaux attribués à autrui sont
conçus comme des points théoriques et
inobservables, cependant que, d’après la
perspective de la “simulation”, les états
mentaux d’autrui sont appréhendés par
une sorte de mise en conformité ou
d’égalisation de ses propres états émo-
l’esprit ne sont donc pas exclusifs l’un
de l’autre.
E.B., A.M.A
>
Shamay-Tsoory SG, Lester H, Chisin R et al.
The neural correlates of understanding
the other’s distress: A positron emission
tomography investigation of accurate empathy.
Neuroimage 2005;27:468-72.
Corrélats neuronaux de la
compréhension de la détresse
d’autrui : étude de l’empathie
par tomographie d’émission
de positons (PET)
>
Haïfa, Jérusalem et Carmel (Israël)
L’empathie revisitée par les neurosciences
La face douloureuse
de l’empathie : aspects
sensori-moteurs de l’empathie
pour la douleur
>
Rome (Italie)
N
ous possédons tous cette capacité
remarquable et largement involon-
taire de partager les expériences des
autres. L’empathie concerne notre capa-
cité à partager avec autrui les émotions
et les sensations telles que la douleur.
Par ailleurs, la douleur est intimement
liée à des systèmes impliqués dans l’ap-
prentissage par l’observation et l’imita-
tion. Les réponses motrices à sa propre
douleur permettent de se rétracter,
d’avoir des réactions d’échappement,
dans un but ultime de survie. Pouvons-
nous, à la suite de l’observation d’évé-
nements douloureux chez les autres, par-
tager tous les aspects de leur expérience
et notamment leurs réponses motrices ?
Une étude en imagerie fonctionnelle de
la douleur, publiée en 2004, a révélé que
l’empathie est associée à l’activation de
régions cérébrales qui sont impliquées
dans le caractère déplaisant de la dou-
leur plutôt que dans ses aspects sensori-
moteurs. Les composantes affectives,
mais non sensorielles de notre expé-
rience de la douleur, seraient impliquées
dans l’empathie pour la douleur. Une
étude récente de stimulation magnétique
La Lettre du Psychiatre - Suppl. Les Actualités au vol. I - n° 3 - octobre 2005 9
transcrânienne a mis pour la première
fois en évidence le rôle des composantes
sensori-motrices dans l’empathie pour la
douleur. Le Dr Avenanti et ses collabora-
teurs ont mesuré la sensibilité des voies
corticospinales. Lorsqu’un sujet ressent
de la douleur, les potentiels moteurs
indiquent une réduction marquée de
l’excitabilité corticospinale. En utilisant
cette technique, les chercheurs ont
constaté une diminution similaire de
l’excitabilité corticospinale lorsque les
participants visionnaient une vidéo mon-
trantune aiguille pointue en train de
piquer la main de quelqu’un d’autre. En
revanche, ils n’ont mesuré aucune modi-
fication de l’excitabilité corticospinale
lorsque les sujets observaient un Coton-
Tige pressé sur une main ou une aiguille
en train d’être plantée dans une tomate.
Ces conditions contrôle montrent bien
que la diminution de l’excitabilité était
spécifiquement associée au fait de voir
un autre être humain en train de souf-
frir. De surcroît, la réduction d’amplitude
était spécifique à la zone des muscles en
train de subir la piqûre que le partici-
pant pouvait observer. Cette inhibition
était corrélée aux évaluations subjectives
que l’observateur se faisait des qualités
sensorielles de la douleur attribuées au
modèle observé, et à l’état sensoriel, mais
non émotionnel, des mesures d’empathie.
Commentaire
Les résultats de cette étude de stimula-
tion magnétique transcrânienne sont à
l’opposé de ceux observés en IRM fonc-
tionnelle. Ces différences pourraient pro-
venir de la nature du matériel utilisé
pour induire l’empathie. En effet, dans
l’étude en IRMf, les participants voyaient
un indice symbolique, en l’occurrence
une flèche, signalant que leur parte-
naire, assis à côté d’eux, recevait un sti-
mulus douloureux. Ce protocole semble en
effet davantage susceptible de stimuler
la qualité affective de la douleur. Il n’est
pas impossible également que la tech-
nique de stimulation magnétique trans-
crânienne utilisée par Avenanti et ses
collaborateurs ait permis de détecter de
subtils changements dans le système
sensori-moteur, changements qui sont en
dessous du seuil détectable par l’IRMf.
Une variable clé réside sans doute aussi
dans l’attitude mentale des participants
lorsqu’ils pensent à la douleur d’autrui.
Avenanti et ses collaborateurs proposent
l’existence d’au moins deux formes d’em-
pathie. La première, relativement simple,
serait fondée sur la résonance somatique,
et reliée à la capacité de se représenter
des stimuli extérieurs sur son propre
corps. Une forme plus complexe d’empa-
thie reposerait sur la résonance affective
et serait concernée par le partage émo-
tionnel et par l’évaluation des liens
sociaux et des relations interperson-
nelles. C’est précisément notre capacité
à anticiper la douleur, et à être attentif
à une partie spécifique de notre corps
avant qu’elle soit stimulée, qui nous per-
met de partager les expériences d’autrui.
E.B., A.M.A
>
Avenanti A, Bueti D, Galati G, Aglioti SM.
Transcranial magnetic stimulation highlights
the sensorimotor side of empathy for pain.
Nat Neurosci 2005;8:955-60.
>
Singer T, Frith C. The painful side of empathy.
Nat Neurosci 2005;8:845-6.
comme l’humeur, les émotions sont des
réponses de courte durée qui impliquent
des modifications rapides de divers sys-
tèmes de réponse. La deuxième tient à
ce que les émotions surviennent de
façon typique via un processus conti-
nuel d’interprétation de l’environne-
ment. Cela peut amener à des diffé-
rences substantielles entre individus,
même s’ils sont placés dans la même
situation. Une équipe américaine a
tenté de relever ce défi, dans l’intention
de comparer une approche reposant sur
le stimulus avec une approche spéci-
fique au sujet, et de clarifier les bases
neuronales de deux émotions impor-
tantes, la gaieté et la tristesse. Pour ce
faire, ils ont enregistré en continu les
estimations émotionnelles subjectives
de sujets au visionnage de films émo-
tionnellement chargés, soit amusants,
soit tristes, soit neutres. En ce qui
concerne les films tristes, les deux
approches ont révélé l’activation du cor-
tex préfrontal médian, du gyrus frontal
inférieur, du gyrus temporal supérieur,
du precuneus, du gyrus lingual, de
l’amygdale et du thalamus. Pour les
films amusants, l’analyse des données
subjectives a révélé des activations spé-
cifiques dans des zones qui n’ont pas
été détectées par l’analyse de contraste
de bloc, notamment le cortex préfrontal
dorsolatéral, les lobes temporaux, l’hip-
pocampe et le thalamus.
Commentaire
Ces résultats constituent un premier pas
vers l’élucidation des bases neuronales de
la gaieté et de la tristesse. Ils incitent
toutefois à la prudence, puisqu’ils suggè-
rent l’existence d’une relation spécifique
entre les dynamiques temporelles propres
aux réponses émotionnelles et la sensi-
bilité des différentes approches analy-
tiques disponibles pour identifier les
réponses neuronales liées aux émotions.
E.B., A.M.A
L’
un des objectifs des recherches en
neurosciences est de tracer les
contours des bases neuronales de la
réponse émotionnelle. Toutefois, deux
caractéristiques des émotions rendent
cet objectif particulièrement difficile à
atteindre. La première tient au fait que,
contrairement aux autres états affectifs
Bases neuronales
de la gaieté et de la tristesse
>
New York et Stanford (États-Unis)
La Lettre du Psychiatre - Suppl. Les Actualités au vol. I - n° 3 - octobre 2005
10
Coordonnées par E. Bacon & A.M. Arnold
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L
aconsommation de marijuana
précède souvent celle d’autres
drogues illégales. On sait désormais
que c’est souvent aussi le cas lors des
récidives qui font suite à la désintoxi-
cation d’autres substances illicites. Le
Dr Aharonovich et ses collaborateurs
ont surveillé l’évolution de personnes
ayant suivi un traitement de désintoxi-
cation de l’héroïne, de l’alcool ou de la
cocaïne en milieu hospitalier. Ils ont
suivi 250 patients âgés de 18 ans et
plus, qui présentaient un diagnostic de
dépendance selon le DSM-IV. La rémis-
sion était considérée comme avérée au
bout de 26 semaines d’abstinence
après la décharge par l’hôpital. Environ
un tiers des patients (n = 73) rappor-
taient avoir consommé du cannabis
après leur cure de désintoxication. Les
consommateurs de cannabis avaient
trois fois plus de chances que les
autres de récidiver dans leur toxicoma-
nie pour la cocaïne, et cinq fois plus de
chances de recommencer à abuser de
l’alcool. En revanche, la consommation
de cannabis n’affectait pas l’évolution
des anciens héroïnomanes.
Commentaire
La consommation de cannabis après la
désintoxication d’autres substances
addictives peut être considérée comme
un signe de vulnérabilité, ou un signal
d’alarme, d’une rechute possible de la
>
Goldin P, Hutcherson C, Ochsner K, Glover G,
Gabrieli J, Gross J. The neural bases of amusement
and sadness: a comparison of block contrast
and subject-specific emotion intensity regres-
sion approaches. Neuroimage 2005;27:26-36.
consommation d’une drogue dont le
patient était dépendant.
E.B., A.M.A
>
Aharonovich E, Liu X, Samet S et al. Post-
discharge cannabis use and its relationship to
cocaine, alcohol, and heroin use: A Prospective
Study. Am J Psychiatry 2005;162:1507-14.
La créativité dans le trouble
bipolaire familial
>
Stanford (États-Unis)
Le cannabis : un agent
favorisant la rechute après
désintoxication pour l’héroïne,
la cocaïne et l’alcool
>
New York (États-Unis)
D
e nombreuses personnalités consi-
dérées comme créatives ont été
rétrospectivement diagnostiquées pour
des troubles de l’humeur, ce qui sug-
gère l’existence d’une relation entre la
créativité et les troubles affectifs. Une
étude du Pr Andreassen a par exemple
montré que, dans un échantillon de
trente écrivains, il était possible de
constater que 80 % d’entre eux avaient
eu un épisode de trouble affectif à un
moment ou un autre de leur existence.
Une autre étude a relevé une incidence
plus élevée de manie et d’hypomanie
chez les écrivains par rapport à un
groupe contrôle. Enfin, certains cher-
cheurs ont pu mettre en évidence une
relation entre la créativité et le trouble
bipolaire, et ont suggéré la possibilité
d’une transmission familiale à la fois
de la créativité et du trouble bipolaire.
Toutefois, il n’existait pas encore d’étude
ayant spécifiquement examiné la créa-
tivité des enfants de parents bipolaires
ou tenté de clarifier les mécanismes de
la transmission intergénérationnelle de
la créativité. C’est à présent chose faite
avec cette étude américaine. Les auteurs
ont comparé la créativité de parents
souffrant de troubles bipolaires (au
nombre de 40) à celle de leurs enfants
présentant soit un trouble bipolaire
(n = 20) soit un syndrome d’hyperacti-
vité avec déficit attentionnel (n = 20),
et à celle de 18 parents sains et de
leurs enfants ne présentant pas de
troubles de l’humeur. Tous les partici-
pants ont rempli l’échelle artistique de
Barron-Welsch, qui est une mesure
objective de créativité. Elle est cons-
tituée de 86 figures de complexité
variable, parmi lesquelles 62 figures
sont à même de discriminer les artistes
des sujets contrôle, cependant que les
24 figures restantes ne sont pas discri-
minantes. Dans les 62 figures discrimi-
nantes, il en est 38 que les artistes
n’aiment pas et 24 que les artistes
aiment. Ces deux catégories d’images
constituent respectivement les sous-
scores d’aversion et d’appréciation,
l’ensemble donnant le score total de
l’échelle. Un score élevé reflète un
niveau élevé de créativité, comme cela
a été démontré chez des sujets non
cliniques. Les parents souffrant de
trouble bipolaire présentaient un score
d’aversion significativement plus élevé
(120 %) que les parents sains. Ils
avaient aussi un score total plus élevé
de 32 %, mais qui n’était pas statisti-
quement significatif. Les enfants de
ces patients avaient également des
scores d’aversion plus élevés. Ces
scores étaient de 107 % plus forts
pour les enfants avec trouble bipo-
laire, et de 91 % plus élevés chez les
hyperactifs. Les jeunes patients avaient
eux aussi un score total qui excédait
celui des contrôles, mais sans que la
différence soit statistiquement signifi-
cative lorsqu’on effectuait l’ajustement
par rapport à l’âge. Enfin, chez les
enfants bipolaires, le score total de
créativité était corrélé négativement à
la durée de la maladie.
Commentaire
Cette étude est la première à démon-
trer que les enfants de patients bipo-
laires et présentant eux-mêmes une
psychopathologie peuvent avoir une
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