Le grèbe huppé
Sa parade nuptiale vaut le détour. Véritable
fête à l’amour, elle peut se poursuivre
jusque pendant la construction du nid.
Face à face, mâle et femelle dressent la tête
et la secouent de concert, les plumes de la
double huppe et de la joue érigées. Puis, ils
nagent côte à côte, en se frottant le cou et
en poussant des cris sonores. Ils batifolent,
plongent et réapparaissent ensemble
parfois avec des algues dans le bec, avant
de se dresser poitrine contre poitrine
dans l’eau, tournant la tête de droite et de
gauche.
L’albatros
Baudelaire
a chanté
l’envergure
épatante
de ses ailes de géant, mais le
poète français n’a rien dit de la
véritable chorégraphie dans laquelle
se lance l’albatros lors de la saison
des amours pour convaincre son élue.
En fait, il s’agit plutôt d’une parade
commune qui se répète inlassablement
entre deux oiseaux formant un couple
inséparable (on dit qu’il y a zéro divorce
chez l’albatros). Chorégraphie aérienne
mais aussi sur terre, de façon pourtant
moins majestueuse, entre gloussements et
tendres coups de becs.
La marmotte
Monsieur marmotte choisit avec soin un
site riche en nourriture (avant tout des
plantes, racines et eurs) pour y attirer les
femelles. Comme la plupart des mam-
mifères vivant en groupe, ce sont les mâles
dominants qui ont les faveurs des femelles,
car considérés comme les plus aptes à dé-
fendre leur progéniture en cas de pro-
blème. La parade nuptiale commence une
à deux semaines après la sortie de l’hiber-
nation, en général mi-avril, mais la femelle
ne fait des petits qu’une année sur deux. Le
couple sautille alors face à face en se grati-
ant de petites tapes amicales. A noter que
chez les marmottes, qui vivent une quin-
zaine d’années, la maturité sexuelle est at-
teinte à 3 ans, et que le terrier est fermé
aux visites par madame dès la naissance
des petits et jusqu’à leur première sortie,
quelques semaines plus tard.
Le phoque à capuchon
Pour plaire à sa belle, le phoque à
capuchon fait dans l’éprouvé: il gone
son bel organe pour épater la galerie. Sauf
que chez lui, ce sont les narines qui vont
travailler. A la saison des amours, le mâle
fait ener la petite membrane qui pend
entre les yeux et devient comme un ballon.
Le cerf
Pas facile pour le cerf de conserver les
faveurs des femelles du groupe. L’automne
venu, période de rut, les cerfs éliminent
les jeunes prétendants en marquant (en
urinant, quoi) aux quatre coins d’une jolie
clairière. Puis commence une véritable
joute vocale dont le but est de montrer à
ces jeunots que les vieux en ont encore
sous la patte. Ou plutôt dans les bois,
certains devant joindre le geste au chant.
Parvenant à faire descendre le larynx au
fond de la gorge, le mâle augmente les
fréquences graves, synonyme comme
chacun sait de grande virilité. La science a,
paraît-il, prouvé que le brame provoquait
même l’ovulation des femelles.
Environnement
Amour: lesanimaux
àla parade
Décidément généreuse et fascinante, la nature ne manque pas non plus d’imagination
en matière de séduction animalière.
Ou quand nos amies les bêtes ne ménagent pas leurs eorts pour conclure.
Texte: Pierre Léderrey
Photos: iStock, DR
72 |MM7, 13.2.2017|AU QUOTIDIEN