La conjuration de Catilina est un complot politique visant la prise du pouvoir à Rome en 63
avant J.-C. par le sénateur Lucius Sergius Catilina.
Déçu par un triple échec lors de l'élection au consulat, Catilina organise secrètement une
conjuration qui vise à éliminer une partie de l'élite politique romaine et à s'emparer du pouvoir
politique suprême en s'appuyant sur les frustrations d'une partie de la noblesse romaine et de
certains notables italiens. Sur sa route, le conspirateur voit ses visées contrecarrées par la
détermination du consul Cicéron, dont le mandat touche à sa fin au moment des faits. En bon
orateur, Cicéron dénonce Catilina publiquement et avec virulence, puis conduit la contre-offensive
militaire qui met finalement la conjuration en déroute. Catilina meurt au combat au début 62,
tandis que Cicéron, salué du titre de « Pater patriae », connaît d'abord la gloire pour avoir sauvé
la République, avant que cette même affaire ne le contraigne à l'exil en 58. Mais le sursaut
républicain est de courte durée : en 60 déjà se forme - secrètement - le Premier triumvirat entre
Jules César, Crassus et Pompée.
L'épisode est resté célèbre en raison de sa postérité littéraire : Cicéron en a laissé quatre fameux
discours politiques, les Catilinaires, et l'historien romain Salluste en a également rendu compte
dans un de ses ouvrages, La Conjuration de Catilina.
Le premier discours des Catilinaires fut prononcé au temple de Jupiter Stator (et non au Sénat
romain, pour raisons de sécurité) et le dernier au Sénat romain. Le deuxième et le troisième furent
prononcés entre-temps devant le peuple romain pour l’informer des événements. Ils devinrent un
exemple d’éloquence et de rhétorique.
●Extrait du début de la première Catilinaire
« Jusqu'à quand abuseras-tu de notre patience, Catilina ? Combien de temps encore serons-
nous ainsi le jouet de ta fureur ? Où s'arrêteront les emportements de cette audace effrénée ? Ni la
garde qui veille la nuit sur le mont Palatin1, ni les postes répandus dans la ville2, ni l'effroi du
peuple, ni le concours de tous les bons citoyens, ni le choix, pour la réunion du sénat, de ce lieu le
plus sûr de tous, ni les regards, ni le visage de ceux qui t'entourent, rien ne te déconcerte ? Tu ne
sens pas que tes projets sont dévoilés ? Tu ne vois pas que ta conjuration reste impuissante, dès que
nous en avons tous le secret ? Penses-tu qu'un seul de nous ignore ce que tu as fait la nuit dernière et
la nuit précédente3, où tu es allé, quels hommes tu as réunis, quelles résolutions tu as prises?
0 temps ! ô moeurs ! Le Sénat connaît tous ces complots, le consul les voit ; et Catilina vit encore. Il
vit ? que dis-je ? il vient au Sénat ; il prend part aux conseils de la République ; son oeil choisit et
désigne tous ceux d'entre nous qu'il veut immoler. Et nous, hommes pleins de courage, nous
croyons assez faire pour la République, si nous échappons à sa fureur et à ses poignards. Il y a
longtemps, Catilina, que le consul aurait dû t'envoyer à la mort, et faire tomber sur ta tête le coup
fatal dont tu menaces les nôtres.
(...) Nous sommes armés contre toi, Catilina, d'un sénatusconsulte4 d'une rigueur terrible ; ni la
sagesse ni l'autorité de cet ordre ne manquent à la république ; c'est nous, je le dis ouvertement, c'est
nous consuls qui lui manquons.
1 Le mont Palatin, situé à peu près au centre des sept collines sur lesquelles la ville s'était successivement étendue, les
dominait toutes. Ce lieu, premier berceau de Rome, offrait donc dans les temps de trouble la position la plus favorable
pour établir des postes de surveillance et résister aux tentatives populaires. C'était en même temps le plus beau, le plus
salubre quartier de la ville, celui que les plus riches citoyens aimèrent toujours à habiter, et où demeuraient Cicéron et
Catilina lui-même.
2Le Sénat avait en effet ordonné la mise en place de ces postes en ayant appris qu'un des alliés de Catilina avait pris les
armes non loin de Rome
3La veille, Catilina avait tenu une assemblée avec ses partisans pour décider la mort de Cicéron
4Le premier soin de Cicéron alarmé avait été de provoquer de la part du sénat le décret dont la formule solennelle
mettait entre les mains des consuls une véritable dictature temporaire