I. Connaissances (Total : 7 points)
1. définir les notions suivantes (3 points) :
- logos
- pathos
- ethos
2. Quelles sont les qualités d'un bon orateur selon Cicéron? Donnez-en au moins deux . (2 points)
Rappelez les circonstances de la naissance de la rhétorique. (bonus +1)
3. Quelles sont les 4 (ou 5) étapes d'un discours bien structuré. (2 points)
II. Analyse (13 points)
Lisez attentivement le texte suivant:
En prenant appui sur les notions abordées en cours, vous répondrez à la question : qu'est-ce qui fait
l'efficacité, la force, de cet exorde? Vous justifierez votre réponse en vous appuyant sur le texte
(citations obligatoires) et en analysant les procédés et registres utilisés.
Vous pouvez proposer une réponse qui suit la structure du texte, en deux paragraphes.
Catilina est un aristocrate qui conspire pour s'emparer du pouvoir. Ce discours est prononcé dans
le Sénat, le 8 novembre 63 avant J-C par Cicéron, alors consul dans la République romaine. Ses
propos ont d'ailleurs permis de déjouer le complot évoqué.
Jusques à quand abuseras-tu de notre patience, Catilina? Combien de temps encore serons-
nous ainsi le jouet de ta fureur? s'arrêteront les emportements de cette audace effrenée? Ni la
garde qui veille la nuit sur le mont Palatin, ni les postes répandus dans la ville, ni l'effroi du peuple,
ni le concours de tous les bons citoyens, ni le choix, pour la réunion du sénat, de ce lieu le plus sûr
de tous, ni les regards ni les visages de ceux qui t'entourent, rien ne te déconcerte? Tu ne sens pas
que tes projets sont dévoilés? Tu ne vois pas que ta conjuration reste impuissante, dès que nous en
avons tous le secret? Penses-tu qu'un seul de nous ignore ce que tu as fait la nuit dernière et la nuit
précédente, où tu es allé, quels hommes tu as réunis, quelles résolutions tu as prises?
Ô temps! Ô moeurs! Le sénat connaît tous ces complots, le consul les voit; et Catilina vit
encore. Il vit? Que dis-je? Il vient au sénat; il prend part aux conseils de la république; son oeil
choisit et désigne tous ceux d'entre vous qu'il veut immoler. Et nous, hommes pleins de courage,
nous croyons assez faire pour la république, si nous échappons à sa fureur et à ses poignards. Il y a
longtemps, Catilina, que le consul aurait t'envoyer à la mort et faire tomber sur ta tête le coup
fatal dont tu menaces les nôtres.
Notions à réinvestir:
l'exorde/ procédés oratoires/ logos/ ethos /pathos/ type de discours et enjeux
Evaluation n°1 : les pouvoirs de la parole
La rhétorique
5
10
III. Lecture expressive (5 points)
Vous choisirez un des extraits suivants et procéderez à la lecture expressive, à voix haute. Vous vous
enregitrerez et déposerez votre audio sur Pronote, dans l'espace dédié (mardi 4 novembre)
Charlie Chaplin : discours final du film "Le Dictateur" (1938)
Le barbier :
Je suis désolé, mais je ne veux pas être empereur, ce n'est pas mon affaire. Je ne veux ni
conquérir, ni diriger personne. Je voudrais aider tout le monde dans la mesure du possible, Juifs,
Chrétiens, Païens, Blancs et Noirs. Nous voudrions tous nous aider si nous le pouvions, les êtres
humains sont ainsi faits. Nous voulons donner le bonheur à notre prochain, pas lui donner le
malheur. Nous ne voulons pas haïr ni humilier personne. Chacun de nous a sa place et notre terre est
bien assez riche, elle peut nourrir tous les êtres humains. Nous pouvons tous avoir une vie belle et
libre mais nous l'avons oublié. L'envie a empoisonné l'esprit des hommes, a barricadé le monde
avec la haine, nous a fait sombrer dans la misère et les effusions de sang. Nous avons développé la
vitesse pour nous enfermer en nous-mêmes. Les machines qui nous apportent l'abondance nous
laissent dans l'insatisfaction. Notre savoir nous a fait devenir cyniques. Nous sommes inhumains à
force d'intelligence, nous pensons beaucoup trop et nous ne ressentons pas assez. Nous sommes trop
mécanisés et nous manquons d'humanité. Nous sommes trop cultivés et nous manquons de
tendresse et de gentillesse. Sans ces qualités humaines, la vie n'est plus que violence et tout est
perdu. Les avions, la radio nous ont rapprochés les uns des autres, ces inventions ne trouveront leur
vrai sens que dans la bonté de l'être humain, que dans la fraternité, l'amitié et l'unité de tous les
hommes.
En ce moment même, ma voix atteint des millions de gens à travers le monde, des millions
d'hommes, de femmes, d'enfants désespérés, victimes d'un système qui torture les faibles et
emprisonne des innocents. Je dis à tous ceux qui m'entendent : Ne désespérez pas ! Le malheur qui
est sur nous n'est que le produit éphémère de l’avidité, de l'amertume de ceux qui ont peur des
progrès qu'accomplit l'Humanité. Mais la haine finira par disparaître et les dictateurs mourront, et le
pouvoir qu'ils avaient pris aux peuples va retourner aux peuples. Et tant que des hommes mourront
pour elle, la liberté ne pourra pas périr.
Soldats, ne vous donnez pas à ces brutes, à une minorité qui vous méprise et qui fait de vous
des esclaves, enrégimente toute votre vie et qui vous dit tout ce qu'il faut faire et ce qu'il faut penser,
qui vous dirige, vous manoeuvre, se sert de vous comme chair à canons et qui vous traite comme du
bétail.
Ne donnez pas votre vie à ces êtres inhumains, ces hommes-machines avec une machine à la
place de la tête et une machine dans le coeur.
Vous n'êtes pas des machines !
Vous n'êtes pas des esclaves !
Vous êtes des hommes, des hommes avec tout l'amour du monde dans le coeur. Vous n'avez pas de
haine, sinon pour ce qui est inhumain, ce qui n'est pas fait d'amour. Soldats ne vous battez pas pour
l'esclavage mais pour la liberté.
Il est écrit dans l'Evangile selon Saint Luc « Le Royaume de Dieu est dans l'être humain »,
pas dans un seul humain ni dans un groupe humain, mais dans tous les humains, mais en vous, en
vous le peuple qui avez le pouvoir : le pouvoir de créer les machines, le pouvoir de créer le bonheur.
Vous, le peuple, vous avez le pouvoir : le pouvoir de rendre la vie belle et libre, le pouvoir de faire
de cette vie une merveilleuse aventure.
Texte 2 : Plaidoirie de Maître Lombard lors du Procès de Christian Ranucci, accusé du meurte de la
jeune Marie-Dolorès Rambla, agée de 8 ans
« Mesdames et Messieurs les jurés,
En cet instant où je prends la parole pour Christian Ranucci, j’ai dans cette enceinte de justice face à moi
trois adversaires. Vous, Maître Collard, qui avez su avec une belle humanité prêter votre voix aux parents de
la petite Maria-Dolorès, vous Monsieur l’avocat général qui avez prononcé l’un des meilleurs réquisitoires
que j’aie eu à entendre de toute ma carrière, mais mon plus redoutable adversaire, c’est vous-même,
Ranucci ! Vous qui êtes incapable d’inspirer la sympathie aux autres avec vos yeux de poisson mort ! Vous
qu’on avait envie de comprendre quand vous êtes entré pour la première fois dans cette salle, mais dont
l’attitude a fait qu’ensuite on a eu envie de vous haïr. Un innocent, il crie, il hurle, il se débat, il n’accepte pas
le destin. Vous, vous vous êtes montré froid comme un iceberg, impassible, comme étranger à nos débats.
Imbécile !
Mais Mesdames et Messieurs les jurés, ne vous fiez pas aux apparences. Juger sur les apparences, c’est se
faire le bourreau ! Juger en fonction de l’attitude qu’il a manifestée, ce serait oublier de juger.
N’écoutez pas non plus la rumeur ignoble. N’écoutez pas l’opinion publique qui frappe à la porte de cette
salle. Elle est une prostituée qui tire le juge par la manche, il faut la chasser de nos prétoires, car, lorsqu’elle
entre par une porte, la justice sort par l’autre. Je n’ai rien à faire de l’opinion publique. Je ne suis pas un
signataire de pétitions humanitaires. Je ne suis pas un militant. Je suis un homme. Et en tant que tel, je hais la
peine de mort. Je ne serai jamais aux côtés de ceux qui la réclament, de ceux qui la donnent, jamais je ne
serai aux côtés du guillotineur.
Et pourtant, par la voix de Monsieur l’avocat général, cette salle vient de renvoyer l’écho de la peine de
mort. Comme vous l’a dit mon confrère Jean-François Le Forsonney, nous avons frémi, nous sommes
épouvantés par ce qu’on vient de demander. Il s’agit de décider si cet homme de 20 ans doit vivre ou mourir,
et nous voici donc face à la vieille ennemie : la peine de mort. Et cela alors que des événements récents nous
ont fait perdre la raison. Oui, depuis un mois, depuis l’interpellation à Troyes du meurtrier présumé du petit
Philippe Bertrand, notre pays a succombé à l’hystérie collective. Je vous demande de résister à ce vent de
folie. Car, si vous accordiez la peine capitale, vous feriez reculer la civilisation de cinquante ans. En donnant
la mort à Ranucci, vous rouvririez les portes de la barbarie, vous grossiriez le tombereau sanglant des erreurs
judiciaires, vous deviendriez bourreau, vous céderiez à la colère, à la peur, à la panique. Mais je le sais : vous
ne ferez pas cela !
Texte 3 : Christiane Taubira, Discours devant l'aAssemblée nationale du 18 février 1999
Nous sommes ici pour dire ce que sont la traite et l’esclavage, pour rappeler que le siècle des
Lumières a été marqué par une révolte contre la domination de l’Église, par la revendication des
droits de l’homme, par une forte demande de démocratie, mais pour rappeler aussi que, pendant
cette période, l’économie de plantation a été si florissante que le commerce triangulaire a connu son
rythme maximal entre 1783 et 1791.
Nous sommes là pour dire que si l’Afrique s’enlise dans le non-développement, c’est aussi parce
que des générations de ses fils et de ses filles lui ont été arrachées ; que si la Martinique et la
Guadeloupe sont dépendantes de l’économie du sucre, dépendantes de marchés protégés, si la
Guyane à tant de difficultés à maîtriser ses richesses naturelles, si La Réunion est forcée de
commercer si loin de ses voisins, c’est le résultat direct de l’exclusif colonial ; que si la répartition
des terres est aussi inéquitable, c’est la conséquence reproduite du régime d’habitation.
Nous sommes là pour dire que la traite et l’esclavage furent et sont un crime contre l’humanité ; que
les textes juridiques ou ecclésiastiques qui les ont autorisés, organisés percutent la morale
universelle ; qu’il est juste d’énoncer que c’est dans nos idéaux de justice, de fraternité, de
solidarité, que nous puisons les raisons de dire que le crime doit être qualifié. Et inscrit dans la loi
parce que la loi seule dira la parole solennelle au nom du peuple français.
Cette inscription dans la loi, cette parole forte, sans ambiguïté, cette parole officielle et durable
constitue une réparation symbolique, la première et sans doute la plus puissante de toutes. Mais elle
induit une réparation politique en prenant en considération les fondements inégalitaires des sociétés
d’outre-mer liées à l’esclavage, notamment aux indemnisations en faveur des colons qui ont suivi
l’abolition. Elle suppose également une réparation morale qui propulse en pleine lumière la chaîne
de refus qui a été tissée par ceux qui ont résisté en Afrique, par les marrons qui ont conduit les
formes de résistance dans toutes les colonies, par les villageois et les ouvriers français, par le
combat politique et l’action des philosophes et des abolitionnistes. Elle suppose que cette réparation
conjugue les efforts accomplis pour déraciner le racisme, pour dégager les racines des affrontements
ethniques, pour affronter les injustices fabriquées. Elle suppose une réparation culturelle,
notamment par la réhabilitation des lieux de mémoire.
Lecture expressive à voix haute Nom de l’élève
Critères Barème
Articulation / volume sonore / Fluidité /2
Engagement (gestuelle , occupation de l’espace) /1
Tonalité adaptée au sens du texte /2
Total /5
1 / 4 100%
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